18 Janvier 2017
Le lundi après la finale du tournoi de rugby, je me réveille dans le même état dans lequel je me suis endormi la veille : avec un désagréable mélange de sentiments, un mélange à base de frustration, de déception et d’angoisse…
Il est 7 heures, la maison s’anime, des bruits de vie viennent à moi depuis la salle de bain à l’étage et depuis la cuisine au rez-de-chaussée…
J’ouvre le rideau et je constate que la météo, grise, pluvieuse, triste, semble se mettre aux couleurs de mon état d’esprit du jour. Quand je suis triste, je n’ai pas envie d’une belle journée… une belle journée, appelle à être heureux… lorsque je ne le suis pas, je préfère la grisaille…
Conforté dans mon envie de rien faire par ce temps qui m’autorise à ne rien faire… ni aller courir sur le canal, ni aller à la piscine, ni grand-chose d’autre… voilà, je me remets au lit : je vais faire la grasse mat… en attendant peut-être de trouver le courage d’affronter une nouvelle journée, une nouvelle semaine, et l’été devant moi, sans mon Jérém…
Car là, c’est bon, je pense… ce qui s’est passé dans les vestiaires du terrain de rugby hier après-midi, c’était la der des ders… une baise d’adieu…
Quand j’y repense… cette victoire arrivée à la toute dernière minute grâce à une passe du Thibault à dos large au profit du Jérém à peau mate… je revois son attitude de fauve vigoureux, la puissance de son regard oscillant entre le ballon et les deux poteaux lors de la transformation… son coup de pied, le ballon qui fend l’air et décide de la victoire… la liesse de son équipe… l’accolade avec Thibault… les larmes de Jérém…
Je repense, comment pourrait-il en être autrement, à la délirante partie de jambes en l’air dans le vestiaire… Jérém allongé sur un banc… ma bouche coulissant sur sa queue… sa rondelle recevant les caresses de ma langue… puis, moi à plat ventre sur le même banc… ma rondelle recevant les caresses de sa langue, je n’arrive toujours pas à y croire… mon ti cul recevant les assauts de sa queue… à nouveau Jérém allongé sur le banc, moi empalé sur sa queue, coulissant de haut en bas et de bas en haut autour de son manche… puis la jouissance… la sienne, en moi… c’est indiciblement beau de voir ce mec jouir et se vider en moi… encore la jouissance, la mienne ce coup-ci, entrainée par celle du mâle… je gicle sur son torse et le bogoss exige que je nettoie tout ça avec ma langue…
Vient la douche, ensuite… la sienne, spectacle à couper le souffle… la mienne… à genoux devant lui, copieusement aspergé par son jet dru, doré, odorant…
Pendant que je me douche enfin à l’eau chaude, le bogoss s’habille… voir un bogoss pareil enfiler un t-shirt blanc et le jeans qui va avec, ça donne des envies… je ne peux pas le laisser partir comme ça… je ne résiste pas à la tentation de lui quémander une pipe pour la route… pendant que je le suce, son portable sonne… bizarre mais excitant de sucer Jérém pendant qu’il parle au tel avec son pote Thibault…
Après de grands coups de reins, le bogoss jouit vite dans ma bouche et il est déjà sur le point de partir… lorsque je lui demande quand est-ce que je le reverrai, je m’entends répondre froidement qu’il ne va plus trop avoir de temps pour moi car il a envie de profiter de ses potes avant son départ à la rentrée…
Après la douche odorante, la douche à l’eau chaude, me voilà douché une fois encore, à l’eau froide, très froide… le bogoss me lâche que finalement il compte partir à la rentrée, partir loin de Toulouse, sur un ton complètement désinvolte et détaché, comme si ça ne lui faisait ni chaud et ni froid… et, sur ce, il se tire…
Après des mots pareils, si définitifs, sans appel, quoi espérer encore ? J’ai l’impression de me retrouver face à l’inéluctable, à la désolation d’un avenir sans Jérém…
Je savais que ça se finirait un jour… qu’il partirait pour construire sa vie, un avenir professionnel… mais je ne pensais pas que notre séparation arriverait si tôt, bien avant son départ… je me disais que j’avais tout l’été devant moi pour trouver une solution… pour le rendre accroc… ou du moins pour me préparer à l’inévitable… je ne sais pas si j’y aurais été préparé un jour… mais là, ça fait vraiment trop tôt…
Le lundi passe dans une morosité que rien n’a le pouvoir de secouer… je me balade en ville sans but, juste pour faire passer le temps et pour ne pas rester seul dans ma chambre… j’ai trop envie de chialer… mais je ne veux pas, j’aurai bien trop le temps ce soir pour cela… en attendant, je n’ai envie de rien… je me sens vidé… je n’ai même pas envie d’écouter de la musique, pourtant amie indéfectible depuis toujours… j’ai l’impression que toute chanson me rappelle des souvenirs et que chaque souvenir est douloureux… je n’ai même pas envie d’écouter le double cd du concert de Madonna à Milan trouvé dans la boutique à Jean Jaurès… c’est pour dire à quel point j’ai le moral dans les chaussettes…
Je passe toute la journée à chercher un prétexte pour approcher mon bobrun, évidemment sans trouver… aller le voir à la brasserie… il me pulvériserait d’un simple regard… lui envoyer un SMS… pour lui dire quoi ?
D’une chose j’ai quand même envie… d’acheter la Dépêche du Midi et de la feuilleter pour chercher un article probable au sujet de la victoire de l’équipe de Jérém face à Colomiers… le journaliste et le photographe ne sont pas venus hier sur le terrain juste pour faire des photos de bogoss… quoique…
Je parcours fébrilement les pages Toulouse… et voilà l’article… en haut de page, sur quatre colonnes et avec deux photos quand même (je vais y revenir)… dans l’article, un résumé technique du match soulignant l’exploit final du beau capitaine d’équipe… un article bien incomplet à mon sens, car passant sous silence un élément essentiel de la beauté de ce match, à savoir l’aveuglante sexytude, l’élégance déroutante de Mr Tommasi pendant le jeu…
A moins que… les photos ne se chargent de raconter ce que les mots ne sauraient rendre dignement… coincée entre deux colonnes, la photo noir et blanc de l’équipe gagnante… sur cette photo, on voit mieux Thibault que Jérém… mais mon Jérém a droit à une petite photo à part… juste le visage et le col du maillot… putain… même en noir et blanc, avec l’impression approximative d’un papier de quotidien, mon bobrun est grave sexy…
La légende de la photo récite : « J. Tommasi, ailier et capitaine de l’équipe, auteur de la transformation qui a fait basculer le match ».
