19 Août 2021
Lundi 22 avril 2002.
Le lendemain, en cours, je n’arrive pas à cesser de penser au complexe faisceau d’émotions que j’ai ressenties pendant la rencontre avec Thibault. J’ai éprouvé beaucoup d’admiration et d’estime pour ce garçon qui a le courage d’assumer ses responsabilités si jeune, j’ai été ému de le voir si heureux avec son petit Lucas dans les bras. Mais j’ai aussi ressenti quelques craintes pour son avenir.
Je repense à cette double image que je me fais de lui, à la fois adorable jeune papa comblé, mais aussi jeune garçon en quête de son bonheur sentimental et sensuel. Cette double image est touchante, attendrissante.
Mais ce qui me trouble le plus, c’est ce « quelque chose » que j’ai une nouvelle fois ressenti entre nous. Un « quelque chose » qui est plus fort et plus complexe que l’amitié, sans être pour autant de l’amour. C’est une affinité dans laquelle il y a beaucoup d’affection, de bienveillance, d’estime réciproque. Mais aussi, pourquoi le nier, de l’attirance, du désir. Comment ne pas être ému, comment ne pas être « mis en émoi », comment ne pas être émoustillé par un gars aussi beau, aussi charmant, aussi charismatique, aussi bon, que mon pote Thibault ? Il faudrait être de marbre. Et encore…
Du côté de Thibault, je ne sais pas vraiment ce qui le touche en moi. Peut-être qu’il voit en moi un gars qui n’a pas honte de se montrer tel qu’il est. Il apprécie peut-être la belle complicité née lors de notre première rencontre. Il se souvient peut-être du plaisir et de la sensualité que nous avons partagés lors de la nuit que nous avons passée ensemble chez Jérém il y a bientôt un an.
Je suis à la fois flatté et ému par le fait qu’il puisse penser que dans une autre vie, dans un autre univers, il aurait pu se passer quelque chose entre nous. Et je ne peux pas dire sans mentir que, dans une autre dimension spatio-temporelle, cette possibilité ne m’aurait pas déplu. Malgré ce que je ressens pour Jérém, ce gars me touche et m’émeut au plus haut point, en tout point.
Est-ce que l’on peut ressentir ce genre de sentiments pour un gars qu’on prétend être un pote lorsqu’on prétend également être amoureux de quelqu’un d’autre ? D’aucuns diront que non. Mais quand on a la chance de côtoyer un gars comme Thibault, je pense que la réponse est bien plus complexe à donner que ça.
Mais au final, tous ces sentiments flottent dans une immense tendresse, et dans un respect de l’amitié qui fait bien de l’ombre à tout le reste.
« Etes-vous fidèles ? me questionne Albert au détour d’une conversation pendant laquelle j’en suis venu à parler de mon P’tit Loup.
— Je peux parler pour moi… je le suis, depuis l’accident de capote… quant à Jérém, j’espère qu’il l’est aussi… il m’a dit "je t’aime ", alors je pense que… ».
Tu t’appelles Jérémie Tommasi et dans cette grande ville qu’est Paris, dans la position où tu es, beau garçon évoluant dans un milieu sportif, tu attires les regards, tu attises les désirs. Tu les sens ces regards, dans les soirées, dans le stade, à la fac, dans la rue, partout où tu te balades. Les regards des nanas, tu y as été sensible très tôt. Quant aux regards des garçons, tu les as longtemps ignorés. D’abord, parce que tu ne les voyais pas, puis parce que tu ne voulais pas les voir. Jusqu’au jour où il t’est devenu impossible de les ignorer. Et plus ça va, moins tu arrives à les ignorer.
Et tes regards, où vont-ils tes regards ? Vers les garçons qui te regardent, bien entendu. Et même, parfois, vers ceux qui ne te regardent pas. Pour toi qui n’as jamais eu de mal à emballer des nanas, pour toi qui as très tôt appris à te sentir irrésistible, c’est frustrant de te sentir ignoré par quelqu’un qui te fait envie. Tu as très vite remarqué qu’il y a des garçons sur lequel ton charme opère. Mais il y en a, hélas, et ce sont notamment ceux qui attirent ton regard, sur lequel ton charme n’a aucune prise. C’est le lot des gars comme toi, les gars qui aiment les gars et qui sont parfois, souvent, attirés par des gars qui ne sont pas comme eux.
Tu essaies de rester discret, mais tes regards vont aussi vers les douches des vestiaires. Ils vont toujours vers les mêmes « cibles ». Car, si tu aimes les garçons, tu n’aimes pas tous les garçons. Et parmi ces « cibles », il y en a une qui t’émoustille en particulier. Tu sais qu’il ne se passera jamais rien entre lui et toi, mais tu ne peux t’empêcher de poser ton regard sur lui. Tu ne te lasses pas de le regarder, surtout lorsqu’il est nu. Son torse te fascine, son regard te transperce, sa chevelure et sa barbe blondes, tu trouves ça sexy à un point insoutenable. Tu le trouves vraiment beau, et tu trouves qu’il dégage une sensualité et un charme qui te font un effet de dingue.
Est-ce que l’on peut ressentir ce genre de sentiments pour un gars qu’on prétend être un pote lorsqu’on prétend également être amoureux de quelqu’un d’autre ?
Côtoyer un gars comme Ulysse peut rendre la question à cette réponse assez difficile à donner.
« Je pense qu’on peut profondément aimer quelqu'un et ne pas savoir résister à une tentation » fait Albert .
Alors, Mr Tommasi, et Nico, dans tout ça ?
Quand tu es avec Nico, et même quand tu penses à Nico, tu es heureux. Car tu es bien avec lui. Et tu es bien avec Nico parce que tu sens qu’il t’aime malgré tes failles, ton inconstance et ton incapacité à t’assumer.
Mais Nico n’est pas là. Tu voudrais parfois qu’il soit là. Mais tu sais aussi que tu ne pourrais pas assumer une vie commune, un quotidien, une routine. Et encore moins les regards. Et surtout pas les conséquences que cela entraînerait.
Cette histoire d’invitation au mariage de la cousine de Nico t’a fait te poser des questions. Non, tu n’es vraiment pas prêt pour ça, pour la famille, les repas, les présentations. Est-ce que cette vie va te convenir un jour ? Est-ce qu’un jour tu vas arriver à t’assumer jusqu’au bout ?
Tu te dis aussi que tu es encore trop jeune pour ça, et que tu n’es pas prêt à te caser, à renoncer à ta liberté.
Quand tu lui as dit « je t’aime », tu avais certes un peu bu, mais tu savais ce que tu faisais, et tu le pensais vraiment, tu le ressentais vraiment. Quand tu es avec lui, tu ressens son amour, et celui que tu lui portes. Quand tu es avec Nico, tu oublies toutes tes peurs, et tu te sens vraiment bien.
Mais quand tu es seul à Paris, tu n’es pas le même gars. La solitude te pèse, et elle te pèse encore plus depuis qu’au rugby ça ne se passe pas très bien pour toi, depuis que tu te sens sur la sellette, depuis que tu as l’impression de voir ta carrière sportive s’éloigner un peu plus chaque jour.
Alors, tu as besoin de compenser, tu as besoin de respirer. Te sentir désiré ça te fait te sentir bien, ça remonte ton égo si malmené. Et te sentir désiré par des mecs, tu trouves désormais ça bien plus agréable que te sentir désiré par des nanas. Et renoncer à toutes ces tentations, à toutes ces sollicitations, c’est de plus en plus dur pour toi.
« Moi je n’ai pas envie d’aller voir ailleurs… je réagis après un moment de flottement.
— Mais ton Jérémie doit être très sollicité à Paris, continue Albert.
— J’imagine…
— Ça te blesserait si tu savais qu’il va voir ailleurs ? Juste pour le cul, je veux dire…
— Je voudrais pouvoir dire que non… mais je crois que ça me blesserait, oui… ».
Mr Tommasi, tu as été toi-même étonné de la piqûre de jalousie que tu as ressentie lorsque tu as réalisé comment le réceptionniste à l’hôtel à Poitiers matait ton Ourson. Parce que ça t’a rappelé le mal que ça t’avait fait de savoir qu’il avait eu cette aventure à Bordeaux.
Non, tu ne veux pas savoir ce qui se passe dans sa vie quand il n’est pas avec toi. Tout comme tu ne voudrais pas qu’il sache ce qui se passe dans la tienne lorsque tu n’es pas avec lui. Non, tu ne voudrais pas qu’il apprenne ce qui s’est passé avec ce gars qui a voulu te sucer dans les chiottes de la fac, ni avec cet autre dont le regard a aimanté le tien en plein jour et en plein campus, et que tu as baisé en plein après-midi dans son petit studio dans la résidence universitaire.
Tu culpabilises, mais tu ne peux pas t’empêcher de chercher le contact physique et le bonheur sensuel avec des garçons.
Des tentations, tu en as partout, tout le temps. Et sans même connaître la célèbre phrase d’Oscar Wilde, tu sais qu’il y a un seul moyen d’en être délivré.
