24 Août 2019
« Vas-y, dis-le… »
« J’ai envie de te sucer… »
« Tu peux faire mieux… »
« J’ai envie de bien te lécher les couilles… elles sont tellement douces et chaudes et puis elles sont pleines de ton jus de mec »
« J’ai envie de te prendre en bouche, jusqu’au fond de ma gorge »
« J’ai envie de te pomper jusqu’à te faire jouir dans ma bouche »
« J’ai envie de goûter à ton jus de mec… j’adore le goût de ton sperme... ça me rend dingue... j’ai tout le temps envie de te sucer et d’avaler ton jus... »
« J’ai envie d’avaler jusqu’à la dernière goutte… »
« T’es vraiment trop bien monté… ton manche me rend dingue… t’as un putain de sacré queue épaisse, puissante et puis… qu’est ce que t’es viril comme mec… rien que de l’avoir en bouche je jouis »
« J’ai aussi très envie de sentir ta queue s’enfoncer dans mon trou… j’ai envie de te sentir bien à fond de moi, j’adore quand ton manche ouvre ma rondelle et tes couilles écrasent mes fesses… j’ai envie de me faire défoncer… j’ai envie de te voir prendre ton pied comme un malade… j’ai envie de me sentir fourré par ton jus »
« Et quand tu aura fini de jouir, je veux bien me mettre à genoux devant toi et goûter à ta queue moite… »
Précédemment dans « 50 nuances de ce petit con mal élevé de Jérém » : un sms avait bouleversé la soirée de Nico, initialement prévue en compagnie du charmant Stéphane… devant le message impromptu du beau brun « Vien au vestiaire rugby tout desuite », Nico avait connu un dilemme déchirant… ceci dit, le déchirement n’avait pas duré longtemps… un rendez vous avait été annulé et un autre avait été confirmé au quart de tour… dans le sanctuaire à mecs, Nico avait connu un plaisir sexuel et sensuel sans mesure… de la tendresse avait été échangée… Nico avait connu le goût des lèvres et la puissance de la langue de Jérém… ainsi que les bonheurs d’une pipe incroyable sur le banc de muscu suivie d’une sodomie d’enfer sur la table de massage… une douche d’eau avait été commencée et interrompue… une autre genre de douche, bien chaude et sortant de la queue du beau brun, avait émoustillé Nico… une dernière baise, Jérém se déchaînant dans la bouche d’un Nico débordé avait quelque part gâché une belle soirée… « C'était qui ce mec a la piscine? »… voilà la question qui brûlait les lèvres de Jérém et que Nico avait reçu avec un mélange de bonheur et d’embarras…
Le lendemain de cette soirée de dingue dans les vestiaires du terrain de rugby, je me réveille mal en point… d’abord la fatigue causé par une nuit agitée, par un sommeil entrecoupé de longs moments de veille pensive et inquiète… ensuite les courbatures, le prix à payer quand on abuse de son corps… et pour terminer, le malaise profond qui s’insinue partout dans mon être… le regret d’avoir demandé ce « truc » à mon beau brun, ce qui avait sans doute entraîné la brutalité de la dernière baise…
Ce soir là j’avais enfin connu le bonheur de découvrir le goût de sa langue, de sa bouche… j’avais pu le caresser, le couvrir de baisers comme jamais encore auparavant, j’avais connu l’immense plaisir de le voir s’abandonner sur moi, son visage dans le creux de mon cou, après cette baise incroyable sur la table de massage… il avait fait tellement de chemin vers moi rien que ce soir là, et il avait fallu que je gâche tout avec ma connerie… je me trouvais tellement à coté de la plaque que j’en étais à me demander si ne l’avais pas fait exprès, si au fond de moi je n’oeuvrais pas inconsciemment pour faire fuir le beau brun au lieu de le retenir…
Il est 9 heures du mat et les bruits de la maison vont bon train. Maman s’affaire en bas à ses occupations quotidiennes et je sais que je n’arriverai pas à retrouver le sommeil… je n’ai pas envie de me lever, je n’ai envie de rien… si, d’une chose j’ai envie… joker… coup de fil à un ami… ou plutôt à une « amie »…
J’allonge le bras vers ma table de nuit, je saisis mon portable… mon cœur s’emballe à l’instant où je vois le symbole d’un message affiché à l’écran… je commence à me faire des films… dans ces moments là, ma fantaisie rivalise avec celle de Spielberg… ça pourrait être Jérém… je suis tellement excité que je fais plusieurs fausses manip’, je manque même de l’effacer, avant d’arriver à l’afficher… mon excitation tombera lourdement s’écrasant sur la surface dure d’une réalité beaucoup plus prosaïque… c’est juste la notification de ma conso mobile du mois…
Oui, d’une seule chose j’ai envie ce matin là : de voir Elodie. Je lui envoie un sms. Je sais qu’elle est en vacance jusqu’à la fin du mois de juin. Je lui propose de nous voir et de passer la journée ensemble. Elle est partante. J’ai envie d’être avec elle… je ne sais pas si j’ai envie de lui raconter ce qui s’est passé la veille… on verra bien si l’occasion se présente… ce dont j’ai surtout envie c’est de retrouver son humour, sa joie de vivre, ses blagues, notre complicité… détourner mon attention des souvenirs pénibles de cette soirée…
Accompagner ma cousine faire du shopping, ce n’est pas la première passion de ma vie. C’est pourtant la corvée à assumer régulièrement si on veut passer la journée avec elle. Ce jour là, Elodie avait décidé de faire une à une les boutiques du centre ville et il n’y avait pas eu moyen de lui faire changer de programme. Bon, il faut dire que, pendant qu’elle passait un temps fou à essayer des trucs largement au dessus de ses moyens juste pour le goût de se voir parée de beaux habits pendant une poignée de secondes, moi je mettais à profit mon temps perdu en matant le bogoss dans la rue… et il faut dire que cette ville est un réservoir incroyable de bogoss…
Oui, j’adore Toulouse, c’est ma ville… j’y suis né et j’y habite depuis toujours… une ville qui a tant à offrir quand on est passionné de beauté masculine…
