20 Février 2022
Le jour de l’anniversaire de Jérém, en rentrant de mes cours, je me sens très frustré de ne pas pouvoir fêter cette journée spéciale avec lui. Et encore plus frustré qu’il m’ait annoncé qu’à cause de ses engagements sportifs il ne pourrait pas me recevoir à Paris le week-end qui arrive.
Jeudi 17 octobre 2002.
Le lendemain, cette frustration s’est mélangée à un regret lancinant. Je me dis que j’aurais dû tout laisser tomber, monter à Paris et lui faire la surprise. Je me dis que je dois impérativement aller le voir ce week-end, ou lundi. C’est décidé, je vais l’appeler dans la soirée pour lui dire que j’ai trop envie de passer quelques jours avec lui. Ou alors, il est toujours temps de lui faire une surprise. D’autant plus que j’ai sa nouvelle adresse. Oui, j’ai envie de lui faire une surprise.
Je suis en plein dans mes cogitations, lorsque j’entends taper à la porte. Ça y est, le fameux gâteau annoncé par Albert est prêt. Ça tombe bien, je commence à avoir un petit creux. Je baisse le son de la télé, je saisis la poignée, j’ouvre la porte. Et là, je manque de tomber à la renverse. Mon cœur s’emballe, ma respiration se fige. Je suis instantanément en nage, en apnée.
Jérém se tient là devant moi, beau comme un Dieu, habillé d’une chemise à petits carreaux noirs et blancs complètement ouverte sur un t-shirt blanc ajusté à son torse sculpté, mettant bien en valeur ses pecs. C’est quasiment pile la même tenue que sur cette photo de lui prise sur la prairie des Filtres et qui me rend dingue. A un détail près. Ses pecs et sa virilité ont pris une ampleur qu’ils n’avaient pas au moment de cette photo d’adolescent. Sur son visage, un beau sourire à la fois charmant et doux.
« Salut, il me lance.
— S… salut » je tente de faire bonne figure, alors que je suis en train de me liquéfier sur place.
Le bobrun s’avance vers moi, il me serre très fort dans ses bras et m’embrasse comme un fou. La surprise, c’est lui qui me l’a faite.
Un instant après, le bel ailier parisien me pousse vers l’intérieur de mon studio avec une fougue animale. Ses yeux noirs se plantent dans les miens, et ne les lâchent plus. Son regard charnel me déshabille, comme s’il arrachait mes fringues. Il me fait me sentir nu, et complétement à lui. Le bobrun ne prononce pas un mot. Et pourtant, tout son corps et tous ses gestes parlent de désir, d’ardeurs, d’envies de mâle. Je sens qu’il est chaud bouillant. Je sais de quoi a envie mon beau mâle brun. Je sens que je vais très vite être débordé par sa virilité. En une fraction de seconde, mon excitation grimpe vers des sommets où ma raison flanche.
Je ne me trompe pas. Après avoir claqué la porte derrière lui, Jérém me colle contre le mur juste à côté. Tout en continuant à m’embrasser avec cet enivrement impétueux, volcanique, il empoigne mes fesses par-dessus le jeans, il les palpe avec ses mains puissantes, les malaxe, les écarte. Je sens les parois de mon trou se tendre. Et cette sensation me rend dingue. J’ai envie de lui, putain, qu’est-ce que j’ai envie de lui, et de me sentir à lui !
Mais j’ai aussi et avant tout envie de le prendre dans mes bras, de sentir son corps contre le mien, de le couvrir de bisous, d’enfoncer mes doigts dans ses beaux cheveux noirs. Je tente de le serrer contre moi, mais le bobrun se dégage aussitôt. Il a d’autres projets en tête, d’autres priorités. Il défait ma ceinture, ma braguette, il baisse mon froc et mon boxer. Le bout de ses doigts effleure mon pubis et j’ai l’impression que ma queue va exploser. Ses gestes précipités expriment pleinement l’urgence du désir qui l’anime. C’est si bon, c’est divin que de se sentir à ce point convoité par le gars qu’on désire plus que tout, de ressentir cette rencontre parfaite, cette sublime complémentarité des envies.
Jérém défait sa propre ceinture, baisse son froc et son boxer. Sa queue apparaît, belle, tendue, délicieuse, conquérante. J’ai envie de l’avoir en bouche, j’ai envie de l’avoir dans mon cul, j’ai envie de me faire tringler pendant des heures, et j’ai envie de le faire jouir là, tout de suite.
En attendant, animé par une pulsion irrépressible, je tente de la toucher, mais le bogoss m’en empêche. Et il me retourne aussitôt, il me plaque face au mur. Je sens sa queue bouillante se caler entre mes fesses. Je n’oublierai pas la première fois où Jérém m’a plaqué contre le mur de cette façon. C’était juste après le bac philo, après que je l’avais chauffé pendant l’épreuve. Et putain, comme il avait été chaud et bien macho dès notre arrivée à l’appart de la rue de la Colombette ! Comment il m’avait montré qui était le mâle dans la pièce. Ce soir, je ne demande pas mieux que de me sentir à lui comme dans cette journée qui, je le réalise, date de presque un an et demi déjà. Comment le temps passe ! Et pourtant, il ne semble pas avoir de prise sur notre envie l’un de l’autre.
« Tu la veux, hein ? je l’entends me souffler à l’oreille.
— Oh, que oui !
— Tu la veux dans le cul, c’est ça ?
— Putain, oui !
— Tu veux que je te baise là, tout de suite ?
— Et comment !
— Tu as envie que je te jute dedans, hein ?
— Autant que tu veux. Mais prends ton temps, baise-moi bien avant !
— T’as vraiment envie que je te défonce, toi !
— Tu as vu l’effet que tu me fais ?
— Tu me kiffes, hein ?
— Grave !
— Tu kiffes ma queue !
— Oh, putain, ouiiiiiiiiiiiiii. Allez vas-y, prends-moi !
— Je vais t’enculer, mec…
— Vas-y !
— Dis-le !
— Encule-moi, beau mec !
Son torse chaud collé contre mon dos, sa façon de me plaquer contre le mur avec toute la puissance de son corps musclé de rugbyman, sa queue qui envahit ma raie, son gland qui titille malicieusement ma rondelle, ses lèvres qui effleurent mon oreille, son souffle qui chatouille ma peau. Ses mots bien choisis pour chauffer à bloc mon imaginaire et mes fantasmes. Ce petit jeu m’excite grave. Sa parfaite attitude de petit con sûr de son pouvoir de mâle dominant embrase mes sens.
Sa queue tient désormais ma rondelle en joue. Je frémis, je tremble de désir. Qu’est-ce que j’ai envie de l’avoir en moi ! Il fait durer, et l’attente me semble une torture. Aucun autre gars ne sait me chauffer, me faire languir, me rendre dingue à ce point.
Et puis, ça vient enfin. Jérém crache dans sa main, il enduit sa queue, puis ma rondelle. Il empoigne mes fesses, les écarte. Il laisse glisser son gland en moi et il me pénètre lentement, très lentement. A chaque millimètre d’avancement, un frisson secoue mon corps. J’adore cette sensation de me sentir envahi, rempli, entravé par sa puissance sexuelle. Et ses ahanements, son souffle saccadé traduisant son plaisir à lui ne font que décupler le mien.
« Oh, putain, qu’est-ce que c’est bon, Jérém, je ne peux m’empêcher de lâcher, sonné par le bonheur de le sentir glisser en moi, alors qu’il n’a même pas encore commencé à me pilonner.
Le bogoss glisse en moi lentement mais fermement, il s’enfonce en moi jusqu’à la garde. Lorsque son voyage s’arrête, ses couilles se calent lourdement contre les miennes. J’ai le sentiment qu’elles sont bien pleines, et que ce soir je vais recevoir une bonne dose de jus du bobrun. J’ai vraiment envie d’être rempli par son jus.
Le bogoss passe une main à plat sur mon ventre, et l’autre en travers sur mes pecs. Il me plaque fermement contre lui et commence à me pilonner. C’est à la fois lent, sensuel, puissant. L’intense bouquet olfactif qui se dégage de sa peau vrille mes neurones en profondeur. Le fait est qu’au-delà de son parfum, j’ai l’impression de capter tout un tas de petites odeurs qui parlent de son désir, de sa virilité. J’ai l’impression de sentir un début de transpiration. Mais aussi l’odeur de sa queue qui a envie de jouir. Je ne sais pas si ce sont de véritables sensations olfactives ou si c’est mon excitation qui me joue des tours, mais ça me rend dingue. Son attitude, sa façon de me plaquer contre son corps, de me secouer, d’exciter mes tétons finissent de m’achever.
Ses couilles caressent les miennes, les percutent doucement, puis plus lourdement. L’ampleur et la cadence de ses coups de reins changent, augmentent peu à peu d’intensité. Son souffle animal se fait de plus en plus brûlant. J’aime quand il est dans cet état, quand son animalité prend le dessus et le pousse à des gestes rares et qui me font un effet terrible. Le beau mâle mordille tour à tour mon oreille, la peau dans mon cou, celle en bas de ma nuque. Le frottement de sa barbe, la fraîcheur humide laissée par sa salive me poussent un peu plus vers une douce folie des sens.