« J’ai toujours pensé qu’il faut faire la part de l’affectif et du sexuel…
— Peut-être…
— Je pense que la fidélité n'est pas quelque chose de simple à assumer.
— J’imagine bien…
— Et l’infidélité non plus ».
Le soir même, Jérém m’appelle et m’annonce qu’il aurait un créneau pour se voir le lendemain. Il me donne rendez-vous à 17 heures au même hôtel à Poitiers à côté du Futuroscope. Je suis tellement excité et heureux que j’ai du mal à trouver le sommeil. J’en oublie même de brancher mon téléphone pour le charger.
Le lendemain, je prends la route en début d’après-midi. Je réalise que mon téléphone est presque en panne de batterie lorsque je suis déjà loin de Bordeaux. Je ne veux pas faire demi-tour, je ne veux pas prendre du retard, je ne veux pas faire attendre Jérém. Je ne veux pas me priver d’un seul instant en sa compagnie. Ils sont trop rares, trop précieux.
Je suis sur place à 17 heures pétantes. Je cherche la voiture de Jérém sur le parking, mais je ne la vois pas. Apparemment, mon beau brun n’est pas encore arrivé. Je regarde mon téléphone pour voir s’il y a un message, mais il est éteint. Je me pointe à la réception, et je retrouve le beau Jonas et son regard fripon, son sourire charmeur, son aisance, ses gestes amples et décomplexés, sa bonne gouaille, son rire léger et sensuel. Sa chemise blanche lui va comme un gant et lui confère une élégance par ailleurs sublimée par sa sexytude naturelle.
« Mr Tommasi a prévenu qu’il a été retardé, il m’annonce en me tendant la carte magnétique.
— Retardé comment ?
— A priori il prévoit d’être ici vers 20 heures.
— Ah zut…
— Ça vous fait un sacré moment à attendre !
— Ouais… je fais, un brin contrarié.
— C’est très calme à cette heure-ci. Je peux vous offrir un café ?
— Pourquoi pas. »
Je le suis dans le coin bar et le gars commence à me raconter sa journée, ses péripéties avec les clients compliqués.
J’adore l’entendre et le voir raconter, il a une façon de balancer qui attire l’attention, il est vraiment très drôle. Tout son corps participe au récit, il parle beaucoup avec ses bras et ses mains, il occupe bien l’espace, c’est beau à voir. Quant à son regard, pénétrant, fouilleur, il aimante l’attention. De plus, il sent terriblement bon. Il est vraiment craquant.
« Je vous ai à nouveau attribué une chambre avec un grand lit… ça va aller ? il me lance, pendant que la machine expresso gronde son effort pour expulser la boisson chaude.
— Ça va aller, oui.
— Vous êtes très proches, Mr Tommasi et vous.
— Oui, c’est un très bon pote. »
Jonas sourit, malicieux.
« Ton pote ou… ton copain ? » il me balance sans détour, en passant soudainement au tutoiement.
J’hésite un peu. Je souris de sa tentative de me faire craquer par le rire, en levant l’un de ses sourcils d’une façon à la fois marrante et plutôt sexy.
« Allez, tu peux me dire ! C’est pas moi qui vais te faire la morale. Je suis comme vous, mec ! Je n’ai pas honte, parce qu’il n’y a pas à avoir honte !
— D’accord, c’est mon copain, oui. »
Jonas sourit, coquin.
« Vous êtes très beaux tous les deux !
— Merci !
— Mais moi j’ai de suite craqué sur toi !
— Sur moi ?
— Ça t’étonne ?
— Un peu… en général c’est sur Jérém que les mecs craquent…
— Je ne dis pas que c’est pas un beau mec, même un très beau mec, mais ce n’est pas vraiment mon style. J’aime pas trop les mecs genre « movie star », tu vois ? Je préfère les gars pas super musclés, j’aime les gars simples, naturels, mais grave charmants. Les gars comme toi, quoi…
— Tu m’en vois flatté…
— Et toi, tu me trouves comment ?
— Je ne sais pas, je lâche bêtement, pris de court par sa question très directe.
— Tu me kiffes pas ? il me lance, l’air faussement vexé.
— La question ne se pose pas…
— Pourquoi donc ?
— Parce que je viens de te dire que je suis avec Jérém…
— Et tu crois que lui à Paris il ne kiffe pas d’autres mecs ?
— Je ne sais pas, je ne veux pas savoir.
— T’as jamais fait d’écart ?
— Si, mais c’est fini maintenant…
— Si jeune et déjà si sage ?
— Eh ben, oui !
— Dommage…
— Dommage, quoi ? Je suis bien comme ça.
— Dommage pour moi ! Je suis bientôt en pause et je t’aurais bien tenu compagnie pendant une heure. J’ai une petite chambre au dernier étage.
— Je suis flatté, vraiment, tu sais. Tu es un très beau mec et, crois-moi, si j’étais célibataire, je ne dirais pas non, sûrement pas. Mais je suis désolé, c’est fini les bêtises pour moi.
— Tu ne sais pas ce que tu rates ! il fait, mi frimeur, mi fripon.
— J’imagine, mais je m’en remettrai, je plaisante.
— Bon, je n’insiste pas. J’accuse le râteau que tu viens de me mettre et il ne me reste qu’à aller soigner mon amour-propre blessé avant qu’il décide de se pendre…
— Arrête un peu ton cirque ! Bogoss comme tu es…
— Ah, maintenant tu me trouves bogoss ? il me coupe.
— Tu ne dois pas avoir de mal à t’amuser, je continue sans faire cas de sa boutade.
— En effet, on ne me dit pas souvent non.
— Ça t’arrive de coucher avec des clients ?
— Ça m’arrive, surtout quand je fais le soir.
— Allez, raconte.
— Il y a beaucoup de VRP qui crèchent à l’hôtel. Des hommes seuls qui parfois ne sont pas contre à un peu de compagnie dans leur lit.
— C’est toi qui les abordes ?
— Non, le plus souvent c’est eux. Les regards ne trompent pas, surtout tard le soir. J’ai aussi quelques habitués, des gars qui ne reviennent sûrement pas pour la cuisine dégueu de notre chef…
— Eh, ben, on ne s’ennuie pas à Poitiers !
— Et comment ! Tu veux voir ?
— Non, je te dis !
— Une pipe ça ne se refuse pas !
— Eh ben, si !
— Ton rugbyman n’en saura jamais rien !
— Je m’en bats les steaks ! Moi je saurais et je ne me sentirais pas bien. Je ne veux pas lui faire ça.
— Tu sais, je te kiffe vraiment bien !
— Ça, j’ai compris ! Ça me touche, vraiment, mais…
— Mais tu as un mec, et patati et patata. Bon, blagues à part, je respecte ça, t’inquiète. Et ça te rend encore plus sexy à mes yeux.
— Merci.
— Ceci dit, si jamais ton beau rugbyman ça le branche, je ne suis pas contre le fait de passer un moment avec tous les deux. Pour info, je finis à 23 heures… je dis ça, je dis rien ! »
Un étrange mélange de sentiments s’agite en moi lorsque je me retrouve seul dans la chambre. Le rentre dedans de Jonas me flatte et me met mal à l’aise, ça m’excite et ça me fait peur, tout à la fois. Je suis à la fois satisfait de ma réaction et frustré par ma réaction. C’est difficile de refuser les avances d’un beau garçon.
Quand je pense qu’il suffirait que je décroche le téléphone sur la table de chevet pour que le beau Jonas monte et qu’on s’envoie en l’air, je ne peux m’empêcher de commencer à me branler. L’excitation monte, et elle déforme ma volonté. Pourquoi je ne décrocherais pas ce téléphone ? Pourquoi je n’accepterais pas cette pipe offerte de si bon cœur ? Au fond, il a raison, si ça se trouve, Jérém ne doit pas être tout à fait sage à Paris.
Mais non, je ne peux pas.
Mais plus je me caresse, plus j’en ai envie. J’essaie de penser à Jérém, au bonheur de faire l’amour avec lui. Le souvenir de la dernière fois où il m’a fait l’amour avant de partir de ce même hôtel un mois et demi plus tôt remonte violemment à la surface de ma conscience, avec toute sa charge érotique, sensuelle. Je revis le plaisir de le sentir coulisser en moi, de me sentir à lui. Je revis son intense grognement de bonheur lorsqu’il est venu, lorsqu’il a fourré son jus en moi. J’ai envie de lui, j’ai envie de ça, de le sentir à la fois très mâle et si doux.
Mais il n’est pas là.
Jonas est là, sexy comme pas permis. Bandant. A quelques pas de moi. Et il n’attend que ça.
Finalement, pourquoi pas un plan à trois avec Jérém ? Est-ce que vais-je oser le lui proposer ? De quelle façon ? Comment va-t-il le prendre ? Est-ce qu’il serait partant ? Est-ce que ça me ferait plaisir qu’il soit partant ou bien je préférerais qu’il dise non ? Est-ce qu’il va mal le prendre ?