De plus, l’été est là, et les beaux t-shirts assortis à des shorts mettant en valeur de jolies silhouettes sont de sortie… ah que c’est beau, un t-shirt bien porté sur un torse un peu dessiné… je regarde les garçons défiler dans la rue et je suis ravi, je sens une douce sensation de bien être à les regarder, à les caresser des yeux… je les regarde défiler devant moi, avançant chacun dans sa propre vie, une vie qui m’est hélas totalement inconnue, avançant droit devant eux sans se rendre compte que leur simple présence d’un instant, leur passage dans la rue, a amené une note de bonheur dans l’esprit d’un garçon qui aime les garçons…
Certes, personne ne porte aussi bien un t-shirt moulant que mon beau brun… ma mémoire me ramène à cette image de fou de la veille avec Jérém se rhabillant après la douche dans les vestiaires, avec son beau jean délavé et ce t-shirt noir moulant à se damner… personne ne me semble arriver à la cheville de son style, de son charme… je l’ai dans la peau, alors toute comparaison est en sa faveur, les dé »s sont pipés… pourtant, pourtant, pourtant… il faut bien admettre que le bogoss pullule dans les rues de Toulouse…
On a parfois même l’impression que, pour une mystérieuse raison, une sorte de « conspiration de l’Univers » fait que tous les bogoss de la planète se sont donnes rendez-vous à un instant précis et à un endroit précis ; car, où qu’on se tourne, on en voit partout… c’est une expérience de ce genre, une expérience bien plaisante que je vis ce matin là… le bogoss est partout, et par moments je ne sais pas où donner de la tête…
Et comme si l’image seule n’était pas suffisante à troubler mon esprit, voilà qu’une traînée de parfum ou de déo de mec se charge de temps en temps de ravir mes sens et de me rappeler que le charme masculin est une matière insaisissable et omniprésente qui a un effet ravageur sur le jeune homme de 18 ans que je suis à ce moment là…
La corvée boutiques se poursuit… on rentre dans un magasin, elle essaye, elle demande conseil, elle pose, elle réessaye, elle redemande conseil, elle re-pose, évidemment elle n’achète rien… je suis un peu gêné, car à chaque fois j’ai l’impression qu’elle abuse et que, à un moment ou à un autre, on va se faire jeter… mais elle est trop… elle déconne, elle finit par obtenir tout ce qu’elle veut et son effronterie me fait délirer…
Elle n’est juste pas croyable… si on l’écoute, on trouve le moyen de faire toutes les boutiques de la rue d’Alsace-Lorraine, mais pas le temps de manger un bout… il est déjà 14h30 et mon estomac crie famine… oui, il est déjà 14h30 pourtant Elodie ne semble pas y prêter attention… on dirait un de ces chiens de chasse tellement accaparés par le gibier qu’ils sont en train de traquer qu’ils en oublient de manger, de boire, de se reposer, de revenir à leur maître…
Il faudra que je la traîne presque de force devant un boui-boui proposant des sandwiches pour qu’on puisse enfin se poser un moment. Pendant qu’on avale notre « repas », Elodie me fait rire en rejouant le film de ses péripéties avec les vendeuses dans les cabines d’essayage, sans oublier de raconter son bonheur de gamine de frôler de jolies fringues, de se sentir belle… ainsi que son autre bonheur, celui qui consiste à faire chier, tout en les faisant rigoler, vendeuses et vendeurs…
C’est un jeu pour elle… car, même si elle joue parfois la cliente carrément chiante, elle finit toujours pour avoir un mot, une blague, une attitude pour mettre une bonne ambiance…
Elle a essayé la moitié des fringue de la boutique, elle a dérangé tout le personnel de vente, elle repart sans rien avoir acheté, pourtant… pourtant, lorsque on quitte la boutique, l’ambiance est à la rigolade… jamais on ne se fait jeter, c’est limite qu’on ne lui propose pas d’accepter un petit cadeau pour avoir amené un peu de soleil dans cette attente du client qui est parfois épuisante…
Il est cinq heures de l’après-midi et je suis carrément sur les rotules… je n’en peu plus… assez de magasiner… on se balade toujours rue d’Alsace-Lorraine, j’ai l’impression qu’on va finir par user les trottoirs tellement on l’a sillonnée… c’est là que je m’aperçois qu’on passe devant une boutique de mon opérateur de téléphonie mobile. Mon portable va avoir deux ans… la batterie ne tient plus la charge, et puis j’ai envie d’un modèle un peu plus récent… le seul argument de l’époque dans l’innovation des portables étant la miniaturisation, je cherche un appareil dans l’air du temps, à savoir, moins encombrant que mon vieux Panasonic…
Je stoppe net devant la vitrine remplie de nouveaux portables et je lui propose de rentrer dans le magasin. Ma cousine n’est pas très chaude, mais j’arrive à lui imposer cette étape en faisant valoir qu’une journée entière dans les magasins de fringues vaut bien quelques minutes dans une boutique de téléphones… je pousse la porte, le magasin est presque vide… il n’y a pas de clients à ce moment là…
Juste le personnel de vente… dans un coin, une nana est en train de refaire une vitrine avec des nouveaux modèles… et derrière le comptoir, un garçon genre 21-22 ans, très brun, un peu grassouillet mais un beau visage poupin et sexy à la fois... un bon brushing brun de mec, les cheveux tirés vers le haut en petites touffes fixées au gel… un t-shirt noir Diesel col en V qui laisse entrevoir un torse assez velu... des biceps honnêtement musclés… un gars déjà pas mal viril malgré son jeune âge…
Lorsque je m’approche du comptoir, je me rends compte que son t-shirt sent bon la lessive, le propre... je finis par trouver ça très sexy, cette odeur de propre... j’imagine bien une copine qui lui fait des lessives, qui lui repasse les t-shirts... une copine qu’il baise le soir...
