24 Août 2019
« Mais putain... dépêche... fais moi jouir... et avale bien... » me lance Jérém en enfournant sa queue dans ma bouche avec un mouvement rapide et presque enragé. Là, ça ne rigole plus, le mec a vraiment envie que je le suce… je comprends à cet instant que mon hésitation commençait visiblement à le mettre en pétard… on ne contrarie pas un mâle un rut, on ne délaisse pas une queue qui bande… j’en oublie le b-a-ba du bien vivre en société…
Me voilà donc avec sa queue au fond de ma bouche… j’ai rêve de cet instant, et ça arrive enfin… mais voilà que le beau brun, pressé, à bout de nerfs, entreprend de mettre de coups de reins très puissants… dans cette cabine des toilettes de la Bodega, Jérém veut jouir vite… tous les camarades sont en train de faire la fête à quelques mètres de nous et plus les minutes passent, plus on risque de remarquer notre absence… sans compter le fait qu’il faudra sortir de ces chiottes, sans se faire repérer…
J’aime bien quand il me baise la bouche, mais je me rends rapidement compte que là c’est trop violent, qu’avec cette cadence, je ne vais pas tenir jusqu’au bout… il faut ralentir le mouvement… et puis, si j’aime par-dessus tout le faire jouir, je ne veux pas avoir mal… je ne veux plus de ce qui s’est passé le dernier jour du bac dans les chiottes du lycée…
C’est là que, dans un réflexe de survie, ma main se lève pour aller se poser sur son t-shirt à hauteur de ses abdos (ahhhhhh… que c’est ferme, et ouf… qu’est ce que c’est dessiné, je le sens sous mes doigts à travers le coton fin) tout en appliquant une pression avec mon bras et mon épaule… dans le feu de l’action, et certainement à cause de ma position, je n’ai pas du correctement doser l’intensité de mon mouvement, qui se révèle très rapide et très puissant…
Soudainement, sa queue se retire de ma bouche, son bassin se retrouve collé à la cloison de la cabine, ce qui l’empêche de balancer ses coups de reins… sous l’effet de la surprise, le beau brun est momentanément immobilisé… j’en profite pour avancer mon buste et entreprendre de le sucer vigoureusement… Jérém a du être autant dérouté que contrarié par mon initiative car, un instant après, il attrape mon poignet, il dégage la pression que je maintiens toujours sur ses abdos, il passe sa main derrière ma tête pour la maintenir et donner plus d’impact aux coups de reins qu’il reprend à balancer sans autre forme de procès…
Oui, Jérém a recommencé à me baiser la bouche de plus belle… c’est un peu moins brutal, mais il en demeure pas moins que si je m’accommode de cela, c’est une fois de plus lui qui fixe les règles… alors… me laisser faire ou pas me laisser faire ? Si tout à l’heure a été mon instinct de survie qui m’a fait agir, là c’est une question de principe…
Et puis j’ai envie de jouer dangereux… j’ai envie de le provoquer… de provoquer une réaction chez le beau brun… je recommence… ma main appuie avec encore plus d’entrain sur ses abdos et son bassin se retrouve à nouveau contre la cloison… il rattrape ma main encore plus brusquement, il la balance carrément loin, violemment… il avance à nouveau le bassin, il introduit sa queue entre mes lèvres et recommence illico à les limer…
Il n’a pas compris… pourtant, ce soir il va comprendre… il doit comprendre… il commence vraiment à m’énerver avec son attitude « rien à foutre de toi »… pour une fois, je veux avoir le dessus… ma main repart direction de ses abdos, chargée de la même mission… hélas, cette fois-ci elle n’aura pas la chance de palper la fermeté de ses abdos, car son élan est coupé en plein vol… elle n’a pas dépassé la hauteur de mon épaule qu’une autre main, à la peau bien plus mate, la chope en la serrant très fort et en stoppant net sa progression…
« Arrête ça… » il m’intime, le ton agacé.
Je pense qu’il parlait de ma main, mais je suis tellement surpris que j’arrête net ma fellation et je me dégage carrément de sa bouche. Ma main toujours enserrée dans l’étau de la sienne, je relève mes yeux et je rencontre son regard noir… on se défie pendant quelques secondes… je tourne un peu la tête, un petit regard narquois en coin… je plisse les yeux, je le mets une nouvelle fois au défi… maintenant que j’ai compris que ça marche, je ne vais pas m’en priver…
Il est à fleur de peau, pressé de jouir, frustré, son agacement monte de seconde en seconde… vite, il faut trouver un argument pour ne pas l’énerver davantage et pour ne pas céder… sortir par le haut et éviter le pire… à savoir… qu’il remonte son froc et qu’il se barre me laissant là comme un con…
Sans le quitter des yeux, car c’est par leur intermédiaire, par un petit sourire coquin que j’essaie de lui faire comprendre que s’il me laisse faire, s’il me fait confiance, je vais lui faire un truc qui va lui plaire… sans le quitter des yeux j’avance lentement mon visage vers sa queue jusqu’à poser mes lèvres sur le gland… rien que cela a le pouvoir de le faire frissonner… c’est à ce stade là que je comprends que je peux quitter son regard, la magie opère…
Rassuré, encouragé, je continue à avancer jusqu'à rabattre complètement son manche contre le coton blanc… je commande à ma langue de s’enrouler, de durcir son bout, de sortir de ma bouche et d’aller appuyer pile dans le creux du gland, cet endroit magique qu’on appelle… le frein…
Pendant que ma main, la seule dont je dispose à ce moment là, désormais enroulée autour de sa queue, commence à la branler tout doucement, ma langue bien pointue entreprend de toutes petites caresses, des pressions dont je m’amuse à varier l’intensité, la cadence, lui procurant des sensation à la limite du plaisir et de la frustration…
Il aime… je sais qu’il aime… plus que ça… il adore… comment je le sais ? Très simple… lorsque j’ai commencé cet exercice, ma main, celle qui s’était rendue coupable de vouloir brider sa fougue de jeune mâle, était fermement enserrée dans la sienne… et là, seconde après seconde, je sens sa prise perdre d’intensité, se dissiper… au bout d’un moment je peux ainsi la récupérer et m’en servir pour lui caresser doucement les couilles… en signe de reconnaissance…
Je lève les yeux, je rencontre les siens… il détourne le regard, ses paupières tombent lourdement… il inspire bruyamment, sa bouche s’entrouvre, je devine qu’il est en train d’essayer de comprendre ce qui lui arrive et d’appréhender ce nouveau plaisir… je vois passer sur son visage le reflet de mes coups de langue, le reflet des variations d’intensité des mouvements de ma main autour de sa queue…
Je le regarde se détendre, apprécier l’instant et le traitement… conquis, le mâle a déposé les armes, il se laisser faire… il me laisse faire…
Je le vois déglutir nerveusement pendant que sa pomme d’Adam se balade de haut en bas et de bas en haut de sa gorge… ses paupières frémissent, il halète de plus en plus fort… ses lèvres s’entrouvrent à nouveau pour laisser dépasser un petit bout de langue… un geste dont il ne se rend même pas compte… c’est mignon et sexy à la fois… ses bras se laissent aller dans des étirements inconscients vers le haut de la cloison, tout son être comme dans un état second, abandonné à un plaisir qui le dépasse…
Ça calme ça, n’est-ce pas, mon beau brun ? c’est bon ça, et je ne te le fais pas assez… honte à moi…
Jérém a complètement changé d’attitude… le voilà un brin mieux disposé à prendre son temps… comme quoi… dans le sexe, comme dans la vie, tout est négociation…
Il doit vraiment adorer, car une récompense de taille m’attend… à un moment je le vois balancer la tête vers l’arrière, laissant échapper un « putain… » venant du plus profond du cœur, je parle de celui qui est au bout de sa queue et dont je suis en train de m’occuper… qui n’a jamais remarque qu’un beau gland a un peu la forme d’un cœur renversé ?