De l’extérieur, ça pourrait sembler une bonne tranche de baise. Mais au plus profond de moi, je sais que nous sommes quand même en train de faire l’amour. Je sens que Jérém a tout autant envie de jouir que de me faire jouir. Dans son attitude, il y a une sacrée dose de mâlitude, pourtant doublée d’un profond respect. Si ce n’était pas le cas, ça ne pourrait pas être aussi bon.
« Putain, qu’est-ce que c’est bon, Jérém ! », je finis par lâcher, dans un état second.
— Tu as un cul d’enfer ! il me glisse à son tour.
— Tu as une queue d’enfer ! »
Et là, mon bobrun lâche les trois mots les plus excitantes qui existent pour mes oreilles :
— Je vais jouir…
— Fais toi plaisir !
— Je vais te remplir… »
Je sens son corps se raidir, se plaquer encore plus fort contre le mien. Ses coups de reins cessent d’un coup, sa queue s’enfonce au plus profond de moi. A chaque râle étouffé, son bassin augmente sa pression contre le mien, comme s’il voulait s’enfoncer en moi un peu plus loin encore. Ses couilles écrasent les miennes, sa virilité la mienne. Le bobrun me remplit, giclée après giclée. Et c’est bon à un point inimaginable.
Ainsi, lorsque sa main atterrit sur ma queue, elle n’a même pas besoin de me branler. Dès que ses doigts enserrent mon gland, je jouis.
Le bobrun demeure enfoncé en moi, le souffle profond. Il me serre désormais dans ses bras musclés, et je me sens fabuleusement bien. Une douce et intense chaleur monte dans mon ventre et se propage dans tout mon corps jusqu’à mon trou rempli de sa queue et de son jus. Comment il doit être chaud et épais son petit jus de mec !
Lorsqu’il se retire de moi, mon trou s’en trouve aussitôt délaissé. L’absence de sa queue est tout aussi vibrante que sa présence. Toutes mes chairs pétillent encore autour du souvenir de ses va-et-vient.
Je me retourne aussitôt, j’ai besoin de le regarder. Sur son front, dans le creux de son cou, sa peau est moite de transpiration. Son beau t-shirt blanc porte désormais de nombreux plis, témoins de l’animalité de notre étreinte. Le coton suit le mouvement de ses pecs ondulant au gré de sa respiration, une respiration profonde, témoignant de l’effort sexuel tout juste accompli. Au-dessous de ses paupières lourdes, je croise son regard assommé de plaisir. Il est tellement beau et touchant !
Je le prends dans mes bras et je l’embrasse avec la fougue que nous inspire le garçon qu’on aime et qui vient de nous offrir une expérience sensuelle hors normes.
Quelques instants plus tard, visiblement chauffé par l’effort, Jérém tombe sa chemisette, laissant ce beau t-shirt blanc, magnifique artifice pour sublimer un torse spectaculaire, aveugler mon regard. Ah, putain, comment les manchettes moulent bien ses beaux biceps !
Sans un mot, il m’entraîne vers le lit. Il s’allonge, et je me blottis dans ses bras.
« Qu’est-ce que j’aime faire l’amour avec toi… je l’entends me glisser après un soupir de bien-être.
— Je croyais que tu voulais me baiser… je le cherche, pour le fun.
— Oh que oui ! Je t’ai bien niqué, hein ? il me cherche à son tour, un sourire malicieux et craquant au bord des lèvres.
— Très bien niqué… et bien plus que ça !
— Bien plus que ça, oui…
— Pour moi ça a été plus que ça dès la première fois à ton appart à Toulouse.
— Je sais…
— J’avais envie de tout avec toi. J’avais envie de te sentir contre moi, j’avais envie de coucher avec toi, j’avais envie de te donner du plaisir. Mais, plus que tout, j’avais envie d’exister pour toi.
— Tu existais depuis un bon moment…
— Je ne le savais pas, j’avais l’impression que tu ne me calculais pas du tout. Je te croyais hétéro !
— C’est vrai que je n’ai rien fait pour t’aider à comprendre.
— Si j’avais su, je t’aurais invité à réviser chez moi bien plus tôt !
— Je ne sais pas si j’aurais accepté. Avant, je n’aurais pas été prêt et je t’aurais jeté. Tu l’as fait au bon moment.
— T’étais vraiment un sacré petit con !
— Ça, tu peux le dire !
— Tu t’es quand même bien amélioré depuis !
Le bogoss me sourit et je fonds. Je regarde sa nudité, son torse musclé et délicieusement poilu, ses épaules, ses pecs, ses abdos, ses cuisses, ses mollets, sa belle queue. Je regarde le garçon que j’aime, qui vient tout juste de me faire l’amour, je le contemple dans le doux abandon après l’orgasme. Et je me dis que parfois, même après bientôt deux ans de complicité sensuelle et de jouissance, j’ai encore du mal à croire que c’est moi que ce petit Dieu mâle a choisi pour découvrir le plaisir entre garçons. Et j’ai encore plus de mal à me dire que ce petit Dieu, je crois bien qu’il m’aime lui aussi.
« Si je me suis amélioré, c’est parce que tu es mon Ourson, finit par lâcher le beau rugbyman en me serrant très fort dans ses bras puissants.
— Et puis, toi aussi, t’as grandi, il continue.
— Si j’ai grandi, c’est parce que tu es mon p’tit Loup ! je lui glisse, en plongeant mon visage dans le creux de son épaule, les yeux rendus humides.
— Ah, j’oubliais, je me souviens d’un coup, j’ai quelque chose pour toi.
— Tu as quoi ?
— Un petit cadeau pour ton anniversaire.
— Mais moi je n’ai rien prévu pour le tien !
— Tu rigoles ? Tu as prévu Campan, et tu es revenu ce soir ! Ta présence est le plus beau cadeau du monde ! ».
Un nouveau sourire s’esquisse sur sa belle petite gueule de mec et c’est le plus beau des remerciements. Je tends le petit paquet à Jérém qui le déchire aussitôt.
— Ah, cool, j’aime bien celui-ci. L’un des gars de l’équipe le porte et il sent super bon !
— Dois-je comprendre que tu t’approches suffisamment, je dirais même excessivement, ou plutôt dangereusement, même, de la peau de ce gars pour sentir son parfum ? je le cherche.
— Possible… il se marre.
— Petit con, va !
— N’importe quoi ! Quand il revient de la douche il en met tellement qu’il en fait profiter à toute l’équipe !
— Mouais… je feins de m’offusquer.
— Ta gueule, Ourson !
— Ah, « ta gueule » c’est ta façon de me remercier du cadeau ? je plaisante.
— Ta gueule et merci pour ce cadeau !
— De rien, de rien. L’année prochaine l’Ourson t’offrira une boîte remplie d’oursins.
— Tu seras mon Oursin, alors…
— T’es qu’un sale type ! je l’apostrophe, tout en claquant un chapelet de bisous sur son cou.
— Tu sais de quoi j’ai envie ? il me glisse.
— Dis-moi ?
— D’aller nous faire un resto et de te refaire l’amour après…
— Ça me paraît être un programme tout à fait raisonnable… à un détail près…
— Quel détail ?
Et là, on entend toquer à la porte.
« Tu attends quelqu’un ? fait Jérém, soudainement crispé.
— Non… je lui réponds, pas du tout sûr de moi, alerté par sa crispation soudaine.
Dans ma tête, un doute irrationnel mais effrayant s’impose. Il ne faudrait pas que Ruben ait décidé de rappliquer ce soir par surprise. Non, ce n’est pas possible. Il ne ferait pas ça. Je ne lui ai donné aucun signe de vie, il ne m’en a pas donné non plus. Il faudrait une sacrée dose de malchance pour que cela change pile ce soir.
Je remonte mon froc à toute vitesse. Le laps de temps entre l’instant où je saisis la poignée de la porte et celui où le battant s’ouvre sur le visage souriant de Denis me paraît interminable.
« Chose promise, chose due, me lance le vieil homme, tout en me tendant une assiette avec une part généreuse de gâteau.
— Le chef pâtissier a terminé son ouvrage, il précise, et il m’envoie en livreur.
— Merci, merci beaucoup, il a mis une grosse part en plus !
— Il a cru voir que tu avais de la visite…
— On ne peut rien lui cacher !
— Il passe sa vie devant la fenêtre, il a des dossiers sur chaque locataire, il plaisante.
— Sacré Albert ! En tout cas, j’ai bien de la visite, une visite par surprise.
— Bonjour, fait mon bobrun dans mon dos.
— Ah, il avait vu juste. Bonjour Jérémie, content de te revoir.
— Content de vous revoir aussi !
— C’est son anniversaire, il est venu me faire une surprise.
— Ah, bon anniversaire, alors ! Au fait, joli match l’autre fois ! Bel essai, et très belle transformation !
— Merci, merci beaucoup, fait Jérém.
— Passez nous voir si vous avez une minute ! ».