Je m’apprête à lui demander des renseignements. Je suis sous le charme, et je me dis que ça va être simple de discuter avec lui, surtout que ma cousine me colle aux baskets et que, à en juger par le petit sourire qu’elle m’a lancé en coin, elle a compris que le mec me plait bien… elle fait exprès de me coller pour me mettre mal à l’aise… je m’attends même à qu’elle sorte une connerie à un moment ou à un autre pour me faire « honte »… je sais qu’elle en est capable, la garce… ce serait sa petite vengeance pour l’avoir traînée dans ce magasin… petite salope !!!
« Bonjour » je lui lance.
« Bonjour » il me répond. Son ton de voix est poli, doux, charmant. Son sourire me frappe de plein fouet. Waaaa… ce sourire…
J’enchaîne avant de perdre définitivement mes moyens.
« Je suis abonné chez votre opérateur et je voudrais changer d’appareil, et peut être d’abonnement… ».
« Pouvez-vous me donner votre numéro de mobile ? »
Ah, ça me plait ça… carrément… mon numéro de portable au bout de quelques secondes… voilà un mec qui va direct au but… hélas, j’ai comme l’impression qu’il fait ça à longueur de journée et avec tout le monde, demander le numéro de portable, et en plus je suis sur qu’il le fait avec des mecs et des nanas…
Pendant que le mec me présente un à un les modèles exposés de part et d’autre de son comptoir, je coupe sa tirade avec différentes questions, le plus souvent superflues… mais qu’importe, c’est ma façon d’attirer son attention, de retrouver son regard… car, si je le trouve vraiment très sexy, si rien que de le regarder tripoter ses téléphones et l’entendre parler caractéristiques techniques me donne envie de lui sauter dessus, j’ai vite compris que le plus craquant chez lui est son sourire de fou, un sourire à faire fondre des glaciers, une arme non conventionnelle, un arme de séduction massive… c’est un sourire à la fois enfantin et charmeur, désarmant et sexy, touchant et insolent, émouvant et coquin… quand on est capable d’afficher un sourire pareil, toutes les portes s’ouvrent devant soi… avec un sourire pareil, tout passe… ce mec pourrait vous vendre sa grand-mère au prix fort, vous l’achèteriez… car devant ce sourire, on ne peut rien refuser, devant ce sourire toute envie de confrontation, de discussion s’évapore instantanément…
L’attitude de ce mec me rappelle un peu le comportement des poulains qui essayent de se faire leur place devant des chevaux adultes en jouant leur atout « bébé »… c’est une technique de défense qui consiste, dès qu’ils sentent la confrontation venir, à adopter une attitude inoffensive et attendrissante destiné à faire baisser la garde… c’est une stratégie pour mieux faire passer les bêtises qu’ils viennent de faire ou qu’ils sont en train de mijoter… devant un cheval adulte qui pourrait devenir agressif, tous les codes de la soumission sont là... le jeune cheval baisse le cou, les oreilles, il sait afficher les mêmes yeux tristes que le chat potté de Shreck… tout dans son comportement semble annoncer : « Eh, je ne suis pas méchant, je suis innocent, je suis un bébé… »
De la même façon, dès qu’une question un peu litigieuse lui est posée, genre ma participation au prix d’achat de l’appareil ou les conditions de réabonnement, le jeune vendeur commence à amorcer son petit sourire… ça part des yeux, ça gagne les joues, les lèvres, jusqu’à que son visage tout entier s’illumine de cette lueur à l’apparence un peu timide mais tellement charmante… sa tête se retrouve un peu inclinée, le cou est légèrement rentré dans les épaules… là aussi tous les codes de la subordination semblent être posés…
Sauf, qu’à bien regarder, il y a un truc qui cloche… car si tout dans son attitude semble confirmer une sorte de « docilité », voilà qu'une petite étincelle coquine dans ses yeux pétillants semble dire tout le contraire... lancer comme un défi… au fond, on a l’impression qu’il se fout de la gueule du monde, on a l’impression de se faire avoir... mais devant ce sourire, devant son attitude, une fois de plus tout passe, on n’a pas envie de l’embêter… on a à la fois envie de le serrer dans les bras, de lui faire un câlin et une autre envie de signe complètement opposée, celle de le gifler juste avant de le sucer…
Oui, petit mec, tu n’es peut-être pas méchant, ce qui est sur c’est que tu es un sacré petit coquin… un charmant, craquant petit coquin avec un petit embonpoint qui te rend sexy à crever…
Mon cerveau embrouillé par son sourire, par le parfum de lessive de son t-shirt au dessus duquel je finis pour distinguer une autre fragrance, celle d’une eau de toilette de mec, je n’arrive pas à prendre ma décision… je prends alors congé de ce charmant « Mathieu », comme l’indique le badge sur son t-shirt, en disant que je vais réfléchir à tout ça et que je vais repasser en début de semaine.
« Oui, il va réfléchir à toutes vos propositions et il repassera vous tenir au courant »… balance Elodie sur un ton moqueur. Je me disais bien que ce n’était pas normal qu’elle n’ait pas encore sorti de connerie… voilà c’est fait… le ton plutôt ambigu sur lequel elle a lâché ses quelques mots finit par amuser le beau vendeur, ce qui l’amène à nous (me) faire cadeau d’un dernier beau sourire, amusé qui plus est, tout ce qu’il y a de plus charmant… Elodie, tu es chiante… mais merci quand même pour avoir provoqué ce magnifique dernier sourire…
On sort dans la rue et je fais semblant de la gronder…
« T’aurais pas pu te taire ? »
« Allez, on peut bien rigoler, non ? Ca l’a fait rire… t’as vu ce sourire de dingue qu’il avait ? »
« Naaaaaan, je n’ai pas fait gaffe… »
« Il te plaisait bien, hein ? »
« Non, pas du tout à mon goût »
« C’est ça… prends moi pour une conne… j’ai vu comme tu le croquais des yeux… on aurait dit un labrador sur son os… à propos de goût… mate un peu ce type qui est en train d’approcher… lui non plus, tu ne le trouve pas à ton goût, je parie… moi en tout cas je me verrais bien m’envoyer en l’air avec…».