Si je continue à me branler, je vais jouir. Pas maintenant, pas deux heures avant l’arrivée de Jérém !
Dans un sursaut de volonté j’arrête de me caresser, je referme ma braguette et j’allume la télé. Je zappe et je me fais violence pour ne pas recommencer. Mon excitation se calme un peu lorsque je réalise qu’il est 18h15, que désormais la pause de Jonas est terminée et qu’il m’est à nouveau inaccessible. L’émission de Ruquier m’aide à me distraire pendant une heure. Il est 19h15 lorsque je commence à avoir faim. Et j’ai toujours envie de jouir. Se sentir désiré par un beau mec ouvre l’appétit.
Il est 20h15 lorsque j’entends la serrure de la porte se déverrouiller. Le battant s’ouvre aussitôt et Jérém apparaît dans l’encadrement. Il est beau comme un Dieu, avec son brushing de bogoss, les cheveux très courts autour de la nuque et sa belle chemise bleu électrique.
Mais c’est son sourire qui me fait chavirer, son beau sourire à la fois sexy et doux, ce sourire qui me dit à quel point il est content de me retrouver. Je suis amoureux de ce sourire. Je bondis du lit et je le prends dans mes bras. Je le serre très fort contre moi et je l’embrasse, et je le caresse, et je me sens si heureux.
« Qu’est-ce que je suis content de te voir !
— Moi aussi !
— T’as fait bon voyage ?
— Oui… désolé pour le retard.
— Ça fait rien. L’important est que tu sois là !
— J’ai essayé de te joindre…
— Désolé je n’avais plus de batterie.
— T’as eu mon message ?
— Oui, le réceptionniste m’a dit que tu avais appelé pour dire que tu avais été retardé.
— Ouais, il fait d’un air amer.
— Rien de grave ?
— Non, t’inquiète… »
Et là, sans transition, il commence à m’embrasser dans le cou et à défaire ma braguette.
« Ah, tu vois les choses de cette façon ! je plaisante.
— Ça fait depuis ce matin que j’ai envie de ça, il me chuchote.
— Ça fait depuis la dernière fois que tu m’as fait l’amour que j’ai envie de ça », je lui réponds.
Le beau brun m’enlève le t-shirt d’un geste pressant, impérieux, et prend illico mon téton entre ses lèvres affamées. Sa langue musclée et bien mouillée me rend fou. Un instant plus tard, il est à genoux devant moi et il me pompe, alors que ses doigts prennent le relais pour agacer mes tétons, démultipliant ainsi mes sensations, mes frissons, mon délire. Le plaisir se diffuse dans mon corps et dans mon esprit à une vitesse délirante, me submerge.
Le bonheur de ma queue se mélange au bonheur visuel de voir sa tête au brushing de bogoss s’affairer pour me faire plaisir. Je suis sous le charme de cette belle chemise qui lui va comme un gant, pas trop moulante, juste comme il faut pour mettre en valeur son beau torse. Mon regard essaie sans cesse de plonger au-delà du premier bouton ouvert, de déceler ses beaux poils bruns, la naissance de ses pecs. En attendant, j’apprécie la facture de cette chemise, le revers du col et de la boutonnière en tissu blanc, délicieux contraste avec le bleu électrique.
Trop vite, je sens approcher l’apothéose de mon plaisir. C’est trop tôt, j’ai envie de donner du plaisir à mon Jérém avant de venir. Je me fais violence pour me retirer de sa bouche, pour me priver des caresses délicieuses de sa langue. Le bogoss avance aussitôt son torse, l’air avide de me reprendre en bouche, comme s’il était lui aussi déçu de cette soudaine privation, comme s’il voulait à tout prix me faire jouir.
Je stoppe son mouvement en opposant mes mains à l’avancée de ses épaules solides, avant de les glisser sous ses aisselles.
Jérém suit mon invitation, il se remet debout. Je le plaque contre le mur et je l’embrasse, sur la bouche, dans le cou, je plonge mon nez dans l’ouverture de sa chemise, à l’affût du parfum de sa peau, et je suis aussitôt assommé par la fragrance intense qui remonte dans mes narines et vrille ma conscience. Instinctivement, je plaque ma main contre sa braguette bien rebondie. C’est une envie irrépressible, complètement déraisonnable.
Pendant que je l’embrasse comme un fou, je défais sa ceinture et sa braguette avec des mouvements fébriles. Je caresse le tissu chaud et rebondi de son boxer, je tâte la puissance de son érection. Je glisse ma main dans le boxer, j’empoigne son manche raide et brûlant, je le caresse, je le branle lentement, je laisse mon pouce traîner légèrement sur le frein pour le rendre dingue. Mon beau brun frissonne, ahane bruyamment. J’ai terriblement envie de le sucer. Mais avant cela, je ne peux renoncer au plaisir de défaire comme il se doit le délicieux emballage de sa plastique virile qu’est cette belle chemise bleue.
Je suis impatient de le faire jouir, et il est impatient de jouir. Mais je sais que l’attente ne fera que décupler l’excitation et la puissance du feu d’artifice final.
Alors, je décide de me faire plaisir.
Le premier bouton déjà ouvert, ainsi que les quelques poils bruns que j’arrive à deviner, semblent demander avec insistance au regard, à mes narines, à ma bouche et à mes doigts de plonger bien plus profondément dans l’intimité du beau mâle.
J’ouvre le deuxième bouton, je découvre le creux de son cou, ainsi qu’une pilosité un peu plus franche, délicieuse caresse visuelle. Une nouvelle note de son parfum intense me fait vaciller, troublante caresse olfactive.
Le bouton suivant me laisse apercevoir sa chaînette posée sur la naissance de ses pecs, ainsi qu’une belle pilosité brune. Gifle visuelle. La mélodie de son parfum monte d’une octave, c’est une gifle olfactive qui me secoue de fond en comble.
L’ouverture d’un autre bouton dévoile ses pecs en entier, me laisse deviner ses tétons. C’est un coup-de-poing visuel. De nouvelles notes tièdes de parfum mâle se dégagent, donnent l’assaut à mes narines sans pitié. C’est un coup-de-poing olfactif, asséné par cette fragrance qui me terrasse.
C’est trop, je dois faire une pause pour ne pas basculer dans la folie. Je plonge mon visage entre les deux pans à moitié ouverts, je me shoote à la tiède et intense fragrance masculine qui se dégage de sa peau. Et mon bonheur explose comme un feu d’artifice lorsque je sens sa main caresser ma nuque, tout en pressant doucement mon visage contre ses pecs. Là, je me sens carrément perdre pied.
Je reprends mon fabuleux voyage, et j’ouvre un nouveau bouton. Voilà ses abdos, un tsunami visuel. Les petites odeurs viriles qui se dégagent de cette région me mettent en état de KO olfactif.
Bon soldat, je continue jusqu’au bout. Un bouton encore et je rencontre son nombril si sexy. Un dernier bouton et je tombe sur cet alignement de petits poils bruns qui semblent indiquer le chemin à suivre pour atteindre le bonheur ultime. L’élastique de son boxer me nargue. Je pose mon nez juste au-dessus, je l’écarte à peine, assez pour humer pleinement la douce tiédeur qui se dégage de sa belle bosse chaude encore enfermée dans sa prison de coton élastique.
Désormais à genoux devant mon beau Jérém, je descends lentement son boxer. Sa belle queue raide se dresse fièrement devant mes yeux, devant mes lèvres. Je le prends délicatement en bouche et je commence à la pomper sans plus attendre.
Au gré de mes va-et-vient, agrémenté par de petits coups de reins de sa part, les pans de sa chemise brassent l’air et convoient les effluves de sa peau mate vers mon nez.
Je retrouve le souvenir d’une autre fois où j’ai eu le bonheur d’ouvrir sa chemise, et de le pomper dans cette tenue, tout en me laissant assommer par la fragrance de sa virilité. C’était dans l’appart de la rue de la Colombette, il y presqu’un an, et la façon de Jérém de prendre son pied à l’époque n’avait rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Il était dominant, et ses coups de reins étaient sauvages. Il est désormais tout aussi viril en étant bien plus doux avec moi, et bien plus attentionné.
J’ai été fou d’un gars dominant, je suis fou amoureux d’un gars qui exprime désormais sa virilité de cette façon, sans avoir besoin d’en faire des tonnes, tout simplement en étant lui-même, en assumant son plaisir et son envie de faire plaisir.
Je suis ivre, je suis stone de lui. Je le pompe comme si ma vie en dépendait.
« Vas-y suce bien ! Je sais que tu adores ma queue ! » je l’entends lâcher dans un râle chargé d’excitation. J’adore sentir qu’il n’a pas perdu ses réflexes de petit mâle.
Galvanisé par ses mots, je redouble d’efforts pour lui faire plaisir, je m’active comme il aime.
« Comme ça c’est bon, allez pompe bien ! », il me souffle dans un grognement excité, alors que sa main vient de se poser sur ma nuque, légère mais ferme.
