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Jérém&Nico et d'autres histoires

43.3 – Halle aux Grains. Stéphane, Gabin, Aladdin et le risotto.

 

C’est beau de voir un beau garçon en train de jouir… c’est beau le voir pousser un râle puissant et qu’il tente d’étouffer sans entièrement y parvenir… c’est beau aussi de le voir s’envoler seul vers les hauteurs de ce plaisir ultime… pendant qu’il jouit, c’est le mâle… c’est un moment d’aliénation où le mec oublie tout, ses sentiments, sa sensibilité, même qui il est… l’important c’est juste qu’après l’orgasme, il retrouve assez vite la mémoire de qui il est, de la personne avec qui il l’a atteint ou qui lui a offert, la conscience que cette personne est toujours une personne et non pas un mouchoir ou une capote à jeter… 

Et Stéphane, cette mémoire et cette conscience il les retrouve très vite… oui, je trouve incroyablement beau de le voir me sourire tout en s’essuyant le front de la transpiration et en poussant un bon soupir signifiant qu’il fait chaud et qu’il est épuisé, deux gestes très sexy à mes yeux… je trouve très touchant de le voir se pencher pour m’embrasser une fois de plus… je trouve définitivement et irrésistiblement craquant de voir que l’effort de contenir le cri de sa jouissance a fini par lui donner le hoquet… et le fait de l’entendre rire des spasmes qui secouent son torse et le mien en contact avec le sien me remplit de bonheur… 

Je suis tellement bien avec lui à ce moment là que je me dis qu’au fond, savoir que je ne suis ni son premier ni son dernier, n’a plus d’importance… qu’importe au fond… on a fait l’amour, on s’est ’aimés… et même si ce n’est que l’espace d’un après midi, ce qui rend par ailleurs ce moment particulièrement intense, rare et précieux et triste à la fois, cet après midi j’ai l’impression d’être important pour lui, je suis le seul qui compte pour lui… jamais je n’ai encore ressenti cela avec Jérém…

Cet atterrissage après l’orgasme me mettra du baume au cœur… ça me changera un max par rapport à ce à quoi j’ai été si longuement habitué, me retrouver face à un gars silencieux, froid, distant, si ce n’est agacé ou même hostile, pressé de me voir me tirer juste après m’avoir tiré… 

Stéphane restera un petit moment allongé sur moi en train de récupérer de l’effort… j’ai toujours adoré ça, ce moment d’abandon du mâle après la jouissance, cet instant d’abandon et de vulnérabilité, d’épuisement… cet instant si propice à la tendresse, une tendresse qu’on m’a toujours refusée… et j’adore d’autant plus que ce moment n’a pas l’air d’être pour Stéphane qu’un abandon purement physique… certes, le mec est épuisé… mais ce geste est aussi… tendresse… envie de tendresse, envie d’en recevoir, envie de m’en apporter… 

Lorsque le hoquet finit par cesser, je le vois relever le torse, me regarder dans les yeux, me sourire, porter sa main autour de ma queue comme tout à l’heure et, tout en restant en moi, reprendre le truc avec le pouce dans le creux de mon gland en actionnant un peu plus vite les mouvements de branlette avec sa main… j’ai pris tellement mon pied lorsqu’il était en train de coulisser en moi que j’en ai carrément oublié mon plaisir à moi, celui de ma queue… il faut dire que je suis habitué à ce que le plaisir de ma queue ne soit qu’un détail dont on ne s’occupe pas… j’oublie qu’avec ce garçon les choses en vont tout autrement… la force de l’habitude est quelque chose contre laquelle on a du mal à lutter… 

Oui, j’ai oublié de jouir, et même si la chose ne me dérange pas au fond, Stéphane ne l’a pas oubliée… il a joui, mais au lieu de se tirer pour aller fumer sa cigarette, il reste avec moi, en moi… il a joui mais il a envie de me faire jouir une fois de plus… 

Je bande comme un âne et sous l’effet de sa main enroulée autour de ma queue et de son pouce procurant le plus exquis des plaisirs au creux de mon gland, je jouis vite… quatre ou cinq traînées de sperme vont s’abattre sur mon torse, jusqu’à mon cou…
A ce moment là, je me sens le garçon le plus comblé et heureux de l’univers… je me dis que ce que je suis en train de vivre est beau à en pleurer… voir d’abord ce beau gars jouir en moi… le voir ensuite s’appliquer pour me faire jouir aussi puissamment… le sentir sortir de moi tout doucement pour venir me faire un câlin, m’embrasser …  

On est tous les deux calés sur un flanc, visage contre visage, torse contre torse, il se colle contre moi sans se soucier que le mien est mouillé de mon jus… ses poils doux caressent ma peau imberbe, ses tétons frottent contre les miens, sa chaleur corporelle se mélange avec la mienne, nos bras, nos jambes, nos queues, nos envies de tendresse se mélangeant, se perdant les une avec les autres… oui, c’est beau à en pleurer… et dire que je l’ai toujours su… qu’est-ce que c’est au fond que le sexe sans un câlin juste derrière ? 

Ah, que cela change par rapport à ce que j’ai pu connaître avec Celui-dont-on-ne-doit-plus… je finis par me dire qu’on a beau se taper le plus incroyable apollon de la terre… prendre un pied de fou rien qu’en le voyant jouir… hélas, lorsque la baise, si torride soit-elle, est passée, on se sent seuls, humiliés… car le sexe sans un peu de considération pendant l’acte et sans un minimum de chaleur humaine juste après, n’est rien… le sexe pur, le sexe pour la baise, n’est que mécanique, une bonne mécanique, certes, mais la solitude après coup est si dure à supporter… 