Oui, il prend son pied, et pas qu’un peu… je suis aux anges…
Mais le meilleur est à venir… dans le petit espace, l’air est désormais très chaud, moite… la température monte à cause de nos ébats… je sens sa peau qui commence à transpirer… il a chaud… c’est là qu’il a le geste qui va bien… je sens sa main frôler mon front dans la précipitation de son passage… elle attrape le bas du t-shirt pour le soulever, pendant que le haut de son torse se replie et son bassin recule légèrement…
Ça se passe avec la vitesse de l’éclair… un instant plus tard, le coté Calvin de son t-shirt est coincé derrière son cou, et il n’y a plus que ses épaules cachées par le coton immaculé… le torse est dévoilé, un mélange de parfums intenses et d’odeurs délicieuses se dégage de ce paysage merveilleux…
Et j’en perds presque la raison…
C’est grisant la sensation d’arriver à apprivoiser un mustang…
Samedi 7 juillet 2001, 10h49…
J’ai fait la grasse matinée. Ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. J’ai pu profiter du matin pour rattraper le repos que la nuit ne m’a pas apporté. Car, si j’ai passé beaucoup de temps au lit, je n’ai pas beaucoup dormi pour autant.
Mon sommeil a été souvent perturbé par des rêves, des pensées, des inquiétudes que j’ai du calmer à grands coups de branlette. Je ne sais même plus combien de fois. Un certain nombre. Au point de m’en sentir épuisé au réveil. Oui, j’ai beaucoup rêvé.
Entre veille et sommeil, dans ce territoire vaste et vague où se mélangent désirs, rêves, fantaisies, fantasmes, dans cette immensité où tout parait possible, j’ai bourlingué sans cap au travers de réalités parallèles envisageables que dans la chaleur réconfortante d’un lit douillet et dans la rassurante sensation d’un matin encore lointain… j’ai longtemps somnolé, sans vraiment m’extirper de l’esprit logique du réveil, mais sans totalement m’envoler dans le rêve… c’était comme un état de grâce où tout semblerait à porté de main… tout… et aussi bien son contraire…
C’est d’abord lui qui est venu à moi… mon beau brun… il ne lâche rien celui-là… son image a hanté mon esprit toute la nuit… la rencontre de l’après-midi avec Thibault, ce beau et charmant Thibault qui a été le deuxième visiteur à se taper l’incruste dans ma nuit agitée, n’a fait que jeter de l’essence sur des braises qui ne se sont jamais éteintes dans mon cœur…
J’ai cru pendant un temps, après le dimanche avec Stéphane, que je pourrai arriver à laisser tout cela derrière moi… hélas, mon amour pour Jérém est le genre de brasier si étendu et impétueux que le seul moyen de l’éteindre est de le laisser flamber et se consumer tout seul… rien ne sert de tenter de l’étouffer, car restent en moi bien des choses prêtes à s’embraser au contact de la chaleur de son corps, de son regard… non, ce brasier ne s’arrêtera que le jour où il n’y aura plus rien à embraser… et pour l’instant, je sens que ça brûle toujours et encore, et que ce n’est pas prêt de s’éteindre au fond de moi…
Allongé dans mon lit dans la tiède fraîcheur de mes draps tout juste renouvelés, mon corps me rappelle que, mis à part les observations derrière la vitre du bus, ça fait presque une semaine que je ne l’ai pas vu… presque dix jours que je n’ai pas goûté à sa queue… je dois admettre que j’ai envie de lui, terriblement envie de lui… mes lèvres réclament la présence débordante de son manche, la raideur de sa queue… mon palais réclame le goût de son jus... mon ti trou frémit… ma queue vibre à l’idée d’avoir son pieu en moi… sa semence en moi…
Sans presque m’en rendre compte, je commence à me branler… je commence à me caresser en pensant à cette puissante envie de le faire jouir, de le voir jouir… l’envie de sentir son parfum, ses odeurs de mec, sa transpiration, l’odeur de ses couilles, l’odeur de sa bite… l’envie de sentir la douceur de sa peau mate, ferme et douce sous mes doigts, l’envie de le voir à poil tout simplement… de pouvoir le regarder, d’être seul avec lui, de sentir sa présence, son regard, son envie sur moi, assommé par sa beauté et par son intolérable sexytude ; seul avec lui et avec ma tristesse, la mélancolie d’avoir ce corps, ce garçon, ce cœur blessé si près de moi et de devoir arrêter mon élan de partage, de communion à cette enveloppe corporelle si plaisante soit-t-elle, mais de ne jamais pouvoir franchir la barrière ultime, la porte de son cœur…
En allant me coucher, je n’ai pas pu résister à la tentation d’apporter sa chemise sous les draps avec moi.. ça donne une idée à quel point je m’ennuie de lui… elle est toujours accrochée dans un coin de mon placard, telle qu’il me l’a donnée lors d’une de nos premières révisions, sans jamais la réclamer par la suite… rien que le contact avec ce tissu qui a caressé un jour sa peau me fait un effet de dingue, c’est presque comme si je caressais sa peau… j’y plonge mon nez, je retrouve son odeur, léger, mais persistant…
Ma main coulisse de plus en plus vite sur ma queue… sa chemise sur l’oreiller, mon visage tourné vers le tissu enchanté, mon nez aspirant chacune des molécules odorantes qui s’y dégagent… j’ai l’impression qu’il est là, à coté de moi… j’ai l’impression de me branler à coté de lui…
Je me dis qu’en plus de cette chemise j’aimerais vraiment avoir ce débardeur blanc qu’il portait le soir où il m’a baisé le bouche sur la table de muscu en se tenant en suspension sur la barre des poids… ce petit débardeur blanc immaculé au merveilleux contraste avec sa peau mate, ce petit bout de tissu trempé de sa transpiration, de cette odeur de sueur d’homme mélangée à son nouveau parfum qui me fait tourner la tête… j’ai envie d’avoir tous les t-shirts qu’il portait lorsqu’il m’a baisé dans les chiottes du lycée…
J’ai surtout très très très envie de le sucer… c’est viscéral, j’ai envie de me mettre à genoux devant lui et de lui astiquer la queue comme un malade, jusqu’à le faire jouir… j’ai envie de son goût de mec… je crois que jamais j’en ai eu autant envie… c’est sûrement à cause de ces dix jours de disette… oui, c’est pour cela que je jouis si fort, dans mes draps…
Je respire profondément, je perds pied, ma conscience s’évapore, je suis bien, la chaleur dans mon ventre semble retirer toute l’énergie des autre membres… mon cerveau s’éteint petit à petit, comme un portable au bout de charge… je pars… écran muet… plus de signal… Au revoir… je m’endors…
Petit somme de courte durée… lorsque je reviens à moi, toujours l’image du corps nu de Jérém dans la tête, des images de baises épiques… je me branle à nouveau… j’ai envie de me faire prendre par Jérém… j’ai envie qu’il se défoule en moi comme jamais… j’ai envie de sentir sa queue coulisser en moi de toute sa longueur, j’ai envie de sentir toute la puissance de ses coups de reins… et pendant qu’il me défonce, je veux tremper le nez dans un de ses t-shirts blancs moites de sa transpiration… ou dans un de ses boxers portés pendant deux jours… ou dans un boxer dans lequel il aurait joui en se branlant sous mon regard incrédule et frustré, juste avant de m’enfiler…
Souvenirs et fantasmes se mélangent dans ma tête, portés par la puissance de mon excitation… j’ai envie de lui vider les couilles, encore, encore et encore, de m’offrir à lui sans conditions, pour son plus grand plaisir, sans limites… j’ai envie de lui, j’ai envie de tout avec lui… mon royaume pour un coup de sa bite… ce n’est peut-être que l’excitation montante qui parle, l’effet des va-et-vient de ma main autour de ma queue, mais je réalise qu’à cet instant je suis vraiment prêt à accepter de n’être que son vide couilles, son trou à bite… et tant pis pour les sentiments… pourvu qu’il me laisse y goûter encore… car je ne peux vraiment pas me passer de lui…
Pendant que je jouis une fois de plus, pendant que de bonnes traînées de mon jus vont souiller mon torse, mon esprit sature, envahi d’une infinité d’images de Jérém, des images si rapides qu’elle s’entrechoquent, se chassent les unes les autres…
