24 Août 2019
La porte des chiottes n’est pas encore complètement renfermée derrière moi que déjà Jérém est appuyé à la cloison, ses bras et ses mains s’agitant dans une sorte de precipit’action qui me donne le tempo, andante con brio, de la séance… ce sont des mouvements presque violents… des gestes qui traduisent son empressement, l’urgence de son envie de mec…
Ses doigts fébriles s’affairent sur la ceinture épaisse qu’il défait d’un seul coup, net, rapide, franc, déterminé, sec… le crissement du cuir, un bruit qui fuse à la vitesse de l’éclair et qui est pour moi comme la représentation sonore de son envie de jouir… pareil pour le cliquetis de la boucle métallique… glin glin… tu vas sucer, mec… vite fait, bien fait… glin glin… tu vas me sucer car tu as envie de ça, ma salope…
Les boutons de la braguette sont défaits en cascade juste en tirant dessus avec un geste d’une rapidité, d’une détermination et d’une sexytude indescriptibles…
Sous l’effet du geste rapide et assuré de sa main, le jeans glisse d’abord sur le coton du boxer, ensuite sur la peau de ses cuisses… en grandes lettres noires sur l’élastique blanc, Calvin me nargue… si c'est pas beau un beau mec pressé de se faire sucer et de lâcher sa semence dans votre bouche… pendant ce temps, l’autre main est déjà en train de déformer le boxer pour permettre à la première, très rapidement revenue et disponible pour de nouveaux emplois, de s’y faufiler et de dégager sa queue, prête à l’emploi, raide comme un piquet…
Putain qu’elle est appétissante… belle, droite, bien tendue, la pilosité soignée, elle est tout simplement magnifique... un pur appel à la pipe… et ça sent bon… on ne peut pas résister à ça, à cette odeur de propre et de mec qui se dégage de son entrejambes… c’est l’odeur de sa douche, mélangée à l’odeur naturelle de sa queue, et elle me frappe de plein fouet…
Les mains croisées derrière la tête, le t-shirt remonté au dessus de ses abdos, vision de Paradis, les épaules appuyées à la cloison, les jambes légèrement écartées, le bassin vers l’avant, boxer et pantalon descendus à mi cuisses, la queue en l’air bien raide, le mec attend que je vienne rendre hommage à sa virilité…
Plus tôt dans la soirée…
J’ai beau être en plein milieu d’une déconnade bruyante et enjouée… lorsque son odeur frappe mon cerveau, tout se bloque, je buggue net, je perds le fil des mots, j’entends Alexandra appeler « Nico… Nico… Nico… »… je ne suis plus là, dans mes yeux doit s’afficher le message « Pas de connexion »… je suis dans une autre dimension, dans un autre lieu, dans un autre espace-temps ou seul existe ce parfum… j’entends Alexandra répéter encore mon prénom mais c’est comme si j’étais au fond d’une piscine, ça arrive de loin et ça n’a pas la moindre importance pour moi...
Non, je ne l’ai pas vu arriver, m ais je l’ai d’abord senti arriver… et quelques instants plus tard, je l’entends arriver… après son parfum, le son de sa voix chaude et sexy de jeune mec… la mélodie de son sourire… je ne me suis toujours pas retourné, son image n’a pas encore impressionné ma rétine et je suis déjà impressionné tout court… comme c’est loin, le dimanche soir où j’ai cru m’être libéré à jamais de ce sortilège d’Impérium…
Faute de pouvoir retrouver le fil de notre déconnade, je redémarre vite fait le système d’exploitation Nico.2001 en mode sans échec… les fonctionnalité sont limitées, mais sur le Bureau il y a des signes de vie… j’ai perdu le fil, alors je rigole comme si de rien n’était, je rigole très fort et je trouve mon salut en répétant une blague qui nous a fait esclaffer un peu plus tôt… on se moque de moi, on me demande si j’ai fumé ou picolé, mais qu’importe, la déconnade reprend son cours, on ne s’occupe plus de moi… et c’est bien l’essentiel…
Bien joué Nico…
Je le sens approcher, le parfum et la voix augmentent en intensité… je m’enveloppe de cette ambiance joyeuse, j’essaie de me montrer épanoui…je sais que à un moment ou à un autre je vais devoir me retourner et lui serrer la main, de toute façon il va venir faire la bise aux filles…
Je respire à fond pour me préparer à ce moment ou mon cœur va battre non pas à mille mais à dix mille à l’heure… le moment ou ma raisons va s’évaporer sous la chaleur de son regard… je respire à fond, j’essaie de me calmer pour me préparer au choc de le voir devant moi… et là…
Paf !
Il est là, sa silhouette rentre dans mon champ de vision.
Cheveux très courts autour des oreilles et derrière la nuque, pattes fines et allongées mais juste à la base de ses oreilles, juste ce qu’il faut… sa crinière se fait plus longue et épaisse au dessous de la tête, le mouvement de ses beaux cheveux bruns fixé mais pas figé au gel… ça sent la douche fraîchement prise et le déo copieusement vaporisé, le gel posé sur des cheveux encore humides, les vêtements tout neufs, la parfaite conscience de ses atouts de mec, une certaine intention, ou plutôt une intention certaine, d’en mettre plein la vue… ça sent le petit con soigné, la jeunesse insolente, une fraîcheur qui est le lot de son age… c’est tout simplement à tomber…
Oui, il est là, à tout juste un mètre de moi… il est là mais il n’est pas venu seul… non, il est accompagné, et quelle charmante compagnie… Jérémie. Son t-shirt blanc. Calvin. Et Klein. Les quatre en un seul, ressemblés en une seule et unique image de beauté absolue. Une image de perfection qui frôle le divin. Une beauté aveuglante.
Calvin écrit à la verticale en grandes lettres couleur vert vif, Calvin partant du haut de ses pectoraux coté droit pour descendre jusqu’au coté de ses abdos, Calvin dont le C est coupée par l’arrondi du col… Klein écrit dans le dos du coté gauche dans la même couleur vert vif, le K partant du milieu du dos et le « n » arrivant à caresser son épaule… alors que le mot « Jeans » est estampillé sur la manchette gauche, les lettres toujours de la même couleur…
Le temps d’un battement d’aile de papillon, tout a disparu autour de moi… plus rien n’existe, je ne vois plus que lui et ce coton immaculé qui contraste outrageusement avec sa peau de plus en plus mate au fil que l’été avance, ce coton doux parfaitement tendu sur sa plastique insolemment dessinée, ce tissu fin scandaleusement moulant et caressant la peau de son torse…
Un t-shirt blanc, c’est toujours beau chez un beau garçon… jeans et t-shirt blanc, c’est une valeur sure, c’est indémodable… c’est beau, c’est simple, c’est simplement beau, c’est sexy, ça fait soigné, bref, ça contribue à donner envie de sucer… mais ce t-shirt là… à ce stade là ce n’est plus simplement beau… à ce stade c’est tout simplement délictuel… le gars qui a conçu un truc pareil, le type qui maîtrise si bien l’art de mettre en valeur la beauté et la puissance masculine… ce type là est un magicien… un sorcier je dirais même…
Quelle est donc la potion magique, le sortilège, l’enchantement capable de générer un pareil t-shirt, parfaitement taillé, outrageusement bien fini, dont on ne voit pratiquement pas les coutures, un t-shirt d’un coton fin à la texture parfaite, un tissu que j’imagine de la douceur d’une caresse sur sa peau et qui doit être, de la même façon, incroyablement agréable au toucher de l’extérieur…
Naaaaaan, définitivement, ce t-shirt est un pur et simple scandale… je crois que je vais porter plainte… on ne peut pas mettre de t-shirts pareil sur des torses pareil… risque de réaction explosive… c’est une question d’ordre public… je pense aussi à son intégrité physique… tout à l’heure on va aller à l’Esmé… il va se faire violer le pauvre gars…
Je me fais la réflexion qu’avec ses cheveux courts, son port de tête haut, le regard ferme, puissant, presque intimidant ; avec ses yeux très noirs qui dégagent une forme d’autorité naturelle et de charisme inné ; avec cette assurance de jeune mâle sûr de lui et qui ne doute de rien ; avec ce simple t-shirt blanc qui lui donne un coté propre et rangé ; avec ce jeans, tout ce qu’il y a de plus simple, beau et masculin… voilà… quand on le regarde, on dirait un jeune militaire en permission, avec une bonne envie de picoler entre potes et de se faire vider les couilles…
Je me fais la promesse que, même si je ne sais pas encore quand, ou et comment, ce soir là, c’est sûr, ce sera moi qui lui rendra ce service…
Plus je le regarde, plus je me dis qu’il y a dans son look quelque chose de simplement masculin, de déraisonnablement beau, un truc en nette opposition avec son coté excessivement sexy, sauvage, indompté… un contraste qui me donne des frissons… on sent, on comprend clairement que sous l’allure de mec soigné, il y a un jeune homme à la sensualité bouillante… on devine que sous le vernis du mec bien sapé et propre sur lui il y a une petite graine de voyou… et je suis bien placé pour savoir à quel point cela est fondé…
Les deux facettes se superposent, se chassent, s’appellent entre elles… on a envie tour à tour de regarder et de croire à l’une ou à l’autre, l’ange et le démon, et au début on a du mal à concevoir que les deux puissent cohabiter dans le même esprit… pourtant, à bien regarder, on finit par se rendre compte que c’est bien cela qui le rend aussi craquant, ce mélange explosif, ce contraste insolent….