Je finis par me dire qu’un mec comme Celui-dont-on-ne-doit-plus… un mec aussi parfaitement beau, à la morphologie si incroyable, avec ce charme puissant de mâle dominant qui sait ravir ceux et celles qui y sont sensibles, un mec si sûr de lui, à la sexualité si débordante… ce genre de mec est, certes, un pur régal pour les yeux et un pur bonheur au lit… pour une bonne baise… hélas, un mec dont le charme est aussi largement reconnu, inspire à la fois un désir incroyable et une crainte effroyable, celle de le perdre… car un gars aussi sollicité ne sera jamais l’homme d’une seule femme, ni d’un seul homme… avec ce genre de mec on ne se sentira jamais en sécurité… avec ce genre d’apollon on ne sera généralement jamais comblés affectivement… 

Non, le qui fait qu’on se sente bien avec un garçon ne tiendra jamais qu’à son physique, qu’à sa beauté… non, le charme d’un mec n’est pas tout dans sa sexualité, si intense et débordante soit-elle… il est des choses qui vont au delà d’une belle gueule, d’un corps de rêve et d’une bite capable de jouir presque à la demande… des choses qui s’appellent tendresse, partage, gentillesse, attention pour l’autre, douceur… 

Lorsqu’elles manquent, une relation est bien bancale…  

On reste enlacés pendant un long moment… on reste en silence, je l’entends respirer contre moi, je suis tellement bien que je finis par m’assoupir pendant un instant… lorsque je reviens à moi, je me sent moite, collant, j’ai envie d’une bonne douche…  

« Je crois que je devrais aller prendre une douche… » je suggère. 

« Ouais.. » il me répond « il y a juste un petit blème… » 

« T’as pas d’eau chaude… » je plaisante. 

« Naaan… » il répond, ses lèvres effleurant mon oreille, sa voix caressant quelques unes des cordes les plus sensibles de mon être « le blème c’est que pour aller prendre la douche il va falloir que je te laisse partir… et ça… j’en en ai aucune envie… ». 

Il est trop mignon. Je l’embrasse. 

« Va pourtant falloir… » je relance « mais c’est promis, après la douche je reviens te faire un câlin et je ne te laisse plus… ». 

« Ok » il me répond « … à ce compte là, ça me va… ». 

Ses bras s’ouvrent… j’amorce le mouvement pour me relever, lorsque sa main saisit mon avant bras pour m’attirer à nouveau à lui… il m’embrasse encore…

« Ca c’est pour la route, bogoss… » il rajoute devant mon air à la fois ravi et interloqué.

Je lui souris et je pars à la douche. Je suis tellement heureux que je sifflote en faisant couler l’eau. Je me savonne vite, son gel douche sent trop bon… quand je dis que tout est agréable chez lui… oui, je me savonne vite, je ne veux pas m’attarder sous la douche… j’ai trop envie de retrouver Stéphane… il me manque déjà…

Il ne va pas me manquer longtemps… car c’est lui qui vient me retrouver… sous la douche…

Je suis encore en train de me savonner lorsque la porte vitrée s’ouvre m’offrant l’image du beau Stéphane en train de me regarder… et de me sourire…

« Je peux ? » il me demande, timide, le regard fuyant.

« Fais comme chez toi… » je trouve sympa de lui répondre. Ses yeux replongent illico dans les miens, il a l’air content de mon feu vert… j’adore… là aussi c’est la première fois que l’on me demande mon avis… avec un simple regard un peu timide, un peu fuyant, le regard d’un mec qui, bien qu’un peu plus âgé que moi parfois, il doute parfois et il cherche en moi (oui, en moi… en moi !!!) de quoi être rassuré… c’est touchant, mignon, craquant, les mots me manquent pour décrire l’immense tendresse que ce garçon m’inspire lorsqu’il semble soudainement perdre ses repères et me donner les commandes… c’est la première fois que l’on tient compte de moi, de mes envies… c’est un détail infime mais si puissant à mes yeux…

Il rentre, il referme la porte derrière lui… nos peaux humides se frôlent… c’est sacrement excitant…

« J’ai toujours pensé que cette cabine est trop grande pour prendre une douche tout seul… » me balance, coquin.

Oui, sa cabine est bien grande pour prendre une douche tout seul… et surtout ce serait vraiment dommage de la prendre sans la compagnie du charmant maître des lieux… ce beau Stéphane qui, depuis qu’il m’ait fait l’amour de cette façon puissante, sensuelle et pleine de douceur, a franchi un nouveau stade dans l’échelle de mon désir, de mes sentiments…

C’est bon de se caresser sous l’eau… c’est beau de s’embrasser sous l’eau… c’est très bon de s’aimer sous l’eau… c’est très beau de bander sous l’eau… c’est beau et c’est bon de se branler sous l’eau… et c’est bon et c’est beau d’unir nos queues dans la même poignée de main et de les exciter l’une en contact de l’autre… alors que c’est incroyablement beau et terriblement bon de jouir presque au même temps sous l’eau sous les allers venues de sa main tout en s’embrassant… c’est si beau et bon que j’ai presque envie de pleurer… au point que lorsqu’il me serre très fort tout contre lui, lorsque mon visage se perd dans le creux de son cou et ses baisers se posent sur mon oreille, je suis secoué par des sanglots que je n’arrive pas à contrôler, mes larmes jaillissent immédiatement emportées par l’eau qui coule toujours… il doit me prendre pour un dépressif, un pauvre mec… mais non, non, non, il ne me prend pas pour cas soc… il me comprend, et c’est magique… il me serre encore plus fort, il pose des bisous partout dans mon cou, sur la joue, sur ma bouche…

C’est pas possible d’être aussi bien, pas possible d’être si heureux, je me sens revivre… c’est comme si un énorme poids s'envolait de mon cœur et de ma poitrine, le poids de tous ces interdits stupides, de la peur de déplaire, la peur de mal faire en voulant juste bien faire, la peur de me faire engueuler, la peur d'une réaction violente… je sens mes poumons respirer enfin profondément, libérés d’un joug qui les étouffait…
Dans cette étreinte c'est comme si rien n'existait plus en dehors de ce bonheur qui bouleverse ma façon de voir les choses et qui libère mon esprit car il le rend fort du fait de se retrouver, de se reconnaître, de s’assumer, d'être tout simplement lui-même. Dans cette étreinte je me sens fort et je sais que rien ne peut m'arriver…
Lorsque l’eau cesse de couler, lorsque notre étreinte se délie, je me sens un homme nouveau.