Je suis son regard, fixé au loin sur le trottoir devant nous. Je vois la silhouette. 1m70, pas plus, des épaules larges, carrées, un sacré torse habillé d’un t-shirt marron dont les manchettes soulignent ses biceps musclés… une démarche de mec bien dans ses baskets, une attitude tout naturellement virile, sexy sans même l’intention de l’être, simplement à pleurer… carrément un bogoss… un bogoss nature…
Elle a vraiment les yeux partout, ma cousine… je connais ce mec… vu l’heure, 18 heures passées de quelques minutes, il doit sortir de son job de mécanicien vers la gare Matabiau… mais qu’est-ce qu’il fait là, à pied, à l’opposée de son apart dans le quartier des Minimes ?
On avance, il avance… collision prévue dans dix secondes, neuf, huit, sept, six… il nous a vus à son tour, son beau sourire sera notre premier contact… ah, ces sourires de mec… ça m’a toujours rendu dingue…
…cinq, quatre… nous voilà face à face… ses cheveux châtains ont l’air si fins et si doux… ils sont courts autour da tête et laissés un peu plus long sur le dessus, rangés tout simplement vers l'avant, formant comme une houppette a l’envers, se retournant suivant un arrondi naturel jusqu'à mi front… je suis sur qu’il ne s’en occupe même pas… je suis sur que ce « brushing » est complètement « nature »… je suis sur que le matin le mec se lève, fait pipi debout devant sa cuvette, tire la chasse, se rase de près, passe à la douche, il se sèche ensuite avec une grande serviette, un coup de déo et il est prêt à partir…
… trois, deux, un… Thibault est là…
« Salut » il nous lance. Sa voix est très agréable, elle a quelque chose d’apaisant et de rassurant. Comme une caresse pour mes oreilles. Apaisante et rassurante. Tout comme son allure. Car tout en lui respire le calme, la force et l’équilibre.
Je regarde son duvet de barbe sombre, bien que rasée de près, contrastant avec la couleur de peau plus claire du reste de son visage… tout est naturel et sans prétention chez lui et, au final, terriblement viril…
Je regarde les quelques traces de cambouis sur ses avant bras et sur ses mains et je trouve ça super sexy… une image me revient à l’esprit, cette image en noir et blanc réalisée par Herb Ritts, ce grand photographe auteur de nombreux magnifiques clichés d’une Madonna année ’80 au top de sa popularité et de sa fraîcheur, auteur également de cette image que l’on voit parfois dans les garages auto ayant pour sujet ce mec limite trop musclée, habillé d’une salopette trop large, tenant un pneu dans chaque mains et arborant un regard de tueur qui a quelque chose de troublant…
« Salut » je finis par lui répondre pendant qu’il ait fait la bise à Elodie, un instant avant que nos mains se rencontrent dans une poigné puissante.
« Ca va ? » il me lance direct, sur un ton enjoué qui me met de bonne humeur.
« Oui, ça va, et toi ? »
« Alors, ce bac, bien passé ? » il enchaîne, les yeux rieurs. Ah, putain, qu’il est sexy ce gars…
« Pas trop mal, on verra bien lundi »
« Et ce petit branleur de Jérém, ça va être bon pour lui aussi ? »
« Je pense… enfin, j’espère »
« Vous avez pas mal révisé, alors ça doit pouvoir le faire… »
Un frisson parcourt mon dos à l’évocation de nos révisions par Thibault. J’ai l’impression qu’il se doute de quelque chose… c’est dans le ton de sa voix, dans son regard… c’est presque imperceptible, mais je ressens un truc, une gêne… de toute manière, lorsqu’on a un truc à cacher, on a l’impression que chaque regard nous accuse…
« Je ne sais pas trop comment ça s’est passé pour lui… depuis le début des épreuves du bac je ne l’ai pas trop vu… ».
Bon, si… pendant le bac je l’ai vu… de très près même… je l’ai vu pendant le bac et même après… mais à chaque fois ce n’était pas dans des circonstances très propices à parler… bac…
Mentir, ça je n’aime pas. Et encore moins à un mec pour qui j’ai de l’estime. Car je commence vraiment à en avoir pour ce garçon fort sympathique. Je change de sujet. Je joue l’esquive. Je fais mon Jérém…
« Vous faites quoi ce week-end ? »
« Je pense que l’on va aller au KL, comme d’hab »
Je me retourne vers Elodie et, pour essayer de l’impliquer dans une conversation qui depuis le début semble l’exclure sans qu’étrangement elle fasse la moindre tentative pour s’y inviter, je lui balance :
« Tiens, ce samedi on pourrait se faire une soirée en boite… »
A la vue de sa mine dubitative, je sens que l’idée ne la branche pas plus que ça. Elle est chiante parfois…
« Oui, ça fait un bail qu’on ne vous pas vus en boite… » relance Thibault.
« Oui, un petit moment… » je confirme.
« Depuis le soir à l’Esmé, je crois… » précise le beau mécanicien.
Nouveau frisson dans le dos en l’entendant évoquer cette nuit en particulier.
« Oui, c’est ça… » je réponds brièvement.
« Au fait, qu’est-ce qui s’est passé ce soir là ? T’étais avec Jérém quand il s’est battu ? Il n’a jamais voulu m’en parler… ».
J’hésite… je ne sais pas trop quoi lui répondre… je sais que je dois lui répondre quelque chose, je me dois de rester courtois… je me dois de lâcher quelque chose pour ne pas faire flamber encore plus sa curiosité déjà bien éveillée… mais au même temps il ne faut pas que je lui en dise trop… si Jérém a choisi de ne pas lui en parler, c’est qu’il n’a pas envie qu’il sache ce qu’il s’est passé… je n’ai pas envie de mettre en porte-à-faux par rapport à mon beau brun…
« Bah… il est arrivé aux toilettes pile au moment où un mec beurré, je ne sais pas trop pour quelle raison [c’est pas bien de mentir, Nico], voulait me cogner… Jérém est arrivé et il m’a sorti du pétrin… le sang qu’il avait sur le t-shirt venait du nez du mec qui avait vu une cloison d’un peu trop près…».