Le torse moulé dans ce magnifique t-shirt blanc CK, Jérém est à la fois habillé, classe, sexy à n’en plus pouvoir… mais en même temps, le coton épousant son anatomie comme une seconde peau, c’est comme s’il était torse nu… habillé et nu à la fois, il faut le faire…
Au final, ce t-shirt est si magnifiquement coupé qu’on devine non seulement le relief de ses pectoraux mais par moments, au gré de ses mouvements, on affirmerait presque voir apparaître le contraste de ses abdos au travers du coton…
C’est là que se dévoile toute la magie de ce t-shirt et celle de son créateur… oui, ce simple t-shirt possède un coté « teasing », un coté « annonce » redoutable… il a l’air de dévoiler volontiers ce qu’il est censé habiller… au final, on a à la fois envie de l’arracher pour découvrir le monde de beauté plastique qu’il annonce de façon si insolente et insistante, et de le laisser en place pour assister à cette féerie visuelle…
Ça doit être ça, ce qu’on appelle « mettre en valeur »… oui, ce t-shirt est comme l’écrin qui contient le bijou parfait, le corps de mon beau Jérém… l’écrin est, certes, magnifique, mais il ne fait que refléter la perfection de son contenu…
Je descends le long de cette immensité, de cette longue piste immaculée, je descends en slalomant du regard comme le ferait un skieur sur une piste qu’il dévalerait avec un plaisir non dissimulé… mon regard glisse, glisse, glisse et finit sa course à la limite inférieure de ce domaine de coton blanc…
La longueur du t-shirt est juste parfaite, on dirait une fois de plus du sur mesure… le bord inférieur se pose juste là ou le jeans commence… alors, suivant les mouvements du dos et du bassin du beau brun, les deux tissus se frottent, se superposent, se relayent, se cherchent, se séparent, dévoilent de façon inattendue et rapide des petits bouts de peau mate… mais pas que… c’est bien un élastique de boxer que je vois dépasser par moments entre jeans et t-shirt… et cette écriture noire, en grands caractères qui se laisse deviner… putain de sacré Calvin, non seulement il s’arroge le droit de caresser son torse parfait, mais en plus il se charge de mouler son cul et de ranger soigneusement son précieux service trois pièces…
Et quand le bogoss, concentré sur la conversation qui se déroule autour de lui, s’arrête un instant de bouger ; lorsqu’il se plante sur ses deux pieds, les jambes légèrement écartées, une main négligemment abandonnée le long du corps, tandis que l’autre, habillée d’une montre que je ne lui ai encore jamais vue, porte une cigarette à ses lèvres : voilà, ce t-shirt se pose sur le jeans avec un naturel déconcertant, négligemment relevé à l’endroit où se trouve la grosse boucle de sa belle ceinture de mec…
Je fixe le cuir épais et je me prends à imaginer le cliquetis de la grosse boucle métallique lorsqu’elle est défaite dans l’urgence… le bruit rapide et sec du cuir qui glisse sur le même cuir lorsque la ceinture est débouclée à la va vite, sous l’impératif d’une envie à assouvir, là, tout de suite, le bruit de l’excitation et de l’impatience, de l’urgence du plaisir masculin…
Je descends encore, je ne peux pas m’arrêter… il faut dire que ce petit Diesel taille basse avec sa coupe juste parfaite est lui aussi un scandale… pire que ça, une hérésie… moulant parfaitement ses fesses, ses hanches, ses cuisses juste ce qu’il faut… mettant en valeur comme rien d’autre ne peut le faire la bosse de devant… retombant sur des Nike rouge vif avec le fameux logo en blanc sur le coté…
Oui, Jérém est là. Et pour moi, plus rien n’est comme avant…
Il avance vers nous, le pas assuré, sûr de l’effet qu’il provoque autour de lui… son arrivée met une pause dans notre déconnade… le petit cercle s’ouvre pour accueillir le nouvel arrivant… Jérém commence par faire la bise à Alexandra, ensuite c’est tour de Camille… et lorsqu’il arrive à hauteur de Rémy, c’est toujours avec la bise qu’il dit bonjour…
Et là…
Et là, panique… GROSSE PANIQUE… aaaahhh… celle là je ne m’y attendait pas, vraiment pas… je ne l’ai jamais vu faire la bise à Rémy… car Rémy n’a jamais fait partie de sa meute de beaux males branleurs du lycée… Rémy est plutôt comme moi, il est timide, bon étudiant, réservé, nul en sport, les lunettes d’Harry Potter en plus… non, pendant toutes les années du lycée, Rémy a eu droit au plus à quelques poignées de main de la part du beau brun, parfois tout juste à son indifférence… tout comme moi…
Et là ça change… ça doit être en raison du caractère un peu solennel de l’occasion… le bac est passé, ça sent la dernière fois qu’on sera tous réunis et ça me file le cafard… oui, l’occasion est solennelle, alors c’est un peu comme pour les vœux du jour de l’an, tout le monde se fait la bise sans prêter égard ni au sexe, ni à l’age…
Rémy a eu droit à la bise, alors je comprends ce qui va se passer dans la suite logique des événements… le problème c’est que je ne m’y suis pas préparé, que je ne l’ai pas prévu… Jérém qui va venir me faire la bise pour la première fois… et devant plein de monde… je vais être tellement mal à l’aise que ça va se voir, que tout le monde va savoir que je suis raide dingue de ce beau mâle… je monte tellement en pression que j’ai l’impression que je vais exploser… mes jambes ne sont plus en coton, elles se sont carrément évaporées… je ne sais plus comment je tiens debout…
J’ai tout juste le temps de réaliser ce qui va m’arriver… c’est mon tour… il approche, j’en tremble… il rentre dans mon espace vital, comme tant d’autres fois, avant de rentrer carrément en moi… certes, ce coup-ci c’est juste pour me faire la bise, mais nous ne sommes pas seuls… je suis terriblement gêné… son parfum cogne dans ma tête comme le soleil un midi du mois de juillet… risque de brûlures… il me regarde un court instant, il me toise rapidement de haut en bas et de bas en haut… l’air d’avoir du mal à en croire à ses yeux… ça ne doit durer qu’une fraction de seconde, mais j’ai l’impression que son regard sur moi s’étire sur une petite éternité…
Je ne sais pas ce qu’il va me sortir, j’ai peur qu’il se moque de moi, il en serait bien capable pour faire rire la galerie… mais là je sens que je le prendrais très mal… n’y tenant plus, épuisé, je détourne les yeux en attendant que ça tombe… et je suis toujours en apnée lorsque Jérém incline légèrement la tête sur le coté, signe de surprise, un mouvement qui attire mon regard et qui me permettra d’assister à cette petite impulsion du sourcil, marque de son grand étonnement… c’est très rapide, le sourcil droit se lève en son milieu jusqu’à dessiner comme un chapeau pointu…
Ce n’est rien, vraiment rien… mais c’est un rien si… terriblement sexy… sexy à ne pas pouvoir l’exprimer… à chaque fois qu’il fait ce truc avec le sourcil, je crois que mon cœur va s’arrêter de battre… j’ai envie de pleurer tellement j’ai l’impression de me trouver devant une beauté qui n’est plus humaine… il y a de la magie là dedans, je ne sais pas, ce mec est le fils d’Apollon, petit fils de Zeus… je sais pas, il y a un truc…
On ne peut pas être aussi beau, c’est insoutenable… je me dis qu’il faudrait trouver le moyen de fixer à jamais tant de beauté, de charme, de sexytude, de jeunesse, de fraîcheur, de sensualité, de virilité, d’harmonie et de perfection masculine… on ne peut pas laisser passer ça… hélas je ne crois pas que le moyen existe à ce jour pour capturer tout cela…
Je n’ai toujours pas de photo de lui (à part une toute petite que j’ai réussi à avoir sur le site de son club de rugby, Facebook arrivera bien plus tard, et même plus tard Jérém n’aura pas de page Facebook, car Jérém ne sera jamais le genre de mec à vivre sa vie derrière un écran), et je doute fort que même le meilleur photographe du monde serait capable de fixer tant de perfection…