J'ai enfin trouvé ce que je cherchais et j'ai vu que c'est bien pour moi... je ne laisserai plus jamais personne me faire croire que ce qui me fait tant de bien puisse être mal… même pas un Celui-dont-on-ne-doit-plus…, si toutefois un jour nos vies et nos queues devaient se recroiser, éventualité que je considère à ce moment là plutôt improbable et même pas souhaitable à vrai dire… même si un jour je devais en rencontrer un autre mec style Celui-dont-on-ne-doit-plus… 

« Ca fait du bien une bonne douche » me lance-t-il comme une caresse pendant qu’il me passe une grande serviette verte, toute douce au toucher… quand je dis que tout est super agréable chez lui… mais pourquoi doit-il partir maintenant que je sais que je vais pouvoir l’aimer… maintenant que je commence à l’aimer ? 

« C’est vrai, ça fait un bien fou… » je lui réponds, enfin calmé, serein. Heureux.

C’est drôle comment dans la vie il est des moments et des sensations qui nous marquent et à auxquels on repense souvent. Ce moment là, tous les deux en train de se sécher après avoir joui sous la douche, cette grande serviette verte toute douce sur ma peau, est l’un des plus marquants de ma vie. Et j’y repenserai de nombreuses fois par la suite.

Nous finissons de nous sécher, nous nous embrassons et nous revenons dans sa chambre pour nous rhabiller. Gabin nous suit de près, l’air un peu fâché qu’on l’ait foutu dehors tout à l’heure. Stéphane me propose un truc à boire et on revient vers le séjour. Gabin nous surveille toujours. Je lui demande un coca. J’ai envie d’un coca. Maintenant je n’ai plus honte de lui demander un coca. Je sais qu’avec lui ça passera. Qu’il ne me considérera pas juste comme « un demi mec » car je ne bois pas d’alcool…

Pendant qu’il part à la cuisine chercher les canettes, mon regard est attiré par les nombreux dvd rangés sur une étagère à coté de la télé… en m’y approchant sous le regard attentif du labranoir, je remarque une collection impressionnante de films Disney… de Fantasia au Roi Lion, de Blanche Neige à Aladdin, de Pinocchio à Mulan, tout y est… décidemment, un mec qui possède un labra comme Gabin et une collection aussi complète de films Disney ne peut être qu’un bon gars…

Par curiosité, j’attrape la jaquette cartonnée contenant le double dvd du Roi Lion, l’un de mes préfères…

« Tu aimes les Disney? ». 

Je ne l’ai pas entendu revenir avec les canettes et les verres… sa voix me surprend un peu… voilà, je me suis fait gauler. 

« J’adore… » je lui réponds, en rangeant le coffret.
« C’est lequel ton préfère? » il enchaîne.
« Aladdin » je réponds sans hésiter. 

« Aaaaaaaaahhhhhhhhh… » il fait, bien appuyant sur le « a », faisant mine comme d’être contrarié… 

« T’aime pas ? » je me renseigne. 

« Non, non, pas trop » me répond-t-il « je crois que j’au du le voir pas plus que deux ou trois… » 

« Deux ou trois fois ? C’est tout ? Moi je l’ai vu plein de fois… » j’enchaîne, maladroitement, avant qu’il puisse finir sa phrase. 

Il me regarde, il marque une pause, un petit sourire petit moqueur mais bon enfant s’ouvrant peu à peu sur son visage comme un lever de soleil ; j’ai soudainement l’impression qu’il se fout gentiment de moi ; et je ne me trompe pas « oui, j’ai du le voir pas plus que deux ou trois cents fois… ». 

« C’est ton préféré aussi… » je notifie en me rendant compte de ma maladresse. 

« Oui, mec, c’est mon préféré, depuis qu’il est sorti en 1992… j’étais déjà un peu grand pour ça, mais j’ai trouvé ça magique… c’est un peu grâce à ce film que je ne suis jamais vraiment sorti de la magie Disney… que j’ai gardé un peu mon âme d’enfant… depuis, je n’en rate pas un, ni en salle, ni en dvd…». 

J’adore, il est trop mignon. Voilà ce que je n’arrivais pas à verbaliser à son sujet. Il y avait un truc dans sa façon d’être qui me le faisait apparaître si mignon, si gentil, malgré son allure bien mec… oui, une âme d’enfant dans un corps d’homme… un mec qui me fait l’amour de cette façon puissante et tendre, qui a un torse viril, un mec séduisant et sensuel au possible, mais également un mec qui collectionne les Disney et qui possède un labranoir… et ça, c’est incroyablement craquant… et ça, j’achète… 

Deux petits trucs ont retenu mon attention et aiguisé ma curiosité au début de sa phrase… « … en 1992… j’étais déjà un peu grand… ». Je sais qu’il a quelques années de plus que moi, mais donc : 

« Tu as quel âge au fait ? » je ne peux m’empêcher de lui demander. 

« Tout juste 26, je viens de les fêter le mois dernier… ». 

Huit ans de plus que moi. Aux yeux du Nico.18 un mec de 26 ans, c’est un homme. Je me sens tout petit face à lui, face à ce mec qui, je l’imagine, doit avoir tant plus d’expérience avec moi dans le domaine des mecs et dans la vie en général. Un mec que je sens tellement bien dans ses baskets alors que moi je me sens un petit mec perdu qui ne sait pas par où commencer pour trouver sa place dans le monde. 

Du coup, lorsque son inévitable question tombe, j’ai un peu « honte » d’y répondre. 

« Et toi, le bachelier… 18… 19 ? ». 

« 19… bientôt… ». Oui, bientôt, dans quatre mois, mais peu importe. 