Pourtant, lorsque je regarde cette photo, c’est une autre légende qui s’affiche dans ma tête : « J. Tommasi, bogoss et charmeur impénitent, auteur du chamboulement qui a fait basculer mon cœur »…
S’il savait, le journaliste, à quel point ses efforts physiques ne se sont pas arrêtés à l’action sur le terrain… s’il savait à quel point la troisième mi-temps dans les vestiaires a été fabuleuse, au moins autant que les deux premières sur le terrain… s’ils savaient les supporters qui apprécient ses exploits… si elles savaient, les pisseuses qui scandaient son prénom autour du terrain pendant le match, à quel point ce bogoss prend son pied en s’envoyant en l’air avec un petit pd prénommé Nico…
Voilà le genre de vérité sous la surface des choses, faisant de ceux qui la connaissent des êtres un peu à part… détenteurs et dépositaires d’une info capitale, comme un secret défense, une info qui pourrait faire des ravages si elle devait être révélée au grand jour…
Je découpe soigneusement l’article et je le range dans le lieu le plus sacré qui soit à mes yeux… une vieille boite à chaussures en carton qui réunit les quelques objets qui me sont les plus chers… la boite de mes objets d’enfant… ma première montre Casio à la forme si caractéristique… ma première calculette… des coquillages cueillis sur la plage de Gruissan… des cartes postales… quelques photos d’enfance… des petites figurines des Chevaliers du Zodiaque… ainsi qu’un certain nombre de photos des bogoss, acteurs et autres boys-band qui me faisaient bander, ado, et que je matais les soirs, seul dans ma chambre en me branlant souvent…, et, désormais, la toute première photo de Jérém en ma possession, découpée des pages de la Dépêche…
Mais avant de la ranger, d’une autre chose j’ai envie… de me branler en matant cette photo… de me branler en passant le t-shirt que je lui ai piqué la dernière fois que j’ai passé la nuit chez lui… en reniflant le boxer que je lui ai subtilisé par la même occasion… j’ai envie de me branler en retrouvant sa présence olfactive, la seule chose qui me reste de lui, tant que le coton la conservera…
En me branlant, je ressens une envie déchirante de le revoir. Au cours de la soirée, je me branle une fois, deux fois, trois fois… mon envie est insatiable… pendant la montée du plaisir, je me sens un peu soulagé, j’arrive à oublier un peu mon angoisse… mais dès que je jouis, je me rends compte que ma jouissance solitaire est loin, très loin de ma véritable jouissance… celle de me sentir possédé par le beau brun, me sentir l’objet de son plaisir… le voir jouir partout en moi…
En fin de journée, je repense à quelqu’un qui a quand même un peu compté dans ma courte mais intense vie sentimentale et dont je n’ai pas de nouvelles… je trouve l’occasion d’envoyer un sms à Stéphane, lui demandant de ses nouvelles… comment se passe sa nouvelle vie à Bâle ? Est-ce que Gabin va bien ? J’ai vraiment besoin de sentir que sa promesse de rester en contact n’était pas juste une promesse en l’air… que je ne me suis pas fourvoyé en le croyant sincère…
Oui, j’ai envie d’avoir de ses nouvelles… et j’ai envie qu’il m’en demande à son tour… j’ai envie de parler à quelqu’un qui saurait me comprendre… je fais toujours ça quand je ne vais pas bien… je demande des nouvelles… en espérant qu’on en demande des miennes… pour vider mon sac…
J’aurais pu contacter Elodie… mais pour l’instant je ne me sens pas le courage de répondre à son inévitable interrogatoire… de lui raconter comment je me suis encore fait téj après m’être fait baiser… affronter ma cousine c’est au-dessus de mes forces…
Une dernière branlette dans mon lit, dans le noir… la main gauche saisit ma queue et commence à coulisser dessus tout doucement en faisant monter l’excitation petit à petit… pendant ce temps, la main droite s’emploie à caresses mes tétons… je ressens presque instantanément l’effet bénéfique caractéristique sur le moral… à cet instant, mon corps est heureux, et ce bonheur envahit mon esprit, repoussant mes angoisses au-delà des limites perceptibles de ma conscience…
Il faut admettre qu’il n’y pas de meilleure branlette que celle du soir, dans son propre lit, avant de s’endormir… lorsque plus rien ne presse et que la nuit semble charger le lendemain de si belles promesses…
Je me branle tout doucement, retardant sans cesse mon orgasme… plus ça va, plus je réalise que dans le sexe, l’essentiel du plaisir se trouve dans la longueur, dans l’attente à la limite de la frustration, chose que bon nombre de garçons semblent ignorer, si pressés de transformer l’essai au point de bâcler les autres phases de jeu… pourtant, il faut bien admettre que chaque phase de jeu est tout aussi importantes que l’action finale pour réaliser un bon but… que plus l’action est longue… plus elle prépare un but spectaculaire…
Très vite, l’excitation ouvre la boîte à fantasmes… ma tête se remplit d’images érotiques toutes les unes plus chaudes que les autres… je m’amuse à faire défiler les fantaisies senXuelles les plus osées, mélangeant et mettant en scène situations et personnages, imaginant des plans croisés entre mecs appartenant à des univers différents, ne se connaissant pas forcement entre eux… des mecs du lycée, des visages et des corps connus juste de vue… avec des mecs connus, chanteurs, acteurs, sportifs…
Suivant ma sensibilité et mes envies, j’attribue à certains un rôle de passif et de soumis, à d’autres un rôle actif et dominant, des attitudes sexuelles qui contrastent souvent avec leurs attitudes, avec l’image que je me fais d’eux…
Ainsi, dans ma tête, j’imagine ce type bien macho que je croise tous les jours dans les couloirs du lycée en train de couiner sous les coups de reins d’un pote qui lui mettrait la raclée sexuelle de sa vie ; à contrario, j’imagine des petit mecs à l’air choupinous, se faire sucer et dévergonder par des mecs qu’on imaginerait jamais avoir envie de sucer une queue ou lécher une rondelle… c’est mon défouloir, ma fantaisie étant la seule limite des combinaisons sexuelles possibles entre garçons, des occasions et des scènes qui n’existent que dans ma tête…
Oui, tel un Robin des Bois du sexe, dans ma tête les machos en prennent pour leur grade, les gentils garçons prennent leur revanche, la virilité est tour à tour célébrée dans une jouissance sans limites ou malmenée dans la frustration la plus insoutenable…
Bien sûr, mon bobrun s’invite régulièrement dans mes fantasmes de branlette… je revis nos ébats… chose qui m’est d’autant plus aisée lorsque le souvenir de son passage est encore bien vif dans mon entrejambe et dans ma bouche…
Une fois je me suis même imaginé me dégager de Jérém après l’avoir sucé à fond, juste à deux doigts de l’orgasme, partir le laissant en plan… pire encore, je me suis vu déboiter mon ti cul de sa queue, juste avant qu’il jouisse… pire encore… je me suis vu me déboiter de lui, juste au moment où le premier jet monte dans son sexe et le plaisir est le plus extrême… oui, je me suis vu lui infliger la frustration extrême de lui faire rater son orgasme…
Dans mes fantasmes à la branlette, je suis méchant avec tous ces beaux garçons… ça doit être une sorte de revanche face à ce que j’endure avec ce ti con de Jérém…
Oui, c’est super bon une dernière branlette dans mon lit, dans le noir, avant de m’endormir… et lorsque l’orgasme vient, c’est une nouvelle puissante image qui s’affiche dans ma tête, une image violente, brutale… Jérém et Thibault dans un même lit, mélangeant leurs corps, leurs muscles, leurs envies, leurs plaisirs, leurs jus brulants… s’offrant un plaisir intense dans une étreinte pleine de désir et d’amitié… se faisant plaisir au point de se demander pourquoi cela n’était pas arrivé plus tôt… à la fois fantasme et souvenir d’un rêve d’il y a quelque temps…
Et je jouis très fort avec cette image chauffant ma tête…
L’apaisement qui s’en suit laisse rapidement la place au sommeil, un sommeil qui vient clore cette journée de grisaille… le sommeil sera peuplé de rêves où se mélangeront fantasmes et fantômes… des rêves dans lesquels mon Jérém sera omniprésent…
Le réveil du mardi ressemble de très près à celui du lundi… morose, gris et apathique… la météo du mardi ressemble de très près à celle du lundi… morose, grise et apathique… ainsi, la journée du mardi ressemble en tout et pour tout à celle du lundi… à un détail près, quand même…
En regardant une célèbre émission en fin d’après-midi… c’est pour dire à quel point mon emploi du temps est excitant à cette période… oui, en regardant une célèbre émission en fin d’après-midi, j’ai l’intuition que, dans l’incertitude où ma vie a été plongée depuis 48 heures, un joker de type « Coup de fil à un ami » pourrait m’être plutôt bénéfique…
Un sms au beau pompier est donc envoyé…
« Salut, comment ça va depuis hier ? Remis de la 3è mi-temps ? ».