« Ils sont vraiment adorables, je commente, après avoir refermé la porte.
— C’était quoi le détail ? me balance le bobrun.
— Quel détail ?
— Juste avant que ton proprio se pointe tu m’as dit que mon programme resto-sexe était tout à fait raisonnable, mais à un détail près…
— Ah oui… j’aimerais ajouter quelque chose en haut de ce programme pour le rendre encore plus fabuleux…
— A savoir ? »
Un instant plus tard, le bogoss s’installe sur le lit accoudé sur ses avant-bras, le t-shirt blanc bien tendu sur ses pecs et ses biceps. Les jambes légèrement écartées, le regard fripon, la braguette saillante. Je me glisse sur lui, je l’embrasse longuement. La force qui m’attire vers ce garçon est puissante, déraisonnable, irrépressible. C’est une force tout aussi sensuelle qu’affective. Il y a tant de désir dans mon élan. Mais il y a tout autant de tendresse et d’affection. Ce garçon m’attire et me touche infiniment.
Je le pompe doucement, je distille lentement son plaisir viril. J’ai adoré sa façon de me prendre sans préliminaires. J’ai adoré le sentir en moi, me sentir à lui. Lorsqu’il me prend, c’est lui qui contrôle son propre plaisir. Mais lorsque je le suce, c’est moi le maître de son bonheur sensuel. Et l’ivresse de l’avoir en bouche m’a terriblement manqué.
Je le suce, mon regard happé par le blanc immaculé de son t-shirt, mais je le soulève un peu pour découvrir ses abdos à la peau mate, délicieux contraste. Sentir ses ahanements à chaque va-et-vient, à chaque coup de langue, ça c’est un délice indescriptible. Et lorsque ses doigts atterrissent sur mes tétons, j’ai l’impression de perdre la raison.
« Oh putain, Nico, qu’est-ce que c’est bon ! » je l’entends soupirer. Du coin de l’œil, je vois sa tête partir vers l’arrière, ce qui a pour effet de bomber encore un peu plus ses pecs et de tendre ses abdos d’une façon tout à fait spectaculaire. Je sais qu’à cet instant précis son cerveau est le théâtre d’une tempête de frissons géants. Je sais qu’à cet instant précis, tout ce dont il a besoin est de jouir. Alors, je continue de le pomper sans relâche. Car il me tarde de le voir, le sentir jouir, je veux goûter à son petit jus de mec, je ne peux plus attendre.
« Oh, Nico, je vais jouir ».
Sa queue vibre entre mes lèvres, son gland frémit sous ma langue. Et une salve de bonnes giclées chaudes explose dans ma bouche. Son goût prégnant de petit mâle se répand en moi. Et ses râles de plaisir me donnent le vertige.
« J’ai bien aimé ton détail, fait le bobrun, fripon.
— Moi aussi, beaucoup !
— Tu veux jouir ?
— Pas maintenant, je vais attendre le dernier acte de ton programme pour ça ! »
Son sourire est à la fois amusé et sexy à mort. Il s’allume une cigarette qu’il ne fume qu’à moitié, puis il passe à la douche.
Lorsqu’il revient de la salle de bain, son torse de statue grecque est violemment mis en valeur par un t-shirt noir super bien ajusté. Dès qu’il passe l’encadrement de la porte, je sais qu’il porte le parfum que je lui ai offert. Jérém s’approche de moi, et l’intense fragrance qui se dégage de sa peau vrille mes neurones.
« Putain, qu’est-ce que tu sens bon !
— Je t’avais dit que ce parfum est une tuerie.
— J’ai envie de te sauter dessus !
— Tu vois ?
— Pourquoi, tu as envie de sauter sur ce mec de ton équipe ?
— Mais ta gueule ! Allez, on va au resto ! »
Avant de sortir, nous passons faire un petit coucou à Albert et Denis. J’aime bien ce petit « rituel » lorsque Jérém vient à Bordeaux. Chez mes voisins, c’est l’un des rares endroits où nous pouvons vraiment être Jérém&Nico, en dehors de l’amour. Les deux vieux hommes nous reçoivent les bras ouverts, toujours aussi accueillants.
« Alors, il paraît que c’est ton anniversaire aujourd’hui ? fait Albert.
— C’était hier, en fait.
— Et tu as quel âge ?
— Vingt et un ans.
— Vingt et un ans, putain, vingt et un ans ! T’imagine Denis ! Je ne me souvenais même pas qu’on pouvait avoir vingt et un ans !
— Pourtant, on les a eus nous aussi. La télé était encore en noir et blanc et on parlait des francs par millions… et être pédé était un délit, énumère Denis.
— Mais surtout, on ne voyait pas autant de beaux garçons qu’aujourd’hui ! s’exclame Albert.
— En tout cas, bon anniversaire Jérémie, il enchaîne. Profite bien de tes vingt et un ans. Profitez tous les deux de vos vingt ans, car ils partent si vite !
— Sur ça, il a bien raison, abonde Denis.
— Au fait, on t’a vu à la télé, Jérémie, fait Albert.
— Tu étais très beau, le plus beau de tous ! lance Denis. D’ailleurs, la caméra ne te lâchait pas !
— Ah, je ne l’ai pas rêvé ! je m’exclame. Il était tout le temps à l’écran !
— C’était son premier match, ils voulaient montrer le nouveau poulain de l’écurie Stade Français !
— J’imaginais que tu étais un bon ailier, fait Denis, plus sérieusement. Mais là, tu m’as scotché. Tu as la technique, et tu as l’aisance. Tu es rapide, mais précis, et ton jeu est beau. Tout n’est pas encore parfait, bien sûr, parce que tu es jeune. Ton jeu manque un peu de fluidité parce que tu viens tout juste d’arriver dans une équipe déjà formée. Mais ça va vite venir. Aussi, si je peux me permettre de te donner un conseil de vieux con, tu dois apprendre à anticiper davantage, et surtout à garder la tête froide. Apprend à garder la tête froide et tu seras une véritable machine de guerre. Tu as un sacré potentiel. Apprend à te faire confiance, et je te garantis que ton niveau va très vite exploser.
— Merci, merci beaucoup, fait Jérém, l’air visiblement touché par ces mots.
— Tu es le genre de pierre brute que tout entraîneur rêve d’avoir à façonner, ajoute ce dernier. Je suis certain que dans quelques années, on va te retrouver en équipe de France.
— Il y a du travail !
— Bien sûr qu’il y a du travail, et tu n’imagines même pas à quel point. Mais dans la vie, il faut toujours viser la Lune. Car, même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles.
— Je vise la Lune, et même au-delà !
— C’est bien. Il n’y a que quand on croit en son rêve qu’on est sûr d’arriver quelque part. Il n’y a que quand on croit en soi qu’on est certains de miser sur le bon cheval. Moi, je crois en toi, monsieur Jérémie !
— Merci, merci encore, fait mon bobrun, visiblement ému par cette conversation.
— Allez, bonne soirée les garçons ! »
Nous traversons la petite cour au sol rouge et nous marchons dans la rue. Jérém ne lâche pas un mot. Je me tourne vers lui, je croise son regard. Il est brillant, et humide.
« Ça va, petit Loup ? je le questionne.
— Ça va.
— Tu es sûr ?
— Oui !
— Ce sont les mots de Denis qui… je tente de le questionner.
— Laisse tomber…
— Si, dis-moi…
— Je voudrais tellement entendre ces mots de la bouche de mon père, il me lance, alors qu’un voile de tristesse embue son regard.
— Ton père ne t’a pas appelé après ton match à la télé ?
— Non.
— C’est vrai ?
— Pas le moindre coup de fil, pas le moindre message.
— Mais il doit être fier de toi, non ?
— Je n’en sais rien.
— Tu as demandé à Maxime ?
— Il n’habite plus à la maison, et il le voit très peu aussi.
— En tout cas, moi je suis fier de toi, de ton travail, de tes efforts. Tu as l’air heureux sur le terrain, et je suis heureux pour toi ».
« C'était la première fois que je regardais un match de rugby en entier à la télé, je lui glisse une fois installés au restaurant.
— Ça ne m’étonne pas de toi, il se marre, la tristesse s’évaporant peu à peu de son regard.
— Oui il faut une première fois à tout. Et je suis d'accord avec Denis tu as un sacré potentiel et tu n'as besoin de personne pour réussir.
— J’aimerais en être si sûr que vous !
— Et alors, dis-moi, comment tu as vécu ces premiers matches ?
— La toute première fois que j'ai entendu mon nom annoncé dans ce grand stade, j'avais du mal à en croire à mes oreilles. J’avais l’impression de vivre la scène de l’extérieur. Quand j’ai entendu annoncer « Tommasi », pendant une seconde je me suis dit « tiens, il y a un autre joueur qui s’appelle comme moi ». Si tu savais comment j’avais peur de ne pas être à la hauteur !
— Mais tu l’as été, et ça s’est bien passé !
— Je crois…
— Et le premier match à la télé ?