Une minute plus tard, le dvd est en train de ronronner dans le lecteur. Les images et la musique de ce magnifique Disney commencent à s’enchaîner et à ravir mes yeux et mes oreilles…

Aladdin… moi aussi j’ai toujours trouvé ça particulièrement magique… oui, Aladdin est mon Disney préféré, et il l’est depuis toujours, depuis sa sortie ; il l’est bien avant que, en ce jour du début de l’été 2001, un garçon nommé Stéphane me le fasse aimer encore plus en le regardant avec moi tout me tenant dans ses bras après m’avoir fait l’amour ; et il l’est bien avant que des années plus tard, un autre garçon, nommé Rayane Bensetti, me donne des raisons supplémentaires pour que Aladdin soit mon Disney préféré… sa danse d’anthologie dans une célèbre émission télé sur la musique du film, voilà une vidéo que j’ai du me repasser au moins autant de fois que le film même…

On mate Aladdin l’un à coté de l’autre avec labra en boule à l’autre coté du canapé… je regarde Aladdin dans les bras d’un garçon très câlin avec un petit coté nounours tout doux… je regarde Aladdin et je me rends compte qu’il me regarde regarder Aladdin… je ressens tellement de tendresse et de bienveillance dans son regard que j’en ai presque la tête qui tourne… oui, je suis dans les bras d’un garçon juste adorable et je suis juste indiciblement heureux… 

Tellement heureux que tant de bonheur inattendu ne tient plus dans mon petit cœur… tellement heureux que je me retrouve à pleurer en silence… j’ai besoin de ce câlin… j’ai eu tellement mal la nuit d’avant lorsque j’ai vu Celui-dont-on-ne-doit-plus… et son acolyte partir avec ces deux nanas… et là tout ça me parait si loin, sans importance… oui, j’ai besoin de ce câlin et de rien d’autre… Stéphane est là, je crois qu’il se rend compte que je pleure, il me serre un peu plus fort dans ses bras, sans un mot… 

Oui, je suis si bien, ce que je vis est si puissant, mon corps tellement détendu mais épuisé par les multiples jouissances que je finis par m’assoupir devant mon Disney préféré… 

Quand je me réveille, il est sept heures. Le contact que je ressens sur ma cuisse n’est pas la main de Stéphane mais le museau de Gabin. Stéphane est en train de ranger le dvd dans l’étagère.

« J’ai dormi longtemps ? » j’essaie de me donner contenance.

« Presque tout le film… heureusement que c’est ton préféré… » il me répond, taquin.

« Je suis désolé… t’aurais du me réveiller… ».

« Si tu t’es endormi c’est que tu en avais besoin… » il me répond tout gentil ; et puis il ajoute, comme pour m’achever « je t’ai regardé dormir… t’étais beau… ».

« Merci… » je lui réponds timidement. Je suis touché, il est trop ce mec.

Soudainement je réalise qu’il est l’heure du dîner chez moi. Mon portable a du sonner mais comme il est en mode sans sonnerie, sans vibreur, ça ne m’a pas perturbé.

« Je crois que je devrais y aller, vu l’heure… » je trouve adapté d’enchaîner comme pour me secouer du trouble que ses mots ont apporté dans mon esprit.

« Tu veux rester manger ? » il réagit du tac-au-tac. Je crois que c’est un coup prémédité. Sacré Stéphane. Ça me fait drôlement plaisir mais…

« Je ne peux pas m’incruster comme ça… » je lui réponds, même si c’est davantage pour prendre du temps pour déguster mon bonheur que pour une réelle volonté de partir… et aussi bien pour l’entendre me dire des trucs du genre :

« Non, ça me fait plaisir… ».

Des mots, qu’il faut l’admettre, sont sacrement plaisants à entendre. Tout comme c’est sacrement plaisant de lui répondre :

« A moi aussi ça me fait plaisir… ».

Il me sourit. Je lui souris à mon tour.

« Tu aimes le risotto ? » me demande-t-il.

« J’adore » je lui réponds, ravi.

« Alors va pour le risotto… » me relance-t-il.

« Parfait… » je lui relance à mon tour ; et j’enchaîne « je peux t’aider à faire quelque chose ? »

« Non, merci, j’ai tout prêt… je me suis un peu avancé pendant que tu… regardais Aladdin… » se moque-t-il, bon enfant, et il enchaîne « t’as qu’à t’occuper de Gabin, ça m’évitera de l’avoir dans les pieds… dès qu’il sent l’odeur de l’oignon qui commence à frémir, il devient fou… ».

Le lecteur dvd éteint, c’est sur une fin de dimanche en compagnie de Drucker que la télé tombe… mais qu’importe ce qui passe à la télé… je suis bien , je suis heureux… et comment pourrait-t-il en être autrement ? L’odeur de l’oignon qui frémit dans une poêle et qui ravît mes narines, la truffe de Gabin qui frémit sur mon jean et qui me fait sourire au moins autant que ça m’attendrit, le garçon avec qui je me suis baladé la moitié de l’après midi, le garçon qui vient de me faire l'amour et avec qui je vais passer ma soirée est, en plus, en train de me faire a dîner…  

Au fil des minutes qui s’écoulent, ça sent de plus en plus bon dans la maison… l’odeur des oignons se mélange à celui des champignons… mon estomac crie famine et mon cœur crie Stéphane… j’envoie un sms à maman pour l’avertir que je dîne chez Dimitri (si un jour elle rencontre sa mère, je suis mort, mais je m’en fous) et je me lève pour aller le rejoindre en cuisine… je m’approche tout doucement, suivi du Nero à quatre pattes… je m’arrête sur le seuil de la cuisine et je le regarde faire… il est en train de touiller le riz dans la poêle… je me fais la réflexion que c’est beau à regarder un beau et gentil garçon en train de cuisiner… d’autant plus qu’il est en train de cuisiner un peu pour moi aussi… et cela représente tellement de choses pour moi… personne n’a jamais fait ça pour moi… à part ma maman… 

Ainsi ça peut-être ça aussi la vie avec un garçon, partager une balade en ville un dimanche après midi, regarder un film en se câlinant, partager un repas, faire l’amour sans que les câlins ne soient interdits, sans qu’un jeu de soumission/domination de chaque instant ne vienne figer une relation frustrante et douloureuse à la longue… oui, avec un garçon on peut partager autre chose que de la baise
Oui, c’est beau de voir un garçon en train de cuisiner… c’est la même pensée qui doit traverser l’esprit de Gabin, assis à coté de moi en train de le regarder faire, aussi intéressé que je le suis…
La table est mise, un plat de charcuterie avec quelques cornichons disposés ici et là trône en son centre… ça aussi c’est beau à voir, et ça donne faim…

Stéphane finit par remarquer ma présence.