Lorsque le premier jet s’envole de ma queue, je vois ses sourires coquins, lubriques, son arrogance sexy, ses attitudes de mec assuré (et assurant) pendant la baise… le deuxième jet décolle et je le revois en train de me baiser chez lui, devant le miroir de sa salle de bain… puis sur la table de massages du terrain de rugby… je vois son visage pendant qu’il jouit en coulissant entre mes fesses… le troisième coup atterrit pile sur mon sternum et je revois Jérém repartir du KL en compagnie des deux pouffes et de Thibault, je l’imagine en train de prendre son pied sans moi, coude à coude avec son pote… j’en suis au quatrième jet et je le vois sexy à crever en terrasse rue de Metz avec sa chemise blanche aux manches retroussées en train de se faire brancher par deux clients… et au cinquième jet… mince, ça change de scénario… je revois le sourire de Thibault, je ressens le contact de sa peau chaude contre ma joue…
J’ai encore joui et je me sens épuisé… je reste un petit instant immobile pour récupérer, savourant à fond ce moment de grâce absolu qui élève une branlette au rang de plaisir majeur… oui, une bonne branlette, plaisir solitaire après lequel, en raison justement de son caractère solitaire, on peut s’abandonner complètement à soi-même, à l’écho des dernières pulsations de notre plaisir qui semble encore vibrer autour de nous… on peut se permettre le luxe d’avoir joui et de rester là, allongés, immobiles, en silence, récupérant tout doucement de l’effort, retrouvant peu à peu les esprits que la déflagration du plaisir a dispersé loin de nous, écoutant notre respiration, ressentant la douce chaleur qui pulse dans notre ventre et qui irradie vers le reste de notre corps…
Après une bonne branlette on est bien, on est provisoirement en harmonie avec nous même et en accord avec le monde… et on est surtout seuls, ce qui empêche que la présence d’une autre personne ne vienne perturber ce moment de grâce… on est libres de penser à ce que l’on veut, à qui l’on veut, peut-être à rien du tout, sans que personne ne nous pose la question qui tue : « Tu penses à quoi ? », question qui en réalité veut très souvent dire : « Tu penses à qui ? », nous arrachant ainsi à ce moment parfait où le corps est complètement vidé, où la tête est complètement vidée… on est seuls, alors on est libres de ressentir les bien faits de la jouissance, l’énergie qui parcourt chaque membre après que le plaisir ait provisoirement dispersé les tensions, nous offrant en plus un prolongement de répit dans le sommeil vers lequel il nous amène…
Je déconnecte à nouveau… le sommeil me happe et je pars… je plonge…
Le plongeon est net… mais une fois de plus de courte durée… je plonge à 4h18… hélas, mon esprit semble suivre de trop près le principe d’Archimede… je plonge lourdement mais la poussée me renvoie vers le conscient… j’émerge à nouveau à 4h58… je m’endors à nouveau, pas pour longtemps, je me réveille…je me rendors… à moitié… le rêve, le sommeil, la veille, la conscience et le fantasme se mélangent de façon tellement confuse que je ne saurais les distinguer…
Ma nouvelle branlette reprend là ou l’avant dernière s’est terminée… le beau Thibault avec son débardeur gris qui pose sa joue sur la mienne et qui me chuchote « Maintenant on est potes… »… son regard vert marron et son sourire charmeur… Thibault, un monde inconnu qui m’attire… Thibault avenant, attentif et bienveillant… Thibault qui n’a jamais un mot de trop mais toujours le bon mot… mes confidences à Thibault dans un bar du quartier de la Gare Matabiau… le frisson procuré par ses mains chaudes qui enserrent les miennes pour me donner du courage… ses doigts qui essuient carrément mes larmes… Thibault qui répond à certaines de mes questions et qui m’en fait poser bien d’autres… au juste, c’est quoi Thibault pour Jérém? Un simple pote ou plus ?... au juste… c’est quoi Jérém pour Thibault ? Qui a envie de l’autre ? Est-ce que leurs envies sont semblables et refoulées prêtes à se dévoiler sur un malentendu, genre un joint de trop ?
Je me branle très fort en pensant à ce beau Thibault pour qui je ressens une attirance de plus en plus forte… Thibault dont je fantasme, intrigué, les envies et les attitudes pendant l’amour… Thibault qui me fait un effet de dingue et que je n’arrive plus à savoir en cette nuit bizarre si je veux l’avoir comme ami ou plutôt comme amant… Thibault la puissance virile tout en retenue… Thibault dont j’imagine bien le plaisir que j’aurais à lui faire découvrir tant de choses, comme je l’ai fait avec mon beau brun… Thibault qui me fait sacrement envie… voilà un autre gars dont le corps magnifique, empreint d’une sensualité discrète mais oh combien intense, semble être conçu exprès pour l’amour, pour jouir, pour donner du plaisir… comment ne pas avoir envie d’un garçon pareil ?
Je jouis en m’avouant que ce Thibault me fait vraiment craquer… oui, comme souvent, c’est en jouissant qu’on s’avoue la vérité…
C’est cette dernière branlette qui me permettra de faire la grasse mat… de rouvrir l’œil à l’honorable écheance de 10h49… et de me sentir somme toute assez reposé… ce qui ne m’empêche pas, au fur et à mesure que ma conscience s’éveille, de retrouver face à face avec mes conflits intérieurs… de me sentir soudainement triste et coupable pour ce que je viens de faire pendant la nuit… c'est-à-dire, ouvrir grand la porte à mes fantasmes les plus délurés, des fantasmes de soumission, de domination avec Jérém… comme si dimanche dernier n’avait pas existé… je n’arrive pas à croire que je suis en train de revenir sur tout cela… avec en prime, cette dernière branlette en fantasmant sur Thibault, le meilleur pote de Jérém… vraiment… c’est n’importe quoi…
Pourquoi ces fantasmes avec Jérém, des fantasmes de pur passif, ont-ils refait surface alors que dimanche dernier, avec Stéphane, j’ai découvert que je peux prendre mon pied comme un mec, que j’aime vraiment qu’un garçon s'occupe de moi... alors que pas plus tard qu’il y a deux ou trois jours j’avais l’impression d’avoir passé un cap, d’avoir le droit et l’envie d’être plus que sa chose à lui ?
Je croyais qu’après avoir découvert cela, j’aurais eu envie d’autre chose que de me soumettre à la virilité du beau brun… comme l’envie d’exprimer la mienne… je l’ai cru pendant un moment… pas longtemps, hélas… mais plus les heures passent, plus je me rends compte que le fait d’être passé pendant un instant de l’autre coté du plaisir, d’avoir fait une incursion dans le monde inconnu de la jouissance spécifiquement masculine, au lieu de me rendre nécessaire de prendre mon plaisir comme un « vrai mec », va me rendre le besoin de donner du plaisir aux mecs, à ce mec, encore plus indispensable…
Oui, maintenant je sais ce qui se passe dans le corps et dans la tête d’un garçon qui se fait sucer… jusqu’à jouir dans la bouche d’un autre garçon… et si je ne l’ai pas encore expérimenté, je devine très bien, pour y avoir été si près avec Stéphane, ce que ça peut faire que de se faire avaler le jus… oui, maintenant que je sais, j’ai envie de lui apporter ces plaisirs comme jamais…
J’ai cru que je pourrais enfin m’affirmer en tant que mec et je me retrouve à devoir admettre que je n’arrive pas à m’imaginer autrement que dans le bonheur d’un mec soumis, un mec qui a compris aujourd’hui pleinement le plaisir immense qua sa soumission est capable d’offrir à son homme…
De toute façon, j'ai beau avoir réalisé que je peux jouir avec ma queue, ce n’est pas pour autant que cela deviendrait une option réaliste avec Jérém… car le beau Jérém… se moque éperdument de mon pied, car tout ce qui compte c'est le sien...
Définitivement, j’ai replongé, et pas qu’un peu… j’ai essayé de résister… un temps… et puis j’ai cédé à mes faiblesses… aller le voir avec la ruse minable du bus… aller voir Thibault pour parler le lui… tout lui avouer… envisager d’aller à la soirée du bac… il a suffi de quelques écarts pour que la nuit dernière je me branle en m’imaginant à nouveau complètement soumis à sa queue…
Pourquoi donc ce mec me fait-t-il cet effet là ? Pourquoi l’ai-je à ce point dans la peau ? Pourquoi suis-je complètement esclave de sa queue ? Pourquoi rien que de penser à nos baises me fait bander comme un âne et me donne une envie incroyable de me faire sauter sans autre forme de procès ?
Est-ce à cause de la virilité puissante, sauvage et débridée de Jérém, une virilité « à l’état pur », sans tendresse, une attitude qui fait que je n’ai tout simplement pas les mêmes envies avec lui qu'avec Steph? Est-ce que les phéromones profondément masculines de Jérém ne m’envoient pas un message radicalement différent que celui envoyé par la sensualité de Stéphane?