— Laisse tomber ! Jamais j’ai stressé autant à cause d’un match. Depuis des jours le coach n’arrêtait pas de nous rappeler que le match était transmis en direct et qu’on n’avait pas le droit à l’erreur. Quand j’ai vu les caméras, j’étais tellement stressé que j’en avais mal au ventre. J’ai dû me faire violence pour sortir des vestiaires.
— Quand tu es sorti des vestiaires, tu étais magnifique !
— Je n’étais pas trop ridicule ?
— Pas du tout ! Tu avais l’air un peu perdu, mais je pense que c’est normal. Mais dès que le jeu a commencé, tu étais complètement dedans, et tu te donnais à fond. Au bout d’une minute, j’avais déjà oublié que c’était ton premier match à la télé. Parce que tu faisais partie de l’équipe.
— C’est vrai que j’ai vite oublié les cameras…
— Mais les cameras ne t’ont pas oublié ! On t’a beaucoup vu à l’écran, et dans de beaux premiers plans ! J’étais presque jaloux que tant de gens te voient de si près ! »
Le bobrun sourit malicieusement.
« En revanche, quand le journaliste t’a chopé après la fin du match, t’étais pas à l’aise.
— Ah putain, ce con de journaliste ! Je ne m’attendais pas du tout à ça ! Et surtout pas au premier match. Je n’avais pas imaginé une seule seconde qu’ils viendraient me faire chier. Mais quand j’ai vu cette caméra sur le bord du terrain, je me suis dit : « ça c’est pour moi », et ça n’a pas loupé ! Ce con de journaliste m’a barré le chemin avec son gros micro et le type de la caméra s’est presque jeté sur moi. Je ne sais même pas ce que j’ai raconté. Tout ce que je me souviens c’est cette lumière dans les yeux, le journaliste qui me hurle dans les oreilles, et aucune idée de ce que je vais raconter. J’ai raconté de la merde, non ?
— Tu te trompes. Là aussi, tu t’en es plutôt bien sorti.
— Si tu le dis…
— Je te promets ! Au fait, tu sais que j’ai regardé le match chez mes parents à Toulouse ?
— Avec ton père ?
— Oui… enfin, disons, d’une certaine façon. C’était l’anniversaire de Maman, et on a fait un repas. Il y avait ma cousine et son mec. On a regardé le match tous ensemble.
— J’imagine qu’il n’a pas vraiment apprécié de voir ma gueule à la télé !
— Il y a eu un accrochage à ce sujet… avec ma cousine !
— Un accrochage avec ta cousine ?
— Entre mon père et ma cousine, oui. Elodie l’a poussé à bout.
— C'est-à-dire ?
— Dès qu’elle t’a vu à l’écran, elle a commencé à faire des allusions sur nous. Mon père n’a pas aimé. Mais elle a insisté, et mon père a fini par lui dire de la fermer. Maman est intervenue et il lui a demandé pourquoi il était si chiant vis-à-vis de ça. Et il a fini par balancer qu’il avait peur que je ne sois jamais heureux en étant gay. Je pensais qu’il avait honte de moi, mais en fait, il s’inquiète pour moi.
— Vous en avez reparlé après ? il me questionne, entre deux bouchées de paëlla.
— Non, pas du tout. Mais après ton « interview », Elodie est revenue à la charge et lui a demandé comment il avait trouvé le nouveau joueur du Stade. Tu sais, le Stade, c’est son équipe de cœur…
— Je sais bien, oui…
— Ça a dû lui arracher la gueule, mais il a fini par admettre qu’il t’avait trouvé « pas mal ».
— Ah, juste « pas mal » ? il feint de s’offusquer.
— Il faut savoir que dans son système de notation, « pas mal » c’est un 19.5/20.
— Ah d’accord, ça me va alors !
— J’ai eu l’impression que ce « pas mal » était une sorte de pas qu’il faisait enfin vers moi. Je ne partais que le lendemain et j’ai pensé que nous aurions l’occasion de reparler de tout ça et de faire la paix. Mais il est resté tout aussi distant. Avant de partir, je lui ai écrit une lettre.
— Une lettre ? Et tu lui as raconté quoi ?
— Je lui ai écrit ce que je ne saurais jamais lui dire de vive voix. Que je ne serais peut-être jamais le fils dont il a rêvé, mais que je fais de mon mieux pour être heureux. Et que pour être heureux, j’ai aussi besoin de son soutien, parce que je l’aime.
— Et il t’a répondu ?
— Non. Mais en tout cas, je suis content d’avoir regardé ce match avec lui. Parce que j’ai pu voir que ça a changé sa vision sur toi.
— Tu crois ça… il plaisante.
— Je le crois, oui. Parce que je l’ai vu de mes propres yeux. Il a été impressionné par ton niveau. Quand tu as marqué, je sais que ça a fait un déclic dans sa tête. Il a vu qu’on peut aimer les garçons et être un super bon joueur, et s’en sortir comme un chef. Parce que tu t’en es sorti comme un chef, mon petit Loup. Si tu savais comment je suis fier de toi ! »
Son regard ému et son sourire doux me touchent au plus haut point.
De retour au petit appart, nos bouches et nos corps se cherchent instantanément. Sur le lit, Jérém se glisse sur moi et m’embrasse doucement, avec une sensualité décuplée par une infinie tendresse. Si on m’avait dit que le même gars qui un an et demi plus tôt m’avait déclaré « je n’embrasse pas, je baise » allait se transformer en cet amant amoureux, à la fois fougueux et tendre, je ne l’aurais pas cru. Et pourtant, c’est arrivé, et le bonheur qu’il m’apporte m’émeut jusqu’aux larmes.
Jérém me déshabille lentement, puis se déshabille à son tour. Le blouson tombe en premier, puis c’est au tour du t-shirt noir. Sa plastique de fou apparaît devant mes yeux, ses pecs saillants habillés d’une belle toison mâle brune me font littéralement chavirer. Le beau brun se glisse sur moi, nos queues tendues se caressent mutuellement. La chaleur et la douceur de sa peau me donnent des frissons.
Mes narines sont saisies par l’enivrante fragrance de ce nouveau parfum qui se dégage de sa peau mate. Dans le flacon, ça sentait bon. Mais alors, sur lui, chauffé par la chaleur de son corps, enrichi par l’odeur naturelle de sa peau, putain, c’est comme une drogue. Il m’en faut plus, j’ai besoin de perdre pied. Je plonge mon visage mon nez entre ses pecs, dans ses beaux poils, je me shoote à son empreinte olfactive de jeune mâle.
Tous mes sens sont en ébullition. Happé par le bonheur sensuel de cet instant, un bonheur doublé d’un autre tout aussi intense, celui de voir un Jérém doux et câlin comme jamais, je suis comme dans un état second. Mais le jeune mâle bien chaud n’est jamais bien loin. Le mouvement « dolce e amabile » finit par laisser la place à un délicieux « andante con brio ». Sa langue cherche la mienne avec une fougue animale, les mouvements de son bassin s’organisent pour permettre à son gland de se frotter contre le mien, ses doigts se glissent furtivement sur mes tétons pour entreprendre de les agacer. J’ai l’impression que s’il continue encore quelques secondes, je vais jouir direct.
J’ai envie de lui comme jamais.
« Fais-moi l’amour… je ne peux me retenir de lui glisser, les yeux dans les yeux, fou de lui. Fais-moi l’amour, s’il te plaît ! ».
Le bobrun glisse sa queue entre mes fesses tout en recommençant à m’embrasser. Un instant plus tard, il vient en moi lentement. Son regard brun ne quitte pas le mien, je ne quitte pas le sien. Nous guettons l’un dans les yeux et sur le visage de l’autre les étincelles provoquées par l’emboîtement de nos corps. Je savoure l’extase de sentir mes chairs possédées par sa virilité, tout en imaginant son bonheur de sentir la douce chaleur de mon corps enserrer sa queue.
Ses va-et-vient sont lents, leur amplitude réduite. Ses couilles caressent mes couilles et c’est terriblement bon. Le bobrun m’embrasse et me fait l’amour avec une douceur inouïe. Sa chaînette ondule lentement, caresse ma peau, effleure mes tétons, parfois. Dans son regard, dans ses mouvements, dans sa façon de me toucher il y a une douceur infinie. Une douceur virile. Je passe mes bras autour de son torse, je caresse fébrilement ses cheveux, ses biceps, ses tatouages. Je savoure chaque instant, chaque coup de rein, chaque câlin. Car ses coups de reins ce sont aussi des câlins. J’aime bien quand ils ont une puissance animale. Mais là, c’est sans commune mesure. Nous sommes fous l’un de l’autre. Et sa mâlitude n’a jamais été aussi brûlante qu’à cet instant précis.
Quand le sexe devient un moyen de montrer à l’autre l’intensité de notre amour, avant même d’être un moyen de prendre du plaisir, c’est là qu’il recouvre son plus noble rôle. Et je crois que c’est la plus belle et intense expérience sensuelle qu’on puisse vivre avec l’être aimé.