« Je ne t’ai pas entendu… » dit-il, tout attentif à son ouvrage ; et il continue « je suis désolé, quand je cuisine, je suis dans ma bulle… ».

Et là, comme en écho à ses mots de tout à l’heure au sujet de ma sieste pendant Aladdin, je trouve mignon de lui répondre :

« Je te regardais faire… si tu étais si concentré c’est… que tu en avais besoin… je te regardais cuisiner… c’était beau… ».

« Merci… » il me répond timidement.

« Ca donne faim ce plat au milieu de la table… » je dévie pour chasser un peu de l’émotion de cet instant qui semble nous troubler tous les deux.

« C’est de la charcuterie de mes parents, ils sont paysans en Aveyron… ». 

« Je croyais que tu étais de Toulouse… » 

« Non, je suis sur Toulouse que depuis mes études sup… je suis né dans un bled en Aveyron, pas loin de la Couvertoirade… tu connais ? ». 

« De nom, j’ai vu quelques images dans une émission, je crois Des racines et des ailes… ça a l’air super beau… »… 

« C’est un village des Templiers, c’est super bien conservé, on a l’impression de se plonger dans le passé… si on s’était rencontré plus tôt je t’y aurais amené… ». 

Oui, si on s’était rencontrés plus tôt. Si seulement tu ne devais pas partir, beau Stéphane. Soupirs… 

« Tu vas voir, il est drôlement bon leur jambon… » 

« Miam miam » je lui réponds. 

« Ca va bientôt  être prêt… » il m’annonce tout en continuant à remuer son risotto avec la cuillère en bois. 

Je fais un petit détour par la salle de bain et lorsque je reviens un deuxième coca m’attend sur la table basse dans le séjour à coté de sa bière blanche et du plat de charcuterie de ferme aveyronnaise. Stéphane est dans la cuisine en train de finaliser son risotto. Je le rejoins car je ne trouve pas sympa de le laisser seul pendant qu’il cuisine. Il est en train de mettre la touche finale avec de la crème fraîche… je le félicite de son risotto qui a l’air on ne peut plus moelleux et appétissant… le petit cuistot qui sommeille en lui en a l’air touché et commence à m’expliquer comment on prépare tout cela… je bois ses mots et ce jour là j’apprends à faire le risotto, ce qui deviendra un jour ma seule et unique spécialité en cuisine… on discute pas plus d’une minute ou deux… jusqu’à que LE drame ne se profile à l’horizon… 

Stéphane s’arrête net de parler. Son visage change d’expression et presque de couleur. L’inquiétude efface son charmant sourire. Je ne sais pas ce qui se passe mais je vais vite comprendre… 

Ses mains ont brusquement lâché la poêle, je le vois se figer, me regarder et demander sur un ton hésitant et super angoissé « Gabin… il… est… où… Gabin… ? ». La réponse va vite tomber. Gabin n’est pas dans la cuisine… il est donc dans le séjour… avec la charcuterie posée sur un table pile à porté de truffe… 

Stéphane s’élance vers le séjour presque d’un bond, mais c’est déjà trop tard… le drame est consommé… le beau plat de charcuterie de tout à l’heure exhibe effrontément la couleur blanche de son fond, à peine cassé par quelques taches vertes que sont les cornichons que la bête n’a pas estimés à son goût… juste à coté de la table basse, le museau encore tourné en direction du plat, le labra est assis en mode chien porte journaux, toujours en train de se lécher les babines… lorsqu’il voit son maître bondir comme un fou dans le séjour, il a un léger mouvement de recul… immédiatement suivi de ce regard « qu’est ce qu’il y a, papa ? mais je n’ai rien fait, moi… », cet air que les labradors maîtrisent parfaitement et qui fait que même si on a envie de les cuire au four, on n’en fera rien… 

Après une petite déception pour le jambon que l’on ne mangera pas, on éclate de rire simultanément… c’est bon de rire après avoir fait l’amour, beaucoup mieux que de se faire la tronche… je me dis que ce sont des petits trucs de rien de ce genre, des petits bonheurs quotidiens que j’ai envie de vivre avec un garçon… manger un risotto ensemble, se caresser et discuter sans même prêter attention au gros navet du dimanche soir qui défile sur TF1… 

Parler et regarder ses jambes dépassant de son short, des jambes poilues et plutôt musclées… me dire qu’il doit faire du sport… avoir envie de lui demande lequel… oser le faire et m’entendre répondre qu’il fait de la balade en montagne, qu’il fait du canyoning depuis plusieurs années sur les Pyrénées et qu’il va désormais en faire sur les Alpes, son rêve depuis toujours… l’entendre dire que quand j’irai le voir il en fera avec moi, pour me montrer la beauté du massif montagneux le plus haut d’Europe… avoir envie de croire à cette promesse, une promesse qui est sans doute faite avec le cœur mais qui parait si difficile à tenir… je pense à mes études à Bordeaux, à mes moyens financiers limités… je pense à son départ, je pense avec tristesse que malgré les promesses que l’on peut de faire, on va tous les deux vers une nouvelle vie et que la distance fera qu’on oubliera cet après midi d’amour et de tendresse.

« Tu sais, Bâle est à un peu plus d’une heure d’avion de Toulouse et si tu t’y prends un peu à l’avance, le billet est vraiment accessible… » je l’entends dire, comme pour panser ma tristesse qu’il a du déceler dans mon silence.