La plus belle photo ne saura lui rendre justice… et même la vidéo, qui grâce à la voix et au mouvement en ajoute déjà pas qu’un peu par rapport à la photo,reste insuffisante pour rendre compte d’une telle beauté… car ce n’est pas que sa beauté visible qu’il faudrait fixer… c’est beaucoup plus… c’est l’attitude, le devenir insaisissable qui se dégage de son être à chaque instant… c’est sa présence toute entière qu’il faudrait capturer pour donner une idée de son essence, de sa beauté profonde… oui, sa présence… une expérience qui inclut tous les sens, plus la notion de temps, plus notre perception à l’instant T, nos souvenirs, nos espoirs et, par-dessus tout, le caractère éphémère de cette présence… c’est la vie même qu’il faudrait capturer… c’est son âme qu’il faudrait retenir, cet âme qui est, elle, insaisissable…
Rien et personne au monde n’arrivera à fixer cela… certes, un jour il existera de très très belles images de mon beau brun, des images que je ne serai pas vraiment le seul à admirer… mais ça c’est une autre histoire, qui sera racontée en son temps…
Pour l’instant il est en train de me toiser et je n’ai pas le temps de réaliser, de tenter de comprendre s’il se moque de moi ou s’il apprécie réellement ma tenue, j’ai le coeur qui explose, dans ma tête c’est le black out… il m’achève avec un petit sourire canaille au coin des lèvres et là, presque d’un bond, il franchit les derniers centimètres qui nous séparent encore… ses pecs effleurent les miens… sa joue à la barbe de trois jours se pose contre la mienne rasée de près, ça pique un peu… mais j’adore… et là il me claque la bise… une sur chaque joue, pareil que Thibault la veille… une fois, deux fois… pendant ce temps, son parfum est en train de détruire mes derniers neurones… pas besoin d’un dessin pour comprendre dans quel état je suis… et c’est pas fini… car, pendant la bise, le beau brun en profite pour glisser quelques mots à mon oreille:
« Dis donc, tu t’es fait beau ce soir… »
Et, ce disant, il appuie une main sur la chute de mon épaule…
Je fonds, je meurs. Je suis surpris, tétanisé et je ne trouve rien à lui répondre… même pas l’évidence… « et toi, donc… plus beau on meurt… »… non, même pas un « merci », même pas un sourire, mon visage et tout mon corps restent figés dans une expression de stupeur.
Lui, en revanche, il a toujours son sourire canaille lorsque il me dévisage en éloignant son torse du mien, fier de l’effet de son entrée en scène sur le spectateur conquis que je suis.
Jérém avec sa tenue de bogoss affolante. Jérém qui me claque la bise. Jérém qui me touche l’épaule. Ses pecs contre les miens. Jérém qui me fait un compliment. Mon cœur ne va pas tenir.
J’étais parti pour lui en mettre plein la vue, pour me la jouer petit con… pour attirer son attention… j’ai mal fait mon calcul… dans l’art de l’attitude de petit con, je suis novice et inexpérimenté… tenter de se frotter à des petits cons d’anthologie dans le genre de Jérém est chose bien ardue… oui, le petit con de la dernière pluie a perdu tous ses moyens, le nouveau petit con n’est plus…
Car petit con c’est un art, c’est inné, on l’est ou on ne l’est pas… ça ne s’improvise guère… ce n’est pas un coup de brushing ou quelques fringues tout juste sorties du magasin qui peuvent faire la différence… et surtout, face à un petit con deluxe style Jérém, il n’y a pas de compétition… Jérém est hors catégorie…
Ceci dit… à bien regarder, ma manœuvre n’a pas complètement échoué… certes l’arrivée de Jérém a fait oublier la mienne… mais quand même… le fait d’arriver à faire dire a Jérém cette phrase inattendue… ça ressemble quand même à une petite victoire… hélas, sur le coup j’étais tellement mal à l’aise que j’avais pris cela comme de la pure moquerie, saupoudrée de mépris… il faudra des années pour que j’arrive à comprendre cela… que cette petite phrase qui avait l’air de rien, en disait long malgré tout sur ce que je représentais à l’époque pour Jérém… oui, derrière cette phrase qui pourrait sentir la boutade, se cachait quelque chose d’inavoué, mais très fort…
Je le regarde s’éloigner de nous, je le regarde s’éloigner de moi, je le vois repartir après cette bise comme si de rien n’était, alors que moi je suis sens dessus dessous… il s’éloigne et je recommence à respirer de façon à peu près normale…
Après la courte excursion pour la tournée de la bise, le beau brun regagne donc son milieu naturel, le groupe des mecs qui font vraiment mecs… je le regarde discuter et déconner avec ses potes parmi nos camarades… Thierry… Bruno… complicité et sourires, petits échanges tactiles, un bras qui se porte sur une épaule, une main qui saisit un biceps, deux épaules qui se frôlent, des regards, des échanges et, par-dessous tout, des sourires, une foire, un feu d’artifice de sourires… si c’est pas beau de voir une bande de potes en train de déconner…
Je lui ai rarement vu ce sourire… aussi charmant que son sourire ravageur lorsqu’il est en mode charmeur, aussi beau que son sourire lubrique lorsqu’il est en mode « je vais te baiser », le sourire qu’il a avec ses potes est d’une espèce différente… c’est un sourire amusé, lumineux, sans réserves, ouvert, déployé, un sourire auquel sa personne toute entière participe… yeux, visage, bouche, voix, bras, torse, une secousse qui fait vibrer tout son corps, un sourire franc, joyeux, contagieux… c’est le genre de sourire que jamais ne m’est destiné…
Je ne dis pas qu’il me fait toujours la gueule, non … mais jamais je l’ai vu me sourire de cette façon là…
J’ai eu droit à des sourire lubriques, à des sourires de petit con conquérant, à des sourires méprisants… mais jamais je n’ai eu droit à un beau sourire comme celui qu’il est en train d’illuminer toute sa personne à ce moment précis, un sourire de déconnade entre potes, le rire juste pour le rire, pour être bien ensemble, un rire complice, partagé, le rire de quelqu’un qui s’amuse sans arrières pensées, qui se laisse aller… un rire juste à tomber…
Je me rends compte que jamais on n’a rigolé ensemble… on a juste baisé… j’ai essayé parfois de l’amuser en abordant tel ou tel sujet… mais jamais je n’ai eu de sa part plus qu’un ricanement… tout ce qui l’intéresse c’est ma bouche, et certainement pas pour ce qu’elle peut raconter…. du moins pas à son oreille…
D’un geste nonchalant, presque mécanique, tout en continuant à déconner avec le petit groupe, il sort son paquet de cigarette… il en retire une, il la pose au coin des lèvres et il l’allume… son geste suscite la même envie chez Thierry, qui dans la foulée sort à son tour son paquet rouge et blanc… pendant que Jérém tire une longue première taffe, Thierry se démène, en train de fouiller dans ses poches à la recherche d’un briquet qu’il a du paumer… Jérém, qui n’a pas encore rangé le sien, tend alors le bras en direction du visage de son pote… c’est con, mais… qu’est ce que ce geste me fait de l’effet… Jérém qui offre son feu pour allumer la cigarette d’un autre mec, tout comme moi je lui offrirais ma bouche pour allumer son gland…
Je le regarde fumer, se délecter de cette fumée qui a l’air de bien détendre, en même temps qu’elle l’endommage de l’intérieur, ce chef d’œuvre qu’est son corps… gâchis sans nom… je le mate en train de déguster ce plaisir solitaire, l’air sérieux et presque grave… un plaisir qui en rappelle un autre dans le même genre, solitaire… qu’est donc une cigarette, si ce n’est une branlette… au tabac… ?