Chaque instant, chaque va-et-vient est une note plus incroyable que la précédente dans un crescendo vertigineux. Je suis hypnotisé par son regard, par ses ahanements, par les frémissements qui parcourent son corps. J’ai envie que cela dure longtemps, longtemps. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de guetter sur son visage les signes annonciateurs de son orgasme. Car je veux lui offrir un bel orgasme. Car un garçon qui vous fait l’amour de cette façon mérite le plus bel orgasme qu’on puisse lui offrir.
Lorsque ses lèvres quittent les miennes, lorsqu’il se relève et que la puissance de son torse se montre dans toute sa splendeur, lorsque ses mains saisissent fermement mes hanches et que ses coups de reins prennent de l’intensité, je sais qu’il s’apprête à jouir. J’envoie mes doigts agacer ses tétons. Ce simple contact a le pouvoir de lui offrir le frisson ultime qui appelle sa jouissance.
Ses paupières tombent lourdement, sa tête part lentement vers l’arrière. Ses pecs se bombent, ses abdos se tendent, ses épaules s’ouvrent. Et un profond soupir s’échappe de ses poumons, la double expression libératoire de sa jouissance.
Je sens son gland se caler bien au fond de moi, ses couilles se poser lourdement sur les miennes. Et je sais que mon bobrun est en train de lâcher de nouvelles bonnes giclées de jus chaud en moi.
Puis, il s’allonge sur moi, le visage dans le creux de mon épaule, le front moite, la respiration rapide et bruyante. Il amorce de petits coups de reins. Et le simple frottement de ses abdos sur mon gland suffit à embraser mes sens. Je jouis à mon tour. Je jouis avec une intensité que j’ai rarement ressentie. Peut-être même jamais atteinte. J’ai fait le bon choix en quittant Ruben. Car je n’ai jamais ressenti cela avec lui, jamais.
Pendant de longs instants, Jérém demeure allongé sur moi, enfoncé en moi. Il récupère de l’effort de l’amour. Je ne me lasse pas de sentir son corps sur le mien, de humer chaque note de cette nouvelle fragrance qui se dégage de sa peau chaude. Et je me délecte de la sentir se mélanger avec les petites odeurs dégagées par son corps après l’amour.
Après s’être retiré de moi, à ma grande surprise, il ne cherche même pas à se lever pour aller fumer sa cigarette. J’aime bien quand il reste près de moi après l’amour. Il demeure allongé sur le dos, la queue au repos, les couilles doucement abandonnées entre ses cuisses négligemment écartées. La jambe gauche pliée, la plante du pied posée contre le genou opposé, le bras droit le long de son torse, l’autre plié, la main entre l’oreiller et sa nuque. Les poils de l’aisselle bien en vue, dégageant une subtile mais persistante odeur de mâle. Son torse velu ondule au rythme de sa respiration profonde. La transpiration est visible sur son front, à la base de son cou, autour de son petit et délicieux grain de beauté. Mon bobrun a l’air vraiment terrassé par le plaisir.
J’ai l’impression qu’il s’est assoupi. Une fois de plus, le simple fait de regarder ce beau garçon que j’aime dans cet instant d’abandon après l’amour provoque en moi un bonheur incommensurable.
Mais Jérém ne dort pas. A un moment, comme s’il avait senti mon regard sur lui, il tourne la tête vers moi et plante son regard dans le mien. Je me penche sur lui et je l’embrasse. Puis, il déglutit bruyamment, il prend une profonde inspiration et me glisse, la voix cassée comme après une bonne cuite ou un long joint :
« Putain, comment tu me fais de l’effet…
— Et toi alors !
— C’était fou…
— A qui le dis-tu !!
— Il n’y a pas de mots pour dire à quel point c’était bon.
— C’est pareil pour moi.
— Je crois que je n’ai jamais pris autant mon pied…
— Moi je suis sûr que je n’ai jamais pris autant mon pied ! j’abonde dans son sens.
— Viens là ! »
Je m’approche de lui. Il me prend dans ses bras, et il me serre très fort contre son torse chaud.
— Même pas avec Thib ? il finit par lâcher tout bas dans mon oreille.
— Non, je n’ai jamais pris autant mon pied qu’avec toi, même pas avec lui. Parce qu’avec toi, c’est spécial.
— Mais tu as kiffé avec lui, non ? Il était doux, il te respectait…
— Bien sûr, j’ai kiffé. Mais toi, c’est toi. Personne ne sait me faire l’amour comme tu sais me le faire aujourd’hui.
— Même pas le gars qui t’appelait à Campan ?
— Personne, je te dis, personne.
— Tu l’as revu ?
— Une seule fois, mais juste pour lui dire que je voulais arrêter. Je ne me sentais pas de lui annoncer ça par téléphone.
— Et il l’a pris comment ?
— Pas très bien, c’est normal. Mais je ne lui ai pas laissé le choix. Je lui ai parlé de toi, et il a compris à quel point tu comptais pour moi.
— Il habite ici à Bordeaux ?
— Oui.
— Tu risques de le recroiser alors.
— Nous ne sommes pas à la même fac, ça ne risque pas vraiment, non.
— Et tu l’as trouvé où, celui-là ?
— Je l’avais croisé l’an dernier à une soirée, et je ne l’ai pas revu jusqu’au mois d’août de cette année.
— Dans un bar ?
— Non, je l’ai recroisé à la bibliothèque.
— Visiblement, il t’a fait du bien…
— Je te mentirais si je te disais que ce n’est pas vrai. Sa présence m’a fait du bien à un moment où je croyais que tu ne reviendrais pas vers moi. Je sais, j’aurais dû attendre, j’aurais dû te faire confiance. Mais je me sentais si mal. Et il est arrivé dans ma vie. Et les choses se sont enchaînées.
— Et c’était quoi entre vous ?
— Il y avait avant tout une belle amitié entre lui et moi. On a partagé des balades à vélo, des repas, on a parlé de plein de choses. Mais je n’étais pas amoureux.
— Mais lui était amoureux de toi…
— Je pense. C’est pour ça que je devais être sincère avec lui. Parce que c’est toi l’amour de ma vie. Et personne ne peut te remplacer dans mon cœur. Je n’ai jamais cessé de penser à toi, même quand j’étais avec lui.
— Même quand tu couchais avec lui ?
— Même quand je couchais avec lui.
Son silence prolongé ne me rassure pas. Visiblement, l’idée que j’aie pu avoir une relation avec un gars qui est tombé amoureux de moi le tracasse. Ce soir, j’ai joué franc-jeu avec lui, j’ai répondu à toutes ses questions. J’ai cru que c’était la meilleure chose à faire. Est-ce que j’ai réussi à le rassurer ?
— Jérém, je ne veux pas que tu te fasses des idées, je reviens à la charge. Je ne veux pas que cette histoire nous éloigne. Je te promets que je lui ai dit que c’était fini. Et c’est fini. Tout ce que je veux, c’est qu’on soit bien tous les deux. Tu me fais confiance ?
— Oui, oui… il finit par lâcher, le regard fuyant.
— C’est toi que j’aime, Jérémie Tommasi, ne l’oublie jamais ! »
Le bobrun se lève enfin et part à la fenêtre fumer une clope.
— Et toi à Paris ? Tu as rencontré des gars ? je le questionne.
— Quelques coups vite fait. Mais je n’ai fait du vélo avec personne.
Je sais que je suis mal placé pour lui reprocher quoi que ce soit. Mais ça me fait toujours mal d’imaginer Jérém en train de coucher avec un autre gars. Même si ce n’est que pour du cul. Et en même temps, ça me touche qu’il me dise qu’il n’a « jamais fait du vélo avec personne ».
« Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça, il enchaîne sans transition. Quand je ne suis pas bien, j’envoie tout valser. Ma vie partait en sucette et je t’ai encore mis à l’écart. Je suis désolé. Je te promets que je vais faire des efforts.
— Je te crois, Jérém. Et moi je te promets de te faire confiance, je te promets que je t’attendrai. Je te promets que je ne referai du vélo avec personne »
Sa nudité offerte à mon regard dégage une sensualité violente. Je me glisse entre ses jambes et je plonge mon nez entre ses couilles. Une petite mais intense odeur s’en dégage. Je m’enivre de cette odeur de jeune mâle. J’embrasse ses couilles, je les lèche longuement. Ce qui a pour effet de redonner un peu de vigueur à sa queue. Lorsque je la prends entre mes doigts, elle est encore mi-molle.
« Je ne vais pas pouvoir recommencer, Nico !
— T’en fais pas, j’ai juste envie de lui faire un petit câlin. A moins que tu n’aies même pas envie d’un câlin…
— Non, c’est bon…
Je replonge alors dans ce délicieux univers d’odeurs masculines. Ma langue remonte lentement depuis la base, s’attarde pour capter la moindre trace de son jus. Je m’attarde à humer le frein, je me shoote à l’odeur prégnante de sperme qui s’en dégage. Puis, je gobe son gland et laisse ma langue se délecter de son goût de jeune mâle.
Les jours suivants, les coups de fil avec Jérém s’enchaînent avec une régularité qui me fait chaud au cœur. Nous nous appelons un jour sur deux. Une fois c’est moi, la fois d’après c’est lui. C’est souvent autour de 20 heures. Jour après jour, j’attends ce moment avec impatience. Entre deux coups de fil, les messages prennent le relais pour entretenir notre complicité. « Tu me manques, p’tit Loup », est celui que je lui envoie le plus souvent.