Ses coups de reins augmentent d’intensité, jusqu’à s’arrêter d’un coup. Jusqu’à ce que je sente son corps se raidir, et que je l’entende me souffler :
« Je vais jouir…. Et tu vas tout avaler… »
Bien évidemment, je n’ai pas besoin de son encouragement pour cela. Depuis le temps que j’attends ça ! Mais j’adore toujours autant le sentir m’annoncer la couleur, le sentir exprimer ses envies de mec. Charmante réplique, qui me ramène elle aussi un an en arrière, le jour de notre première révision, l’instant magique et inoubliable où j’ai découvert le goût de son jus.
Un premier jet puissant percute aussitôt mon palais. Puis un autre, et un autre encore. Je goûte, je savoure, j’avale lentement. J'adore le sucer, j'adore le goût, la chaleur, l’impatience de sa queue en érection, bien excitée. Mais encore plus j'adore le goût de son sperme, le garder dans ma bouche. Je ne sais pas même décrire cette sensation de bonheur que sa jouissance me procure, et surtout dans ma bouche. J'aime l'acte de l'éjaculation dans ma bouche ou sur moi. Et son goût, bien sûr son goût, le goût de l'amour et de la passion. Rien que d'y penser, j'ai envie de lui, tout le temps.
Son orgasme est tellement puissant qu’il en tremble. Après le passage de la « tempête », le bogoss a l’air assommé de plaisir. Et qu’est-ce qu’il est beau !
Après avoir repris son souffle, et alors que je viens de me relever pour poser de doux bisous dans son cou, le bogoss me fait me retourner, il crache dans ma raie et glisse sa queue entre mes fesses. Mes chairs s’ouvrent sans opposer de résistance à ce manche puissant qui leur a bien manqué. Sa queue glisse en moi, me remplit, m’envahit. Sa virilité m’assomme. Il commence à me pilonner, tout en me branlant d’une main et en caressant mes tétons de l’autre. Enveloppé par son torse, ses bras et sa virilité bouillonnante, mon orgasme est géant.
Jérém part s’installer à côté de la fenêtre pour fumer sa clope, et je m’allonge sur lit pour récupérer de mes émotions. Le beau brun regarde par la fenêtre entrouverte. Et moi, je ne peux détacher mes yeux de lui, du gars dont je suis fou amoureux. Je me sens comme ivre du bonheur sensuel qu’il a su m’apporter.
Mais une note dissonante vient trop vite se glisser dans mon bonheur. Plus je le regarde, plus j’ai l’impression que Jérém est quelque peu soucieux, pensif. Jusque-là, l’excitation avait fait écran. Mais désormais, en ce moment de nudité émotionnelle qui suit l’orgasme, j’ai l’impression de pouvoir lire dans son cœur comme dans un livre ouvert.
« Ça va, mon Jérém ?
— Oui, très bien, il me répond machinalement, sans décoller le regard d’un point inconnu dans le parking de l’hôtel.
— A quoi tu penses ? je le questionne.
— A rien du tout…
— Non, je ne crois pas que tu ne penses à rien, je vois bien qu’il y a quelque chose qui te tracasse.
— Mais qu’est-ce que tu vas chercher ?
— C’est la raison qui t’a retardé cet après-midi qui te tracasse ?
— Lâche-moi, tu veux bien ?
— Allez, Jérém, tu sais que tu peux tout me dire ! »
Il s’ensuit un long silence. Un silence ponctué, côté Jérém, par des taffes à rallonge, par d’interminables expirations. Je vois bien qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, mais je ne veux pas insister, je ne veux pas le braquer. Il m’en parlera peut-être plus tard.
« Oui, je sais, il finit par lâcher, à ma grande surprise, en écrasant son mégot.
— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
— Si je suis à la bourre, c’est parce que le coach m’a convoqué dans son bureau en début d’après-midi.
— Et il te voulait quoi ?
— Quand un coach te convoque, c’est rarement pour te féliciter. Il voulait me dire qu’il n’est pas content de moi.
— Pourquoi, ça se passe mal ?
— Ouais, mal. L’équipe n’arrive pas à remonter la pente et je n’arrive pas à jouer comme je voudrais. Ulysse n’arrête pas de me dire que je progresse chaque jour, mais moi, j’ai l’impression de jouer beaucoup moins bien que quand j’étais à Toulouse. En fait, j’ai l’impression que c’est de pire en pire. Plus ça se passe mal, plus je perds mes moyens.
— C’est vraiment si grave que ça ?
— Le coach m’a carrément dit que si je ne me ressaisis pas d’ici la fin de la saison, il n’y aura plus de place pour moi dans l’équipe la saison prochaine. Je fais tout ce que je peux, je m’entraîne jusqu’à l’épuisement, j’essaie de faire attention à tout, mais ça ne suffit pas, ça ne suffit jamais, il y a toujours des ratés.
— Il ne faut pas que tu te décourages. C’est une période de transition, tu dois prendre tes marqu…
— Arrêtez tous de dire ça ! Ça fait toute une saison que je cherche mes marques et que je ne les trouve pas ! La vérité est peut-être ailleurs. La vérité est peut-être que je ne suis pas si bon que ça. Peut-être que je devrais tout laisser tomber et me trouver un vrai taf.
— Je ne connais pas grand-chose au rugby, certes, mais j’en sais assez pour savoir que tu es un bon, et que tu ne dois pas renoncer à ton rêve. Je sais que tu peux y arriver.
— En plus, si je me sors de cette merde, on pourra se voir plus facilement.
— Mais je m’en fous de ça ! Bien sûr que je voudrais te voir plus souvent, mais je veux avant tout que tu sois heureux, tu entends ? Et je veux savoir que tu es heureux parce que tu poursuis ton rêve. Je veux te voir te battre jusqu’au bout, je ne veux pas que tu aies des regrets. Tiens bon mon amour, tiens bon. Je crois en toi, je suis ton plus grand fan.
— Eh, je ne suis pas Madonna !
— Mais tu es le gars que j’aime. Les efforts vont finir par payer, et je suis sûr qu’il y a quelque part un entraîneur et une équipe qui sauront tirer le meilleur de toi.
— C’est ce que dit Thibault aussi. Mais c’est facile pour lui de dire ça, pour lui tout marche comme sur des roulettes. Il est dans une grande équipe qui va sûrement gagner le championnat. T’imagines l’exploit ? Il a des chances de soulever le Brennus dès sa première année de titularisation, à tout juste 20 ans ! Son coach, il l’a dans la poche, lui. Moi, je suis dans une équipe de pro D2 qui risque de se retrouver en Fédérale l’année prochaine et je suis quasi certain que je ne serai pas renouvelé…
— Tu ne peux pas renoncer au rugby, tu l’aimes trop !
— Oui, j’adore le rugby, mais je ne me suis jamais senti autant à côté de mes pompes que cette année. A Toulouse je me sentais bien, j’étais presque une star. Ici, je me sens sans cesse mis à l’épreuve, sur le banc de touche, sur un siège éjectable. Je me sens constamment observé, jugé, je sens qu’on ne me fait pas confiance, et qu’on ne m’apprécie pas vraiment.
— Il y a d’autres équipes…
— Je n’ai pas envie d’essayer…
— Si tu sors du circuit maintenant, tu dis adieu au rugby professionnel !
— J’ai l’impression d’entendre Thib ! Vous vous êtes donné le mot ou quoi ?
— D’une certaine façon…
— Tu lui as parlé ?
— Je l’ai vu.
— Ah bon ? Et quand ça ?
— Pas plus tard que ce dimanche. Tu sais, j’étais au mariage de ma cousine à Toulouse. Et j’avais promis à Thibault de passer le voir quand il m’avait appelé pour m’annoncer qu’il était papa…
— Il va bien ?
— Il a l’air très heureux d’être papa.
— Et son gosse ?
— Vraiment très mignon !
— Et avec Nath ?
— Avec Nath, c’est plus délicat. Thibault a envie d’aller vers les garçons, mais il a peur.
— Sa situation est compliquée.
— Heureusement, Nath est au courant et elle s’est montrée très ouverte d’esprit.
— Il lui a dit ?
— Oui…
— Et avec toi ?
— Avec moi… quoi ?
— Il est comment Thib avec toi ?
— Il est très sympa, on a une belle amitié.
— Et c’est tout ?
— Quoi d’autre ?
— Il te kiffe, non ?
— Je ne sais pas…
— Allez Nico, je te rappelle que nous avons fait un plan tous les trois. Je sais que tu le kiffes et je sais qu’il te kiffe…
— Quand on a couché avec quelqu’un, il est difficile de ne pas y penser. Mais je suis heureux avec toi et je n’ai aucune intention de gâcher ce que nous vivons.
— Vraiment, tu n’as rien ressenti de plus de sa part ? »
Je ne veux pas lui mentir.