Entre deux taffes, je le regarde tenir sa clope entre ses doigts, la poser à nouveau entre ses lèvres, tirer dessus en plissant les yeux jusqu’à presque les fermer… je le regarde ensuite l’enlever de la bouche, garder la nicotine dans ses bronches pendant un petit moment et enfin expulser la fumée, l’air d’y prendre vraiment du plaisir… quand on y pense, c’est con de fumer, vraiment ça ne sert à rien à part à se faire du mal… mais il faut bien admettre que ce geste de passer la cigarette de ses doigts aux lèvres, le mouvement de son bras, le frémissement de son visage au passage de la fumée… tout ça le rend, si possible, encore plus sexy…
J’aimerais tant pouvoir lui offrir là, tout de suite, un plaisir bien plus intense qu’une simple cigarette… être moi-même en train de fumer à genoux quelque chose de bien plus intéressant qu’une cigarette…
Pendant qu’il fume, j’essaie de détailler cette belle montre que je ne lui ai encore jamais vue et qui habille si bien son poignet… c’est une grosse montre au bracelet métallique qui en rajoute encore, si besoin en était, à son coté viril… comment l’a-t-il eue ? Un cadeau pour le bac ? De qui ? Ca ne peut pas venir de sa famille, ils ne se parlent plus… alors… de qui ? Je n’en sais rien… Achetée par lui même? Il en serait bien capable… ce qui est sur, c’est qu’elle lui va drôlement bien… c’est une montre massive, une véritable montre de mec, qui donne encore plus de puissance à son bras, à son poignet, à sa main…
Bref… je croyais être bien sapé, bien soigné, que mon entrée en scène avait fait sensation… allez Nico, t’as plus qu’à aller te rhabiller… le Bo(go)ss est là…
Il a encore gagné. A plates coutures. Sa beauté. Son charme. Son allure. Son attitude. Sa présence. Son aplomb. La bise. Tout y est.
Définitivement c’est lui le maître incontestable de l’entrée en scène… une entrée en scène spectaculaire, fracassante, à grand spectacle, accompagnée d’une débauche d’effets spéciaux… même Madonna, apparue dans une boule à facettes lors de l’entrée en scène du Confessions Tour, ne maîtrise mieux l’art de l’entrée en scène qu’un Jérém T de 19 ans avec son t-shirt Calvin Klein moulant diaboliquement son torse de fou…
Il faut que je pense à adresser une prière au Dieu Rugby et à sa copine, la Sainte Musculation, pour permettre à des trucs pareils d’exister… quand je pense que c’est moi qui me tape ça… t’as la chance Nico, la chance… prends ce qu’il y a à prendre tant qu’il veut bien te le donner… prends jusqu’au dernier coup de reins, prends jusqu’à la toute dernière goutte de son nectar de mec…
Jérém est maintenant en train de taper la discute avec Laura (oui, la même qui m’a harcelé au téléphone pour me faire venir à la soirée)… je l’observe et je finis par reconnaître cette attitude qui lui est typique lorsqu’il est face à une gonzesse… un regard intense, brun, charmeur… il aime plaire… et cette salope de Laura est sous le charme, elle est à la limite de la minauderie… c’est dégoûtant…
Mais le beau brun n’a pas l’air d’être de cet avis là… il aime bien qu’on lui montre à quel point sa prestance fait de l’effet…
Celle de Jérémie face à Laura est une attitude de « fausse modestie » ou de « fausse innocence » qui appuie encore davantage son coté épouvantablement sexy. Avec juste un t-shirt et un simple jeans sur lui, les mains nonchalamment dans les poches, les épaules en avant, le dos légèrement courbé, la tête imperceptiblement inclinée, c’est un ensemble de petits détails qui, mis bout à bout, accentue encore, si nécessaire, son coté petit con à gifler… et à sucer…
Son attitude a quelque chose de « mignon + énervant (à la fois) = carrément craquant », on a l’impression qu’elle voudrait exprimer un truc dans le genre « Pardon si je suis canon et scandaleusement sexy, je suis juste un petit mec qui a besoin de jouir… qu’est ce que tu attends pour te mettre à genoux ? ». Le pire c’est que son petit jeu marche à tous les coups, et devant ce charme déployé dans ménagement, outrageusement, on lui donnerait la bonne pipe sans protection…
Plus je le regarde, plus je trouve que ce simple t-shirt est un truc de dingue… mention spéciale pour les finitions du col rond, entourant assez haut la base de son cou, juste en dessous de son petit grain de beauté qui me fait toujours autant d’effet… c’est un rebord fin et régulier, ça a l’air tellement doux, c’est comme collé à sa peau, ça donne envie de frôler tout ça avec les lèvres, la langue, de chatouiller, de mordiller… c’est un arrondi parfaitement tendu, on voit des deux coté de son cou sa chaînette de mec plonger et disparaître sous le coton en le déformant légèrement pour indiquer sa présence en relief…
Et que dire de la précision avec laquelle ce t-shirt se révèle capable de suivre l’harmonie unique de la ligne de ses épaules… je pourrais taire la finition des manchettes sur ses biceps… tout simplement diabolique… je pourrais faire semblant de ne pas avoir été envoûté par la fidélité avec laquelle le coton souligne le dessin en V de son torse entre ses aisselles et ses hanches… mais ça équivaudrait à une odieuse omission…
Je pourrais rester des heures à le détailler, à le regarder avec les yeux de l’amour et du désir… par moments je me dis que je suis fou, que mon attirance pour lui est complètement déraisonnable, qu’on ne peut pas tenir un mec si haut au dessus de soi… mais je ne peux rien y faire… il est tout simplement trop canon pour être vrai, je ne peux pas décrocher mes yeux de lui… ah, comme les couplets de Gloria collent bien à ce que je ressens pour ce mec…
Oui, je pourrais passer ma vie entière à me enivrer de son image, à me faire hypnotiser par son charme, à essayer de découvrir pourquoi il me fait cet effet… mais la vie avance et il faut avancer avec elle…
Il est huit heures et quart, tout le monde est là, une voix qui annonce « on y va », alors on y va… je suis le mouvement et, comme je suis à coté de la porte d’entrée, je vais me retrouver dans le resto parmi les premiers… mince alors… je jette un œil par-dessus mes épaules, et je me rends compte que le t-shirt blanc est tout à fait dans les derniers… les chances d’être à coté ou en face de lui à table se réduisent…
Nous avançons entre les tables, nous faufilant entre des passages étroits… notre table est au fond de la salle, et l’espace limité va faire qu’on sera assis à table à peu près dans le même ordre où on sera rentrés dans le resto… c'est-à-dire que Jérém sera à l’autre bout de la table, et avec un peu de malchance, du même coté que moi… je ne le verrai pas du repas… mince alors…
On s’assoit et voilà, je ne le vois pas… on est aux deux extrêmes de la table et sur le même alignement de chaises… merde alors…
La serveuse arrive pour la commande… l’apéro est vite servi et nous trinquons au bac, à notre réussite… j’ai l’impression de trinquer à la fin de notre vie de lycéens, à ce qui a été la « parenthèse » Jérém et qui ne sera plus… c’est un peu comme lorsque j’ai regardé… ou plutôt « vécu », le dernière épisode de Desperate Housewives… me dire que c’est la der des ders qui défile sous mes yeux, ça a eu le don de me tirer les larmes…
Sur le coup, j’ai trouvé dommage d’être si éloigné de Jérém et de ne pas pouvoir le voir pendant le repas… mais je finis par me dire que c’est bien ainsi… s’il avait été près de moi ou en face, j’aurais passé tout le temps du repas à le mater, à me laisser étourdir par son parfum, à le regarder rigoler avec tout le monde sauf qu’avec moi, à repenser à nos moments ensemble, à ce truc si spécial et secret qu’il y a entre nous, à cette intimité qui n’est qu’envie des corps et qui s’arrête au bout de sa dernière éjaculation…
Oui, passer tout le repas près de lui, ça aurait été dur… loin de la vue, loin du cœur… mais surtout… loin du parfum, loin de la trique… hélas… loin de la vue, n’est pas forcement loin de la voix… Jérém est effectivement à l’autre bout de la table et du même coté que moi, mais parfois je reconnais sa voix se lever par-dessus le brouhaha, j’entends des éclats de rire que je reconnais être les siens… je capte même quelques uns de ses mots au milieu d’une conversation…