Oui, j’ai envie de voir le beau mécano, envie de chercher du réconfort auprès du meilleur pote de Jérém… les proches de la personne aimée portent un peu de la personne aimée en eux… avec eux on peut parler d’elle autant qu’on en a envie, et on finit souvent pour en apprendre un peu plus à son sujet… c’est un peu comme si elle était là avec nous même si elle est loin… c’est un peu comme si on parlait avec elle, mais sans être gêné par son regard…
Et puis… je me réjouis d’avance de parler de Jérém avec Thibault… car Thibault est toujours très touchant lorsqu’il parle de son pote… toujours adorable avec sa voix douce et chaude de jeune mec d’où transpire toute sa gentillesse profonde… oui, Thibault, puits à câlins…
En lui envoyant un sms en fin d’après-midi, j’espère que le beau pompier répondra rapidement… c’est la première fois que je lui envoie un sms et je ne sais pas quel est son comportement face à ce genre de communication…
A cette époque, les sms sont encore payants, très payants… et, surtout, une barrière de presque dix ans nous sépare encore de cette époque où les smartphones et les réseaux sociaux accaparent les esprits et vampirisent les relations humaines… ceci dit, je ne pense pas que le charmant Thibault soit du genre, ni aujourd’hui, ni demain, à passer son temps à mater l’écran d’un portable… Thibault est un mec dans le présent, dans l’action, dans le réel, dans le contact humain…
Pourtant… j’espère avoir vite une réponse de sa part…
Hélas, sa réponse se fait attendre… non, décidemment, le bomécano n’est pas du genre à consulter son portable 100 fois par heure… à minuit, toujours rien de sa part… ni, d’ailleurs, de la part de Stéphane… je me dis que ça ne fait que quelques jours qu’il a emménagé et qu’il doit avoir d’autres chats à fouetter… rien non plus de la part de ma cousine adorée, à laquelle j’ai enfin trouvé le courage de proposer un tête à tête-confession, à part un court message pour m’expliquer à quel point elle est accaparée par son taf, ainsi que par son rencard du soir…
Bref, je me couche seul au monde… seul avec les odeurs de Jérém… c’est mon t-shirt que je renifle ce soir… ce t-shirt taché par son jus de bogoss deux jours plus tôt…
Mercredi, toujours de la flotte et du vent froid, toujours aucune nouvelle de Thibault… j’ai envie d’aller le voir au taf, mais je n’ai pas envie non plus de sembler trop pressant… pas envie de me montrer collant… s’il ne m’a pas répondu, c’est qu’il n’a pas le temps… ou pas l’envie, après tout… peut être qu’il a aussi une vie sentimentale… je n’aurais pas dû envoyer le sms… j’aurais dû me pointer direct… je décide d’attendre le soir…
Mercredi soir, je me couche à une heure du mat sans avoir reçu le moindre message de la part de Thibault… et encore moins de la part de Stéphane…
Jeudi, nouvelle journée de pluie et de vent froid… mais il est passé où l’été ?
Jeudi midi, toujours aucune nouvelle de Thibault… là, son silence m’inquiète… ça ne lui ressemble pas… j’ai trop envie de voir Jérém et je sais que ce n’est pas la chose à faire… pour tenir bon, j’ai besoin de voir au moins son meilleur pote, mon pote, mon allié… j’ai envie de savoir comment il a trouvé Jérém lors du barbec chez l’entraineur, savoir s’il y a eu une fin de soirée après… savoir s’il a dit quelque chose de moi, on ne sait jamais… envie de me sentir rassuré…
Ce silence de Thibault ne me dit rien qui vaille… le bomécano n’est peut-être en effet pas du genre à consulter ses sms toutes les 5min, mais il est un garçon qui, je pense, ne « négligerait » pas sans raison de répondre à un message d’un « presque » pote… il me semble désormais évident que ce silence ne présage rien de bon…
Pendant toute la journée, je me dis que je vais l’appeler à 20 heures… pourtant, en fin d’après-midi, je me sens violemment happé par une envie irrépressible d’aller le voir à la sortie de son taf… oui, je vais lui proposer de prendre un verre… après tout, ça a toujours été sympa de prendre un verre avec le beau mécano… il s’est toujours montré super gentil, et content de me voir…
C’est une décision qui me parait à la fois la bonne mais aussi un peu « risquée »… tout dépend évidemment de ce qui se cache derrière le silence du bomécano… mais j’ai besoin d’en avoir le cœur net…
Me voilà en train de rôder à proximité de la Gare Matabiau en attendant 18 heures, l’heure où le beau mécano débauche… il ne faut pas que je le rate… mais je ne peux pas non plus faire les 100 pas devant le garage… équation délicate …
18h15… le voilà le bomécano… habillé d’un pull à capuche violet clair, un peu ample, la capuche remontant autour de son cou puissant et retombant entre ses épaules, le mec est juste à tomber… il faut dire que j'adore les pulls à capuche, ces pulls capables de mettre en valeur des sexytudes différentes, d’exprimer des impressions différentes suivant le mec qui le porte... sur un mec des tecis, ça fait racaillou sexy... mais sur un mec comme Thibault, ça fait mec adorable, bien dans ses baskets...