La distance est toujours là, l’impossibilité pour Jérém de s’assumer dans un milieu sportif pas vraiment tendre avec les gars comme nous, aussi. Mais ce qui a changé, c’est son attitude. Nous sommes a des centaines de bornes, mais je le sens si proche de mon cœur.
Je me sens bien, je me sens en confiance. J’ai l’impression que Jérém s’est apaisé, et je m’autorise à croire que l’« accident Ruben » est derrière nous. Enfin, du moins derrière Jérém. Pour moi, c’est plus compliqué. Je pense souvent au petit Poitevin, à sa douceur, à ses regards amoureux, et au mal que je lui ai fait. Je m’en veux terriblement. Je n’arrive pas à me défaire d’un sentiment de culpabilité insistant. J’ai promis à Jérém que je ne chercherai plus à le contacter, mais parfois j’ai envie de l’appeler pour prendre de ses nouvelles. Et puis, à chaque fois, je me dis que ce n’est pas une bonne idée. Je pense qu’il a besoin de tourner la page. Si je reviens vers lui, je vais l’empêcher de faire le deuil de notre rupture.
Dimanche 27 octobre 2002.
En allumant la radio, je découvre le nouveau titre de Madonna annoncé sur Internet depuis quelques jours. Le titre est très rythmé, la voix trafiquée comme jamais. Die another day est une chanson qui donne la pêche.
https://www.youtube.com/watch?v=VlbaJA7aO9M
Lundi 11 novembre 2002
C’est Jérém qui m’a proposé de monter le voir à Paris. Soi-disant, il veut me montrer son nouvel appart. Mais je sais au fond de moi que je lui manque tout autant qu’il me manque. Il ne me l’a jamais dit, mais je le sens.
Le nouvel appart a l’air nettement plus grand et lumineux que celui des Buttes Chaumont. C’est la seule chose que je peux noter à l’ouverture de la porte. Parce que Jérém m’attrape illico par les épaules et me colle direct contre le mur. Il referme la porte aussitôt, se jette sur moi et me couvre de bisous. Je savais bien que je lui avais manqué. Ah, putain, qu’est-ce que ça fait du bien d’aimer et de se sentir aimé en retour !
Jérém m’entraîne vers la chambre, sur son grand lit, et me pompe. Je caresse ses pecs, ses tétons. Nous frémissons en parfaite harmonie. Puis, c’est moi qui le suce. Chauffé par les caresses de sa langue et la fougue de ses lèvres, je suis dans un état d’excitation extrême. Je le pompe animé par l’impatience de le faire jouir au plus vite. Mais le jeune mâle a d’autres projets en tête.
« Lèche-moi les couilles ! ».
Je m’exécute, tandis qu’il se branle. Avec sa main libre, il fait pression sur ma tête pour que je descende. Je sais ce dont il a envie. Je parcours très lentement les quelques centimètres qui séparent ses boules de sa rondelle, je le fais languir, je le fais frémir.
Lorsque ma langue atteint son but, le bobrun sursaute. Les caresses de ma langue sont d’abord légères. Mais sa main de plus en plus lourdement posée sur ma nuque m’indique que le bogoss a envie que j’y aille franco. Alors, j’y vais à fond, j’envoie le bout de ma langue s’insinuer le plus profondément possible dans son intimité. Jérém se branle de plus en plus vite. Quelques secondes plus tard, je l’entends pousser un dernier, long, profond ahanement. Sa rondelle se contracte, et j’entends le bruit sourd de ses giclées qui fendent l’air et atterrissent sur son torse musclé. Un instant plus tard, ma langue se lance à la chasse de la moindre traînée brillante dessinée sur sa peau chaude. Mon odorat et mon goût saturés par la semence de mon beau mâle brun, je jouis avec une intensité inouïe.
L’appartement comporte deux chambres, dont une très grande dans laquelle nous venons de faire l’amour, un séjour avec une belle cuisine équipée et un grand canapé sur lequel j’envisage de faire l’amour, une grande salle de bain avec une grande douche dans laquelle ce ne serait pas mal non plus de faire l’amour. D’ailleurs nous le faisons. Je rejoins mon bobrun (un magnifique bobrun à poil mouillé) sous l’eau et j’ai droit à des bons coups de reins et à être rempli de bonnes giclées de rugbyman.
L’appartement est décoré avec un certain standing, et il a vraiment de la gueule. Je m’y sens bien, et je m’y verrais bien y habiter avec mon amoureux. Rentrer de mes cours le soir, être là quand il rentre de ses entraînements, lui faire une pipe ou m’offrir à lui pour le détendre. Ou bien l’attendre avec le dîner préparé, l’entendre raconter sa journée, le féliciter quand tout va bien, le rassurer quand ça va moins bien.
Nous passons la nuit à discuter, à nous câliner. Nous refaisons l’amour. Au réveil, je suis dans ses bras. Nous prenons le petit déjeuner ensemble. Oui, je me verrais bien me réveiller chaque matin à ses côtés, dans ses bras. Prendre le petit déjeuner avec lui, le regarder finir de s’habiller, préparer son sac d’entraînement, le regarder partir, lui souhaiter une bonne journée. Et pouvoir penser que notre séparation ne sera que de quelques heures, que je vais le retrouver le soir, pouvoir à nouveau le prendre dans mes bras.
Après son départ, ses affaires de la veille tout droit sorties de son sac d’entraînement et jetées négligemment sur le sol de la salle de bain attirent mon regard, mon odorat. J’attrape son boxer et je le porte contre mon nez. L’odeur de la lessive se mélange à celui de la transpiration, à celui de sa queue. Je me branle et je jouis très fort.
A chaque fois que je viens à Paris depuis désormais plus d’un an, je me dis que je devrais aller visiter le Louvre. Et puis je ne le fais pas. Car le temps me manque à chaque fois. Je me dis qu’il faut une bonne journée pour bien visiter cet immense musée. Et je ne dispose jamais d’autant de temps devant moi. Parce qu’il y a tant de choses à visiter à Paris. Et, surtout, parce que j’ai besoin de passer du temps avec Jérém.
Et cette fois-ci, ça ne fait pas exception. J’ai décidé que ce soir je préparerai un bon petit repas pour mon beau rugbyman. Il m’a annoncé qu’il sera à l’appart vers 18h30, je veux lui préparer un petit dîner en amoureux. Alors, entre les courses et la préparation, le timing est un peu serré pour pouvoir caser une visite complète du Louvre. D’autant plus que je ne quitte l’appart que vers 10 heures.
Je passe la journée à me balader, à marcher dans Paris, de boulevard en boulevard, de quai de Seine en bâtiment historique, comme pour m’imprégner de la grandeur de la capitale. J’évite le métro, je me balade en surface, je profite du soleil de cette belle journée pleine de promesses. Tout au long de ma longue itinérance, je croise des bogoss. Mon regard se délecte, mais mon désir est ailleurs. L’idée de retrouver Jérém dans quelques heures et de refaire l’amour comme la nuit dernière suffit à polariser toutes mes envies. Jérém est le seul garçon dont j’ai besoin.
D’ailleurs, je n’arrête pas de penser à lui. Je me demande sans cesse ce qu’il est en train de faire, quel exercice de musculation, quel échauffement, quel entraînement. Je donnerais cher pour avoir une cape d’invisibilité et de pouvoir mater le quotidien de mon bobrun, dans les vestiaires, à la salle de muscu, sur le terrain, sous les douches, pour le voir évoluer au milieu de ses coéquipiers, de son staff. J’aimerais bien voir comment il est avec ses potes, voir comment ils sont entre eux, s’ils s’encouragent, s’ils se charrient.
Oui, je passe ma journée à me balader. Mais aussi et surtout à attendre que ce soit l’heure de retrouver Jérém. A trois heures, je fais des courses. A quatre heures, je suis de retour à l’appart. Top départ pour mes lasagnes aux épinards. Préparer à manger pour Jérém me fait me sentir plus proche de lui. Je repense à ma première fois à Campan, où il a cuisiné pour moi. Je repense à tous les moments heureux avec Jérém. Et j’ai envie de pleurer de bonheur.
Il est 18h45 lorsque la porte de l’appart s’ouvre enfin, lorsque je retrouve mon Jérém.
« Tu as passé une bonne journée ? je lui demande, lorsque nos lèvres arrivent à se décoller.
— Oui, pas mal. Et toi ?
— Je me suis baladé, c’était bien.
— Ah zut, t’as préparé à manger… il considère, après avoir humé l’air, visiblement surpris et presque contrarié.
— Il fallait pas ?
— J’avais prévu de commander des pizzas…
— Je voulais te faire plaisir !
— Mais tu as eu une très bonne idée, Ourson, il se rattrape, en me reprenant une nouvelle fois dans ses bras. En plus, tu t’es donné beaucoup de mal. En fait, je voulais commander des pizzas parce que ce soir nous avons un invité.