Au final, quand j’y pense, j’ai l’impression qu’avec un gars comme Stéphane tout serait simple et possible, alors qu’avec Jérém… il n'y a que ce qu’il veut lui qui est possible... avec Jérém, je ne suis pas libre de mes choix, car toutes mes résolutions, mes envies, mes plaisirs sont sous réserve du charme et des envies du beau serveur…
J’ai beau essayer de trouver des explications pour justifier mon désir insensé pour le beau brun… la seule explication vraie et valable est pourtant claire comme eau de roche. Elle vient une fois de plus pendant lorsque je jouis et qu’à nouveau une apaisante chaleur se répand dans mon bas ventre…
Je l’ai dans la peau. Un point c’est tout. Et cela ne s’explique pas. Et surtout, ça ne se commande pas.
Je repars dans le sommeil, mais je reviens assez vite. Bien assez vite pour me faire rattraper par le stress vis-à-vis de la soirée qui arrive… je sens que ça ne va pas être une mince affaire de retrouver Jérém… je sens que ça ne va pas être une mince affaire de tuer le temps avant le rendez vous boulevard de Strasbourg…
Encore une heure avant midi…
Une seule option se présente à moi… la voix de Mlle Ciccone à fond dans la chaîne Hi-fi… et tant pis pour les voisins… ça leur fera du bonheur à eux aussi, ils passeront me remercier à l’occas… ce coup ci, c’est le tour de l’album Erotica… de Fever à Deeper and Deeper, de Bye Bye Baby à Rain, de Words à Erotica… il faut l’avouer, c’est l’un de mes albums préfères… définitivement, sa voix et sa musique ont ce pouvoir qu’aucun(e) autre artiste ne possède sur moi… un pouvoir presque magique, le pouvoir de m’apaiser, de me faire sentir bien, entouré et, au final, plus fort… oui, entouré par sa voix, par sa présence… c’est le pouvoir d’une « copine » de 10 ans déjà, une copine dont la voix et les rythmes ont marqué chaque instant important de ma vie…
Midi arrive. Déjeuner rapide. Maman me demande ce qu’on va faire de notre soirée du bac.
« Resto, Bodega et Esméralda, maman… ».
« Tu seras en voiture avec qui? »
« Je ne sais pas encore, peut être avec Rémy… »
J’en sais foutrement rien avec qui je vais être en voiture… je sais que je voudrais me retrouver à deux dans une vieille 205 rouge, mais à part ça… le nom de Rémy m’est venu comme ça, presque sans réfléchir… maman connaît mon camarade Rémy, elle sait qu’il a le permis depuis peu mais elle sait aussi que c’est un garçon sérieux, qu’il a de bonnes notes, qu’il porte de lunettes… bref, je sais que les quatre lettres du prénom « Rémy » la rassurent… mais pas tout à fait…
« S’il boit, tu ne montes pas avec lui… »
« Il ne boit pas… »
« On ne sait jamais, pour fêter le bac, peut être qu’il va se laisser aller… »
« Ok, maman… »
« Tu vas encore rentrer tard… »
« Il y a des chances maman… peut être même que je vais dormir chez Rémy si c’est vraiment tard, je rentrerai demain matin… »
Pourquoi je n’ai pas pensé à Rémy, avant ? maman connaît Rémy, mais pas ses parents, du moins pas aussi bien que ceux de Dimitri… moins de risque de me faire gauler…
« Si jamais il a bu, n’hésite pas à appeler, on viendra te chercher… »
« T’inquiètes, l’Esmé n’est pas loin… »
« C’est pas une question de distance quand on a bu… »
« Je te promet que je ferai attention avec qui je monte en voiture… »
Maman semble enfin un peu plus rassurée. Le dessert arrive, je fais l’impasse sur le café… il me faudrait une verveine plutôt… ou de l’Exomil…
Je lui fais un bisou avant de partir. Ça aussi ça la rassure. Et ça me fait du bien. J’aime bien ma maman. Parfois je la trouve un peu borné, et ce n’est pas qu’au sujet de nos relations mère fils. Je trouve qu’elle a une image du monde complètement négative, hostile, elle est en permanence sur la défensive, c’est comme si elle se sentait menacée à chaque instant par tout et par tout le monde, c’est presque phobique et parfois ça me rend triste pour elle.
Mais j’aime bien maman. Alors j’ai un peu honte. Car je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qu’est ce qu’elle penserait de moi si elle avait ne serait-ce qu’un petit aperçu des images érotiques qui ont peuplé ma nuit, des envies qui sont les miennes, si elle se doutait de ce que j’ai fait avec Jérém depuis des mois, surtout dans le rôle que je l’ai fait et avec l’attitude de parfaite soumission que je l’ai fait… que penserait-t-elle de moi si elle savait que je suis raide dingue d’un garçon prénommé Jérémie et que je suis prêt à tout accepter de lui, jusqu’à l’humiliation et à certaines formes de violence ?
Mais bon, ce n’est pas le sujet du jour… je n’ai pas le temps pour ce genre de réflexion… je suis accaparé par un autre sujet bien plus brûlant… il me tarde de sortir, d’aller courir… le stress pour la soirée monte de minute en minute et je ne tiens plus en place… je sens que cet après midi il me faudra le combiné Madonna + bon jogging sur le Canal pour essayer de calmer tout ça…
Je me mets en tenue, short et t-shirt, baskets de compet’ et je suis dans la rue. C’est une belle journée de soleil et le vent d’Autan souffle toujours… il souffle depuis le milieu de la semaine et il semble avoir encore pris de l’intensité en ce samedi après midi… c’est comme s’il voulait me dire quelque chose, avec insistance, mais je n’arrive évidemment pas à savoir quoi… oui, un truc va arriver… ce que je ne sais pas encore, c’est que le soir venu je vais assister à une autre scène d’anthologie, le genre de séquence que seul le scénariste, réalisateur et comédien Jérém T. sait concevoir et amener au bout avec de rebondissements multiples et une chute qu’on n’aura jamais vue venir…
14 heures, je cours et j’essaie d’imaginer les retrouvailles avec Jérém après une semaine de silence… j’ai à la fois très envie de le retrouver et très peur… je suis toujours très en colère contre lui… je me demande comment va être son regard et surtout comment je vais l'affronter… True Blue est vraiment l’album de l’insouciance… True Blue la chanson me fait toujours le même effet, elle me met de bonne humeur… tout comme Love Makes The World Go Round… et Where’s the party ?
15 heures, je cours toujours… plus je cours, plus je me sens apaisé… les mots de Thibault me reviennent à l’esprit… « Nico… ne te prends pas la tête… ne pense pas à comment ça va se passer, de toute façon ça ne se passera jamais comme tu l’as imaginé… détends toi, écoute ton coeur, sois toi-même… tu sauras comment faire quand le moment se présentera… ».
Je cours et je revois le beau mécano dans ce rêve de dingue de tout à l’heure où je me vois bien lui faire des trucs… comme à Jérém… et là je me dis : mais vraiment, Nico, là tu débloques… j’essaie de détourner ma pensée, de revenir volontairement à l’inquiétude pour ma soirée… hélas, je n’y peux rien… je revois le regard troublé et troublant de Thibault au moment de nous quitter à l’arrêt du bus le jours où nous avons pris l’apéro rue de Metz… son regard en quittant la veille le bar de mon premier coming out… sa façon d’enserrer mes mains dans les siennes, sa main qui se pose sur mon épaule comme une caresse… sa joue qui effleure la mienne, cette bise qui m’a donné des frissons…
Je frissonne en me demandant si tout cela n’est bien que le témoignage de sa profonde bienveillance vis-à-vis du garçon qui fait un peu le bonheur de son meilleur pote… ou alors s’il faut y lire autre chose, genre une attirance pour moi...