En dessous du pull, un short bleu assez ajusté, mais pas trop, à ses fesses musclées… et en dessus du short, ses mollets puissants et recouverts d’une bonne pilosité, des mollets de rugbyman…
Il est vraiment craquant… sexy et touchant, une attitude très douce et très masculine à la fois… en un mot… il est juste indiciblement beau... juste à pleurer...
Le bogoss m’a capté et s’est arrêté… je traverse la rue pour aller à sa rencontre… plus je m’approche de lui, plus je trouve qu’il a un côté « nounours », dans le sens « adorable », « appelant les câlins », ne demandant qu’à être serré dans les bras… car ce mec est en effet profondément gentil, il n’y a rien d’arrogant ou d’insolent dans sa sexytude, il respire juste la bogossitude et la tendresse, même si on sent chez lui quand même le potentiel pour être un félin au pieu…
Mais force est d’admettre que la première chose qui frappe en lui quand on le voit, c’est une soudaine envie de lui faire des câlins...
Sa poigné de main est toujours aussi puissante et chaude… sa présence, toujours aussi déroutante… en m’approchant de lui pour lui faire la bise, je réalise très clairement que ses yeux verts marrons changent de couleur suivant la lumière… je l’ai déjà remarqué à d’autres occasions… plutôt marrons à certains moments, bien verts à d’autres… gris foncé, parfois… en cette fin de journée nuageuse, ils auraient plutôt tendance à tirer sur un vert un peu éteint, mais profondément charmant…
Il a l’air fatigué le bogoss… le sourire avec lequel il m’accueille, semble un peu forcé… j’ai même l’impression que sa surprise de me voir s’accompagne d’un certain malaise. J’en viens très vite à me demander s’il se doute de quelque chose quant aux raisons du retard de Jérém dimanche soir au barbec chez l’entraineur.
« Ça va ? » je lui demande.
« Oui, ça va, je suis fatigué, mais ça va… » je l’entends me répondre. J’ai de suite l’impression que son attitude et le ton de sa voix ne sont pas ceux auxquels je suis habitué.
« Sale semaine ? » j’enchaine, comme pour trouver une explication à ce comportement que je trouve bizarre.
« Ouais… assez, oui… les garages commencent à fermer pour les congés, il y a du taf en pagaille… » fait-il de façon distraite et un brin excédée.
« Tu es en congés quand ? » je relance pour essayer de le renvoyer à des choses agréables.
« J’ai trois semaines fin aout, début septembre… ».
« Cool… » je commente, tout en réorientant la conversation « je t’ai envoyé un sms l’autre jour, tu l’as eu ? ».
« Ah, oui, désolé, je n’ai pas répondu… j’ai pas trop l’habitude des messages ».
Quelle belle époque, 2001… on pouvait encore entendre ce genre de phrase de la bouche d’un bomec de 19 ans…
« C’est pas grave… » j’enchaine « sinon, tu t’es remis du match ? ».
« Oui, quand même… » fait-il en coupant court… j’ai l’impression qu’il n’a pas vraiment envie de taper la discute…
« Vous avez fait la fête tard dimanche soir ? » je tente d’en savoir un peu plus.
« Oui, assez tard... » fait-il, toujours aussi minimaliste.
« Jérém, ça allait ? » je m’avance.
« Il était super heureux… » fait-il sans s’épancher davantage, sans que son regard s’illumine comme d’habitude en parlant de son pote… d’ailleurs, son regard semble sciemment m’éviter…
« Ça a dû être sympa le barbec… » je commente, pendant que…
… pendant que le bo pompier sort un paquet de clopes de sa poche, en pose une entre ses lèvres, et l’allume…
« On fait souvent ça chez l’entraîneur » il répond tout en tirant une première taffe.
Il faut admettre que le geste est grave sexy chez le bomécano… sa façon de porter sa main à son menton pour poser la cigarette entre ses lèvres, sa façon d’expirer la fumée vers le bas… son regard pendant que la fumée chauffe ses bronches et la nicotine se diffuse dans son sang… comme un petit orgasme qui s’affiche sur le visage d’un bogoss… grave sexy, oui… ce qui ne m’empêche pas de trouver ça vraiment dommage pour lui, pour sa santé… de me demander comment ça se fait que je ne l’ai jamais vu fumer et que là il sort un paquet de clopes et il en allume une devant moi…
« Tu fumes, toi aussi ? » je ne peux m’empêcher de lui demander, surpris.
« Oui… enfin… non… parfois… j’ai repris il n’y a pas longtemps… » fait-il, visiblement gêné par ma remarque.
J’essaie de changer de sujet pour dissiper le malaise. Je ne veux surtout pas qu’il me trouve chiant.
« Et après le barbec vous êtes sortis ? » je reprends alors mon projet de conversation initial.
« Oui… enfin… mais pas tous… on était nazes… » fait-il sur un ton évasif, toujours sans me regarder dans les yeux, chose qui est plutôt une première chez lui ; et là, je l’entends couper court, très court « Nico… il va falloir que j’y aille… ».
« Dommage… » je fais, surpris, avant de lâcher « j’aurais bien pris un apéro comme la dernière fois… ».
« Pas ce soir, Nico, on remet ça à un de ces quatre, ok ? » fait le bomécano, en alignant ses mots de façon presque précipitée et en joignant un nouveau sourire encore plus forcé que le premier.
« Ok » je démissionne en voyant le mec bien déterminé à s’extirper de ma présence.
« Je file » fait le bogoss sans autre forme d’explication, sans même prendre le temps de me refaire la bise.
Je ne sais pas si c’est juste une impression… mais là, en regardant Thibault avancer sur le trottoir d’un pas soutenu jusqu’à disparaître au détour d’une rue, je sens clairement un malaise entre nous…
J’avais voulu voir Thibault pour me sentir réconforté par ses mots, par sa chaleur humaine, par sa voix et son attitude, d’habitude si apaisantes… je n’ai eu rien de cela… au contraire… d’autres inquiétudes s’agitent désormais dans ma tête… un tel revirement d’attitude chez un mec aussi droit et attentionné que Thibault, c’est vraiment pas normal…
Mais bon sang, qu’est-ce qui se passe ? Oui, qu’est-ce qui s’est passé depuis dimanche dernier ? Sur la pelouse, après la victoire, il avait été adorable avec moi… il m’avait encouragé à aller féliciter Jérém pour ses exploits… il m’avait trainé à la buvette pour me rapprocher de mon bobrun… il m’avait lancé un clin d’œil adorable en partant au barbec… j’avais l’impression qu’on avait vraiment une bonne complicité tous les deux… et là, quelques jours plus tard, je le trouve distant… fuyant… est-ce à cause de ce malaise qu’il n’a pas répondu à mon sms ? Est-ce qu’il m’évitait sciemment ? Qu’est-ce qui se passe dans la tête du Thibault à dos large ? Est-ce que Jérém a quelque chose à voir dans ce changement d’attitude ? Je repense à ses reproches la dernière fois où j’ai débarqué rue de la Colombette… comme quoi Thibault lui avait fait des réflexions sur notre relation… une fois de plus, qu’est-ce que Thibault avait bien pu lui dire ? Est-ce que le sujet est revenu sur le tapis entre eux par la suite ? Thibault m’a semblé gêné à l’idée de parler de la soirée de dimanche dernier… qu’est ce qu’il s’est passé au juste ?