Le film du dimanche soir s’en va sur le générique de fin, tout comme ce dimanche soir s’en va tout  court, ce dimanche trop court… oui, l’heure tourne et il est temps pour moi de rentrer… pas envie de partir, par envie de quitter ses bras, suis trop bien, plus rien n’existe, plus rien m’inquiète quand je suis dans ses bras, rien vraiment…plus rien sauf le moment de les quitter… 

Eh, oui, dur dur de le quitter, en sachant que je ne vais pas le revoir avant son départ car sa mère va venir s’installer chez lui quelques jours pour l’aider à préparer les cartons… pas facile de se quitter et de trouver les mots pour se quitter après un dimanche comme celui que l’on vient de vivre… 

Alors on renonce aux mots, on laisse la place aux baisers, aux caresses, aux regards, aux câlins de tout genre… 

« J’ai bien aimé cette journée… tout… » il finit par me balancer, tout mignon, lorsque je serai presque sur le seuil de sa porte. 

« Et moi, plus que ça… » je trouve la force de lui retourner « dommage que tu… ». 

« On se reverra Nico, je le sais, on se reverra… » me coupe-t-il devinant la suite de ma phrase « … je t’enverrai mon tel dès que je serai installé et tu viendra me voir… en attendant tu as mon mail… on se tient au courant, mec… ». 

Je reste en silence, tentant si mal que bien de maîtriser mon émotion. 

« Tu vas me manquer… » je me laisse échapper. 

« Toi aussi tu vas me manquer… » il me chuchote à l’oreille en me serrant très fort contre lui ; et il continue, adorable « … tu es super mignon Nico, tu es touchant, tu es gentil, adorable… tu as le droit d’être heureux, de demander ce qui te rend heureux… surtout ne laisse jamais personne te dire et te faire croire le contraire… ». 

Là je pleure. Ah bravo… t’es content, Steph, t’es content de me voir chialer comme une gonzesse ? 

« Pardon… » je m’excuse car j’ai honte de pleurer, encore « … désolé, je ne suis pas un beau cadeau… ». 

« Ne t’excuse pas Nico, surtout ne t’excuse pas d’être comme tu es… un garçon touchant, sensible, gentil, un mec en or… tu as le droit de pleurer, si ça te dit, et surtout, tu as le droit d’être heureux… tu as le droit à tout, ou presque… il y a une chose que tu n’as plus le droit de dire, plus jamais de ta vie… ne dis plus jamais « je ne suis pas un beau cadeau »... jamais… tu as le droit de rire, tu as le droit de pleurer, tu as le droit d’aimer et tu as le droit de te sentir aimé… tu as le droit d’être là… tu as le droit d’être heureux… Nico, tu es un très beau cadeau...  

La vie fait peur, le solitude fait peur, à tout âge, mais à ton âge en particulier… tu es un jeune garçon qui se cherche et qui a par-dessus tout besoin d’amour, de tendresse… toutes tes hésitations, tes peurs, tes craintes, tes inquiétudes, ta fragilité ont l'air de venir d'un endroit ou tu te dis « je n'ai pas vraiment le droit d'être heureux »… prends confiance en toi… ça suffit… tu existes… tout va bien, tu vas y arriver, tu vas la trouver ta place… pour peu que tu croies en toi… 

Il faut que tu croies que tu as le droit d'être heureux, avant que les autres puissent te reconnaître ce droit… sois toi même, ne te laisse pas les autres choisir pour toi… »… 

[If you don't make the choice/And you don't use your voice/Someone else will speak for you instead 

Si tu ne fais pas le choix/Et si tu ne fais pas entendre ta voix/Quelqu'un d'autre parlera pour toi, à la place].
Ses mots sont si touchants, presque une révélation. J’ai encore plus envie de pleurer. Mais il a raison. J’ai le droit. Je sais qu’il a raison, il a raison sur tout, mais je n’arrive pas encore à réaliser à fond ce qu’il vient de me dire, j’ai l’impression que c’est trop, que je ne suis pas digne… 

« Je ne sais pas si je suis aussi bien que tu le dis… » j’essaie de me dédouaner, comme un élève qui n’aurait pas encore bien intégré sa leçon. 

« Si… crois-moi… tu es un sacré petit bout de mec… mais fais gaffe à toi, Nico… tu es un bon gars, même trop bon, trop gentil, fais attention que cela ne te joue pas de tours… fais attention aux gens que tu vas rencontrer, surtout dans le milieu, car il n’y a pas que des gentils… il y a un passage dans une chanson de Mylène qui m’a toujours touché de par sa vérité, une vérité amère, dure à entendre mais incontestable… « la mauvaise herbe nique souvent ce qui est trop bien cultivé…

A ton age j’étais un peu comme toi… c’est pour cela aussi que tu me touches… j’étais aussi gentil et un peu naïf comme tu l’es… je ne me méfiais de personne et j’en ai fait les frais… j’ai souvent souffert, et parfois méchamment… fais donc gaffe à ne pas te perdre, même pas par amour… veille toujours à rester toi-même… à tout donner mais à ne pas tout accepter par amour… et si un jour tu as besoin de quelqu’un pour parler, je serais toujours là pour toi… toujours… ».