« Ah, ce petit voyou de Jérém, toujours là où il a de la bagarre » il rigole.
« Il est arrivé au bon moment… je crois vraiment que ce type était parti pour me cogner »
« Il a fait ce qu’il fallait… j’aurais fait de même… »
« Il a été très gentil… » je ne peux pas m’empêcher d’ajouter…
« Il t’aime bien » je l’entends me dire, comme la plus douce des caresses.
« Je crois… et moi aussi » je lui confirme, avec un petit sourire presque ému.
« Il t’aime bien »… ce quelques petits mots de la bouche de Thibault ont suffi pour me prendre aux tripes et faire remonter une émotion que j’ai du mal à maîtriser… oui, peut-être qu’il m’aime bien… si seulement il pouvait le montrer plus clairement… et plus souvent…
Il sourit… j’ai l’impression que nos dernières répliques admettent plusieurs plans de lecture. C’est ambigu et excitant. J’ai l’impression qu’il me sonde, qu’il a envie de savoir des choses. Mais ce n’est pas que de la curiosité malsaine… je crois qu’il essaie de me connaître un peu plus pour savoir s’il peut me faire confiance, si je suis capable d’apporter quelque chose de positif à son pote… je le trouve de plus en plus touchant… j’ai envie de tout lui dire, de tout lui raconter… mais si Jérém n’a pas voulu mettre son meilleur amis au courant de ce qui se passe entre nous, je n’ai pas le droit de le faire à sa place… ce n’est pas correct, et en plus il m’en voudrait à mort… c’est à lui de le faire, si un jour il se sentira prêt à le faire…
« En tout cas, il avait l’air bien secoué quand vous êtes partis de l’Esmé… il s’est un peu calmé pendant le trajet ? ».
« Oui, un peu… » je réponds « … et comme je savais qu’il avait bu, je lui ai proposé de me laisser en bas de chez lui… je voulais voir sa voiture garée… je l’ai quitté devant la porte de son immeuble et je suis rentré chez moi à pied… ».
Décidemment, je déteste mentir. Et surtout à ce mec que j’apprécie de plus en plus. J’ai envie de le rassurer sans lui dire trop de choses.
« C’est cool de ta part… j’ai fait ça plein de fois… parfois j’ai même pris le volant à sa place… JéJé a tendance à picoler en boite »…
Jéje… voilà le petit surnom qui m’émeut car il me parle de leur complicité, de leur amitié, de leur vécu commun et partagé. Il m’en fait peu pour être touché, surtout lorsqu’il s’agit de mon beau Jérém, mais je trouve ce petit nom très touchant… Jéjé est le petit nom avec lequel Thibault appelle son meilleur pote depuis un temps que je devine remonter à leur enfance… c’est le « pass » qui lui permet de mettre son pote en confiance… oui, le beau brun est « son » Jéjé, tout comme il est pour moi, « mon » Jérém… ces petits surnoms sont des raccourcis qui nous rapprochent, chacun à sa façon, de lui…
« C’est normal… » j’arrive a répondre.
« En tout cas, samedi soir on sera au KL… peut-être qu’on se verra là bas… » relance Thibault.
« Peut-être, on n’a rien décidé pour l’instant » je me dédouane.
« Non, on n’a rien décidé » j’entends ma cousine répéter derrière moi. je choisis de l’ignorer pour l’instant. On réglera ça plus tard.
« Je crois qu’il va y avoir un dj assez connu, Dj ***, je crois… » annonce le jeune mécanicien.
« Ah, oui ? On risque d’y faire un saut alors… »
« Ok, ce serait sympa… allez, je m’arrache, je vais voir Jérém à son taf… »
Hein… ?... quo… quoi ? Jérém à son quoi ? Voilà autre chose… c’est quoi cette histoire ? Jérém a un taf ? L’info me tombe sur la tête comme un coup de massue… ça fait deux jours qu’on baise comme des lapins… il pourrait prendre le temps de me parler un peu de lui, non ? Je ne demande pas à qu’il me révèle son jardin secret, mais enfin… pourquoi est-ce qu’il ne me parle même pas de ce genre de choses? La réponse que soudainement s’affiche dans ma tête ressemble à « car je ne suis vraiment que son trou a bite… »…
« Il travaille ? » je demande, mi étonné, mi agacé.
« Il t’as pas dit ? » s’étonne Thibault.
« Non… » je réponds sobrement, me retenant de crier :
[Naaaaan, il m’a pas dit. Il ne me parle pas ce mec. Il me baise, c’est tout…]
« Il a commencé ce midi » il enchaîne « il s’est fait embaucher comme serveur dans une brasserie de la rue de Metz… ».