— Ah bon ? Et qui donc ?
— Ulysse ne va pas tarder à arriver.
— Ah, cool !
— Quand je lui ai dit que tu étais là, il m’a dit qu’il avait envie de passer pour te dire bonjour. Alors je l’ai invité pour une pizza.
— Ah, je comprends mieux. Il est toujours aussi sympa ce gars !
— Il est adorable !
Jérém commande quand même deux pizzas, au cas où mes lasagnes ne suffisent pas pour trois.
En effet, Ulysse ne tarde pas à débarquer. Oui, le beau blond est toujours aussi sympa, toujours aussi adorable. Et toujours aussi dangereusement sexy. Son regard clair comme le cristal, ses cheveux blonds et sa barbe bien fournie, son gabarit « à la Thibault », un peu moins grand que Jérém, mais sacrément costaud, avec des épaules et des biceps de fou, font de lui un gars à la présence éminemment virile.
Pour couronner le tout, le beau blond porte un parfum à la fraîcheur détonante, une senteur masculine qui fait vibrer mes narines et vriller mes neurones. Une fragrance que je reconnais instantanément. Parce que c’est celle que j’ai offerte à Jérém pour son anniversaire, celle qui a décuplé mon excitation pendant que nous faisions l’amour hier soir, celle qui est carrément devenue pour moi le parfum de l’amour avec mon bobrun !
D’ailleurs, je remarque à cet instant que Jérém ne le porte plus. Je ne l’ai pas senti sur lui à son retour à l’appart, car sa peau sentait son parfum habituel. C’était donc Ulysse le coéquipier sur lequel Jérém avait déjà senti et apprécié ce parfum ! Pourquoi ne m’a-t-il pas dit qu’il s’agissait de lui ?
Soudain, une idée me traverse l’esprit. Même si je n’ai pas le souvenir précis d’avoir senti ce parfum sur Ulysse les quelques rares fois où je l’ai croisé, il est possible que mon subconscient s’en soit souvenu, lui, au moment où je l’ai choisi pour Jérém. D’ailleurs, j’ai le souvenir de m’être dit, lorsque j’ai senti ce parfum en magasin : « Tiens, celui-ci je l’ai déjà senti quelque part, et il sent terriblement bon », sans pour autant arriver à lier le souvenir olfactif avec son contexte.
Mon plat de lasagnes n’est pas trop mal réussi, et les deux rugbymen ont l’air de se régaler. L’un et l’autre me félicitent et en redemandent. C’est un franc succès.
A table, puis au salon, la conversation se poursuit dans la bonne humeur. Il y a un truc qui me frappe dans leurs échanges. L’un comme l’autre ne s’appellent pas par leur prénom, mais par un générique appellatif de « mec ». « Tu veux une autre bière, mec ? ». « T’as entendu ce qu’a dit l’entraîneur aujourd’hui, mec ? », « T’es con, mec ! ».
Mec, mec, mec, mec, mec. C’est vrai que là j’ai en face de moi deux mecs. Deux nuances, deux archétypes du masculin. Un bobrun, un boblond. Un jeune loup à la virilité encore acerbe, impulsive, l’autre à la virilité plus mûre, plus posée. Chacune des deux, un chef d’œuvre dans leur genre.
Entre les deux coéquipiers, la complicité saute aux yeux. Entre le bobrun et le boblond, y a une très belle amitié. Mais il y a aussi une admiration réciproque. Je sais que Jérém admire en Ulysse le joueur de haut niveau. Mais aussi qu’il a une estime infinie pour le pote qui l’a aidé dans les moments les plus difficiles l’année dernière, qui l’a toujours soutenu, qui lui a ouvert la porte de son appartement lorsqu’il n’en avait plus, et qui lui a trouvé une place dans cette nouvelle équipe où il est en train de faire des étincelles.
Je vois que Jérém apprécie chez Ulysse le gars qui le fait rire. Mais je sens qu’il aime également le regard que ce dernier pose sur lui. C’est un regard bienveillant, un regard à la fois exigeant et encourageant, un regard qui le tire vers le haut, et qui le fait grandir.
C’est le même regard que Thibault posait sur lui à Toulouse. Ce regard, Thibault le pose toujours sur Jérém, je l’ai senti à Campan, et Jérém l’a senti aussi. Mais la distance fait que la relation a changé entre les deux potes toulousains. Je pense que le regard d’Ulysse doit le porter au quotidien. Jérém a besoin de ce regard pour se sentir bien. Ce regard, remplace d’une certaine façon celui que son père refuse de porter sur lui.
Les deux rugbymen parlent rugby, bien évidemment. Je regarde Jérém boire les mots de son coéquipier. On dirait un petit garçon face à un prof, et je le trouve touchant. En fait, Ulysse est un peu ce grand frère qui a manqué à Jérém, comme l’était Thibault auparavant. Un grand frère avec beaucoup d’humour, et qui le fait beaucoup rire. Le beau blond possède une belle éloquence qu’il met au service de son humour. Ce qui rend ses récits passionnants et ses vannes hilarantes. Le gars sait vraiment mettre l’ambiance.
En plus d’avoir un corps et une gueule qui attire le regard, Ulysse a une présence qui retient l’attention. Il m’arrive de croiser son regard. Et à chaque fois, la beauté de ce regard de cristal me donne le tournis. Pendant une fraction de seconde, je me perds dans ses yeux, je suis submergé par ce regard lumineux qui est le reflet d’un être pur, d’un esprit noble. Un regard qui résume à lui tout seul l’esprit de ce garçon, un rassurant équilibre entre droiture, intelligence, ouverture d’esprit et bienveillance. Dans son regard, je me sens meilleur, en harmonie avec le monde et avec moi-même.
Son regard est celui d’un gars qui ne laisserait jamais tomber un pote. Et je sais qu’Ulysse est ce genre de gars. Il l’avait déjà montré en soutenant Jérém au Racing, en devenant son ami, en acceptant le fait qu’il soit gay, en le couvrant. Puis, en prenant les choses en main après de l’accident de voiture.
Dans son regard, tout comme dans celui de Thibault, il y a de la bienveillance, et de l’indulgence. Mais en même temps, il te pousse à être meilleur. Tu sais que ce regard saurait pardonner tes erreurs, mais tu n’as pas envie de le décevoir.
Le regard d’Ulysse est un aimant pour l’âme. Et j’ai l’impression que Jérém est lui aussi happé par le regard de son pote. On ne peut pas ne pas tomber sous le charme d’un gars comme Ulysse.
Car il a l’air d’être vraiment un gars en or, un sacré bonhomme. Je dirais même qu’il correspond d’assez près à l’image que je me fais d’un homme. Un Homme.
La soirée se termine avec le visionnage de quelques passages du DVD du dernier match.
« Le coach nous donne des devoirs pour la maison » m’explique Ulysse en glissant le disque dans le lecteur.
Le visionnage se fait avec l’assistance d’une bouteille de vodka. Au fil des verres, de l’allégresse et de la désinhibition que la boisson sait apporter, la complicité entre les deux coéquipiers semble de plus en plus forte, et la tactilité s’invite dans les interactions. La main d’Ulysse se pose parfois sur l’avant-bras de Jérém, parfois sur son épaule. Jérém en fait de même. Ce sont des gestes amicaux. Jérém a l’air heureux. Quand il sourit et que je le vois heureux, je suis heureux pour lui et je le trouve encore plus beau.
L’effet de la boisson pousse de plus en plus loin la tactilité entre les deux potes. Une main qui enserre un biceps, une accolade après une action réussie, et même un bisou sur la joue de la part d’Ulysse à mon bobrun après un passage de balle particulièrement malin.
« Ton mec joue tellement bien que parfois j’ai envie de l’embrasser, il se marre.
— Allez, les gars, il se fait tard, je vais rentrer, fait Ulysse dès la fin du match.
— Mais il n’est même pas minuit ! proteste Jérém.
— Je dois aller voir Nathalie, sinon je vais me faire allumer.
— Elle a envie de faire tanguer la cloison ?
— Je pense…
— Allez à demain, mon poto, fait Jérém en prenant Ulysse dans ses bras.
— Bonne soirée, et pas trop de folies ! J’ai besoin que tu sois en forme pour les entraînements, nous glisse ce dernier.
— T’inquiète, je suis jeune, moi, le cherche Jérém.
— T’es surtout un petit con prétentieux !!!
— Certes, mais aussi le meilleur joueur espoir de l’équipe !
— Ça, y a pas photo. Mais arrête de boire ! Sinon, demain tu vas être une serpillère !
— Oui, Maman !
— Sale gosse, va !
— J’ai plus droit à la beu, je compense comme je peux !
— La prochaine fois que tu reviens sur Paris, enchaîne le boblond en s’adressant à moi, on se fera un resto avec ma copine ! »
Ulysse vient tout juste de refermer la porte derrière lui, lorsque le bobrun me lance, la voix définitivement éraillée par son alcoolémie avancée :
« Je t’ai vu !
— Quoi, tu m’as vu ?
— J’ai vu comment tu l’as maté ! Tu le kiffes, hein ?