Car, à la faveur de l’enchaînement de quelques verres de vin, le beau brun et son pote Thierry parlent très fort… ils font les cons, ils mettent l’ambiance… ils sont survoltés et leur délire entraîne tout leur petit groupe de mecs ainsi que les quelques filles qui ont été assez avisées pour se positionner en marge rapprochée de cette meute de jeunes mâles… oui, Jérém fait le con pour faire rire la galerie… j’ai l’impression que de boire et de faire le con, c’est sa façon à lui de chasser la tristesse de ce dernier soir tous ensemble, car on le sait que ce sera le dernier soir où on sera tous réunis… même si on se dit qu’on garde contact, on sait tous que ce ne sera pas possible, que même si on se promet d’être tous là au repas « dans un an », on sait pertinemment que, quoiqu’on choisisse comme date, on n’y sera pas tous… qu’on s’oubliera les uns les autres, petit à petit…
Je sais que Jérém fonctionne ainsi… quand il en a sur la patate, il cogne… c’est avec de la froideur avec moi, avec de la méchanceté… ici c’est avec de l’humour, avec la déconnade… des armes bien plus agréables à affronter… à ce moment là je le trouve émouvant et drôle, touchant… j’ai comme l’impression que ses délires avec Thierry sont sa façon à lui de lire à tout le monde « vous allez me manquer »…
En attendant, c’est lui qui me manque… à ce moment précis je voudrais être proche de lui, le câliner… faute de pouvoir le toucher, j’ai au moins besoin de le caresser du regard… je me penche, je me contorsionne, j’ai parfois la chance de l’entrevoir… ah, putain, qu’est ce qu’il est beau… et qu’est ce qu’il est craquant dans son rôle de pitre… de clown triste…
Ça déconne tellement de son coté que, au bout d’un moment, on tend tous l’oreille pour suivre le délire… même les autres tables semblent sensibles à la bonne humeur très chargées en testostérone qui se dégage de la confrontation entre les esprits déjà un brin alcoolisée du beau brun et de Thierry… ils sont très complices dans leur déconnade et ça met la bonne humeur autour d’eux, une bonne humeur qui se propage dans toute la salle comme une traînée de poussière… tout le monde se tait pour écouter leurs sketchs… tout le monde rigole, amusé…
Et puis, de but en blanc, Jérém attrape son verre et se lève. Je le regarde, beau comme pas permis, une attitude de jeune male assuré et, l’alcool aidant, tellement libre dans sa tête…
Il lève son verre, il se penche légèrement en avant, il se tourne vers l’autre bout de la table, c'est-à-dire dans ma direction, pour voir tous les visages… et comme mes yeux le collent sans discontinuer, nos regards finissement par se croiser… ils s’aimantent pendant un instant… ce n’est qu’un très court instant mais, une fois de plus, j’ai l’impression que ça dure une éternité…
Le lien se brise, je vois ses lèvres s’ouvrir et je l’entends dire :
« Merci d’être tous venus, ça fait plaisir… je trinque au bac… mais surtout à la fin du lycée… putain qu’est ce qu’on en a bavé… ».
Tout le monde rigole, il marque une pause. Lorsque l’assistance se calme, il continue :
« … je trinque à l’avenir de nous tous… »…
Pendant qu’il parle, j’écoute sa voix et je suis complètement emporté… je suis très sensible à la voix, car je trouve qu’elle dégage beaucoup de choses, le tempérament, certains traits de caractère, elle donne en plus un bel aperçu de la sensualité du garçon dont elle est l’essence sonore…
Dans sa voix se niche un léger accent du sud, un accent que l’alcool fait ressortir davantage, un accent de gars du terroir, légèrement chantant, un accent qui dégage un coté convivial, qui sent bon le soleil de cette belle région… dans son accent, ça sent le mec qui aime les bonnes choses de la vie, la fête, le rugby, la troisième mi temps avec les potes…
Bien qu’un peu emportée par l’alcool, la voix de Jérém est profonde, grave mais cependant traversée par quelques tonalités très jeunes s’accrochant à certaines lettres, les voyelles en particulier… on dirait le reflet sonore de son apparence, de son essence profonde… c’est une voix qui lui siège parfaitement bien, qui représente bien le personnage… si jeune et si mec à la fois… une voix à la fois séduisante, comme une caresse, et puissante, une voix qui signale un jeune mâle, mais un mâle musclé, qui en impose…
C’est une voix qui a du corps, qui se fait entendre, une voix qui occupe l’espace, qui évoque la virilité, c’est l'expression de son aura masculine ; c’est une voix chargée de charme et de charisme, avec un pouvoir redoutable… le pouvoir de faire vibrer un autre corps, le mien en l’occurrence, bien au delà des mots… oui, la vibration de sa voix arrive à toucher des cordes sensibles dans mon intimité la plus profonde, comme une caresse…
Une belle voix virile comme la sienne sait procurer le plaisir et enflammer le désir. Consciemment ou inconsciemment. Preuve en est que je ne suis pas le seul sous son charme… à ce moment précis, toute la tablée, et même au delà, est pendue à ses lèvres…
Il faut se rendre à l'évidence… la bouche et l’oreille sont des organes érogènes à part entière… et ceci même sans rentrer en contact…
Bref, lorsque on fait l’addition de tout cela, on finit par se dire que sa voix c’est… de la testostérone verbalisée… et lorsque le sourire accompagne la voix… là c’est un feu d’artifice, une catastrophe pour le réchauffement climatique… et ça me fait des papillons dans le ventre…
Avec un sourire à faire fondre le soleil même, le beau brun continue :
« … et je trinque aussi à une personne grâce à qui je n’aurais certainement pas le bac… »…
C’est là que j’entends les bruits assourdissants de mon cœur soudainement emballé et prêt à exploser… il ne va pas faire ça, me remercier devant tout le monde… surtout qu’à part le faire jouir, je n’ai rien fait pour sa progression en maths…
« … je veux parler de… »
Putain, il va le faire… son regard se fixe dans le mien à nouveau…
« … je veux parler d’Anaïs qui m’a souvent aidé dans les dissertes pour lesquelles j’étais vraiment nul… ».
« T’es pas nul partout, va, il parait qu’en dessous de la ceinture que t’es bien meilleur qu’en dessus… » c’est ce petit con de Thierry, il balance ça en narguant Anaïs… il est rond comme une bille, et, malgré la grossièreté de son propos, ou bien grâce à celle ci, sa sortie fait rire tout le monde…
Oui, tout le monde… sauf moi… et Anaïs, Anaïs chez qui j’ai l’impression de déceler un certain malaise apparaissant en filigrane derrière un sourire de circonstance…
Apparemment Thierry a touché juste…
Quel con… quel con je fais d’avoir pensé pendant un instant que Jérém me remercierait devant tout le monde de quelque chose qu’en réalité je n’ai pas accompli… mais quelle haine de le voir remercier Anaïs et de comprendre, par le biais d’une grossièreté qui a touché juste et d’un sourire de circonstance, qu’il l’a baisée pour qu’elle bosse pour lui… je me souviens bien des bécots qu’ils s’échangeaient dans les couloirs… c’était juste avant qu’on commence à réviser… leur idylle avait pris fin lorsque le beau brun avait trouvé un endroit plus à son goût pour tremper sa queue…
Dans ma tête et dans mon ventre ça remue comme au cœur d’un cyclone… je sens des mots étranges prendre forme dans ma tête, mes poumons se gonflent, ma bouche s’ouvre pour expulser les mots qui vont bientôt faire exploser mon crâne… je sens mes genoux frémir d’envie de se déplier… ça vient très fort, comme une évidence, comme une bombe, je veux lui faire mal…
« Moi aussi j’ai envie de trinquer… oui, je trinque à nous tous, mais surtout à quelqu’un en particulier… je trinque à Jérémie… oui, merci Jérém, ça a été un plaisir pour moi de réviser avec toi… mais le plus grand plaisir a été de baiser avec toi… tu es un vrai petit mec, un super bon coup… tu es bien monté, endurant… tu m’as fait jouir comme personne… j’ai adoré te sucer, avaler ton jus, me faire sauter au gré de tes envies… au fait, non, je n’ai pas envie de trinquer, je sais que tu vas te casser à la fin de l’été, tu vas m’abandonner, espèce de connard, car tu n’en as rien à foutre de moi, car ce n’est que mon cul qui t’intéresse et des culs comme le mien tu en trouvera toujours… alors que moi je tiens vraiment à toi, je t’aime Jérém, et des Jérém comme toi je n’en trouverai pas ailleurs… même si tu es si mauvais avec moi, même si tu es si con, je t’aime… même si je sais que tu va m’arracher le cœur, car tu m’as déjà arraché le cœur, je t’aime… ».
« Santé… » ce sera ma seule réaction, pendant que tous ces mots que j’ai envie de lui crier devant tout le monde remuent dans mon ventre comme des fringues dans un lave-linge en phase d’essorage.