Plus tard cet été là, je saurais exactement ce qui a provoqué ce changement de comportement chez le beau mécano, le pourquoi de cette froideur, de son malaise… je saurais même que ce malaise puisait ses racines non seulement dans la soirée après la finale, mais bien plus loin, lors de mon voyage londonien, le soir même du concert de Madonna… je saurai aussi que la cause même de ce malaise finirait par produire pas mal de rebondissement dans nos trois vies…
Mais en attendant, me voilà dans un beau pétrin… avançant à l’aveugle entre un Jérém qui ne veut plus me voir et un Thibaut qui m’évite… j’espère juste qu’ils ne se sont pas disputés… et surtout pas à cause de moi… ce serait la pire des catastrophes…
La première moitié de la semaine avait été grise et morose ; mais la deuxième partie s’annonçait encore plus difficile, des interrogations inquiétantes et sans réponse s’ajoutant à ma morosité et à ma tristesse…
Seul avec mes pensées, avec mes envies, avec mes frustrations, je crois devenir fou… j’ai besoin de voir Elodie… pourtant, le samedi, je refuse son invitation pour une soirée d’anniversaire chez une copine à elle… pas envie de faire la fête… pas envie non plus de tenir la chandelle… son rancard episode1 de mardi soir s’est transformé en episode2 le jeudi et episode3 ce samedi… je suis content qu’elle ait rencontré quelqu’un… mais je sais que lors de cette soirée ma cousine sera accaparée par ses copines et par son nouveau mec… et que je ne pourrai pas profiter d’elle comme d’habitude, comme j’en aurais besoin… je sais qu’elle mérite d’être heureuse en amour, d’ailleurs, en dépit de sa bonne humeur inoxydable, sa solitude m’inquiète parfois… mais une partie de moi la préfère célibataire endurcie, toute à mon écoute, lors de soirées rien qu’à nous deux…
Après une soirée passée à zapper devant la téloche et à bouquiner, ce samedi soir je finis par me coucher tard quand-même… en me mettant au lit, je me laisse aller à imaginer les plaisirs auxquels mon beau brun doit être en train de goûter à cet instant… j’imagine toutes ces nanas au rouge à lèvres trop chargé qui vont lui tourner autour… rien ne l’empêche de se laisser tenter… surtout maintenant qu’il ne veut plus de moi pour lui vider les couilles…
Il est environ deux heures 45 et, pendant que je m’occupe de ma queue sans trop de motivation, ces pensées accaparent toujours mon esprit… ma queue toujours dans la main, je commence à glisser vers le sommeil… je sens que l’engourdissement va gagner mon esprit et mon physique fatigué avant que je n’arrive à produire l’effort physique pour atteindre un nouvel orgasme…
C’est à ce moment précis qu’un bruit bien connu fait irruption dans ma conscience engourdie. Mon portable vient de sonner… juste deux sonneries retentissant dans le silence de la nuit… bizarre… surtout à cette heure-ci… une erreur ? Je me précipite quand même pour regarder si le numéro s’est enregistré…
Et là, à ma grande surprise, l’écran affiche une phrase magique :
« Un appel manqué de… Jérém ».
Voilà autre chose… Jérém qui m’appelle… mais qu’est-ce qu’il me veut ? Pourquoi faire juste sonner deux fois ? Je ne tarde pas à avoir la réponse… une poignée de secondes plus tard, l’icône d’une enveloppe apparaît en haut de mon écran… un sms vient d’arriver… ah, putain… il n’y a qu’une seule personne capable de m’envoyer des messages à cette heure-ci… et c’est le genre de messages qui m’entraînent rue de la Colombette au milieu de la nuit…
« cz moi minant depech ».
Ça a vraiment du mal avec l’orthographe, un mec fatigué et bourré… mais en même temps, même à jeun, Jérém fait des fautes, ce qui le rend touchant et mignon…
J’ai tout juste le temps de lire, que le tel sonne à nouveau… le portable cafte : « Appel Jérém »… je décroche mais à l’autre bout ça raccroche aussitôt… ça ressemble à une manœuvre pour attirer mon attention sur le message qu’il vient d’envoyer… comme pour s’assurer que j’ai bien reçu le message…
Ah, ça, oui, j’ai bien reçu le message… mon bobrun a envie de se vider les couilles et il m’appelle à la rescousse au beau milieu de la nuit… comme quoi, il ne peut se passer de moi… soit il n’a pas trouvé de cul à baiser à son gout, soit il en a baisé mais il a encore des besoins… coup de fil à un vide-couilles, donc…
Putain de mec, putain de voyou sexy et insupportable, saligaud, va… mais comment dire non à une proposition de ce type ? Comment ne pas être emballé à l’idée de retrouver son jeune amant, suite à une sollicitation venant de sa part, alors que dimanche dernier il m’a dit qu’il ne souhaitait plus me voir ? Mais qu’est-ce qu’il l’a fait changer d’avis ? Juste un besoin impromptu de sa queue ? Ou bien il y a autre chose ?
« 10 minutes, j’arrive », voilà ma réponse.