Mon Jérém… mon Jérém en serveur… c’est pas exactement le genre de boulot dans lequel je l’aurais imaginé… de toute façon, je devrais l’avoir intégré depuis le temps… Jérém n’est jamais là où l’on s’attendrait de le trouver… quant au fait de travailler en tant que serveur… quant j’y pense, ça a sa logique… avec sa belle gueule, il va faire des ravages…
« Je file… à samedi, peut-être »
« Oui… peut-être »
« Bonne soirée »
« Bonne soirée » je lui répondrai en me faisant violence pour résister à la tentation de lui demander dans quel resto travaillait Jérém exactement. Qu’est-ce que je peux être con parfois… Il m’avait bien questionné, ce beau Thibault… je suis sur qu’il n’aurait pas vu d’inconvénients à me donner l’info… peut-être même qu’il m’aurait proposé d’y aller avec lui…
Une nouvelle bise à Elodie précédera une nouvelle poignée de main bien serrée…
Thibault vient tout juste de repartir que déjà mon esprit tout entier est en train de voguer ailleurs, d’imaginer mon beau brun habillé d’une chemisette blanche avec deux boutons ouverts offrant un aperçu de dingue sur le milieu de ses pecs… habillé d’un pantalon noir moulant ses jolies fesses, avec des chaussures de ville… oui, je le l’imagine bien, beau et sexy comme pas permis, en train de se balader autour des tables, autour de clients et de clientes qui ne peuvent pas détacher leur regard de sa personne…
Je ne sais pas si c’est une nana ou un mec qu’il l’a embauché, mais une chose est sure, elle ou il s’y connaît en matière de techniques de vente… et accessoirement en matière de bogoss… embaucher un apollon comme lui pour appâter le client est ce qui s’appelle un coup de génie…
Il est des boulangers chez qui on se rend non pas parce qu’ils font le meilleur pain de la ville, mais uniquement car ils sont incroyablement charmants ; il est des vendeurs en électroménager chez qui on s’attarde à demander conseil car leur coté viril et un peu sauvage nous fait un effet de dingue… et puis il y a des restos dont l’atout principal est un beau brun qui galope d’une table à l’autre…
C’est à cet instant précis, en me faisant cette réflexion, que je ressens un petit pincement au cœur en m’imaginant les milles occasions de baise supplémentaires que ce taf pourrait lui ouvrir… dans le nombre des mecs et des nanas qui vont le trouver beau et attirant, il y en aura bien qui oseront franchir le pas et lui faire des propositions… comme s’il avait besoin de ça pour se soulager… je sens la jalousie faire surface dans mon esprit et s’emparer de moi, m’envahir…
Pendant que je regarde Thibault s’éloigner et disparaître dans la foule, pendant que je mate jusqu’au dernier instant son cou et son dos musclés serrés dans le coton de son t-shirt, pendant que je reluque sans retenue ce beau cul rebondi par la pratique ce sport béni qu’est le rugby, je sens que toutes les fibres de mon corps sont secouées par une envie déchirante de lui courir après pour aller voir Jérém… je suis parti loin, je ne sais même plus où j’habite…
C’est ma cousine qui me ramène sur terre lorsqu’elle me balance, taquine :
« C’est hors de question que je passe la nuit de samedi à me faire casser les oreilles au KL… tout ça pour le beau torse et le cul à croquer de quelques mecs »…
« Tu te contredis ma cousine, ta phrase ne tient pas debout… tu viens de citer des arguments imparables pour aller à cette soirée… »
« Tu ira tout seul mater tes beaux mâles »
« Elodie… »…
« Faut quand même admettre que ce mec est grave gaulé » elle enchaîne en s’animant soudainement, en prenant un ton de voix enlevé, presque excité « t’as vu ces épaules, ce cul… sa mâchoire carrée… plus viril on meurt… lui, vraiment, je me le taperais bien… ça doit être fabuleux de se faire b… »…
« Elodie, je t’en prie » je la coupe de justesse, gêné.
« Quoi… ne me dis pas que tu te n’es pas fait la même réflexion… tu veux me faire croire que tu te n’es jamais dit à quel point ça doit être merveilleux de se faire… tu vois… »…
« Oui, oui… je vois très bien… »
« J’en étais sure, j’aurais été très déçue de toi si ça n’avait pas été le cas… en tout cas, moi je dis que ça doit le faire grave de se faire grimper dessus par ce mec si… mec… ça doit être quelque chose que de se faire secouer par ce physique puissant… tu sais, pour tout te dire… franchement, entre ton apollon métroséxuel qui se la pète, bien qu’à juste titre, car il est beau et sexy à en tomber à la renverse… et puis ce jeune mâle si nature, sexy sans se la raconter et sans en faire des tonnes, avec du cambouis sur les mains… hummmm… sache, mon cousin, qu’entre les deux… mon cœur balance… franchement, à en devoir choisir un seul, je serais dans l’embarras… franchement, je ne sais pas lequel des deux me fait plus envie… ».
« Arrête, vas… si tu veux coucher avec Thibault, fais-toi plaisir… mais si jamais tu touches à un seul des cheveux de mon Jérém, là on va plus être copains… si jamais tu fais ça, je te déchois illico de ton titre de cousine préférée et comme tu es ma préférée car tu es la seule, je vais te déchoir du titre de cousine tout court»…
« Je te promets… un seul de ses cheveux… » je feins de la menacer devant son sourire amusé et provocateur.
« Je n’ai rien à craindre alors, si je comprends bien tout va bien tant que je ne touche pas ses cheveux… je te promets que je toucherai tout le reste mais pas les cheveux… »
« Salope ! » je lui balance sur un ton joueur.
« Petit con jaloux » elle répond du tac au tac.
« J’assume »
« Ok, je prends Thibault et je te laisse Jérém »
« Ca me va »
« Des nouvelles de ton brun depuis l’autre jour ? » elle enchaîne.
Je n’ai pas envie d’affronter cette longue discussion. Là mon esprit est tout entier happé vers cette rue inconnue, vers ce resto inconnu, vers cette terrasse inconnue où le charme de mon beau brun, lui bien connu, est en train de sévir, de faire des ravages, de faire rêver, fantasmer, exciter des clients désormais fidélisés à la maison…
Encore une fois, le mensonge me viendra en aide pour me préserver.
« Non, pas vraiment »
« C’est ça les mecs… ça baise et puis ça ne donne plus de signes de vie… »
Je choisis de changer de conversation.
« Il a l’air vraiment gentil ce Thibault… »
« A mon avis, ce mec a bien pigé ce qu’étaient vos révisions » balance ma cousine à brûle-pourpoint.
« Tu crois ? » je lui demande, un peu inquiet.