« Ecoute, Jérém. Oui, entre Thibault et moi il y a quelque chose qui est plus fort que l’amitié. Je ne vais pas te mentir, je l’apprécie beaucoup. Et si je n’étais pas fou de toi, il aurait peut-être pu se passer quelque chose entre lui et moi. Mais je suis avec toi, et je suis bien avec toi. Et Thibault le sait. L’autre jour, il a été très correct, comme toujours. Et comme toujours il a essayé de me rapprocher de toi.
— Mais il te kiffe. Et un jour, il risque de craquer avec toi, comme ça s’est passé avec moi ! Et toi tu vas craquer avec lui !
— Je te promets que je vais faire attention. De toute façon, Thibault respecte trop ce qu’il y a entre nous, il respecte trop notre amitié et votre amitié. Et puis, après ce qui s’est passé entre vous, je pense qu’il a appris que mélanger le sexe à l’amitié ça peut faire de gros dégâts, et que ça ne le mène nulle part…
— Si j’ai mis de la distance entre lui et moi, c’est aussi pour ne pas craquer. Et je pense que tu devrais en faire de même. »
Tu y penses souvent, Mr Tommasi. Thib était ton meilleur pote, jusqu’à ce que le sexe vous éloigne. Il s’est passé presque un an depuis ce soir d’été, et ça n’a plus jamais été comme avant. Tu sais que ça a été un bon moment, parce que vous en aviez envie tous les deux. Mais après, tu as eu l’impression d’avoir profité de l’ascendant que tu avais sur lui, et tu t’en es voulu d’avoir quelque part « joué » avec ses sentiments. Tu n’avais rien à lui proposer, à part du sexe. Et tu sais qu’il avait besoin de plus. Tu sais qu’il a beaucoup morflé . Et tu n’arrives toujours pas à te débarrasser de ce sentiment de culpabilité.
Tu as repris contact avec lui depuis, mais ce n’est toujours pas comme avant. Et tu n’as jamais eu le courage de lui parler de ce qui s’était passé ce soir d’été sur son clic clac. Lui parler, pour lui dire quoi ? En attendant, le malaise persiste, et la distance avec.
Thib est toujours le gars que tu admires le plus au monde, celui qui t’a rendu le sourire lorsque ton enfance était en train d’être abîmée par les adultes, le gars qui t’a permis de devenir celui que tu es aujourd’hui. Mais Thib est aussi le gars qui te fait le plus peur vis-à-vis de Nico. Car tu y penses depuis la nuit que vous avez passée ensemble, Thib pourrait craquer pour Nico, et Nico pourrait craquer pour lui. Et ça, tu ne le supporterais pas, vraiment pas. Et si ça te fait peur, c’est parce que tu t’es parfois dit que Thib serait un bon gars pour Nico, sûrement mieux que toi.
« Thib est un très bon pote, certainement mon meilleur pote, et j’ai envie de continuer à le voir.
— Promets-moi de ne jamais coucher avec lui !
— Jérém !
— Nico, pas touche à Thib, s’il te plaît. Pas Thib !
— Tu es mal placé pour me demander ça !
— Je sais. Et je ne suis pas fier de ce qu’il s’est passé. Je n’aurais pas dû, vraiment pas, je lui ai fait trop de mal, et il n’a pas besoin de morfler encore.
— Je te promets, je finis par céder. Mais tu n’as rien à craindre de Thibault. Vraiment.
— Allez, on va manger un bout avant que le resto ferme », il change de sujet sans transition.
Je ne veux pas qu’il se fasse des idées, je ne veux pas qu’il se mette à douter, qu’il s’inquiète. Je veux dissiper tous les doutes.
« Jérém ! Tu as entendu ce que je viens de dire ? j’insiste, tu n’as rien à craindre, aucun souci à te faire ! j’insiste.
— Ouiiiiiiiiiiiiiii, on va manger maintenant ! » il coupe net.
Lorsque nous passons devant la réception pour aller au resto, Jonas nous regarde de façon appuyée, tout en glissant son plus beau sourire fripon, comme une promesse de plaisir. Je sais à quoi il pense, je sais ce qu’il attend. Je suis un tantinet mal à l’aise. D’autant plus que Jérém ne manque pas de remarquer l’insistance de son regard et d’y opposer un regard noir de bobrun contrarié.
« Il n’arrête pas de te mater, il me lance dès que nous sommes attablés.
— Je ne sais pas… enfin… je crois, oui… mais ça n’a pas d’importance.
— S’il n’arrête pas je vais lui mettre les pendules à l’heure ! »
Ça te va bien, Mr Tommasi, de te montrer jaloux. Et pourtant, tu ne peux pas t’en empêcher.
Est-ce que je vais oser lui parler de sa proposition de plan à trois ? Comment m’y prendre ?
« Tu le trouves comment ?
— Qui donc ?
— Le mec de la réception…
— Gonflant !
— A part ça… je veux dire… il est pas mal, non ?
— Vite fait…
— Allez, dis-moi !
— Il est pas mal… dans son genre…
— Et toi, tu kiffes "ce genre" ? »
Evidemment que tu le kiffes, Mr Tommasi. C’est tout à fait le genre de mec, une bonne tête à claques qui a besoin d’un bon coup de queue pour se calmer, que tu as envie de baiser.
« Tu veux le baiser ou quoi ?
— Je dis juste qu’il n’est pas mal. On a le droit de regarder, non ?
— Ouais…
— Ça pourrait être sympa d’échanger à propos des mecs qu’on kiffe…
— Oui, mais non… »
Jérém a l’air plutôt fermé à ce sujet. Ça me décourage d’aller plus loin. De toute façon, je ne me sens pas à l’aise pour un nouveau plan à trois. Car si ce genre d’expérience peut paraître marrante sur le papier, elle peut avoir des conséquences fâcheuses. Pour l’avoir expérimentée à plusieurs reprises avec Jérém, on ne sait jamais jusqu’où elle peut nous amener. Et je n’ai franchement pas envie de le découvrir, surtout maintenant que nous ne sommes désormais plus que des simples sex friends.
Le serveur vient prendre nos commandes et Jérém change aussitôt de sujet. Nous passons tout le dîner à parler de choses et d’autres et je ne me sens pas le cœur de revenir sur le sujet « Jonas ».
En sortant du resto pour revenir à notre chambre, nous passons à nouveau devant la réception. Jonas est toujours en poste, et il nous souhaite une bonne soirée. Je le remercie et je la lui souhaite à mon tour. J’espère qu’il va se contenter de ça, qu’il va comprendre que mon silence vaut rejet de sa proposition. Mais juste avant que les portes de l’ascenseur ne se referment, je l’entends lancer :
« Peut-être à tout à l’heure…
— Qu’est-ce qu’il vient de dire ? » me lance Jérém dans la seconde, alors que les portes de l’ascenseur se referment.
Belle façon de ce petit con de Jonas de forcer les choses. Mince, là, il faut que je sois clair avec Jérém.
« Il faut que je te dise un truc…
— Quel truc ?
— Au sujet du réceptionniste.
— C’est quoi ?
— Attends qu’on soit dans la chambre, je vais tout te dire. »
La porte de la piaule claquée derrière nous, Jérém revient aussitôt à la charge.
« Il veut baiser avec toi ?
— Disons qu’il m’a branché… mais je l’ai vite découragé. Je lui ai dit que je n’avais aucune envie d’aller voir ailleurs.
— Tu lui as dit qu’on était ensemble ?
— De toute façon, il nous avait repérés la dernière fois.
— J’espère qu’il a compris, alors.
— Oui… et non…
— C'est-à-dire ?
— Quand je lui ai dit que je ne voulais pas coucher avec lui, il m’a proposé autre chose…
— C’est quoi "autre chose" ?
— De nous rejoindre… ce soir… dans cette chambre…
— T’es sérieux ?
— Oui… il m’a dit qu’il finit à 23 heures et que si on veut…
— Et tu lui as dit quoi ?
— Mais rien ! Je ne pouvais pas prendre ce genre de décision sans t’en parler avant… »
Le beau brun réfléchit avec sa cigarette entre les lèvres. Je ne sais pas à quoi il pense, je n’arrive pas à lire dans les émotions contradictoires qui semblent se succéder dans son regard fuyant.
« Et tu en as envie ? il me glisse après un long silence.
— Seulement si tu en as envie toi aussi.
— Tu le kiffes ?
— Il n’est pas moche, non ?
— Ouais…
— Il t’inspire quoi ce gars ?
— De quoi ?
— Je veux dire… s’il était là avec nous… tu aurais envie de lui faire quoi ?
— Je ne sais pas…
— Allez, dis-moi ! »
Les mots ne viennent pas mais c’est son corps qui parle en leur place. Sa main caresse sa bosse rebondie. Je le rejoins, j’ouvre sa braguette et je commence à le pomper.
« Dis-moi ce que tu as envie de lui faire !
— Suce et tais-toi ! »
Je le suce avec bon entrain, il frissonne de plaisir.
« Allez dis-moi !
— Suce ! il m’intime en posant sa main sur ma tête et en m’obligeant à retourner m’occuper de sa queue.