C’est après l’avoir serré une dernière fois dans mes bras que j’arriverai à m’arracher de lui avec un simple « Merci »… je dois m’arracher de lui de façon presque violente, comme un sparadrap qu’on voudrait arracher plutôt que de le décoller lentement, je dois m’arracher pour abréger les souffrances, pour ne pas recommencer à pleurer, pour ne pas gâcher ce bon moment… je vois que lui aussi a l’air bien ému et je sais que je ne vais pas pouvoir me retenir… je n’ai pas envie de le voir pleurer… je suis déjà bien assez triste…

C’est ainsi que quelques instants plus tard je me retrouve dans la rue en train de chialer à chaudes larmes… je suis heureux et triste à la fois… heureux de tout ce que j’ai vécu en l’espace d’un après-midi, l’impression d’avoir carrément vécu les premiers mouvements d’un toute nouvelle vie qui se profile à l’horizon… heureux de toutes les découvertes de jouissance masculine et de tendresse que ce charmant Stéphane a su m’amener avec une douceur incroyable… heureux mais triste que cela se termine ainsi, que cette rencontre qui aurait pu être la première d’une belle série, d’une relation stable, avec un bel avenir, ne soit au final qu’une magnifique découverte suivie d’un inexorable adieu…

Je sors de l’appartement de la Halle aux Grains repu d'amour et de plaisir,  je me sens déterminé à renoncer à Jérémie… à ce moment là je me sens vraiment déterminé… mais qu’en sera-t-il de cette détermination lorsque Stéphane sera parti a mille bornes de Toulouse? 

Pourquoi doit-il partir ? C’est si injuste… s’il restait, peut-être qu’avec lui à mes cotés pour me guider je pourrais vraiment oublier Jérémie… s’il restait, peut-être qu’il pourrait même prendre sa place dans mon cœur… j’ai envie de faire demi tour, d’aller le serrer encore dans mes bras… 

Je suis à un moment difficile de ma vie, je vais bientôt partir, les personnes qui comptent pour moi vont partir elles aussi, cette vie d’aujourd’hui m’est comptée… je suis à la croisée des chemins, c’est le grand saut dans le vide, je me sens seul et penser au futur me rend profondément  triste… 

Le soir dans mon lit je m’endors en repensant à tous les bons moments passée en compagnie de ce charmant Stéphane… j’ai vraiment l’impression d’avoir été plongé dans une autre vie, dans une autre dimension… avec lui j’ai découvert que je peux être désiré, que l’on peut vraiment avoir envie de moi en tant que garçon, et non pas uniquement en tant que vide couilles… que l’on peut raisonnablement avoir envie de me faire plaisir, car on peut me trouver attirant et désirable… j’ai senti tout cela dans le regard d’un garçon qui me plait vraiment… que les câlins ce n’est pas une maladie ou une tare et que je peux en donner et en recevoir sans me faire jeter pour cela… que mon besoin de tendresse peut être partagé et que l’on peut trouver cela touchant plutôt que soûlant… et, au final, que l’on pourrait même m’aimer pour ce que je suis… 

J’ai l’impression qu’avec un mec comme Stéphane tout serait possible, que ma vie changerait du tout au tout, que je pourrais vivre un grand amour, vivre une véritable relation de couple, m’assumer, faire mon coming out… trouver tout simplement ma place…  

Ce soir là je me sens triste mais j’ai l’impression d’être plus fort grâce à l'amour et à la tendresse que je viens de recevoir, grâce au fait d'être enfin en accord avec moi-même… cet après-midi là j’ai vécu une expérience tellement intense, une expérience qui fait que, quoi qu’il arrive dans l’avenir, je me sens déterminé à ne plus tout accepter par amour, fort de pouvoir désormais penser qu’il peut y avoir sur terre (et sur Toulouse) d'autres mecs que Jérém qui sauraient m’aimer d'une façon qui me correspond davantage… 

Juste avant de trouver mon sommeil, mon cœur vibre toujours et encore au rythme de la mélodie du bonheur de cet après midi, je me dis que j’ai envie de le revoir coûte qui coûte avant son départ… je vais essayer de le revoir, je dois le revoir avant son départ… oh, putain, comment la vie est mal foutue parfois… oui, si on s’était rencontres plus tôt…

 

I wish we had another time/ I wish we had another place/ But everything we have is stuck in the moment/ And there's nothing my heart can do (can do)/ To fight with time and space/ Cause I'm still stuck in the moment with you
Je souhaite que nous ayons un autre moment/Je souhaite que nous ayons un autre endroit/Mais tout ce que nous avons est coincé dans l'instant/Et il n'y a rien que mon coeur puisse faire (puisse faire)/Pour se battre avec le temps et l'espace/Car je suis toujours coincé dans l'instant avec toi.


Ah, ce charmant Stéphane, arrivé si soudainement dans ma vie, et reparti aussi tôt… il est parfois dans une vie des rencontres comme celle-ci, des rencontres fortuites, isolées, improbables, et pourtant marquantes. En deux rencontres, mais à bien regarder à partir du tout premier instant, Stéphane est devenu une rencontre marquante dans ma vie. Et il le sera pour longtemps. 

Non, dorénavant je ne accepterai plus tout de lui, surtout lorsqu’il deviendra odieux vis-à-vis de moi, surtout que je serais désormais en possession d’un mètre étalon pour mesurer mon malheur avec lui et le comparer avec le bonheur que je pourrais trouver ailleurs… 

Car j’ai le droit d’être heureux, d’être moi-même, il a raison, et une chanson de ma star préférée viendra me le rappeler bien d’années plus tard, dans l’ouverture de son mémorable Rebel Heart Tour, comme un programme de vie, comme un manifeste… 

 

If you try and fuck it up again/Destiny will choose you in the end 

Si vous voulez tout foutre en l'air à nouveau/Le destin choisira pour vous à la fin
If you don't make the choice/And you don't use your voice/Someone else will speak for you instead 

Si tu ne fais pas le choix/Et tu ne fais pas entendre ta voix/Quelqu'un d'autre parlera pour toi, à la place
What you want is just within your reach/But you've got to practice what you preach/If you leave sweat and tears/And overcome your fears/Never let the fire inside you leave 

Ce que tu veux est juste à ta portée/Mais tu dois faire ce que tu dis/Au delà des larmes et de la sueur/Et surmonter tes peurs/Ne laisse jamais le feu à l'intérieur te quitter
I can, Icon, two letters apart/One step, away, of being lost in the dark/Just shine your light like a beautiful star/Show the world who you are/Who you are 

Je peux, « icône », deux lettres d'intervalle/Un pas pour quitter l'obscurité/Laisses briller ta lumière comme une belle étoile/Montre au monde qui tu es/Qui tu es 

 

Je ne le sais pas encore, mais c’est à ce moment précis que je sème dans mon esprit les graines de la révolte intérieure qui m’amènera au clash avec Jérém, cette révolte qui fera tant de dégâts dans ma vie et dans celle du beau brun… 

 

Chères lectrices, chers lecteurs, 

 

dans quelques jours ce sera Noël et, dans la foulée, la nouvelle année va pointer son nez. 