Je suis pas bien… je pars vraiment trop loin dans mes délires… le beau Thibault, pas moyen… le charmant mécano, pas touche… et même pas en rêve… car, quand bien même je lui plaisais, entre nous un obstacle insurmontable se dresse, il porte le nom de Jérémie… non, jamais je n’oserais tenter quoi que ce soit avec le meilleur pote du mec que… j’aime ? qui… me baise ? à vrai dire je ne sais pas bien comment terminer ma phrase…
En tout cas, il ne se passera rien avec ce mec qui est en passe de devenir également mon pote, voire mon meilleur pote… et même si, hypothèse absurde, ça devait être lui qui venait me brancher, je me sens prêt à refuser gentiment ses avances…
Je sens déjà que ça va être facile d’être son ami, de le côtoyer tout en ressentant une attirance certaine à son égard et en m’interrogeant sans cesse si elle est partagée…
Pourtant le doute s’insinue et peu à peu s’installe en moi… Thibault et moi, unis par un non dit qui me plait et qui laisse la porte ouverte à tous les fantasmes…
Je tente d’échapper à tout cela… je monte un peu plus le son de mon baladeur, là il est à fond la caisse… j’augmente un peu le rythme de la course… je me concentre sur la musique qui explose dans mes oreilles… oui, Music est vraiment un album à écouter avec un bon casque… la chanson éponyme se termine pour laisser place à l’explosion électronique d’Impressive Instant, une pure tuerie…
15h30 heures, les platanes défilent toujours devant moi… il est temps de faire demi tour… l’album Like a Virgin… que de tubes… Material Girl et Like a virgin version longue, du pur délire… Into The Groove et la moins connue Love Don’t Live Here Anymore… une chanson que je voudrais pouvoir un jour crier en pleine figure à mon con de ti brun comme le signe de ma guérison, de la fin du pouvoir tout puissant qu’il a sur moi… mais on n’en est pas là, du moins pas encore…
J’arrive à la maison en écoutant Express Yourself… vaste programme…
Don't go for second best baby/Ne te contente pas de la seconde place, bébé
Put your love to the test/Mets votre amour à l'épreuve
You know, you know, you've got to/Tu sais, tu sais, que tu dois
Make him express how he feels and maybe/Lui faire exprimer ce qu'il ressent et peut-être
Then you'll know your love is real/Qu'alors tu sauras que ton amour est réel
Lorsque je quitte le baladeur pour aller prendre ma douche, c’est 17h30… il fait chaud dehors et mon corps échauffé par la course reçoit la douche tiède avec grand plaisir, comme une caresse… je refroidis l’eau petit à petit, et je sens le bien être se répandre sur ma peau.
Je sors de la cabine et ma peau humide retrouve avec bonheur une serviette bien chaude décrochée du sèche serviettes juste a coté… c’est pendant que je me sèche que tout remonte en moi, les souvenirs de samedi dernier, et avec eux de la colère, beaucoup de colère à son égard…
Alors, quelle attitude adopter ce soir ? L’ignorer, tout simplement en me disant que nos vies vont de toute façon nous éloigner incessamment sous peu ? L’ignorer, facile à dire… que faire si je reçois un de ses regards charmeurs en pleine figure ? Et s’il vient me parler ? Vais-je lui balancer ce que je ressens ou vais-je le laisser me reprendre et me jeter une fois de plus au gré de ses envies ? Et puis… va-t-il seulement avoir encore envie de moi ? Son sketch de samedi soir, me laisser en plan et aller baiser ailleurs, n’aurait-t-il pas été la chute finale du dernier acte de notre relation ? N’aurait-t-il pas fait exprès de me jeter ainsi et de me montrer qu’il préférait revenir aux nanas pour que je lui foute la paix une fois pour toutes ?
Ou alors… faudrait-t-il essayer de lire entre les lignes, au delà de son comportement blessant de petit con, écouter les mots de Thibault, lorsqu’il dit que Jérém tient à moi… à sa façon… que la distance qu’il met entre nous n’est qu’une façon de se protéger… qu’il est méfiant à cause de la souffrance endurée dans son enfance… qu’il faut que je profite du temps qui reste avant son départ pour tenter de l’apprivoiser…
Qu’est ce que la vie est compliquée lorsqu’on aime… mais qu’est ce qu’on se sent vivants lorsqu’on aime… parfois inquiets, épuisés, mais bien vivants…
D’un geste machinal et inutile, puisque je suis enfermé tout seul dans la salle de bain, je passe la serviette autour de la taille, la fixant juste au dessus des hanches… je me plante devant le miroir et je me badigeonne de mousse avant de commencer à me raser…
Pendant que je pars à la chasse des poils fins et clairsemés que les lames multiples de la tête du rasoir n’arrivent pas à déceler sur mes joues ensevelies sous l’excès de mousse, je laisse traîner l’œil sur le reflet de mon physique dans le miroir devant moi…
Et là, à cet instant précis, je me ferais presque une réflexion différente de celle que je me suis toujours faite devant la même image dans le miroir… j’ai toujours pensé que je ne pouvais pas plaire… que j’étais trop petit… je sais, complexer sur 1 mètre 74 c’est con… mais quand on se trouve face à 1 mètre 82, le regard haut et fier, la peau mate, la queue tendue qui frôle 19… alors que pour la taille on fait moins 8 cm, l’attitude plutôt intimidée qui ne met pas en valeur, la peu blanche comme un cachet et que par ailleurs on fait moins 3-4 cm… il y a de quoi ressentir des complexes…
Je ne me suis jamais trouvé beau, peut-être déjà car je me comparais aux apollons qui attiraient mon attention… ensuite, objectivement, jusqu’à là, je n’ai jamais fait d’effort pour me mettre en valeur… j’avais acté que j’étais incapable de plaire, que je n’y arriverai pas, que je ne savais pas y faire, que je serais puceau jusqu’à perpette, que je n’avais rien d’intéressant à offrir à l’autre, que c’était ainsi et pas autrement…
J’ai toujours dans ma tête cette réflexion prise dans la gueule un après midi de la Toussaint deux ans plus tôt, l’année de mes 16 ans. Comme chaque année à cette occasion, mon oncle, le frère de mon père et sa famille, sa femme et leurs fils Cédric, un beau garçon brun âgé d’à peine quelque mois de plus que moi, se tapaient la route depuis Brives pour nous rendre visite dans l’après midi. On se rendait ensuite tous ensemble au Cimentière en haut de la rue Gabrier Péri pour se recueillir sur le caveau de famille…
Depuis leur déménagement quelques années plus tôt, je ne voyais ce gens là qu’une, peut être deux fois par an… et ce jour là, après des mois depuis la dernière rencontre, j’avais trouvé que Cédric avait bien changé… il avait poussé en taille, ses épaules avaient pris du volume… sacré Cédric, il commençait sérieusement à faire… garçon… j’avais le souvenir d’un ado comme moi, et là je le trouvais grandi d’un coup… attirant…
De plus, ce jour là il était super bien habillé, avec un beau pantalon de marque et un blouson style étudiant américain, bleu et blanc… il ne faisait pas bien chaud, alors le blouson était fermé, mais la petite ouverture en haut laissait entrevoir l’arrondi d’un t-shirt blanc comme je les aime… il faut dire qu’il était vraiment beau… et ses fringues le mettaient terriblement en valeur…
Moi, en revanche, j’étais comme toujours habillé par ma mère en jeans Carrefour et pull sans style, blouson super quelconque… ma mère n’avait pas le temps pour les courses, de toute façon elle n’aimait pas ça… je me souviens m’être senti un peu mal à l’aise par rapport à Cédric… car il avait l’air assuré, limite il se la pétait un peu, j’avais même l’impression qu’il me parlait de haut, alors qu’enfants, lorsqu’ils habitaient encore sur Toulouse, on avait été très proches… désormais tout cela était fini et c’était limite si je n’étais pas intimidé par ce garçon…
Je le regardais et je me disais que, alors que j’étais encore puceau, lui il avait déjà du coucher avec une ou plusieurs filles… je me faisais cette réflexion, déjà assez humiliante pour moi, lorsque j’ai entendu mon oncle parler avec une petite fierté de « sa copine »…
C’est là que ça a commencé à déraper… dans la foulée j’ai entendu mon père féliciter Cédric pour l’exploit… « Il faut s’amuser à ton age, Cédric… faut profiter… »…
Et d’ajouter dare dare « … faudrait que tu expliques à ton cousin comment on fait pour choper les nanas »… Cédric avait alors eu un petit sourire de fierté en se sentant ainsi valorisé dans une comparaison qui flattait son ego masculin… et qu’importe si le mien en avait pris une claque…
Oui, c’était un petit malaise que je ressentais vis-à-vis de mon cousin, un malaise qui faisait le pendant avec le fait que justement à cette époque j’étais en plein conflit intérieur au fur et à mesure que je prenais conscience de ma diversité, du fait que j’aimais bien les garçons… et notamment les jeunes garçons bruns et sexy de mon âge, comme Cédric justement…
Le petit malaise avait pris de l’ampleur lorsque j’avait entendu mon père féliciter Cédric, avec cette remarque qui nous rapprochait dans une comparaison d’où je sortais rabaissé… déjà que ce petit con me prenait de haut, là c’était foutu…
Mais le malaise vira à l’humiliation lorsque j’entendis mon père faire une nouvelle réflexion à mon oncle, une réflexion sur le ton de la rigolade mais quand même empreinte d’un certain sérieux, des mots prononcées sans se soucier que je puisse les entendre ou pas, et encore moins de l’effet qu’elles pourraient avoir sur l’édifice d’un moi à ce moment en pleine construction…
C’était une réflexion du style : « Regarde Nico et Cédric cote à cote… il n’ont que quelques mois d’écart, mais ils sont si différents… ton Cédric fait… homme… alors que Nico fait encore… enfant… ».