— Je veux savoir, dis-moi ! » j’insiste, en me faisant violence pour rompre le contact entre mes lèvres et sa queue, tout en le branlant lentement.
Pour toute réponse, il dégage ma main de son manche et le fourre à nouveau dans ma bouche.
Je l’avale jusqu’à la garde. Mon beau brun lâche un intense grognement de plaisir. C’est le frisson magique qui le décide enfin à se lâcher.
« Je voudrais qu’il nous suce… tous les deux…
— Oui… et après ? je le questionne, en quittant sa queue pendant tout juste une fraction de seconde et en y revenant aussitôt.
— Je kifferais te mater en train de le baiser… Et puis le baiser, moi… j’aimerais aussi que tu me mates en train de le baiser », il lâche, la voix étranglée par l’excitation.
Et là, il me fait me relever, il se met à genoux devant moi, il défait ma braguette avec une précipitation sauvage et il me pompe. Une tempête de frissons secoue mon corps tout entier.
« Et toi, alors… tu voudrais faire quoi avec ce type ? » je l’entends me lancer entre deux va-et-vient sur ma queue.
Je suis trop heureux qu’il accepte de se prêter à ce petit jeu. Je trouve cela extrêmement excitant. Et je me laisse aller avec un bonheur non dissimulé.
« Je kifferais trop le regarder en train de te pomper… et aussi le sucer pendant que tu me baises… ou me faire sucer pendant que tu le baises, et nous embrasser pendant que nous sommes tous les deux en lui… »
Je sens mon excitation monter en flèche, je me sens approcher dangereusement de l’orgasme.
« T’as pas envie qu’il te baise ? m’assomme Jérém.
— Bien sûr que j’en ai envie… »
S’il continue de me parler et de me pomper comme ça, je vais venir très vite…
Et là, soudainement, Jérém quitte ma queue sur le point de jouir. Juste à temps.
« Appelle-le ! » il me lance, tout en remontant son boxer, en cachant sa queue tendue dans le coton souple, et en partant fumer une cigarette.
Je me retrouve comme un con, la queue en feu, frustré de ne pas avoir joui. Je suis tellement excité que tous mes questionnements et mes doutes au sujet de l’opportunité et des conséquences possibles de ce genre de plan semblent s’être évaporées de mon esprit comme si elles n’avaient jamais existé. A cet instant précis, j’ai juste envie de prendre mon pied.
J’attrape le combiné sur la table de nuit et je compose le numéro de la réception.
« Hôtel du Plan à Trois, bonsoir ! fait Jonas en décrochant, en ayant visiblement reconnu le numéro de la chambre.
— Ah ah, très drôle.
— Merci. J’imagine que si tu appelles, c’est que c’est bon…
— En effet…
— Cool ! C’est très calme ce soir, je devrais finir un peu avant.
— Ne tarde pas trop…
— Vous avez commencé à vous chauffer, si je comprends bien.
— Dépêche-toi !
— Donne-moi dix minutes !
— Ok, à tout.
— Gardez vos ardeurs les mecs !
— Ouais… »
En raccrochant le combiné, j’ai le cœur qui tape à mille. Jérém revient de la clope et s’installe sur le lit à côté de moi, en silence. Il attrape la télécommande et allume la télé. Il fait trois fois le tour des chaînes avant de s’arrêter sur une chaîne sport qui parle de rugby. Ses gestes sont nerveux, je le sens tendu. Le coton du boxer aussi est toujours tendu, sa bosse bien rebondie. Il déboutonne la chemise et l’envoie sur une chaise devant le lit. Il dévoile son torse de fou. J’ai tellement envie de le pomper, de l’avoir en moi, de le faire jouir.
Comment va se passer ce plan ? Pourquoi a-t-il fallu que je me laisse embarquer dans cette histoire ? On ne serait pas mieux rien que tous les deux, à faire l’amour, à nous aimer ? Mais maintenant que les dés sont lancés, on ne peut plus les arrêter. On ne peut qu’attendre pour voir quelles faces vont sortir.
Le parfum de sa peau dénudée se fraie un chemin jusqu’à mes narines et me rend dingue. Je ne peux me retenir, je me glisse sur lui, je l’embrasse partout, sur la bouche, sur le cou, sur les joues, sur le front, ivre de lui. Nos deux virilités tendues se frottent l’une à l’autre, et nos excitations ne font que monter en puissance.
Les secondes s’égrènent, et je sens monter en moi une irrépressible envie de me faire prendre par Jérém, de le sentir en moi, de le voir et de le sentir jouir en moi. Je glisse mes fesses sur son paquet, je sens sa queue comprimée par le coton de son boxer frotter sur ma raie cachée par mon boxer. C’est à la fois terriblement frustrant et incroyablement excitant. C’est à la limite du supportable.
« Prends-moi Jérém, gicle-moi dans le cul, je sais que tu en as envie ! »
Le beau mâle réagit au quart de tour. En une fraction de seconde, je me retrouve allongé sur le ventre. Le bobrun se débarrasse de son boxer en un éclair, je le vois atterrir sur un oreiller. Je sens ses mains descendre le mien tout aussi précipitamment, puis écarter mes fesses. Je l’entends cracher dans ma raie, je sens son gland mettre ma rondelle en joue. Je me prépare à le sentir s’enfoncer en moi, je me prépare à me laisser défoncer, à me laisser remplir. Je me prépare à ce que son orgasme arrive vite, car je sais que dans l’état d’excitation dans lequel il est, il ne va pas tarder à gicler.
C’est alors que j’entends tapoter à la porte.
« C’est Jonas… »
Jérém retire aussitôt sa queue de ma raie, il remonte mon boxer, il passe le sien et il se rue sur la porte J’ai tout juste le temps de changer de position, de me mettre assis sur le lit, lorsque le battant s’ouvre.
« Rentre…
— Bonsoir beau mec… » fait Jonas en s’attardant sur la plastique largement dénudée de mon beau brun.
Jérém referme aussitôt la porte derrière lui.
« Eh, ben, les gars, je constate que vous avez commencé sans moi…
— On n’allait pas t’attendre, fait Jérém en s’allumant un pétard.
— Toi c’est Jérémie, c’est ça ?
— Ça n’a pas d’importance.
— Bah, si, j’aime bien connaître le prénom des mecs avec qui je vais coucher…
— Bon, et après ? fait mon bobrun en expirant longuement la fumée de son tarpé.
— Je dirais qu’on va passer aux choses sérieuses sans plus attendre. »
Sur ce, Jonas ôte sa chemise blanche, ce qui a pour résultat de dévoiler un beau petit corps imberbe, délicieusement élancé, finement musclé. Jérém semble lui aussi sous le charme, puisque, l’air de rien, il n’arrête pas de le détailler du regard.
Une fois à poil, Jonas vient direct sur le lit, se glisse sur moi, et m’embrasse ardemment. Sa langue gourmande et ses lèvres habiles descendent lentement le long de mon torse, s’attardent sur mes tétons, les excitent à mort. Elles descendent encore, jusqu’à la lisière de mon boxer, s’y attardent là aussi. Ce gars a décidé de me rendre dingue. Jérém m’avait mis dans un état d’excitation indescriptible. Et Jonas prend brillamment le relais. Je bande comme un âne. Mon envie de jouir tourne à l’obsession.
Le beau réceptionniste glisse ses deux doigts dans mon boxer, le fait glisser lentement le long de mes cuisses, il libère ma queue de sa prison de coton. Délicieuse sensation que de sentir mon manche tendu enfin à l’air libre. Jonas fait glisser mon boxer le long de mes jambes, puis le jette derrière lui sans regarder et commence à me pomper lentement, d’une façon très sensuelle. Il ne semble pas pressé, il semble au contraire bien décidé à bien faire durer le plaisir.
Jérém me regarde, visiblement excité. Il finit sa clope et il vient s’installer sur le lit, bite en l’air, juste à côté de moi.
« Vas-y pompe le bien ! » fait Jérém, tout en posant sa main sur la nuque du beau Jonas et en secondant ses mouvements de va-et-vient.
Les secondes passent, puis deviennent des minutes. Jonas s’affaire inlassablement sur ma queue, sur mes tétons, sur ma bouche. Jérém essaie à plusieurs reprises de le détourner de son labeur acharné, de lui faire changer de queue. Il l’attrape tour à tour par l’épaule, par le biceps, par le cou, mais le beau réceptionniste ne se laisse pas faire. Il continue de me pomper, comme si on n’était que tous les deux. Le beau brun se branle à côté, l’air excité à l’idée de découvrir jusqu’où ce petit con de Jonas est prêt à aller. Je trouve cela terriblement excitant, mais Jonas semble toujours l’ignorer.
Jonas a beau y aller doucement, je sens que s’il continue, je vais vite jouir. Pas encore, j’ai envie de varier les plaisirs, d’assouvir quelques fantasmes.
« Vas-y, suce-le lui ! » je lance à Jonas.