C’est l’occasion pour moi de vous remercier pour votre fidélité à mes textes, pour vos commentaires, pour votre présence tout simplement, pour m’avoir accompagné depuis les premier épisode en août 2014.  

Vous étés de plus en plus nombreux. Et ça fait chaud au cœur. 

Je profite de cette occasion pour souhaiter à vous tous, ainsi qu’aux personnes qui comptent pour vous, les meilleurs vœux pour un joyeux Noël et pour un 2016 resplendissant… 

Normalement, si j’arrive à finaliser les premières parties de l’épisode 44 à temps (un épisode complexe, aux multiples rebondissements), l’histoire de Nico et Jérém (et de Thibault et de Stéphane) ne va pas s’arrêter lors des fêtes de fin d’année… 

Quoi qu’il en soit, de nombreux épisodes sont prévus au tableau. 

En attendant, bonnes fêtes à vous tous 

Fabien 

 

Dans le prochain épisode.. 

 

Une semaine plus tard… 

 

… deux étalons se font face, deux beaux mâles musclés, deux couillus se défient farouchement du regard… deux queues bien tendues s’affrontent comme en duel à distance rapprochée, deux paires de couilles bien chaudes et bien pleines, deux fiertés, deux virilités de jeune mâle s’opposent, se chargent, se frottent violemment, la tension est si palpable que j’ai l’impression de ressentir des étincelles de testostérone en train de jaillir partout dans la pièce… 

Le défi est tout en regards et dans l’attitude on ne peut plus masculine des deux protagonistes, mais c'est tellement puissant que je me sens mal à l'aise... deux fiertés de mâles sont en jeu dans cette crânerie virile et il y en a forcement une qui va se faire démolir...
Aucun des deux mâles ne donnant signe de vouloir reculer et de s’incliner devant l’autre au sens propre comme au sens figuré, j'ai peur que ça puisse se régler a la baston... c’est souvent ce qui arrive dans la nature lorsque deux mâles en rut se font face pour établir qui des deux est le plus couillu... c’est également ce qui arrive parfois chez nous les humains « civilisés » lorsque deux mâles se cherchent pour définir lequel est le plus « mec »...
… une minute plus tard le beau brun est allongé sur le lit en train de découvrir avec bonheur le plaisir de sentir une bonne queue en train de coulisser entre ses fesses, le plaisir exquis de se faire sauter par un beau mec...  

Je me dis alors que c’est vraiment beau que de voir le beau brun en train de prendre son pied de cette façon là, une façon si différente de celle à laquelle il est habitué, un plaisir si différent de celui de « vrai mec » qu’il a toujours cru être le seul qu’il prendrait jamais…

Oui, il y a quelque chose d’extrêmement excitant dans le fait de voir le beau brun découvrir le plaisir inattendu, un plaisir dans sa tête si longtemps méprisé, redouté, refoulé ; le plaisir d’abdiquer provisoirement de son statut de sa propre virilité, un plaisir qui se situe au delà du tabou suprême, celui de l’inviolabilité de son ti trou ; le plaisir de lâcher prise, de se laisser déborder par le plaisir inattendu d’offrir son corps au plaisir d’une autre mâle ; le plaisir de goûter à la virilité d’un autre mec, de se sentir possédé, de se sentir l’objet du plaisir d’un autre mec, de sentir en soi cette puissance débordante, la vigoureuse émotion sensuelle d’une sodomie passive…

Et ce qui est d’autant plus excitant, c’est de voir ce mec jusqu’à là incorrigiblement actif, découvrir et aimer ce nouveau plaisir… d’abord timidement mais très rapidement, au fil des coups des reins qui secouent son intimité, de façon de plus en plus claire, avec de moins en moins de retenue…

Non, jamais je n'aurais cru voir ce mec prendre son pied de cette façon, en se faisant mettre bien profondément, tout en gémissant, en suppliant, en quémandant ce nouveau plaisir qui secoue chacune de ses fibres… en réclamant avec insistance, presque en criant, qu’on le défonce plus fort, encore plus fort, sans retenue… le voir gémir sous les coups de reins d’un mec qui est à ce instant précis… plus « mec » que lui… le voir complètement soumis au plaisir, à la puissance de la queue qui le fait jouir du cul…  

Oui, je trouve cela extrêmement excitant de voir le beau brun renoncer à son statut de mâle, jouir de voir sa virilité écrasée de cette façon absolue, céder avec bonheur à l’assaut d’une virilité plus puissante que la sienne…

Ce qui ne m’empêche pas de me demander comment le beau brun va assumer cela après coup, lorsque l’excitation sera retombée, lorsque son « maître » d’un soir se sera vidé les couilles et lorsqu’il verra dans son regard le triomphe de sa virilité sur la sienne…

J’ai mal dans ma chair de voir une fierté masculine si impitoyablement malmenée… et de deviner les dégâts que cela va engendrer après coup… hélas, comme il est suggéré dans une fable célèbre, « Le beau brun et le brun beau », il n'est point de loi que celle du plus viril...

 

Il y eut un jour

Une belle rencontre

Celle d’un très beau brun

Avec un brun vraiment très beau.

Le premier coq lui démangea

Il voulut se frotter à l’autre

Lui montrer sa crête bien haute.

Le deuxième coq était on os

Chatouilleux et fier en diable.

Et voilà de l’histoire,

La seule morale.

Duel de coq, duel sans sang

Duel de bites très fort tendues.

Le premier coq baissa sa crête,

Et au même temps

Il écarta ses cuisses.

Car la raison du plus couillu

Est toujours la meilleure…



 

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