« Je ne crois pas, j’en suis sure… ses questions sont celles d’un mec qui se doute de certaines choses… il a bien su y aller en douceur, c’est un petit coquin… le fait que son pote ne l’ait pas mis dans la confidence a enflammé sa curiosité»
« Je n’ai pas été trop loin… ? »
« Non, tu as menti la plupart du temps… c’est ce qu’il fallait faire… c’est à Jérém de lui parler s’il en a envie, pas à toi… [tiens, la même réflexion que je me suis fait un peu plus tôt… c’est souvent le cas, nos ressentis sont si proches]… ceci dit » elle enchaîne « je viens de découvrir que tu sais mentir avec un aplomb incroyable… je me dis que je dois me méfier de mon couz… »
« Tu sais que je finis toujours par tout te raconter »
« Ouais, mais parfois tu y mets le temps… tu fais des bêtises, tu laisses passer le délai de prescription avant de te dénoncer… t’as peur que je te gronde… alors que tu vraiment besoin que je te gronde… »
Dans ma tête j’entends à peine ses mots… j’ai envie de faire demi tour et d’aller vers la rue de Metz… je ne sais pas si j’ai envie d’y aller avec Elodie ou si j’ai besoin de découvrir ça tout seul… merde, pourquoi je n’ai pas proposé à Thibault d’y aller avec lui ? Elodie aurait compris… et là mon désir d’aller voir Jérém devient insupportable… je ne tiens plus en place… il faut que j’affronte le sujet avec elle…
« Elodie… » j’arrive à prononcer, fébrile.
« Oui, cousin… »
« J’ai… »
« Oui, je sais, t’as envie d’aller mater ton Jérém en tenue de serveur »
Je l’aime. Je la déteste. Elle est dans ma tête. Je l’adore.
« C’est ça… tu veux venir avec moi ? »
« Je pense que tu dois y aller tout seul, tu te sentira davantage libre de tes mouvements »
Je lui souris.
« Ca t’embête pas que te laisse rentrer seule ? »
« Pas du tout, j’ai encore une ou deux boutiques à faire avant la fermeture »
Elle est terrible. Elle a toujours la bonne parole pour me déculpabiliser.
Je lui fais la bise, elle me serre dans ses bras. Je repars sur les chapeaux de roues. J’ai l’impression de voler. Mon pas est rapide, mon cœur bat la chamade… alors que l’on a croisé Thibault à hauteur de l’office du tourisme, je remonte toute la rue d’Alsace-Lorraine jusqu’à la rue de Metz en moins de deux… et là, au grand croisement… droite ou gauche ? Comme je suis pile au milieu du développement de cette rue de Metz qui va du Monument aux Morts sur boulevard Carnot jusqu’au Pont Neuf, j’ai une chance sur deux de faire le bon choix… j’hésite à prendre la direction du Pont Neuf, celui que de neuf n’a que le nom, car il est le plus ancien de la ville, le seul qui a résisté aux crues de 1875… et puis mon intuition m’amène à choisir la direction de cette Cathédrale St Etienne qui a été le théâtre quelques jours plus tôt d’une double rencontre plutôt marquante…
Putain… faut que je pense à donner des nouvelles à Stéphane… j’ai honte d’avoir annulé à la dernière minute par sms… sa seule réponse a été un sms laconique… « ok »… et plus rien depuis… ni de sa part, ni de la mienne… j’espère qu’il n’est pas vexé… je ne sais pas dans quelle disposition il est à mon égard, c’est une des deux raisons pour lesquelles je n’ai pas osé lui envoyer d’autres sms depuis la veille… l’autre raison étant que, à part pendant mon sommeil, je n’ai pas cessé de penser à mon beau brun à nos exploits sexuels et à la façon minable dont on s’est quittés…
Stéphane me plait bien, et j’ai vraiment envie de le revoir avant son départ… il faut vraiment que j’arrête avec Jérém… il faut que j’arrête de lui courir après, ça ne mènera jamais nulle part… quel dommage que le sens de mes pensées et celui de mes jambes ne soient pas en accord… la tête a beau donner son avis… ce sont les jambes qui ont le pouvoir de me transporter « dove mi porta il cuore »… là où le cœur me porte, pour paraphraser le titre d’un beau roman paru en Italie il y a bien de temps déjà.
Oui, je vais vers St Etienne, car je sais que dans le quartier il y a un certain nombre de restaurants sympas… Thibault a dit qu’il bosse dans une brasserie… et à Toulouse, au mois de juin, brasserie ça veut dire terrasse à tous les coups… je marche tout doucement, m’arrêtant parfois, matant les serveurs avec leurs plateaux… pourvu qu’il soit en terrasse…
J’avance, le cœur cognant si fort dans ma poitrine que j’ai l’impression qu’il va en bondir et s’écraser sur le trottoir… j’ai la respiration coupée, je suis presque en apnée… j’ai à la fois envie de le voir et peur de me faire repérer, je ne sais pas comment je vais m’y prendre, je ne sais pas comme il va le prendre s’il me voit roder autour de son taf… et si en plus il est en train de discuter avec Thibault, ils vont bien se foutre de ma gueule…
Je suis pris dans mes pensée, lorsque mes yeux me renvoient justement l’image du beau Thibault… il est assis à une petite table en terrasse d’une brasserie… pour cet apéro solitaire de fin de journée, le mec s’est mis à l’aise, le bassin légèrement avancé sur la chaise, le dos incliné sur le dossier, les jambes un peu écartées… je suis sur que si je m’approche, il y a des chances de pouvoir assister à un spectacle aussi sympathique que celui qu’il m’a proposé lors d’une sortie en boite quelques semaines plus tôt assis sur un tabouret devant le comptoir à boissons… à savoir une vue imprenable sur l’élastique de son boxer, sur une jolie portion de la peau de ses reins, peut-être le début de sa raie… et pour peu qu’il ait envie de s’étirer pour chasser la fatigue de cette fin de journée, peut-être que son t-shirt va un peu remonter à l’avant et montrer ce petit chemin de poils doux qui va du nombril jusqu’à son sexe… je retrouve intact le souvenir de l’effet que cette vision inattendue m’avait fait ce soir là… faut que je chasse cette image troublante pour me concentrer sur l’instant présent qui est, à lui tout seul, déjà suffisamment troublant sans besoin d’en rajouter…