Et là, le beau réceptionniste consent enfin à s’occuper un peu de Jérém aussi. Mais sans pour autant me délaisser complètement. En fait, il nous pompe et nous branle à tour de rôle. Et pourtant, j’ai toujours l’impression qu’il a surtout envie de s’occuper de moi, car ses lèvres semblent davantage aimantées par ma queue que par celle de Jérém. Je décide alors de m’activer pour rééquilibrer les plaisirs.
C’est là le départ d’un jeu sensuel qui nous amène à explorer toutes les combinaisons du plaisir.
Je suce Jérém pendant que Jonas me suce.
Je pompe Jonas pendant qu’il pompe Jérém, et alors que ce dernier lui baise bien la bouche comme pour se rattraper d’avoir été trop longtemps délaissé.
Je suce Jonas pendant que Jérém me suce.
Je pompe Jérém pendant qu’il pompe Jonas.
J’essaie de sucer Jonas pendant qu’il suce Jérém et que ce dernier me suce.
J’essaie de pomper Jérém pendant qu’il pompe Jonas et que ce dernier me pompe.
Ces deux dernières ne sont pas les expériences les plus folles, car elles demandent beaucoup de souplesse et de coordination. Mais c’est plaisant d’essayer et d’entendre le fou rire contagieux de Jonas qui détend l’ambiance et rend ce plan bien plus fun que je ne l’avais imaginé.
Oui, nous explorons toutes les combinaisons du plaisir autour de la pipe. Jusqu’à ce que nous ayons envie d’explorer d’autres horizons. Et c’est Jonas qui donne le « là ».
« J’ai envie de toi ! » il me lance de but en blanc.
Un instant plus tard, Jonas est à quatre pattes sur le lit. Jérém sort une capote de son sac de sport – je renonce à me questionner sur le pourquoi Jérém a toujours des capotes dans son sac de sport – il me la passe en me regardant avec un air à la fois excité et complice. Je déchire le petit emballage et je la déroule sur ma queue.
Quand on pense à des fantasmes avec un inconnu, comme nous l’avons fait avec Jérém un peu plus tôt dans la soirée, on pense rarement à des capotes. Mais lorsque la mise en pratique de ces mêmes fantasmes se concrétise, il faut impérativement penser à se protéger. C’était vrai en 2002, et ça l’est toujours, malgré les progrès des soins des MST, et du SIDA en particulier.
Je me laisse glisser dans le beau réceptionniste et je commence à le pilonner sous le regard aimanté et lubrique de Jérém, Jérém qui est à nouveau assis à côté de la fenêtre, qui est à nouveau en train de fumer son bout de pétard et de se branler, tous pecs et abdos et tatouages et peau mate dehors. J’ai envie de baiser Jonas, mais j’ai aussi et surtout envie de me faire baiser par mon beau brun. Quand je le vois affalé sur cette chaise en train d’astiquer son manche, je me dis qu’il va peut-être se faire jouir tout seul, et ça, j’ai du mal à l’accepter. Je voudrais tellement lui offrir du plaisir ! Mais peut-être que je lui en offre, en réalisant son fantasme de me regarder en train de baiser un autre gars.
Je prends mon pied, un plaisir décuplé par le regard insistant et excité de Jérém. Jonas aussi semble prendre son pied, preuve en sont ses ahanements appuyés et ses exhortations à y aller franco, ainsi que des mots assez crus exprimant le bonheur de se faire défoncer par « un gars aussi sexy que moi ».
Jérém me regarde faire pendant un petit moment. Puis, après avoir une nouvelle fois éteint son joint, il vient se faire sucer par le beau réceptionniste, alors que je le baise toujours, et il m’embrasse.
Je me sens perdre pied. Et pile au moment où je sens mon excitation s’envoler vers des sommets extrêmes et appeler mon orgasme, Jérém se retire de la bouche de Jonas, et il vient se glisser derrière moi. Il cale sa queue raide dans ma raie, il colle son torse contre mon dos, il pose des baisers légers sur mon cou, à la base de ma nuque. Je ressens son souffle sur ma peau, le léger frottement de sa barbe, et je l’entends me souffler, de la façon la plus sensuelle qui soit : « prends ton temps ». Et, ce disant, il entreprend de caresser mes tétons, alors que son gland effleure ma raie de façon de plus en plus appuyée. Tout cela a pour effet de ralentir mes coups de reins. Mais certainement pas l’envolée de mon excitation. Je sens que je ne vais plus pouvoir me retenir longtemps.
« Je ne vais pas pouvoir me retenir plus, je laisse échapper à voix haute, alors que mes sens sont sur le point de s’embraser.
— Vas-y, fais-toi plaisir beau mec ! j’entends Jonas me lancer tout haut.
— Gicle dans mon cul ! » j’entends Jérém me glisser tout bas, dans un chuchotement chargé d’une sensualité extrême.
Rien ne pourrait me faire plus plaisir que cette demande de mon Jérém.
Le beau brun s’allonge à coté de Jonas, et comme lui se met sur le ventre. Je me retire illico du cul du beau réceptionniste, je me débarrasse de ma capote, et je me laisse glisser entre les fesses musclées de mon rugbyman. Je sens tout de suite que je ne vais vraiment pas tarder à jouir. En effet, même avant de commencer mes va-et-vient, rien qu’en sentant sa rondelle se contracter autour de ma queue, je me sens perdre pied.
« Ça ne va pas vraiment être long, désolé, je le préviens.
— Je m’en fous, fais toi plaisir ! »
Je m’allonge sur lui et je commence à le limer doucement, en me concentrant davantage sur le bonheur d’embrasser son cou et sur sa nuque que sur le plaisir de ma queue. Mais un frottement inattendu de mes tétons sur son dos a raison de ma raison. Je perds définitivement pied et je ne peux plus rien pour me retenir. Je viens, je sens de nombreuses giclées jaillir de ma queue et aller se loger dans le cul de mon beau brun.
Un instant plus tard, Jérém se déboîte de moi et lance à Jonas :
« Vas-y, mets-toi sur le dos…
— J’aime quand on sait me parler… »
Jonas s’exécute, tandis que Jérém sort une autre capote de son sac de sport et la passe sur sa queue. Ses va-et-vient ont quelque chose de sauvage, d’animal. Son attitude est très virile, sa beauté est aveuglante. Il baise Jonas sans pratiquement jamais me quitter du regard.
Jonas, quant à lui, semble ravi de se faire démonter par mon beau brun. Il ne cesse de manifester son plaisir, que ce soit par des ahanements bruyants, ou en tâtant fébrilement les pecs et les biceps de mon Jérém, comme pour se convaincre qu’ils sont bien réels.
« Arrête de me tripoter, lui lance sèchement mon beau brun à un moment.
— Pardon, beau mec ! fait Jonas, taquin. Vas-y, défonce-moi ! »
Mon beau brun augmente aussitôt la cadence et la puissance de ses coups de reins. Et il ne tarde pas à jouir. Voir sa belle petite gueule traversée par la vague de l’orgasme, voir son corps secoué par l’onde de choc du plaisir est toujours un spectacle magnifique, même lorsque sa jouissance ne vient pas de moi, ni en moi.
Jonas, quant à lui, profite des derniers instants de la présence de la virilité de Jérém en lui pour se branler vigoureusement et jouir à son tour.
Jérém reprend son pétard, et le partage avec Jonas et moi.
« Vous êtes chauds les gars ! lance le beau réceptionniste.
— Si tu le dis ! fait Jérém, peu bavard.
— Je le dis et je l’affirme ! Au fait, vous voulez boire quelque chose ?
— Tu proposes quoi ? fait Jérém, soudainement intéressé.
— Ce que propose le bar de l’hôtel. Sodas, bières, alcools plus forts…
— Une bière fera l’affaire.
— Ok, et toi, Nicolas ?
— Un coca pour moi, merci. »
Jonas se rhabille et quitte la chambre pour aller chercher les boissons. Jérém demeure silencieux.
« Ça va ? je le questionne.
— Il a raison, c’était sacrément chaud ! il me lance, sans détours, avec un sourire complice.
— C’est clair ! »
Ça me fait plaisir qu’il ait aimé. Et que notre complicité demeure intacte.
Jonas revient une minute plus tard avec les boissons et des chips. Nous buvons, nous fumons, nous grignotons. Et nous discutons. Jonas est vraiment sympa, et marrant en plus. Son humour arrive même à entraîner Jérém, d’habitude plutôt peu démonstratif avec les « outsiders » des autres plans auxquels j’ai eu l’occasion de prendre part. Je pense à son cousin Guillaume, je pense au beau barbu Romain qu’on avait levé au On Off. Ce n’était que de la baise pure. Mais depuis que Jérém assume son plaisir, tout va mieux dans sa tête. Et la bonne humeur contagieuse de Jonas n’y est pas pour rien non plus.
« En tout cas, vous êtes mes meilleurs clients-amants depuis longtemps ! lâche Jonas au détour de la conversation.
— Ça t’arrive souvent de baiser avec des clients ? le questionne Jérém, tout comme je l’ai fait un peu plus tôt dans la journée.