Après ce dernier verre, à l’autre bout de la table ça fume dru et ça bouge beaucoup moins. Des petits groupes se reforment autour de la table et dans mon quartier ça repart dans les souvenirs, seul sujet possible entre personnes qui n’ont plus rien à se dire… à la fin ça devient pénible, rapidement je trouve l’ambiance étouffante, j’ai envie de bouger, et j’ai surtout envie que ça bouge avec mon beau brun…
Confrontée à l’ennui, soudainement ma colère retombe, j’ai envie de le retrouver, car le temps m’est compté… je me dis qu’il ne reste pas beaucoup de temps pour trouver le moyen de le retenir, ou du moins d’établir un lien pour ne pas disparaître l’un pour l’autre… j’ai l’impression d’être Marty Mcfly, lorsqu’il est en 1955 et qu’il regarde sa famille disparaître de la photo… j’ai l’impression de voir Jérém disparaître de ma vie… il faut que je trouve le moyen de restaurer le continuum spatio-temporel que le bac a dévié… il faut que je trouve le moyen pour ne pas disparaître l’un pour l’autre…
Et enfin le café arrive… je le bois cul sec, et j’attends nerveusement que les camarades finissent les leurs. Enfin on bouge… on se retrouve encore coincés pour payer la note, Jérém règle en premier et moi ce sera en dernier… tout nous oppose…
Vivement qu’on bouge et qu’on arrive à la Bodega… je ne serai plus coincé à une table et je pourrai essayer d’en découdre avec mon con de beau brun… nous voilà dehors dans la belle nuit toulousaine… la nuit et jeune, et le spectacle vient tout juste de commencer… le vent d’Autan souffle toujours…
On traverse le boulevard Carnot et Jean Jaurès… on n’a parcouru que quelques centaines de mètres, mais alors, qu’est ce qu’on a croisé comme bomecs dans la rue… c’est une samedi soir à Toulouse… les bogoss sont de sortie… c’est l’été… il fait chaud… les bogoss sont de sortie avec des t-shirts de tous les couleurs, de toutes les formes, de tous les charmes…
Certes, l’espace d’une poignée de minutes de marche, on a croisé nombre de bogoss… mais le plus beau de tous est là devant moi, tout à fait en tête de ce cortège d’ex lycéens…
Nous y voilà : situé dans l’ancien bâtiment du Télégraphe, la Bodega est une jolie bâtisse en briques. A cette heure là, il y a déjà un monde fou, notre cortège rentre lentement, et moi presque en dernier…
Je n’ai pas fait cinq pas dans le local que je le remarque… cheveux châtain clair courts, t-shirt rouge Kaporal, jeans noir délavé, baskets bleues… bière à la main, accoudé au comptoir, simple et beau, Thibault est là…
Jérém avance vers lui, les deux potes se captent, ils se font la bise et ça commence à discuter… pas pour longtemps… Jérém avance dans la salle et disparaît avec Thierry et d’autres camarades dans la salle des billards… à noter que Thibault et Thierry se sont également fait la bise au passage… putain qu’est ce que ça peut me donner comme frissons que de voir deux mecs échanger ce geste…
Ça avance et je suis le mouvement… ce qui fait que je me trouve rapidement à hauteur du beau mécano…
« Salut… » je lui lance en lui tendant la main.
« Salut... » me répond-il en pliant le buste vers moi et en me claquant la bise .
« Ah, oui, excuse… ». Je n’ai toujours pas le réflexe de la bise… je n’arrive pas à me débarrasser de cette stupide impression que si c’est moi qui me lance, ça va être mal pris…
« On a dit qu’on était potes… » me rappelle-t-il, un beau sourire aux lèvres.
« Oui… » je confirme.
« Tout va bien ? » se renseigne-t-il.
« J’ai déjà envie de le frapper, mais ça va aller » je réponds sur le ton de la plaisanterie.
« Qu’est ce qu’il a encore fait ce petit con ? » me demande-t-il.
« Déjà, t’as vu comme il est sapé ? C’est de la provoc’! » je divague.
Il sourit.
« Toi aussi t’es bien sapé, Nico… ». Ca c’est un beau compliment et ça me va droit au cœur.
« Merci »
« Ce brushing et cette chemise te mettent vraiment en valeur » il continue.
« Merci… merci… toi aussi… t’es tout beau… » je trouve approprié de lui répondre.
Il sourit à nouveau.
Oui, on était beau. On était tous beaux ce soir là. On était jeunes, on était beaux.
« Alors, Jérém ? » enchaîne-t-il.
« Il ne me calcule pas… il m’énerve… ».
« Laisse faire… » me rassure le beau Thibault « sois toi-même, ne le calcule pas non plus… il va venir à toi tout seul… ».
Je tente de sourire, sans trop y arriver.
« Tiens… » je l’entends me dire «… le voilà… ».
Jérém approche, il n’est plus qu’à quelques pas. Sans me prêter un regard, il passe devant moi, il approche de son pote pour lui expliquer qu’il leur manque un gars pour le billard…
Thibault boit le fond de son verre, prend congé de moi avec un « à tout » plus un clin d’œil qui va bien et emboîte le pas à Jérém. Je regarde les deux gars les plus séduisants de la soirée disparaître dans la salle de billard. Eh merde… Je ne joue pas au billard alors je sais déjà que je n’oserai même pas y foutre les pieds… les voilà donc hors de ma vue pendant un long moment… eh merde…
C’est là que Camille et Alexandra s’approchent de moi et, au bout de quelques mots, me laissent entendre qu’elles envisagent d’aller faire un tour aux billards… ah, ces filles attirées par les jeux de queues et de boules… toutes les mêmes… tout comme moi… je saisis l’occasion et je décide de me greffer à elles…
Nous voilà dans la salle des… mâles. Ca joue, ça fume, ça blague, ça vise, ça rentre, ça rate, ça rebondit… Bruno, un autre de nos camarades, vient de rentrer sa balle… et voilà venir le chapitre plus intéressant… c’est le tour de Jérém…
Le beau brun se penche pour viser avec sa queue… voilà des mots qui me rendent dingue… même s’il ne s’agit que d’une queue de billard… il prend la position, pendant un court instant il est tout concentré, sa chaînette pendouille de son cou et se pose sur le rebord de la table, son t-shirt blanc s’ajuste sur sa peau au gré de ses mouvements… le coup part, rapide, puissant, comme précipité… oui, Jérém manie sa queue d’une façon assez remarquable, mais il manque de précision… la balle part comme une fusée, elle rebondit sur une bande, elle repart et… elle rate le trou pour lequel elle était destinée… Jérém fait la grimace, l’équipe de Thibault prend l’avantage…
Chapitre suivant : Thibault. Le beau mécano se penche à son tour sur la table de billard avec sa queue à la main… il y va avec beaucoup plus de calme que Jérém… ses pieds sont bien plantés sur le sol, les jambes légèrement écartées, les coudes pliés, les biceps gonflés… le gars prend son temps, il regarde, il calcule, il compare… le coup part, puissant, dosé, ajusté… Thibault manie sa queue avec assurance et précision… il a une maîtrise parfaite du geste… la balle rebondit sur une première bande, elle ralentit, elle rebondit sur une deuxième, elle ralentit encore… elle est sur l’alignement parfait pour rentrer dans une poche d’angle mais elle semble manquer de souffle… elle roule, roule, roule en épuisant peu à peu sa force… elle arrive au seuil du trou et… elle y glisse en douceur…
C’est en les regardant jouer au billard que je retrouve les différences entre les deux potes… car leur façon de jouer reflète bien leurs personnalités respectives… Jérém est un mec impulsif, sanguin, à fleur de peau, qui fait de sa force un atout majeur… alors que Thibault est un gars posé, réfléchi, qui sait garder le sang froid et qui pèse le pour et le contre avant d’agir… Jérém est fonceur, Thibault est maîtrisé… l’un est fougueux, l’autre est redoutable…
Quoi qu’il en soit, je trouve passionnant de les regarder jouer au billard… ce jeu de queues, de boules, de trous… j’en bande déjà… blagues à part, j’adore leurs gestes, leur concentration dans le jeu, j’aime bien ce défi entre mecs, ce jeu qui est plus dans la réflexion que dans l’action, où les personnalités de chacun semblent se révéler… je le regarde jouer au billard, je les entends plaisanter… j’adore ces moments entre potes, regarder mon beau brun évoluer dans son milieu naturel…
Thierry a réussi sa balle mais ça ne suffit pas… partie se termine… Jérém et Thierry ont perdu… la revanche se profile… une autre partie commence… mes deux comparses font mine de vouloir partir… je vais devoir partir avec elles car sans leur présence à mes cotés je vais me sentir nu, comme un poisson hors de l’eau, comme un voyeur… ainsi, lorsqu’elles font demi tour, je leur emboîte le pas à contrecoeur… car je n’ai même pas réussi à capter un regard de mon beau brun…
Une fois revenus dans la salle principale, voilà que se profile exactement ce que je voulais éviter… Rémy vient nous rejoindre et la proposition est lancé de commander à boire et de nous asseoir à une table qui vient de se libérer… c’est vrai que je voulais éviter de me retrouver coincé à une table pour ne pas compromettre mes chances d’approcher le beau brun, mais il est vrai aussi que le beau brun est accaparé par un jeu à quatre avec une queue dans les mains… (ça laisse rêveur, dit comme ça aussi…) et à mon avis il va y être pour un moment… alors je me laisse convaincre…
Je m’assois à une table avec des camarades, je prends une blanche… dès le premier instant, je sais que je vais m’ennuyer ferme… et ça ne se dément pas… on finit vite fait à parler de la pluie et du beau temps… heureusement qu’à un moment quelque chose d’intéressant se produit dans la salle… les quatre fantastiques du billard débarquent direction le comptoir, commandent des bières et se posent à une table assez proche de la notre.