C’est ce jour là que j’ai senti pour la première fois la déception dans le regard de mon père vis-à-vis de moi.
Je ne sais pas pourquoi ce samedi, avant la soirée pour fêter le bac, juste avant d’aller retrouver Jérém, je repense à ce moment… il y a des trucs comme ça, qui nous blessent, ça guérit mais la cicatrice reste… aujourd’hui, lorsque j’écris, ça fait plus de vingt ans que j’ai entendu cette réflexion… et je ne l’ai toujours pas oubliée…
Et c’est une sorte de revanche sur ce que j’étais, sur le jeune garçon timide et introverti, qu’en ce samedi je trouve rassurant de regarder ma silhouette dans le miroir et de me dire… ça va, quoi… tu n’es plus un enfant non plus… ton corps commence à ressembler à quelque chose… tu es certes un homo, un pd, tout ce qu’il y a de plus passif et de soumis, bien loin de l’image que l’on a de ce que devrait être un mec, un vrai mec de ton age courant la chatte… ton père, s’il savait, ne serait certainement pas fier de toi, pas du tout… c’est Cédric qu’il voudrait avoir comme fils…
Mais qu’importe… je me regarde dans le miroir et je me dis que j’ai quand même l’air d’un mec, pas plus moche que tant d’autres et surtout pas efféminé… pas viril non plus, mais pas efféminé…
J’ai un torse imberbe, à la peau fine et soyeuse… deux tétons capables de faire envie, je pense, comme me l’a montré Stéphane… une chute d’épaules agréable à regarder, des biceps pas très épais mais harmonieux…
Certes, ma peau est un peu trop claire, de petits grains de beauté sont parsemés un peu partout en partie haute de mon torse, au dessus de mes tétons… j’aimerai bien avoir une peau bien mate, limite basanée, comme certains… mais enfin… et si je ne peux pas vraiment dire d’avoir des pectoraux saillants et des tablettes de chocolat sculptés, j’ai quand même un petit torse en v bien proportionné, qu’on pourrait presque qualifier de légèrement dessiné…
Je regarde mieux… c’est la première fois que j’y fais gaffe… presque ça marquerait un brin autour du nombril, on devine sous la peau des muscles dessinés en carreaux, des muscles dont la timide apparition ne tient pour l’instant qu’aux promesses de mon jeune age et à ma condition physique parfaites, des muscles qui seraient prêts à se manifester avec plus d’éclat si seulement je leur accordais un peu d’attention en faisant un minimum d’exercice dans une salle de sport… je note quelque part dans ma tête le propos de m’appliquer à ce genre d’activité au plus vite…
D’autant plus que je retrouve le souvenir d’avoir entendu un jour ma mère dire que j’avais un physique de nageur… je crois qu’elle exagérait un brin, les mamans se laissent parfois emballer au sujet de leur progéniture…
Voilà, j’en ai fini avec ma barbe virtuelle, j’essuie mes joues des dernières traces de mousse et je retrouve enfin mon visage… j’ai quand même un petit minois de gentil garçon… j’ai de belles lèvres charnues, des yeux châtains très grands, j’aime bien mes longues sourcils…
Mes cheveux bruns sont épais, doux, brillants… depuis quelque temps, j’ai laissé pousser… ils sont encore un peu humides et ce soir je vais tenter les fixer en bataille avec du gel effet mouillé… c’est la premier fois que je tente l’expérience… j’y travaille un peu, à droite, à gauche, plus de gel, plus haut, trop haut, un peu plus bas, encore un peu de gel, tire par ici, colle par là, pétrit n’importe comment… à la fin, il faut admette que le résultat n’est pas mal… ça fait des mèches en forme de vagues un peu dans tous les sens… certaines retombent à peine sur mon front, ça me donne un coté négligé chic qui tranche un peu beaucoup avec mon brushing plat de toute l’année… merci Elodie, c’est grâce à toi que j’ai appris à me soigner un minimum…
Depuis quelque temps, lorsque je sors de la douche et que je me trouve devant le miroir, je sens de plus en plus d’assurance vis-à-vis de mon apparence… oui, depuis quelque temps, j’ai l’impression que quelque chose est en train de changer, à la fois dans mon corps mais surtout dans le regard que je lui porte… bref, lorsque je me regarde torse nu dans le miroir, j’arrive enfin à me dire qu’il y a plus moche…
Ça a commencé à Gruissan, lorsque plusieurs fois ma cousine m’a dit que j’étais beau garçon et que je devais juste apprendre à me mettre un peu en valeur et croire un peu plus en moi… je repense au soir où elle m’a entraîné manu militari dans la salle de bain pour un relooking extrême juste avant de sortir… un coup de gel et déjà je ressemblais à autre chose… et le petit mec sur le port, le petit brun avec le regard très accrocheur que je n’avais pas su brancher, en était la preuve vivante…
Ensuite, ça doit être le fait de coucher avec un apollon comme Jérém… car si on a trop souvent vu de beaux étalons traîner avec des dindes, il est déjà plus rare de voir de beaux étalons traîner avec des dindons… en général, le bogoss qui aime le goss, aime le bo-goss… je ne sais pas si je suis bogoss, je ne crois pas, je suis un mec tout ce qu’il y a de plus normal, mais je ne dois pas être si moche que ça, car Jérém, dont l’appartement est situé pile à mi route entre la Ciguë et le On Off, deux hauts lieux de la vie gay toulousaine, n’aurait que l’embarras du choix pour se taper de bombasses… alors, si on considère le fait que c’est en moi qu’il aime si souvent tremper sa zigounette… il y a bien de quoi être flatté…
Ou encore… peut-être le fait d’avoir plu à un charmant garçon comme Stéphane, un mec qui m’a montré qu’il avait vraiment envie de moi, qui m’a montré que je suis assez attirant et assez mec pour qu’on ait non seulement envie de rentrer en moi pour prendre son pied, mais pour que l’on s’intéresse à ma bite et que l’on s’occupe d’elle, et de moi, jusqu’à me laisser jouir dans une bouche…
Ou, alors, est-ce le fait d’avoir entendu Thibault me dire que je suis joli garçon, l’idée que je puisse lui plaire… être à son goût…
Ou bien… le fait d’avoir accroché quelques regards en boite, même si je les ai toujours ignorés… soudainement je repense au gars en débardeur blanc qui m’avait montré son sexe aux chiottes lors d’une soirée au KL et qui m’avait carrément proposé de s’enfermer dans une cabine et passer un moment sympathique avec lui…
Oui, Elodie a été la première à me dire que j’étais beau garçon… hélas, le regard d’un beau gosse qui me plait, a plus d’effet sur moi que tous ses discours aussi bienveillants et adorables soient-ils…
Tous ces regards de mecs qui se sont posés sur moi avec désir et envie se superposent, se mélangent et me mettent du baume au cœur… je crois que je suis en passe de prendre conscience que je suis un garçon qui plait et qu’il suffirait de me laisser aller et arrêter de me prendre la tête pour avoir ma part de bonheur…
C’est une idée qui me fait frissonner et qui me donne des ailes… arrêter de me prendre la tête…jouir du moment présent… jouir de que je peux avoir… arrêter de faire une fixette sur ce qui est hors de ma portée… arrêter avec cette stupide obsession de l’amour… faire ce que j’ai envie, au moment que j’en ai envie… prendre mon pied… comme Jérém…
Et soudainement je me sens vivant, jeune, attirant, plein d’espoirs, ma nudité me satisfait, je me trouve bien dans ma peau, une peau un brin pâlote que je rêve de frotter avec celle bien plus mate et dorée, une peau dégageant de la testostérone à plein nez, la peau ferme et chaude d’un beau mâle toulousain nommé Jérémie…
Je sens l’excitation monter, un frisson partir de mon anus et faire vibrer ma queue… je sens la fraîcheur de l’air de la salle de bain caresser la peau de mon torse, mes tétons, mes épaules, mon dos, mon cou… mes sens sont en éveil…
J’ouvre ma serviette et je libère ma queue… elle n’est déjà plus au repos… elle se réveille lentement, mais inexorablement… je la regarde, mi molle, mi dure… elle ne vaut pas le sacré manche de Jérém, certes, mais elle est correcte, surmontée d’une ligne droite de poils, fournie mais sans trop, pile le genre de chemin qui tant m’excite chez les autres garçons, et entouré d’une touffe que j’ai appris à entretenir à la tondeuse sabot de 6…