— Pas si souvent. Ça m’arrive, mais c’est rarement aussi bon.
— T’as bien kiffé de te faire baiser… le cherche Jérém.
— Et comment ! Au point que je pourrais affirmer que je ressens comme un petit goût de "reviens-y"…
— Je crois que nous avons tous les trois dans le boxer un petit goût de "reviens-y" », je considère.
Considération qui fait marrer Jonas et Jérém aussi.
Quelques instants plus tard, je suis allongé sur le lit, sur le dos, et je me fais baiser par Jonas. Jérém me regarde, tout en se branlant. Jonas est un bon amant, à la fois fringuant et respectueux. Il prend son pied, je prends mon pied. Et Jérém prend le sien aussi, en me regardant me faire baiser par ce gars.
Lorsque Jonas jouit, je me délecte de sa façon d’affronter l’onde de choc de l’orgasme, avec de longs soupirs, le corps traversé par des spasmes. Lorsqu’il se déboîte de moi, j’ai le réflexe de regarder si la capote a tenu le coup. Heureusement, c’est bien le cas.
Puis, Jérém vient à son tour en moi. Il me remue avec ses gros bras, il me prend avec son manche puissant et il commence à me pilonner avec une ardeur intense. Les ondulations de son bassin ont quelque chose de profondément érotique. Quant aux ondulations de son torse, c’est beau à en pleurer. Je caresse et j’agace ses tétons, je veux le rendre dingue. Mais ce sont ses biceps qui aimantent mes doigts. Ils sont tellement puissants, ces biceps.
« A lui tu ne lui dis pas de ne pas te tripoter ! se marre Jonas.
— Lui, il sait y faire, alors il a le droit !
— Mais quel petit con tu fais !
— Ferme ta gueule, tu me déconcentres ! » gronde Jérém.
Et là, pour toute réponse, je vois Jonas se placer derrière mon beau brun, et glisser ses mains sous ses aisselles pour atteindre ses tétons. Jérém est d’abord surpris, puis il semble ravi de ce bonheur inattendu qui a pour effet de précipiter son orgasme. Quelques coups de reins encore, et il lâche tout son jus en moi.
« Vraiment, vous n’êtes pas croyables, les gars ! fait Jonas en revenant de la douche. Si vous repassez à l’hôtel, et si ça vous fait envie, surtout n’hésitez pas à me sonner ! il nous lance en se rhabillant.
— Mets ça sur la note, fait Jérém en indiquant les boissons.
— Mais non, tu plaisantes ? Ça, c’est pour moi.
— Merci alors !
— Ça a été un plaisir ! »
La porte vient de se refermer derrière le beau réceptionniste et Jérém vient aussitôt me rejoindre sur le lit. Il se glisse sur moi et m’embrasse doucement.
« Alors, c’est quoi que t’as kiffé le plus ? je le questionne.
— Quand tu m’as baisé après t’être bien chauffé avec lui…
— Ah, c’était bon ça…
— J’ai aimé tout autant que gicler dans ton cul après qu’il t’a baisé …
— Et le gars ?
— Ça m’a excité… mais c’est pas lui qui m’a excité le plus ! Tu es un sacré coquin, toi !
— Moi aussi j’avais surtout envie de faire l’amour avec toi.
— Coquin, va !
— Et toi non ! »
Je suis tellement bien dans les bras de mon Jérém, bercé par les bisous légers qu’il glisse dans mon cou, de plus en plus légers au fur et à mesure que le sommeil le rattrape.
J’avais peur de découvrir jusqu’où un nouveau plan pouvait nous amener. Et ce que je viens de découvrir m’enchante.
Ourson sait qu’il n’a jamais fait l’amour comme il le fait avec P’tit Loup depuis les retrouvailles à Campan après le clash de l’été dernier. Même pas avec Stéphane, même pas avec Thibault lors du plan à trois. Et il a vu de ses propres yeux que P’tit Loup n’était pas le même avec le Renardeau Jonas qu’avec lui.
Oui, Ourson et P’tit Loup ont une façon de faire l’amour entre eux qui est unique. Car non seulement l’alchimie entre leurs corps est unique, mais celle entre leurs esprits l’est tout autant.
Et je m’endors avec la rassurante certitude que quoi qu’il arrive, définitivement Ourson et P’tit Loup font bande à part.
Le lendemain matin, je me réveille en sursaut à cause du réveil on ne peut plus sonore du téléphone de Jérém. Il est 5h30 et le bobrun bondit du lit comme une sauterelle. Après une nuit d’amour avec le gars qu’on aime, le matin arrive toujours trop vite. Jérém passe à la douche en vitesse et revient en boxer pour finir de se rhabiller. Sa presque nudité et ses cheveux bruns encore humides me vrillent les neurones de bon matin.
« Je t’ai réveillé, désolé, il me lance, alors que je suis déjà habillé et prêt à l’accompagner au petit déj.
— Ton réveil tirerait du sommeil une bûche !
— Désolé !
— C’est pas grave, ça me fait plaisir de t’accompagner au petit déj. Tu as le temps de prendre ton petit déj, hein ?
— Oui, j’ai le temps, je dois être à l’entraînement à 10 heures.
— Cool ! Viens faire un bisou ! »
Jérém finit de faire disparaître sa plastique de fou sous le tissu brillant de sa belle chemise et se penche sur moi pour m’embrasser.
Lorsque Jérém sort de la douche et se rhabille après une nuit d’amour, et alors que mon cœur se serre à l’idée de le quitter, ça fait du bien de me rappeler qu’il nous reste encore ce moment magique du petit déjeuner à partager. Une façon de jouer les prolongations. Chaque instant gagné en compagnie de mon Jérém est une petite victoire.
Ces rencontres à l’hôtel sont des moments uniques. Dans cette chambre, nous sommes loin de tout et de tous. Nous ne sommes que tous les deux, et tout disparaît autour de nous. Pendant quelques heures rien ne semble pouvoir nous atteindre, et tous les soucis disparaissent.
Mais l’attente entre chaque retrouvaille est si longue, et les moments passés ensemble filent si vite ! Tellement vite que je ne suis jamais rassasié de lui, de sa présence. Mais c’est peut-être justement le propre de l’amour, le fait de ne jamais être rassasié de la présence de l’Autre.
Nous sommes les clients les plus matinaux, la salle du petit déj est vide à notre arrivée. Nous nous servons au buffet et nous nous asseyons à l'une des petites tables du resto, les yeux pas complètement en face des trous, fatigués à cause d’une nuit tout aussi courte qu’intense. Jérém ne parle pas, il n’est pas très bavard le matin.
Les écrans sans son aux quatre coins de la salle régurgitent des infos passées en boucle par une chaîne spécialisée. Mon beau Jérémie est assis en face de moi, tout beau, bien habillé, le brushing de bogoss, dégageant une fragrance d’une fraîcheur déroutante. Je le regarde enchaîner les tartines de pain grillé et confiture, de boire son café, et je ne peux m’empêcher de penser que dans quelques minutes il va repartir dans la vie, sans moi.
« Ça va ? je le questionne en le voyant le regard perdu dans un coin de la pièce.
— Si tu savais comment je n’ai pas envie d’aller à l’entraînement ! Je n’aurais jamais cru que je dirais ça un jour. J’ai tellement aimé le rugby…
— Mais tu l’aimes toujours…
— Alors c’est lui qui ne m’aime plus…
— Si, vous traversez juste une crise…
— La fameuse crise des 7 ans ?
— On va dire ça, oui… »
Je déteste ces adieux dans la chambre d’hôtel, au pied du lit où nous avons fait l’amour. Et pourtant, ces adieux sont si doux. Avant de nous quitter, nous nous prenons dans les bras l’un de l’autre, et tout autant moi que Jérém semblons avoir un mal de chien à quitter cette dernière étreinte. Je pose ma joue dans le creux de son cou, je cherche à m’enivrer une dernière fois de la chaleur et du parfum de sa peau. Ses baisers et ses caresses sont intarissables. Les miens aussi. Je ne me lasse pas de lui poser des petits bisous dans le cou, je ne suis jamais rassasié de caresser ses cheveux, la peau douce de son cou, ou de laisser mes doigts se balader sous sa chemise et caresser la région entre ses omoplates, une caresse qu’il affectionne tout particulièrement.
Mais j’ai beau le caresser et l’embrasser, mon esprit ne s’apaise pas. Se quitter après s’être fait autant de bien en si peu de temps est très dur, autant pour lui que pour moi. De plus, je le sens toujours tendu, soucieux, en plein questionnement sur lui-même et sur son avenir, et ça me rend triste de ne rien pouvoir faire de concret pour l’aider. Alors, oui la tristesse est bel et bien là, elle submerge mon esprit, et je ne peux rien faire pour l’en empêcher.
« Rentre bien, P’tit Loup…
— Toi aussi, Ourson ! »
Lorsque la porte se referme derrière P’tit Loup, Ourson a envie de pleurer. Pourvu que la prochaine rencontre arrive vite.
Hélas, ce ne sera pas le cas.