Je saute du lit, je me rhabille vite fait…
Je ne me pose même plus la question de comment me comporter avec lui… une semaine sans le voir et je suis en manque… une semaine sans nouvelles et il m’appelle car il a envie de baiser au beau milieu de la nuit… il faut avouer que c’est excitant…
Une minute plus tard je suis dans la rue… je n’ai pas laissé de message pour maman mais je me dis que, le cas échéant, je lui enverrai un SMS à 6 heures pour lui dire que je suis parti courir sur canal…
Je viens de fermer la porte d’entrée de la maison et je me rends compte que, dans ma précipitation, j’ai oublié le cadeau de Londres… je me dis que ça ferait peut-être son effet… ça lui montrerait à quel point je tiens à lui… et le fait de lui donner lors de ces retrouvailles lui montrerait à quel point je suis heureux que ces retrouvailles aient lieu…
Une petite voix au fond de moi est quand même d’un autre avis… elle lance une alerte FBI pour me raisonner… Fausse Bonne Idée d’apporter le cadeau en de pareilles circonstances, entourées d’incertitudes et de questions…
De toute façon, je ne me sens pas le courage de rentrer à nouveau… d’affronter tous les bruits de la maison de la porte d’entrée jusqu’à ma chambre, dans les deux sens, courir le risque de réveiller mes parents, le risque de devoir donner des fausses explications pour une sortie nocturne qui aurait l’air suspecte, le risque de susciter des inquiétudes… non, je préfère ne pas tenter le diable… et puis, je suis quand même un peu pressé… 10 minutes ça passe vite… de toute façon, le maillot ne va pas se périmer… si le bogoss m’appelle ce soir, il y aura probablement d’autres occasions pour le lui donner… au pire je le déposerai devant sa porte…
Je presse mon pas direction le pont St Michel… lorsque je quitte le quartier, la ville est déserte, et silencieuse. J’ai toujours aimé la ville à cette heure-ci, surtout les ponts, les allées… il n’y a presque pas de voiture, juste des feux de circulation qui changent de couleur dans le vide, ou alors qui clignotent à l’orange… l’éclairage public qui met en valeur les grands bâtiments à l’allure paisible, la Garonne qui reflète les lumières d’une ville endormie, une ville sur laquelle le temps semble comme suspendu, dans l’attente d’un nouveau jour…
Tout s'efface autour de moi/Lorsque la ville s'endort
Je ne vis plus que pour toi/Lorsque la ville s'endort
J’avance à grand pas, la démarche d’un garçon pressé qui va rejoindre le garçon qu’il aime. Le vent d’Autan s’est levé, il souffle très fort, il souffle dans mon dos, caresse ma peau, s’infiltre sous mon t-shirt… m’apportant le souvenir toujours aussi vif du premier jour de révisions… et qu’importe si je suis obligé de contourner le Grand Rond, fermé à cette heure tardive… qu’importe si la voix de Madonna ne vient pas me donner pas des ailes en sortant d’une autoradio… c’est une autre chanson qui trotte dans ma tête, dans la ville endormie…
Le silence me poursuit/Lorsque la ville s'endort
Je voudrai peupler la nuit/Lorsque la ville s'endort
Le vent d’Autan a dégagé le ciel, la lune apparaît de trois quarts. Peut-être que le cœur de Jérém s’est dégagé aussi… que le bogoss s'est calmé… qu’il va avoir envie d’une bonne baise… d’une bonne tranche de plaisir que je lui offrirai avec bonheur… peut être qu’il me demandera de rester dormir, et qu’il aura envie d’un câlin… peut-être qu’on parlera de la finale… peut-être que malgré tout, tout n’est pas perdu… peut-être que notre complicité se construit aussi au travers de ces petites ruptures… peut-être que…
Ton amour n'est pas ce que tu crois/C'est un décor
Mais un jour viendra/Où tu sauras m'aimer plus fort
Je suis impatient de le retrouver, de retrouver le mec qui fait battre très vite la chamade à mon petit cœur… et puis… comment ne pas être impatient de goûter à la puissance sexuelle d’un garçon capable de m’offrir un plaisir total, impliquant, emballant les cinq sens ? Comment ne pas se laisser porter par ce vent qui souffle toujours, direction de la rue de Colombette ?
Pourquoi ces rencontres impromptues dans la nuit me paraissaient si excitantes ? Est-ce leur caractère imprévu ? Le fait qu’il pense à moi dans ces moments de solitude après une soirée ?
Je fends la nuit fraîche de ce mois de juillet, gai et excité comme un pinson… je suis tellement sur un petit nuage que j’arrive devant la porte de l’immeuble du bobrun sans presque m’en rendre compte.
Mon cœur bat à tout rompre… mon bras commence à se lever pour poser mon doigt sur le bouton, mais mon geste s’arrête brusquement. J’ai besoin de quelques secondes pour reprendre mon souffle… je me rends compte que j’ai carrément fait le trajet au pas de course pour arriver si vite…
J’en profite pour essayer de me convaincre que tout cela est bien vrai. Pour essayer de trouver une attitude convenable, pour ne pas trop montrer la fébrilité de mon envie. Déjà que j’ai réagi au quart de tour après son sms, un message qui ressemble clairement à un claquement de doigts… je dois me ressaisir… retrouver un peu de dignité pour pouvoir la perdre devant sa queue tendue…
De toute manière, mon Nico, le bogoss sait que tu es raide dingue de lui et que tu ne peux pas lui résister… il sait que tu viendras à chaque fois qu’il claquera des doigts, et puis tu en as une de ces envies… regarde toi, Nico, tu bandes déjà à l’idée de le voir nu, de le sucer, tu mouilles mon petit… tu ne peux pas résister à Jérém, c’est trop tard…
Dès que mon doigt se pose sur la sonnette, la porte se déverrouille avec ce petit bruit électrique typique…
Lorsque j’arrive devant la porte de son appart, je la trouve entrebâillée. Je pousse le battant et je me retrouve dans cette chambre que je connais désormais par cœur. Je suis un peu comme chez moi…
Seule la faible lampe sur sa table de nuit est allumée, la pénombre règne dans la pièce. Jérém est assis sur le canapé, devant la télé allumée avec le son très bas. Une bouteille de bière à la main et une cigarette-faite-maison à la fumée et à l’odeur bien caractéristiques dans l’autre.
Je referme lentement la porte derrière moi, en essayant de faire le moins de bruit possible.
Le bogoss porte un simple débardeur blanc à cotes fines qui met diaboliquement en valeur ses pectoraux, ses épaules, le V de son torse, sa chaînette négligemment abandonnée dans l’arrondi, sur la peau mate …
Son bassin est moulé dans un boxer DIM vert à l’élastique blanc, du meilleur effet. Le relief de sa bosse se dessine sous le tissu élastique et cette vision me met d’entrée en situation… en situation d’avoir grave envie de lui…
« Salut » je lui lance.
Pour toute réponse, le bogoss expire un bon nuage de fumée.
Il est à craquer. Une légère brise s’infiltre par la porte fenêtre entrouverte, caressant mon visage et mon cou et éveillant encore un peu plus mes sens déjà excités au possible…
Je me tiens là devant lui, l’air con, attendant de savoir de quoi il a envie. J’attends et je le regarde. Il me toise, avec son regard froid, viril, ce regard qui me déshabille à lui seul, qui me met mal à l’aise autant qu’il m’excite, ce regard dur de prédateur, ce regard qui me fait sentir une proie, un objet à sa merci… un regard lubrique, perçant, désinhibé… je devine que Jérém a déjà pas mal fumé… je devine dans la fixité de son regard, à son silence, à son immobilité qu’il est stone… et ça, en général, ça annonce des ébats bien chauds…
Son regard est toujours fixé sur moi… son corps reste immobile, exception faite pour sa main portant régulièrement la cigarette à ses lèvres et pour son torse, expirant tout aussi régulièrement de bonnes volutes de fumée…
L’attente se prolonge, transformant peu à peu mon excitation en un état de malaise qui gagne rapidement mon esprit.