Bingo ! C’est donc là que Jérém travaille. Le jeune mécanicien est en train de siroter une bière tout seul tout en lisant un papier qui doit être la Dépêche du Midi. Je m’approche discrètement d’un abribus qui est par chance assez proche de la terrasse pour voir ce que j’ai besoin de voir sans me faire repérer… il n’y a pas trop de monde qui attend, ainsi je peux m’approcher de la cloison vitrée en grande partie bouchée par une affiche de pub, ce qui me garantit une certaine discrétion, et profiter d’une vue plutôt convenable sur la scène où se joue le spectacle que je suis venu admirer…
Thibault est là, mais pas de trace de Jérém, à part cette bière qu’il a du servir personnellement à son pote… il doit être à l’intérieur… je sais qu’il va débouler d’un instant à l’autre, la terrasse est déjà bien remplie et apparemment il y a des clients qui attendent d’être servis…
Et puis c’est le choc… le voilà, mon beau brun, un grand plateau rond chargé de boissons en équilibre sur une main, son torse sobrement mais si élégamment habillé non pas par une chemisette blanche, mais outrageusement mis en valeur par un beau t-shirt noir col en V qui lui va comme un gant et qui ressemble étrangement à celui qu’il avait passé le soir d’avant après sa douche dans les vestiaires… un t-shirt qui retombe parfaitement sur un pantalon noir lui aussi, un pantalon qui fait très classe se terminant dans un contraste très sexy et très réussi avec des Nike rouges à la semelle blanche qui font, elles, très jeunz et decontract’…
Avec son regard naturellement brun et ténébreux, en plein contraste avec des sourires charmants balancés plutôt généreusement, il est simplement sexy à se damner… on ne peut pas le quitter des yeux… d’ailleurs j’ai l’impression qu’on ne le quitte pas des yeux… c’est sur, il va se faire sucer avant la fin du service… ma jalousie revient au triple galop… j’ai envie de bondir de ma cachette et de crier « pas touche bande de poufiasses et de pouffiaux, le serveur est à moi… à moi !!! »…
Je suis déchiré entre l’envie de m’approcher, de faire le mec qui passe par là par hasard… encore, ça pourrait marcher pour Jérém, quoi que… mais pour Thibault, alors là c’est plus délicat… dans la mesure où c’est lui qui m’a donné l’info, je risque fort de passer pour un guignol à ses yeux… ou pour le mec amoureux fou… ce qui est, certes, une réalité, mais une réalité que je n’ai pas envie de crier au grand jour, ne serait-ce que pour ne pas mettre mon beau brun dans l’embarras… si en plus, comme le dit Elodie, Thibault se pose les bonnes questions sur les relations entre Jérém et moi… faut pas lui donner davantage de grain à moudre…
Un bus arrive, je dois m’écarter pour laisser les passagers descendre… pour ne pas gêner, je sors de ma cachette pendant un court instant… c’est l’instant de trop… Thibault, qui se fait chier tout seul à sa table pendant que son pote est occupé avec les autres clients, m’a repéré… voilà, je me suis fait gauler… il me lance un grand sourire et il me fait signe de la tête de le rejoindre… putain, qu’est-ce qu’il est beau et qu’est ce que ça donne envie ce sourire…
Quant à moi… me voilà partagé entre le bonheur et la curiosité d’approcher mon beau brun dans son nouvel environnement, de le voir de près dans une situation nouvelle, une situation qui fait à la fois battre fort mon cœur et flamber ma jalousie comme jamais… et la crainte d’une réaction hostile du beau brun face à ma présence… on ne sait jamais comment il va réagir face à des situation inattendues…
Plus tard, cette semaine là…
« 2001… »
… sur le lit dans le studio de rue de la Colombette… les corps musclés des garçons…
« Dimanche premier juillet… »
… en train d’approcher tout doucement de l’orgasme…
« 4h02… après la soirée au KL… »
… les regards se cherchent, se croisent… le contact avec la peau de l’autre, douce, chaude, moite, est très excitant… les épaules nues se frôlent encore, encore et encore… les cuisses se touchent, les genoux se frottent, les doigts s’effleurent…
… la tension érotique entre les deux garçons est palpable…
… dès les premiers coups de reins… les corps musclés sont parcourus par des frissons puissants… sous la vague d’un plaisir qui est autant sexuel que sensuel… le plaisir monte, la jouissance approche…
Regarder l’autre prendre son pied… il trouve ça incroyablement excitant et beau… et devant ce beau garçon en nage, la respiration profonde et rapide, il ressens un truc nouveau pour lui... son plaisir le touche… plus que ça, presque ça l’émeut…
Et c’est autant pour le rassurer… que pour une irrésistible envie de contact avec sa peau… qu’il a l’idée d’un geste inattendu… tendre…
A un moment, son bras de lève, sa main se pose sur son cou… comme une caresse douce, sensuelle et excitante a la fois, un geste qui… avait précipité la jouissance des deux garçons, la faisant survenir presque au même moment…
Hélas, la jouissance masculine est un oiseau qui s’épuise dans son envol… l’ascension vers le plaisir est tellement puissante et rapide qu’on a du mal à réaliser que le retour au sol nous guette instantanément…
… les boxers recouvrent vite des nudités devenues soudainement gênantes…
Le silence entre les deux garçons devient rapidement gênant…
[Merci a vous tous grâce à qui l'épisode 41.2 est devenu, avec plus de 20.000 vues en une semaine, l’épisode le plus plébiscité de toute l’histoire de Jérémie et Nico, dépassant largement tous les autres, y compris le tout premier volet « Le t-shirt de Jérémie » qui était jusqu’à là le plus lu, mais à qui il a fallu 14 mois pour atteindre son score…
Merci de votre intérêt pour mon histoire. Ça me motive encore plus pour avancer.
Merci aussi pour vos commentaires.
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