Hummmm… je sens la question-piège, c'est-à-dire la question pour laquelle la bonne réponse n’existe pas.
— Tu veux que je te dise quoi ?
— La vérité ! fait Jérém, amusé.
— D’accord, ce mec est une putain de bombasse ! Ça te va comme ça ?
— Ça me va, oui !
— Et après ?
— Après rien ! il se dérobe.
— Au fait, j’ai remarqué qu’il porte le même parfum que je t’ai offert pour ton anniversaire.
— Ah oui, c’est vrai.
— C’était lui le gars dont tu m’as parlé sur qui tu avais déjà senti ce parfum…
— Euhhhh… oui, je crois… je ne sais plus, c’est pas important.
— D’ailleurs, tu ne le portes pas.
— Pas ce soir, non. Je change suivant les jours.
— En tout cas, Ulysse est super sympa.
— Ouais, c’est ça oui ! J’ai vu comme tu l’as bouffé du regard, toute la soirée !
— Et toi, non ! Vous n’arrêtiez pas de vous tripoter en plus !
— T’es jaloux ?
— Non, je sais que vous êtes potes. Et surtout qu’il est hétéro, Dieu merci ! Sinon, c’est clair que j’aurais du souci à me faire ! je plaisante.
— Mais ta gueule !
— Quoi, c’est pas vrai ?
— Viens me sucer ! » il me balance après avoir fini son verre de vodka, tout en défaisant sa ceinture et en ouvrant sa braguette, l’alcoolémie avancée lui dictant ses exigences de mâle.
Déjà, sa queue tendue déforme généreusement le coton élastique de son boxer.
Un instant plus tard, je suis à genoux devant mon beau mâle brun, le visage contre son boxer, en train de me shooter des petites odeurs de sa mâlitude, de titiller son gland à travers le coton fin, de provoquer dangereusement la belle bête encore cachée. Mais mon mâle brun n’est pas en veine de préliminaires. Il a envie de se faire pomper sans plus attendre. Très vite, il baisse son boxer, il me fourre son manche tendu dans la bouche et il commence à la baiser avec une bonne intensité, ses mains posées sur ma nuque.
Je commence à me dire que son orgasme va vite arriver. Mais le bobrun me surprend une nouvelle fois. Après avoir éteint la lumière, il me fait m’allonger sur le dos et il défait ma braguette. Il se saisit de ma queue et me pompe avec une fougue animale. J’envoie mes doigts caresser ses tétons, mais il m’en empêche. Il veut juste me pomper. L’intensité de ses va-et-vient me fait filer tout droit vers mon orgasme. Mais alors que je m’attendais à jouir dans sa bouche, il arrête net ses va-et-vient.
« Baise-moi ! » je l’entends me souffler avec une voix basse, chargée d’excitation.
Ça fait pas mal de temps que je n’ai pas connu l’enivrante sensation de me sentir glisser entre les fesses de mon bobrun. Retrouver cette sensation est tout simplement une expérience incroyable. J’ai envie de prendre mon temps, de savourer chaque frisson, de doubler le plaisir de tendresse. Mais ce soir Jérém a beaucoup bu, et il n’est pas en mode câlin, il est plutôt en mode baise animale.
« Vas-y, mec… » il me souffle, en amplifiant mes va-et-vient avec les mouvements de son bassin.
Je le seconde en augmentant la cadence, l’ampleur et la puissance de mes coups de reins.
« Ah oui, comme ça, c’est bon, mec !
— Oh oui, Jérém, c’est bon !
Il est vraiment chaud, et c’est très excitant. Dans le noir, je cherche à voir son corps avec mes mains, je cherche ses biceps, ses épaules, ses pecs, ses tétons. J’écoute ses ahanements, je m’enivre de son parfum et de son excitation. L’esprit vrillé par la montée du plaisir, je n’ai pas de mal à seconder son délire. J’y vais de plus en plus sauvagement car il semble vraiment kiffer ça.
— Vas-y, putain, défonce-moi, mec ! »
Mec, mec, mec. C’est rare que Jérém m’appelle de cette façon. En fait « mec » est plutôt la façon dont il appelle son pote, la façon dont son pote l’appelle…
Mon excitation à cet instant est telle que je ne peux m’empêcher d’aller dans son sens, de jouer le jeu jusqu’au bout.
« Tu l’aimes ma queue… mec ? je lui balance.
— Ouais… vas-y, baise-moi !
— T’as un putain de bon cul, toi !
— T’as une bonne queue, mec !
— Je vais jouir…
— Vas-y, lâche ton jus…
— … mec ! » il lâche une dernière fois, après une courte hésitation, presque imperceptible, mais bien présente.
Une hésitation, une fraction de seconde pendant laquelle j’ai cru qu’il dirait « Ulysse ». Finalement, c’est encore « mec » qui est sorti de sa bouche. Et alors que je perds pied, je me dis que ce n’est qu’un jeu sexuel, bien excitant par ailleurs.
Et je jouis. J’ai l’impression de perdre connaissance, terrassé par un orgasme si intense que ça en serait presque douloureux. Un plaisir encore décuplé par le fait d’entendre un râle étouffé s’échapper de la cage thoracique de mon bobrun, et de sentir sa rondelle se contracte autour de ma queue. Jérém vient de jouir à son tour, en se faisant tringler et en se branlant.
Un instant plus tard, le beau rugbyman se déboîte de moi. Toujours dans le noir, il quitte le lit, s’approche de la fenêtre et s’allume une clope. Le point lumineux du bout de sa clope génère un peu de lumière grâce à laquelle je peux tenter de deviner son visage. Son regard est ailleurs. Pendant de longs instants, le bobrun demeure silencieux. Dans ma tête s’agitent pas mal de questions. Et pourtant, je sais que ce n’est pas le moment de les poser.
« Ça va, Jérém ? je me contente de lui demander.
— Ça va », il me répond sans aller plus loin.
La cigarette écourtée, il passe à la salle de bain. Il revient au lit et s’allonge à côté de moi. J’ai l’impression qu’il s’endort presque instantanément.
« Bonne nuit, je lui glisse, tout en l’embrassant.
— Bonne nuit, il fait, la voix déjà pâteuse.
Jérém se tourne sur le côté et je le prends dans mes bras. Un instant plus tard, j’écoute la respiration d’un garçon qui dort.
Mais moi, j’ai du mal à trouver le sommeil. Je n’arrête pas de repenser à ce petit jeu sexuel dans lequel j’ai eu l’impression qu’il ait voulu me faire jouer un rôle, qu’il ait voulu que je sois quelqu’un d’autre.
Lorsque le réveil de Jérém sonne, je suis HS. Je n’ai pas beaucoup dormi pendant la nuit. Je regarde le bobrun partir à la douche, revenir de la douche, t-shirt blanc impeccable, enveloppant avec une précision redoutable son torse en V, ses pecs, ses biceps, sentant bon le parfum que je lui ai offert pour son anniversaire.
« Ah, ce matin tu as mis le parfum que je t’ai offert !
— Je t’ai dit que je le mettais.
— Dis-donc, t’étais chaud hier soir ! je ne peux m’empêcher de lui lancer.
— J’avais beaucoup trop bu, il se dérobe.
— C’était pas mal ce petit jeu… je tente de le sonder.
— Je te dis que j’avais trop bu ! » il fait plus sèchement.
Je sais que je ne gagnerais rien à insister. Je pars en fin de matinée, je ne le reverrai pas pendant des semaines. Je ne veux pas qu’on se sépare sur un accrochage ou une dispute. Alors je me dis que oui, il avait trop bu, et que oui, ce n’était qu’un petit jeu plutôt excitant sur le coup.
Alors, je choisis de lui dire au revoir en me mettant une dernière fois à genoux devant lui. Une sorte de pipe de la paix. La vision de ce t-shirt blanc tendu sur sa plastique de fou, ainsi que l’intensité du parfum qui se dégage de lui me donnent terriblement envie de lui faire plaisir. Alors, j’y vais très fort. Les giclées du matin ne se font pas attendre longtemps. Elles sont bien chaudes, copieuses, délicieuses.
Avant qu’il ne quitte l’appart, je le prends dans mes bras, et je le serre très fort contre moi. Je l’embrasse. Il m’embrasse à son tour, doucement, en passant sa main dans mes cheveux, en insistant dans cette région à la base de ma nuque qui me donne des frissons inouïs.
Je le regarde passer sa veste molletonnée, attraper son sac de sport. Jérém est encore là, devant moi, et il me manque déjà. D’autant plus que certains questionnements deviennent de plus en plus insistants dans ma tête et que je sais qu’ils ne vont pas cesser de me hanter pendant les jours à venir. J’aimerais tellement savoir ce qu’il ressent vraiment vis-à-vis de ce qui s’est passé hier soir. Sa façon d’éluder le sujet m’interroge.
« On s’appelle ce soir » il me glisse, juste avant de passer la porte. Comme une main tendue, une main qu’il voudrait que je saisisse, comme s’il avait besoin d’être rassuré. Une main tendue qui me rassure, un peu.
« A ce soir, p’tit Loup ».