Je réalise que depuis de longues secondes je suis planté là, en train d’adorer du regard ce mec qui me rend fou… et, de ce fait, de lui montrer chaque seconde un peu plus ma vénération, mon désir, mon envie…
Je me sens de plus en plus ridicule, pathétique, humilié… c’est un paradoxe… c’est lui qui est là, devant moi, habillé tout juste d’un débardeur et d’un boxer… et c’est moi qui me sens nu devant lui…
J’ai trop envie de le toucher, de le sucer… et aussi de sortir de cette étrange situation…
Je fais un pas vers lui : et là, je vois le bogoss lever un doigt dans le prolongement de sa bouteille de bière et y associer un regard très déterminé… le tout étant une sommation de m’arrêter…
Mais à quoi joue-t-il ce ti con ? De quoi a-t-il envie ?
Son geste sec et puissant a le pouvoir de stopper net mon élan. Un petit sourire coquin se dessine désormais au bord de ses lèvres, me faisant sentir encore plus con qu’avant.
Il faut que je débloque cette situation, car elle devient insoutenable pour moi.
« Jérém… » je lui lance, la voix étranglée par le malaise et l’excitation, déglutissant difficilement ma salive, un nœud dans la gorge qui me fait presque mal.
Toujours silence de sa part.
« Jérém… » je reprends en me faisant presque violence pour y aller cash « j’ai envie de toi… ».
Un sourire des plus sexy et coquins illumine alors son visage. Putain de ti con, décidemment il n’est pas aussi stone que je l’imaginais, en tous cas il est assez maître de lui-même pour prendre du plaisir à me pousser à lui montrer clairement le désir fou qui m’amené à lui, à cultiver ce désir avec cette façon de me tenir à distance, de me dominer par la frustration…
Le petit con est en train de me chauffer à bloc… le coquin semble avoir bien intégré que plus il me fait attendre, plus son corps me paraîtra un cadeau lorsqu’il voudra bien me permettre d’y accéder, plus j’aurai envie de tout lui donner… plus il me chauffe, plus il ressentira en lui ce pouvoir magique, le pouvoir d’être désiré par-dessus tout, le pouvoir de donner du plaisir ou de priver de ce plaisir, et d’alimenter ainsi un désir encore plus grand…
« T’as envie, hein, dis-le que t’es venu parce que t’as envie de me sucer… » je l’entends me lancer à brûle-pourpoint.
« J’ai envie de te sucer, Jérém… » je capitule sans résistance.
Il me toise toujours. Souriant et sexy comme pas permis. Je fonds. Une idée se présente alors dans ma tête, comme une évidence. Il veut sentir que je suis fou de sa queue… alors je vais lui donner ce dont il a besoin…
« S’il te plait, laisse-moi te sucer… » je me mets à genoux devant lui au sens figuré, en attendant que le sens propre soit de mise.
Son silence insistant me rend fou… j’ai l’impression que je me suis mis complètement à nu, et le mec n’a pas l’air de réagir… je commence à me sentir humilié à un point qui en devient trop même pour moi, je commence à lui en vouloir…
« Putain, mais tu veux quoi ? » j’arrive à lui balancer, agacé « si tu veux pas que je te suce, pourquoi tu m’as fait venir ? ».
« Calme toi, mec… » je l’entends lâcher, railleur.
Enfin, le silence est brisé. J’en profite pour enchaîner :
« T’as envie de quoi ? ».
« C’est toi qui a le plus envie… » fait-il avec cette arrogance de petit con à gifler qui le rend si sexy à mes yeux « tu crèves d’envie de me sucer… ».
Petit con, va ! Mais petit con sexy à un point que je te donnerais la bonne pipe sans hésitation… mais pas avant de t’avoir un peu chauffé à mon tour…
« Et toi tu crèves d’envie de te faire sucer… je te rappelle que c’est toi qui m’a fait venir… » je lui balance à la figure, entre énervement et moquerie.
Le petit con affiche désormais un sourire à la fois narquois et coquin.
« Tu vas sucer, oui… » il finit par me lancer.
Enfin ça devient sérieux.
« Je vais me mettre à genoux entre tes jambes et te sucer comme tu aimes… » je me lâche, fou comme jamais « tu vas pas regretter de m’avoir fait venir… ».
« Ouais, tu vas sucer… et tu vas en avoir pour ton grade… » fait-il sur un ton de plus en plus arrogant et dominant, avant d’enchainer « mais d’abord… goûte ça… ».
Et là, ajoutant le geste à la parole, le petit con tend le bras dans ma direction… au bout de ses doigts, son joint à moitié cramé laisse échapper un filet de fumée fin et intense…
Euh… je ne suis pas sur… je n’ai jamais tiré la moindre taffe ne serait-ce que d’une cigarette… me voilà devant un joli dilemme…
D’un côté, ça me dit trop rien d’essayer… je suis un garçon bien trop sage, un garçon qui aime garder le contrôle de soi même, un garçon qui n’a jamais rêvé de paradis artificiels… de plus, j’ai peur de ne pas aimer du tout, d’avaler la fumée de travers, de tousser… bref, de me ridiculiser devant mon bobrun…
D’un autre côté, si je refuse… je risque de passer pour une mauviette… bref, si je refuse, je risque de me ridiculiser devant mon bobrun…
Dans le doute, je préfère prendre le risque… lequel ? Celui de l’action… mieux vaut avoir des regrets que des remords…
J’avance vers le bogoss et j’attrape le joint, geste qui amène mes doigts à effleurer les siens au passage… c’est incroyable… rien que ce petit contact suffit à me donner des frissons indicibles… c’est comme si ce mec dégageait une énergie sensuelle à laquelle je suis particulièrement sensible, une énergie capable de provoquer instantanément des étincelles sur ma peau et dans mon corps tout entier, dès le tout premier contact…
Je porte le petit bout difforme entre mes lèvres et j’aspire… c’est chaud, amer, ça pique au fond de la gorge… je ne trouve pas ça agréable pour un sou… c’est déjà pas mal que j’arrive à ne pas tousser… j’aurais vraiment l’air con…
« Ne garde pas trop la fumée, vas-y, expire… » fait le bobrun, l’air amusé par le spectacle de débutant que je suis en train de lui offrir.
Je suis son indication et j’expire lentement la fumée chaude… franchement, je ne ressens aucun effet… à part une frustration montante de toujours ne pas avoir sa queue entre mes lèvres…
« Tu peux tirer une autre taffe… » je l’entends me lancer, alors que je lui tends le chichon en retour.
« C’est pas pour moi ça… » je lui réponds, tout en allant au bout de mon geste, en lui rendant le joint et en effleurant une nouvelle fois ses doigts… et ce coup-ci, je ressens des frissons encore plus électriques que les premiers…
Des frissons qui me retournent comme une chaussette… des frissons qui me poussent à lâcher des mots dont je suis le premier surpris :
« Quitte à tenir un truc entre les lèvres, je préfère que ce soit un truc plus conséquent… ».