Je les observe, intrigué. C’est toujours un spectacle d’une beauté indicible que de regarder des potes en soirée, un verre devant eux, en train de discuter de façon animée, de déconner. De voir leurs jeunesses se mélanger dans un feu d’artifice de testostérone… Jérém, Thibault, Thierry et Bruno, quatre jeunes mâles, chacun avec le charme qui lui est propre… l’effet de meute est là, et ça me donne des frissons…
Oui, c’est beau ce petit groupe de jeunes mecs assis autour d’une table devant leurs bières… c’est encore Thierry qui fait le pitre… Thierry, un brun pas tellement beau mais avec un joli physique et possédant une vivacité et un esprit jovial qui le rend quand même assez sexy…
Je ne capte pas les mots mais je le vois faire de grands gestes avec ses bras, des gestes rapides, exagérés, certes, mais avec une logique, comme s’il était en train de dessiner quelque chose… à un moment j’ai l’impression que ça parle rugby, car il me semble bien qu’il est en train de mimer une action avec le ballon… je me rappelle que cet après midi le Stade Toulousain jouait contre Biarritz et qu’il a perdu… sa façon de raconter est assez délirante, tout son corps participe au délire, à un moment je le vois même se lever, choper Jérém par les épaules, se coller dans son dos et mimer ce que devait être un plaquage… ça a l’air très drôle car ils n’arrêtent pas de rigoler… ok, ça va Thierry, tu enlèves tes pattes de mon brun sinon je ne vais pas tarder à me lever…
Thierry revient à sa chaise et à sa bière et là c’est Thibault qui parle… ça continue de rigoler… Bruno lui répond, les autres écoutent en buvant leurs bières par petites gorgées entre deux éclats de rire… Bruno joue également dans l’équipe de rugby de Jérém et de Thibault… il a de beaux cheveux châtains très épais, les yeux gris, un regard très clair dans un physique puissant, je l’ai intérieurement surnommé « le lionceau » tellement son tour de barbe fournie et son brushing me font penser à un jeune félin puissant…
Et puis Jérém intervient, le centre de la conversation se déplace… les bières descendent et chacun trouve son rôle… et au delà de leurs charmes respectifs, des charmes qui, dans cette proximité complice, ne font pas que s’additionner mais s’amplifient mutuellement de façon presque exponentielle, le plus beau à voir c’est que tous ont l’air de se sentir bien dans le groupe, d’avoir leur place… c’est le sentiment de se sentir entre potes, entre semblables, entre mecs avec les mêmes envies, les mêmes passions, le même humour, qui rient des mêmes choses, qui vibrent pour les mêmes trucs… qui ont les mêmes peurs et les mêmes angoisses, même si ces dernières sont plus difficilement avouées… c’est la rassurante sensation de faire partie d’une meute…
C’est à nouveau au tout de Thierry de parler… Jérém l’écoute attentivement… à un moment je vois sa jambe droite commencer à sautiller… c’est son truc ça… lorsqu’il est assis, au bout d’un moment, sa jambe frémit… ça doit être l’expression inconsciente de sa jeunesse débordante, cette jeunesse qui a horreur de l’immobilité et qui réclame sans cesse le mouvement…
J’ai toujours et encore les yeux rivés sur lui… une fois de plus, je me dis que ce t-shirt blanc est un vrai scandale, c’est comme un phare en pleine nuit, il attire, il aimante, il capture le regard… je suis étonné que tous les pd de la ville ne soient pas encore à ses trousses…
Et puis, entre deux sourires et deux gorgées de bière, avec un geste l’air anodin, peut être pas complètement conscient, le beau brun passe une main sous le t-shirt, il le soulève légèrement, ça découvre un bout d’élastique du boxer et un bout de peau mate… sa main entreprend de caresser ses abdos… c’est beau à en perdre la raison, c’est sensuel à en paumer son hétérosexualité… bon, je n’ai pas de ça, mais si j’en avais, là elle serait perdue à jamais… c’est ma main que je veux passer sur ses abdos, mes lèvres, ma langue…partir de là pour aller plus loin, beaucoup plus loin…
Son manége est une pure provoc’, même s’il s’en rend pas compte… et le coté inconscient du geste le rend chaud à un point… je dirais à un point de non retour…
Oui, son manège est une pure provoc’ et en plus il continue pendant un petit bout de temps… et lorsqu’il se termine, voilà que pour parachever ce bon moment, le bout de ses doigts finit par se faufiler entre l’élastique du boxer et la peau de son bas ventre…
J’en ai la gorgé nouée tellement ce petit geste est chargé d’érotisme à mes yeux, tellement ça me donne envie… de lui… ce mec sens le sexe à plein nez, ce mec est un attentat à la santé mentale de la population, naaaa, mais matez le un peu, il n’y a pas de quoi devenir dingue ?
Retenez moi… retenez moi car là ça en est trop… je vais lui sauter dessus et le sucer là devant tout le monde… c’es pas possible… tout en lui est un appel à la baise… la sexytude se dégage de tout son être, regard, gestes, attitudes, voix… en plus il y met les formes… t-shirt blanc à tomber, parfum, chaînette de mec qui dépasse juste sur les coté du col du t-shirt, le tatouage qui s’affiche juste au dessus de la manchette blanche, son beau jeans, ses chaussures ultra tendance… sa belle montre… et enfin ses doigts qui se faufilent derrière l’élastique du boxer pour aller effleurer son beau gourdin…
Jérém recommence à parler et pour mener une discussion animée, le beau brun a besoin de ses deux mains, ce qui fait que son manége prend fin… Jérém cause, les autres répondent à tour de rôle, parfois tous ensemble… ils se captent au quart de tour… c’est une belle entente qui me rend toujours un brin jaloux… c’est animé, c’est viril, c’est entraînant, c’est beau, on dirait une danse, une chorographie, c’est harmonieux, chacun prend part à la conversation, chacun parle à tour de rôle, chacun semble jouer son rôle…
Thierry refait son pitre… Thibault fait son Thibault en supervisant toute la scène avec son regard bienveillant… Bruno, quant à lui, fait son petit coq… c’est lorsque une blonde vient demander du feu à leur table, bref, une allumeuse qui vient demander de se faire allumer… beurk, beurk, beurk… je vais vomir sur la table… et elle ne s’y est pas trompée, elle a choisi à tout hasard la table où il y a la plus grande densité de beaux mec de la boite… la salope, la salope… oh la salope… la salope… (pardon les filles, rien de personnel à votre égard… mais c’est toujours pareil… lorsqu’on s’approche de mon beau brun, de suite cette réplique marquante d’un vieux film me revient à l’esprit et tout le monde, filles ou mec, devient S-A-L-O-P-E !).