Je la prends dans la main et je la caresse… j’ai 18 ans, les hormones à fleur de peau, je sors de la douche et je pense très fort au mec qui me fait jouir à en perdre raison… dès que mes doigts se posent dessus, je ressens un frisson, elle commence à durcir très vite… ma peau réveillée par la caresse humide de l’eau, mon corps nu devant mes yeux, ce corps qui a tant de fois servi au plaisir de l’alpha-mâle… si je n’étais déjà presque à la bourre, je me taperais bien une bonne branlette…
Je commence à la caresser… et lorsque l’autre main pince mon téton, je m’envole vers les étoiles… je me dis que j’ai le temps, vite fait… on peut être à la bourre tant qu’on veut, mais quand on a dix-huit ans et que l’envie nous prend, on a toujours le temps d’une branlette vite fait…
Je commence à me caresser plus vigoureusement en faisant appel dans ma mémoire à toutes les images sensuelles qu’elle est capable de me délivrer au pied levé pour découpler mon excitation et arriver plus vite au but… je sens que ça ne va pas tarder à venir… que rien ne va pouvoir me couper dans mon élan…
Et c’est là que…
Oui, c’est là que j’entends taper à la porte… ça c’est le genre d’imprévu capable de gâcher une branlette vite fait… ma mère a besoin de la salle d’eau… voilà que ça me déconcentre, et je laisse tomber… je me console en me disant que je me réserve pour tout à l’heure… car c’est décidé, je ne sais pas encore quand et comment, où et dans quelle position, dans quel orifice et par quel moyen, mais ce soir je vais baiser avec Jérém…
Un dernier regard à ma nudité, cette nudité que le miroir me renvoie et que pour la première fois je trouverais presque agréable à regarder… un dernier coup d’œil, et un souvenir puissant percute mon conscient… j’en suis presque assommé… je sens une étrange énergie se diffuser dans mon bas ventre, j’ai l’impression que tous mes muscles se détendent… une force invisible mais puissante me pousse à appuyer les coudes sur le bord du lavabo et à plier mon dos… je le creuse, je remonte ma croupe… je ferme les yeux… j’écarte mes jambes… mon trou offert, béant, je sens le sang pulser tout autour, je sens mes entrailles vibrer d’envie…
Si seulement, Jérém, tu étais là, si seulement en rouvrant les yeux tu étais là, derrière moi, dans le réflexe du miroir avec moi, le manche bien tendu, prêt à prendre possession de moi, prêt à me baiser comme un dieu, prêt à jouir en moi comme ce fameux après midi dans ta salle de bain… je me concentre et j’ai l’impression de sentir ses coups de reins puissants, ses couilles qui frappent violemment mes fesses, son manche qui gagne de plus en plus de profondeur en moi…
Je le revois en train de jouir, son visage déformé par les grimaces d’un plaisir tellement puissant qui en devient presque douloureux… je le vois jouir devant moi, dans le miroir, derrière moi, se répandre au plus profond de moi, je vois ses mains qui malmènent mes hanches sous l’effet de la puissance incontrôlée de ses gestes, son conscient tout entier balayé par le tsunami de l’orgasme…
Putain… Jérém n’est même pas dans la pièce et c’est comme s’il était avec moi, comme s’il était en moi et…
Et je jouis, je jouis sur les portes du petit meuble sous le lavabo, je balance de longues traînés presque rageuses, conséquence d’une excitation hors normes…
Là, je suis à la bourre… mais bon sang, qu’est ce que ça a été bon… et tant pis pour le fait de m’économiser… quoi qu’il arrive, ce soir je baiserai avec mon Jérémie… c’est ça ou demain on m’interne à l’Hôpital de Marchand.
Je repasse un coup à mon sexe, je nettoie le petit meuble, car il ne faut jamais laisser de traces derrière soi, et je m’attaque aux fringues.
Primo. Un beau boxer blanc Athena tout neuf. Il sort de son emballage. Oui, cette semaine, j’ai aussi cassé la tirelire et fait quelques courses…
Secondo : un jeans acheté dans un magasin qui ne vend que des beaux vêtements… c’est vrai qu’un Levi’s est une valeur sure, et ce notamment depuis le fameux spot des années 80 avec un jeune Nick Kamen n’hésitant pas à sortir son froc et à rester en calebut dans une laverie bondée de monde en attendant la fin du lavage (comment l’oublier)… oui, un bon vieux Levi’s sait mettre en valeur l’anatomie d’un garçon…
Le tissu est très agréable, je le sens caresser sur mes jambes en le passant, je retrouve la même sensation que lors de l’essayage, comme un coup de foudre… oui, ce jeans ressemble à une caresse, pour la peau et pour l’esprit… il est très agréable au contact, et je sais qu’il me va très bien… c’est vrai que j’ai cassé ma tirelire, mais je sens que dans ce pantalon je vais me sentir à l’aise et que enfin je vais ressembler à quelque chose… je boutonne soigneusement la braguette, je passe la ceinture noire que je me suis achetée… je me regarde à nouveau dans le miroir… torse nu, le jeans épousant ma morpho mais sans trop… l’élastique du boxer qui dépasse un peu… ça le fait… j’aurais presque un air… oui, un air de petit con à gifler…
Je continue… je passe une chemise manches courtes à carreaux rouges assez ajustée à mes épaules et au profil de mon torse… le col se maintient bien haut, comme j’aime… pour une fois que j’ai choisi un truc qui me plait vraiment… c’est rare… je laisse deux boutons ouverts…
Je termine en enfilant des chaussettes blanches et des baskets bleues, elles aussi toutes neuves… basses, ajustées au pied, c’est la grande mode cette année…
J’ai même acheté et mis du déo en plus de mon stick anti-transpiration… je sens bon… oui, je sens bon le petit con… avec un ti con comme Jérém, il faut jouer à armes égales…
Je m’attarde devant la glace pour peaufiner mon brushing et je serai presque sur le point de me rendre compte que mon charme est en train de s’affirmer… fini le petit vilain canard… oui, je peux plaire… j’ai envie d’en mettre plein la vue à mon con de beau brun… j’ai envie de me la péter un peu sous ses yeux, de le déstabiliser… si seulement je pouvais me faire draguer devant son nez… s’il pouvait me refaire une scène comme celle de l’Esmé la dernière fois… oui, mon Jérém, je vais être soumis à ta queue, mais je vais vendre cher cette soumission…
Je quitte la maison comme sur un nuage… la branlette a eu un effet apaisant sur mon corps… c’est la première fois que je me sens si bien dans ma peau, si à l’aise dans mes baskets, dans mon jeans, dans ma chemisette, sous mon brushing et avec mon parfum… j’ai envie qu’on s’intéresse à moi, qu’on se retourne sur mon passage… j’ai toujours cru que je n’avais rien pour moi et là j’ai envie de me sentir attirant, séduisant…
Je sais qu’au fond, je ne fais tout cela que pour lui… pour attirer son regard… dans l’espoir d’attirer son regard…
Le rendez vous est fixé à huit heures devant le resto… je suis à la bourre mais qu’importe… je me balade dans les rues de Toulouse et j’ai l’impression de planer… le vent d’Autan n’a pas faibli, il caresse ma peau avec son souffle tiède… mes sens éveillés au possible, j’ai l’impression de capter des regards partout… j’ai l’impression qu’on se retourne sur moi… arrête de te faire des idées Nico… mais parfois, oui, on se retourne sur moi…
Lorsque j’arrive devant le resto, une partie des camarades est déjà là… je le cherche… mais j’ai beau lancer et relancer le Nico-scanner, Jérém n’est pas là… c’est connu, ce sont ceux qui sont les plus proches qui sont le plus en retard…
Je ne suis même pas encore à portée de bonjour, que déjà je remarque qu’on me dévisage… les conversations se figent, on se retourne vers moi… on dirait qu’on leur montre pour la première fois la couverture de « Bad » et qu’ils sont en train de se demander : « Mais il n’était pas noir, lui, avant ? ».