Le bogoss, désormais en train de tirer sur le petit bout fumant, semble avoir du mal à contenir un joli sourire amusé… ça c’est une des choses qui me rendent le plus fier, le plus heureux… les rares fois où j’arrive à le décrisper, à provoquer ce sourire à la fois coquin et un peu enfantin sur son visage… l’entendre rire, c’est pour moi la plus douce des mélodies… plus encore que de l’entendre gémir de plaisir, plus encore qu’entendre les râles en bande son de ses orgasmes…
Un instant plus tard, je suis à genoux, entre ses jambes… je pose le nez, je laisse trainer les lèvres sur la bosse de son boxer… j’inspire, j’aspire, j’hume, je me délecte, insatiable, enivré, bien plus sensible aux délices de ses odeurs de mec qu’à l’effet de la fumée d’herbe… ah, les goûts et les couleurs…
Tout en titillant son gland au travers du tissu fin, je glisse doucement les doigts à l’intérieur de l’élastique de boxer, pile en correspondance de son pli de l’aine saillant… je sais très bien où j’ai envie d’aller… le boxer glisse lentement sur ses hanches, il glisse jusqu’à ce qu’il reste coincé autour du gabarit de son engin raide et chaud…
Mes doigts se révèlent alors pleins de ressources… dans une sorte de chorégraphie millimétrée, ils écartent l’élastique, effleurent la bête, tentent de la dégager… de nouvelles odeurs se dégagent au fil de l’opération… je sens une bouffée de chaleur monter à mon visage… sa queue, c’est mon joint…
Son manche est vraiment super tendu… alors, lorsqu’il retrouve sa liberté, lorsqu’il est enfin dégagé de sa prison de coton, il a un mouvement de ressort qui se solde par un contact fugace mais assez appuyé avec mon nez, à l’évidence trop proche de l’action… une sorte de bifle involontaire, naturelle, inattendue, accidentelle…
Le bel engin se dresse désormais devant mes yeux… je suis comme un gosse le soir de Noel, un gosse qui vient de défaire un paquet bien emballé et d’y trouver à l’intérieur le plus beau cadeau qu’il n’ait jamais imaginé…
Je viens d’emboiter nos deux anatomies, d'établir le contact entre nos deux corps, de mettre en route la machine à excitation, à plaisir… je viens de poser mes lèvres sur son gland...
Nos énergies sexuelles respectives se rencontrent, se mélangent, s’amplifient, commencent à circuler en boucle d’un corps à l’autre, nous unissant dans une sorte de communion des sens… je ne sais pas si le beau brun ressent la même chose… mais en ce qui me concerne, j’ai l’impression de sentir non seulement mon propre plaisir se propager dans tout mon corps, mais le sien également… c’est une sensation délirante, enivrante, comme un état second…
Une petite brise rentre de la porte fenêtre ouverte, caressant ma peau, excitant un peu plus mes sens… je commence à chauffer, à me sentir complément désinhibé… je me sens comme stone… et je suis sûr que la petite taffe sur le joint n’a rien à voir là-dedans… ce qui me rend stone à ce point, ce sont les retrouvailles avec ce garçon, ces retrouvailles inespérées, après une semaine d’abstinence et d’angoisse…
Je suis tellement heureux de l’entendre haleter sous l’effet de mes caresses buccales… je sens qu’il a envie de jouir… je me dis que je vais accélérer le rythme pour l’amener vite à l’orgasme… j’ai tellement envie de retrouver son goût de mec…
C’est là, qu’un élément perturbateur vient troubler la perfection de l’instant… le bruit assourdissant de la sonnette de l’interphone retentit dans le silence de la nuit toulousaine…
Instantanément, le bogoss porte ses mains sur mes épaules, me repousse vite fait, éloignant de ce fait mes lèvres de son manche, se lève du canapé en me bousculant… la queue en l’air, tendue, toute humide de ma salive, à deux doigts de jouir, il se jette carrément sur le combiné de l’interphone… son geste est tellement précipité que le combiné lui glisse deux fois des mains…
Il la rattrape de justesse, à hauteur de ses mollets… il le porte à hauteur de son visage et je l’entends lâcher sur un ton anxieux :
« Oui… », suivi d’un petit blanc pendant lequel le bogoss à poil écoute une voix à l’autre bout du fil, une voix dont je ne perçois qu’un faible grésillement.
Dans la pénombre je vois l’inquiétude se dessiner sur le visage de mon bobrun…
« Euh… ouais… » je l’entends proférer une seconde plus tard, alors que son regard vient clairement balayer dans ma direction.
Je commence à être inquiet moi aussi… instinctivement, je me relève, je m’assois sur le canapé, tout en me posant évidemment la question de savoir ce qui se passe…
Sur ce, j’entends le bogoss lâcher :
« Ok… bah… alors monte… ».
Hein ?!?!?! Qui ? Quoi ? Qui c’est qui va monter ? Pourquoi ? Pour quoi faire ????
Je vois le bobrun raccrocher le combiné aussi précipitamment qu’il l’avait décroché… je le vois se ruer vers le canapé, attraper son boxer, le passer à la vitesse de l’éclair… j’ai beau essayer de lui demander ce qui se passe, je n’ai pas de réponse… je le vois se diriger comme une furie vers la salle de bain…
Un instant plus tard, j’entends toquer discrètement à l’entrée… Jérém sort de la salle de bain avec un short rouge qui, combiné avec son débardeur blanc, le rend sexy en diable… en trois enjambées il travers le petit séjour… sa main se pose sur la poignée, le battant s’ouvre…
Et là, une surprise m’attend, une surprise de taille. Se tenant dans l’embrasure de la porte, un charmant garçon vient d’émerger de la faible luminosité du couloir de l’immeuble. T-shirt marron plutôt ajusté à son torse bien charpenté, des biceps rebondis, un cou puissant, un dos râblé, un short foncé finissant sur deux mollets puissants et recouverts d’une bonne pilosité, des mollets de rugbyman…
Thibault est là…
Celle-là, vraiment je ne l’ai pas vu venir… et à en juger de son expression, le bomécano est tout aussi surpris de me trouver là que moi de le voir débarquer… tout comme, à en juger de sa réaction, Jérém non plus n’avait pas prévu ça…
[Bonjour les fidèles de Jérém&Nico, à l’occasion de ce premier épisode de 2017, je profite d’abord pour souhaiter, à vous et aux personnes qui comptent pour vous, une fois de plus une bonne année 2017, riche en tout ce qui pourrait vous rendre heureux et en paix avec vous-même.
Je profite également de l’occasion pour vous signaler que sur la page accueil de mon site, vous pouvez trouver le premier épisode de la série « Le t-shirt de Jérémie » en version audio, raconté par une voix masculine très agréable à écouter, parfaite pour donner une nouvelle dimension à l’histoire de Jérém&Nico.
Bonne lecture, donc, et bonne écoute].