Oui, Bruno fait son petit coq, à grands coups de beaux sourires hébétés… je n’arrive pas à me décider si je trouve dégoûtant ou mignon le changement de comportement d’un beau mec face à une nana séduisante, comment il en arrive jusqu’à perdre toute sa dignité…
Et Jérém, quant à lui, bah… Jérém fait du Jérém, comme d’hab… Jérém-fait-le-con… oui, Jérém fait son petit con à gifler… car en présence de mademoiselle, je le vois changer d’attitude, passer en mode chasse à charme… échanger avec cette allumeuse tout en déconnant avec les potes, jouer le petit macho, s’amuser, captiver à tout va…
Son petit jeu est redoutable car in fine, même si Jérém est le mec le plus éloigné d’elle, je vois le beau brun se lever, se pencher au dessus de la table pour approcher ses mains du visage de la nana… oui, in fine c’est bien le sien, des trois briquets qui ont été prestement dégainés pour allumer la petite dame, qui arrivera à mettre le feu là où il était demandé…
La cigarette est allumée, et apparemment pas qu’elle… mais qu’est ce qu’elle fait cette garce ? Elle fait le tour de la table, se met derrière mon beau brun, lui pose les deux mains sur les épaules, se penche sur son oreille, approche ses lèvres trop rouges à ses oreilles fines qui me font tant d’effet et lui chuchote quelque chose… putain… encore une qui veut baiser avec lui… tu m’étonnes… le gars est canonissime et ce t-shirt est un piège… oui, un véritable piège à salopes ! Et là, dans le genre, on a gagné le gros lot !
Je le savais qu’avec cette tenue Jérém ne risquait sûrement pas de passer inaperçu et surtout qu’il risquait d’être sollicité encore plus que d’habitude… voilà c’est fait… mais quand même… il ne va pas se laisser faire par… ça !!!!... merde, Jérém… un peu d’amour propre… c’est vrai que devant l’appel de la queue l’amour propre d’un mec de dix neuf ans présente une fâcheuse tentation à s’éclipser… mais quand même !!! Quand même… il ne va pas me faire le coup de partir baiser une pouff deux fois d’affilé…
Je commence vraiment à craindre le pire lorsque je vois le visage de mon beau brun s’ouvrir sur ce petit sourire coquin que je lui connais que trop bien, un sourire qui me fait fondre lorsqu’il m’est adressé mais que là me rend jaloux à me faire sortir de mes gonds… je bous à l’intérieur, notamment lorsque je vois Jérém acquiescer et chuchoter à son tour quelque chose à l’oreille de la blonde, sa fierté de mâle en bandoulière… apparemment… les mots que la nana a posé dans son oreille ont du toucher là où il le faut dans son ego masculin… j’ai envie de me lever, de crier… fous lui la paix !!!
Un instant plus tard, la nana sort un petit calepin de son sac à main, elle griffonne quelque chose qui ressemble à une suite de dix chiffres… elle arrache la petite feuille de papier et la tend au beau brun… celui-ci l’attrape, et dans la foulée la nana lui tend le calepin et le stylo… et là… là le beau brun se limite à sourire, à chuchoter quelque chose à son oreille, quelque chose qui doit ressembler à un « Je t’appelle », alors que le calepin et le stylo n’ont pas quitté les mains aux ongles affilées…
La nana remballe calepin et stylo, et une bonne dose de son panache avec… elle revient poser ses sales pattes sur les épaules de Jérém… et chuchoter quelque chose à l’oreille du beau brun… quelque chose qui provoque un nouveau sourire coquin… elle est prête à tout cette salope… à tout lui faire pour le mettre dans son lit… mais le beau brun fait de la résistance… c’est comme ça que je t’aime, Jérém… tiens bon le beau brun, je suis là…
La nana retire ses pattes non sans avoir passé sa main derrière sa nuque… putain… je vais la tuer…
Elle part enfin, en fumant sa cigarette comme une conasse…
Une fois cette perturbation sur talons dégagée, la meute retrouve ses liens… ça déconne à nouveau, mais j’ai comme l’impression que le sujet de leurs plaisanteries ne soit désormais que cette même perturbation… je suis presque sûr que mon beau brun est en train de se faire charrier par ses potes… et ils ont bien raison… son succès avec les nanas est tel que si on en rigole pas, on aurait envie de le cogner… alors, à choisir…
Tout en continuant à rigoler, tourné de trois quarts vers Bruno qui est en train de parler, ce qui me permet de le voir de profil, Jérém sort son paquet de cigarettes : il en sort une, il la pose juste au bout de ses lèvres, tellement au bout qu’elle est tout juste retenue et que son petit poids la fait piquer vers le bas… c’est un détail… mais ce détail a quelque chose d’incroyablement sexy et viril à mes yeux… la nonchalance avec laquelle cigarette est tout juste posée entre ses lèvres évoque quelque chose de profondément érotique pour moi… si on me demandait pourquoi, je ne saurais pas l’expliquer…
Toujours est-il que c’est comme ça… de plus, ce moment de flottement avant d’allumer la cigarette se prolonge… Jérém est tellement concentré sur les mots de son pote, que cela le détourne de son intention de fumer et retarde le geste d’allumer la clope alors que le briquet est immobilisé dans sa main fermée…
Il l’allume enfin, il tire fièrement sur sa clope ; Thierry et Bruno lui emboîtent le pas… il n’y a que le beau Thibault qui ne fume pas… lui, c’est vraiment le gars parfait…
La discussion entre potes reprend un peu plus posée, ça a l’air de discuter de choses sérieuses à présent… c’est Thibault qui a la parole et son attitude posée et rassurante fait que les trois compères sont à l’écoute en ordre rangé…
Et là, quelque chose de beau, de très beau va se produire… tout en fumant sa cigarette, voilà que
Jérém, qui me fait dos puisqu’il regarde attentivement Thibault qui est assis en face de lui, se penche un peu plus en avant sur son tabouret… et là, voilà que le miracle ne tarde pas à se produire… le t-shirt commence à remonter… le jeans descends… je sens que je vais assister à un beau spectacle… je ressens un frisson parcourir mon dos… j’ai l’impression d’attendre le premier rayon de soleil à l’aube d’un nouveau jour… le buste se penche un peu plus, le t-shirt monte, monte, monte…
Et enfin ça apparaît… l’écriture noire Calvin Klein sur l’élastique de son boxer s’affiche petit à petit dans son dos, entre le t-shirt et le jean… à un moment son buste est tellement penché en avant que non seulement l’intitulé de la marque se lit en toutes lettres insolentes, mais c’est un bout de peau mate en prime qui m’est offert d’observer… vision de bonheur…
Oui, vision de bonheur qui prend fin un instant plus tard… les verres sont vides, les quatre fantastiques disparaissent à nouveau dans la salle de billard…
Et moi… moi je suis toujours coincé à cette putain de table avec mes camarades avec qui je m’emmerde sec… et c’est reparti dans le best of des souvenirs… putain… je me sens comme devant la grille des programmes entre Noël et le Jour de l’An… des bêtisiers à toutes les heures et à toutes les sauces… j’ai envie de vomir… on recommande à boire… la deuxième bière descendue bien vite, j’ai aussitôt envie d’aller au toilettes…
Ces mêmes toilettes où quelques semaines plus tôt j’avais croisé Jérém… il rentrait pendant que j’en sortais… je l’avais regardé s’enfermer dans une des cabines… et j’étais resté si longtemps à mater la porte qu’il avait renfermée sur lui pour entendre un intense bruit de pipi tomber dans l’eau de la cuvette… me demandant si je n’allais pas taper à la porte et lui proposer une gâterie... je m’en voulais tellement de ne pas lui avoir proposé en le croisant, alors que son regard lubrique, lorsqu’il m’avait congédié avec une « bonne soirée, mec… » m’avait clairement fait comprendre qu’il en avait aussi envie que moi… j’avais cependant bien compris qu’il trouvait encore plus jouissif de me planter là comme un con après avoir vu la frustration s’afficher clairement sur mon visage…. s’il le faut il s’était même branlé dans ces chiottes pendant que je me languissais de le sucer…
Plus tard ce soir là…
Les mains croisées derrière la tête, le t-shirt remonté au dessus de ses abdos, vision de Paradis ; les épaules appuyées à la cloison, les jambes légèrement écartées, le bassin vers l’avant, boxer et pantalon descendus à mi cuisses, la queue en l’air bien raide, le mec attend que je vienne rendre hommage à sa virilité…
Je regarde son gland et je me fais une curieuse réflexion… en fait… un gland bien gonflé… ressemblerait presque… à un cœur renversé… voilà, j’ai trouvé, certains hommes n’ont pas de cœur, mais ils ont tous bien un gland… et à partir de là, je sais désormais comment toucher à coup sur mon con de beau brun au plus profond de son « cœur »… et si le cœur des hommes est au sommet de la queue, il suffit de le prendre entre les lèvres pour le faire palpiter…
C’est ce soir là que je réalise que oui, le cœur de mon Jérém est au bout de sa queue.