Au fur et à mesure que j’approche, j’entends des exclamations gentiment moqueuses, des commentaires étonnés… ma nouvelle allure ne passe pas inaperçue… on me charrie… j’en suis à la fois fier et gêné… tout le monde y va de la sienne… des sifflements… « il veut emballer »… « Nico s’est mis sur son 31 ce soir »… encore des sifflements… « Je te l’avais dit qu’il fallait juste qu’il se coiffe… »… « Qu’est ce qui t’es arrivé… t’as gagné au loto ? »… « Tu vas perdre ton pucelage ce soir… »…
Bref, pendant que j’accomplis ma tournée « Bonjour, bonsoir », pendant que je serre des mains et que je claque des bises, ça fuse dans tous les sens autour de moi… je rigole, essayant tant bien que mal de garder une certaine contenance… me demandant si je n’en ai pas fait un peu trop, mais me disant au final que j’aime bien qu’on remarque que j’ai fait des efforts… si seulement ils savaient pourquoi… et surtout pour qui… si seulement lui aussi pouvait le remarquer…
Une fois la tournée achevée, fini le petit effet de mon entrée en scène, passé le petit coup de fouet émotionnel du fait de lire la surprise dans les yeux et dans les moqueries de mes anciens camarades, j’essaie de m’intégrer dans une conversation… je ne veux surtout pas avoir l’air d’un con dans son coin lorsqu’il se pointera…
L’heure avance, toujours pas de Jérém… j’ai hâte qu’il soit là et je redoute le moment où il va arriver. Je commence à stresser dur… il va arriver d’une minute à l’autre et j’en ai la boule au ventre… j’ai la tête ailleurs, je n’arrive pas à me concentrer sur les conversations, je rigole nerveusement, bêtement, de tout, de rien, de n’importe quoi… je suis comme ivre… je dois avoir l’air d’un idiot… un idiot bien coiffé, bien sapé, mais un idiot quand même…
Mais c’est pas possible… il n’est pas encore là et déjà j’ai le cerveau qui chauffe, qui fume, qui fout le camp… je me demande qu’est ce que ça va être quand il va arriver...
J’arrive quand même à rentrer dans une conversation avec Alexandra, une nénette plutôt rigolote, avec qui j’avais fait pas mal de travaux en binôme les deux dernières années… oui, on s’entendait bien elle et moi… jusqu’au jour, ça devait être en janvier, où elle avait essayé de me faire du rentre dedans… elle m’avait carrément passé la main sous le t-shirt… celle là je ne l’avais pas vue venir et je m’étais sorti du pétrin en balançant que, hélas…. euh… c'est-à-dire que… oui, c’est ça, c'est-à-dire que je n’étais pas prêt pour cela… elle avait gobé ça… ouf… ça avait été notre dernier exposé ensemble…
Mais désormais, la fin de l’année venue, le bac passé, il semblerait y avoir prescription pour pas mal de choses, pour presque tout à vrai dire, et le petit malaise qu’il y avait eu entre nous parait complètement disparu face à la nouvelle dimension qu’est en train de prendre notre vie… tout s’accélère autour de nous à ce moment là et les petites bêtises du passé, des bêtises d’étudiants et d’ados que nous sommes, ou plutôt que nous avons été, semblent désormais sans importance…
On est justement en train de discuter de l’un de nos exposés en duo, l’un des plus raté… Camille et Rémy sont venu nous rejoindre et la conversation devient plaisante et prenante… quand je vous dis que après le bac plus rien n’est pareil… même Rémy, d’habitude introverti et sans attrait, à part celui de sa jeunesse, me parait avoir un charme et un coté sympathique… bref, à tous les quatre, nous finissons par déconner sévère…
Dans cette conversation drôle et marrante dans la quelle je prend partie activement, je me sens bien, détendu, comme protégé… je me sens comme soutenu et réconforté par cette bonne déconnade, comme si le fait de me montrer à l’aise et souriant avec des camarades, plutôt que replié sur moi-même, en train de l’attendre, lui et lui seul, pouvait montrer au beau brun que je sais être quelqu’un de brillant, de branché, dans le coup, et pas le vilain petit étudiant discipliné et ennuyeux à mourir…
Nous voilà partis dans un délire de souvenirs d’étudiants, où le rire tente de couvrir une nostalgie partagée par chacun mais avouée par personne. On rigole de tout, et spécialement des moments qui nous ont paru sur le coup les plus difficiles à vivre, les caps les plus rudes à passer… un souvenir en entraîne un autre et j’ai l’impression qu’on pourrait rester des heures à remémorer, déformer les événements, enjoliver le passé…
Je suis en train de me dire que c’est dommage que tout cela se termine, car maintenant que c’est fini, je trouve mes camarades bien sympa… pendant des années je me suis senti isolé, ignoré, différent, rejeté… j’étais tellement sage, tellement pas dans le coup, et souvent on se moquait de moi…
Ça a duré jusqu’au deuxième trimestre de l’année du bac… c’est là que j’ai commencé à me sentir mieux dans ma classe… je réalise à cet instant que j’ai commencé à me sentir bien au lycée à partir du jour où, sur un coup de tête dont je n’attendais franchement rien, j’ai proposé à Jérém de réviser les maths. Je craignais un refus méprisant et, contre toute attente, le beau brun a dit oui…
Quand j’y repense, j’ai la nette sensation que le fait de côtoyer le bogoss du lycée, m’a fait comme monter en grade…
Peut-être que les regards ont changé autour de moi, peut être pas… ce qui a certainement changé en revanche, c’est mon état d’esprit… le bonheur de découvrir la sexualité de mon beau brun et, par la même occasion, ma propre sexualité… et ce qui a changé par-dessus tout, c’est le fait… d’être amoureux… car lorsque la lumière brille dans le cœur, tout parait beau à l’extérieur…
Et voilà que, pied de nez de la vie, dans la dernière scène du dernier épisode de cette ultime saison de la série « Nos années Lycée », une partie de moi trouve dommage que l’on ne puisse pas signer pour une saison de plus… du style « Tous à la fac », la même, pour rigoler encore…
Certes, je suis lucide… je sais que cette bonne ambiance pétaradante est certainement due au fait que tout est fini, que le stress du bac est passé, que nous sommes loin des bancs, de la classe, des profs, et que tout le monde, sans exclusion, a un bac à fêter ce soir là… cependant, à ce moment précis j’ai l’impression que ma vie de lycéen va me manquer… je visualise la page se tourner, avec en filigrane l’image de mon beau brun… j’en ai un frisson, la tristesse m’envahit…
Je serais presque en train de sentir monter les larmes… mais voilà, je n’aurai pas l’occasion de m’apitoyer sur mon sort… … quelque chose me frappe avec une précision et une netteté à me couper le souffle… ma tristesse est fauchée en plein vol… on m’aurait fait un croche pied, ça ne m’aurait pas déstabilisé davantage…
Pourtant, ce n’est pas un coup, ce n’est pas une image, ni un mot, rien de tel… c’est le vent d’Autan qui m’apporte ce bonheur… c’est juste une note, une toute petite note… une note répétée, une note bien connue… instant après instant, la petit note laisse place à une mélodie qui me prend aux tripes… la musique monte, d’autres tonalités s’y ajoutent, elle est de plus en plus intense, au bout d’un moment elle devient carrément symphonique… peu à peu elle envahit… oui, elle envahit mes narines… car ce n’est pas une note de musique qui est en train de prendre possession de mon esprit, mais une note de parfum…
C’est ainsi que je sais qu’il est là…
J’ai beau être en plein milieu d’une déconnade bruyante et enjouée… lorsque son odeur frappe mon cerveau, tout se bloque, je buggue net, je perds le fil des mots, j’entends Alexandra appeler « Nico… Nico… Nico… »… je ne suis plus là, dans mes yeux doit s’afficher le message « Pas de connexion »… je suis dans une autre dimension, dans un autre lieu, dans un autre espace-temps ou seul existe ce parfum… j’entends Alexandra répéter encore mon prénom mais c’est comme si j’étais au fond d’une piscine, ça arrive de loin et ça n’a pas la moindre importance pour moi...
Non, je ne l’ai pas vu arriver, m ais je l’ai d’abord senti arriver… et quelques instants plus tard, je l’entends arriver… après son parfum, le son de sa voix chaude et sexy de jeune mec… la mélodie de son sourire… je ne me suis toujours pas retourné, son image n’a pas encore impressionné ma rétine et je suis déjà impressionné tout court… comme c’est loin, le dimanche soir où j’ai cru m’être libéré à jamais de ce sortilège d’Impérium…
Faute de pouvoir retrouver le fil de notre déconnade, je redémarre vite fait le système d’exploitation Nico.2001 en mode sans échec… les fonctionnalité sont limitées, mais…